On s’étonne peu ici de l’engouement
subit à l’égard des
bouquinistes de quai de Seine, sous la menace d’une décision imbécile,
au
prétexte de jeux dispendieux et nationalistes. Tout reste affaire
d’exotisme et
de pittoresque, et que cela. Ces mêmes Parisiens délibérés ne se
manifestent
pas tant lorsque la gentrification fait rage dans la ville, virant les
vioques,
les précaires et les bouquinistes aussi,
ceux en boutique. Je ne possède plus une des petites brochures qui
recensaient
les libraires d’occasion en France publiée encore dans les
années 1990. Il
en resterait un itinéraire fantôme qui procède de la même nostalgie qui
nous
fait découvrir un Picard surgelés à la place d’un cinoche. Au fond, tout
le monde
s’en tape (ou peu s’en faut, c’est-à-dire encore quelques paumés
amateurs de
livres), mais se paye une conscience à bon marché, et c’est tellement « couleur
locale », n’est-ce pas ?
J'aime à penser que les conséquences d'un tel engouement seront positives pour l'ensemble de la "confrérie", comme le regain d'amour pour les librairies lors de la fameuse covid-interdiction d'ouverture des commerces non-essentiels... On peut toujours rêver. Béatrice
RépondreSupprimerUn florilège reste à établir au sujet des slogans à la con proférés à l'occasion de cette fermeture sanitaire, du genre « Le livre dernier rempart de la liberté ». Ma chère Béatrice, oui, pour répondre à votre prétérition ci-dessous (on s'embrouille), vous êtes une optimiste et je préfère cela, considérant ce que vous affrontez parfois et de ce qu'il en ressort de certaines historiettes. Hélas, je suis prêt à parier que ça ne changera guère. De mon point de vue, c'est trop tard : le fric a gagné. Vous, tenez bon, hein !
SupprimerComptez sur moi ! B
SupprimerJe sais, je suis une irréductible optimiste (j'anticipe les réponses). B.
RépondreSupprimerCher Tenancier, on ne saurait mieux décrire l'assassinat de Paris, comme disait l'autre. Quand à l'engouement tout relatif vers les librairies suite à l'enfermement, ce fut une mode et toute mode passe.
RépondreSupprimerCe qui ne passe pas, en revanche, c'est bien la diarrhée éditoriale qui consiste à faire tourner un système basé sur le retour. Et la médiocrité ambiante des publications à quelques notables exceptions près.
Pour finir, l'optimisme, tout à fait louable en soi, m'évoquera toujours le bon mot de Billy Wilder au sujet des optimistes qui sont à Dachau et les pessimistes à Hollywood. Et encore pardon pour ce point Godwin.
On ne peut que valider le mot de Wilder, en ajoutant tout de même que ce fut pas qu'une question d'état d'esprit mais aussi parfois de coup de bol, ou pas.
SupprimerBien entendu. Que voulez-vous, on tuerait sa sainte mère pour citer un bon mot.
RépondreSupprimerOui !
SupprimerJe n'hésiterai jamais à tuer les saintes et les mères (sauf la mienne, bien sûr !), alors j'en rajoute une couche sur Billy le Sauvage.
SupprimerLors de la cérémonie des Oscars 1986, c'est Billy Wilder qui a remis sur scène à Kurosawa, devant tout Hollywood, l'enveloppe qui le sacrait meilleur réalisateur, pour Ran.
Comme le vieux génie nippon tremblotait et peinait à ouvrir l'enveloppe, Wilder lui a balancé tout de go :
"Vous étiez plus rapide, à Pearl Harbor !…"
Sinon, l'affaire du débarras des bouquinistes, perso je ne m'en tape pas, mais alors vraiment pas du tout !
SupprimerIl reste tout de même — certes noyés parmi tous les vendeurs de breloques, de colifichets Tour Eiffel et autres cadenas à accrocher sur la Passerelle des Arts — quelques estimables confrères, telles notre vieille amie Adrià Cheno…
Peut-être ai-je mal formulé quelque chose, je ne sais pas, mais il n'a jamais été question pour votre Tenancier de s'en foutre (à moins que l'on ne le considère pas comme amateur de livres). D'ailleurs, le sujet était assez peu ces bouquinistes-là, en définitive. Outre les marchands de breloques, on compte aussi des confrères moins estimables et plutôt fachos. Cela dit, ça aussi ça devient de plus en plus couleur locale.
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