mercredi 7 janvier 2015
vendredi 2 janvier 2015
Vache
Vache : Prostituée avachie. — « Les jours de dispute, elle traitait très-bien sa mère de chameau et de vache. » (Zola.) V. Blagueur, Veau.
jeudi 1 janvier 2015
2015
Pour la nouvelle année, le Tenancier a le plaisir de vous présenter tous ces vieux :
Allez, bonne année quand même, hein...
mardi 16 décembre 2014
vendredi 12 décembre 2014
jeudi 11 décembre 2014
Saccade, Saccader
Saccade, saccader
Donner la saccade à une femme : pratiquer avec elle l'acte de chair.
Saccader. — Et elle saccada de toute la force de ses reins. (Rétif, Anti-Justine.)
Donner la saccade à une femme : pratiquer avec elle l'acte de chair.
Saccader. — Et elle saccada de toute la force de ses reins. (Rétif, Anti-Justine.)
Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)
(Index)
Dans lequel le Tenancier a des affres et finit par un sentiment de relieur.
— « Alors, Tenancier, comment ça va, ces
temps-ci ?
— Petitement, je l’avoue. L’hiver, sans doute…
— Le manque de lumière, je pense. Il vous faudrait une de ces lampes qu’utilisent les Finlandais pour soigner leur déprime.
— Un bon bouquin ferait le même effet, mais comme j’ai le goût à rien, ça risque de tomber à plat.
— Comment ça ? Je viens de voir que vous avez fait l’acquisition de livres de Jacques Abeille et que vous n’avez pas encore lu le Gracq inédit qui est sorti il y a peu !
— C’est une partie de mon problème : j’ai très envie de les lire. Encore une fois je vais devoir vous expliquer les choses. Je me suis mis dans la tête de rédiger une histoire assez longue, achevée il y a peu et je viens d’enquiller sur une nouvelle dont je ne sais pas trop vers quoi elle m’emmène. Je veux dire que je sais bien ce que je vais écrire, l’histoire existe même si elle n’est pas rédigée, mais je ne sais pas vers quelle satisfaction je vais aboutir. Et c’est important, ça, la satisfaction…
— Les affres de la création…
— Non, ça j’ai l’habitude d’en baver. Je suis un tâcheron. C’est plutôt le résultat qui est déprimant, parfois, parce qu’on s’est bridé ou que l’on est incapable de traduire ce que l’on a voulu raconter. Et puis persiste une hantise, se laisser phagocyter par ses lectures. Imaginez ça : vous retrouvez des vrais morceaux d’un autre dans ce que vous avez fait. Ça m’est arrivé une fois, un pastiche involontaire, très désagréable.
— C’est la raison pour laquelle vous ne lisez pas vos auteurs préférés ?
— Tout juste ! Je les garde pour les périodes de sécheresse. Mais ce n’est pas si simple non plus. Vous savez que j’ai assisté à la lecture de Jacques Abeille, il y a peu ? Eh bien, cela m’a donné l’envie d’infléchir le cours de la nouvelle que je suis en train de faire parce que j’ai découvert que je manquais d’amplitude et d’audace. Tout à coup, cela m’a donné un autre paradigme pour aborder mon sujet. Fort heureusement, je n’ai pas tout à réécrire…
— Donc, vous ne devriez pas être perturbé par vos lectures, en fin de compte…
— Si, malheureusement, cela ne change rien à ce que je viens de dire et je me retrouve donc dans une contradiction.
— Vous ne lisez pas, alors.
— Des petits romans qui ne pissent pas loin, des choses qui ne sont pas dans mon registre. Je lis des essais, sinon, des textes théoriques. Je fais comme Simenon (là s’arrête la comparaison, hein !)
— Qu’est-ce qu’il faisait, Simenon ?
— Il paraît qu’il ne lisait pas ses confrères en période d’écriture.
— Histoire de ne pas être contaminé, je vois.
— Oui. Je ne veux pas paraître trop élitiste — surtout quand on voit ce que j’écris — mais ça me laisse pas mal de lectures de disponibles. Et puis, je relis, je deviens ludique, je papillonne. Depuis une dizaine d’années, je vis une grande liberté : je n’ai pas à lire ce qui vient de paraître et c’est avec joie que je vois des pans entiers de littérature m’échapper. Déjà que l’autofiction, au départ, ça m’atterrait…
— Ce n’est pas un peu dommage de se mettre en dehors de la Littérature ?
— Je n’ai franchement pas l’impression d’en faire partie. Je m’en fous. Je raconte mes histoires pour le plaisir pas pour un plan de carrière. Ce serait malheureux, à mon âge. Et puis comme la Lithérathüre devient un distributeur à mouchoirs jetables, mieux vaut rester entre soi, non ?
— Et c’est cela qui vous déprime ? Vous devriez être content.
— C’est que vous oubliez une chose importante…
— Laquelle ?
— Je suis un esprit chagrin. »
— Petitement, je l’avoue. L’hiver, sans doute…
— Le manque de lumière, je pense. Il vous faudrait une de ces lampes qu’utilisent les Finlandais pour soigner leur déprime.
— Un bon bouquin ferait le même effet, mais comme j’ai le goût à rien, ça risque de tomber à plat.
— Comment ça ? Je viens de voir que vous avez fait l’acquisition de livres de Jacques Abeille et que vous n’avez pas encore lu le Gracq inédit qui est sorti il y a peu !
— C’est une partie de mon problème : j’ai très envie de les lire. Encore une fois je vais devoir vous expliquer les choses. Je me suis mis dans la tête de rédiger une histoire assez longue, achevée il y a peu et je viens d’enquiller sur une nouvelle dont je ne sais pas trop vers quoi elle m’emmène. Je veux dire que je sais bien ce que je vais écrire, l’histoire existe même si elle n’est pas rédigée, mais je ne sais pas vers quelle satisfaction je vais aboutir. Et c’est important, ça, la satisfaction…
— Les affres de la création…
— Non, ça j’ai l’habitude d’en baver. Je suis un tâcheron. C’est plutôt le résultat qui est déprimant, parfois, parce qu’on s’est bridé ou que l’on est incapable de traduire ce que l’on a voulu raconter. Et puis persiste une hantise, se laisser phagocyter par ses lectures. Imaginez ça : vous retrouvez des vrais morceaux d’un autre dans ce que vous avez fait. Ça m’est arrivé une fois, un pastiche involontaire, très désagréable.
— C’est la raison pour laquelle vous ne lisez pas vos auteurs préférés ?
— Tout juste ! Je les garde pour les périodes de sécheresse. Mais ce n’est pas si simple non plus. Vous savez que j’ai assisté à la lecture de Jacques Abeille, il y a peu ? Eh bien, cela m’a donné l’envie d’infléchir le cours de la nouvelle que je suis en train de faire parce que j’ai découvert que je manquais d’amplitude et d’audace. Tout à coup, cela m’a donné un autre paradigme pour aborder mon sujet. Fort heureusement, je n’ai pas tout à réécrire…
— Donc, vous ne devriez pas être perturbé par vos lectures, en fin de compte…
— Si, malheureusement, cela ne change rien à ce que je viens de dire et je me retrouve donc dans une contradiction.
— Vous ne lisez pas, alors.
— Des petits romans qui ne pissent pas loin, des choses qui ne sont pas dans mon registre. Je lis des essais, sinon, des textes théoriques. Je fais comme Simenon (là s’arrête la comparaison, hein !)
— Qu’est-ce qu’il faisait, Simenon ?
— Il paraît qu’il ne lisait pas ses confrères en période d’écriture.
— Histoire de ne pas être contaminé, je vois.
— Oui. Je ne veux pas paraître trop élitiste — surtout quand on voit ce que j’écris — mais ça me laisse pas mal de lectures de disponibles. Et puis, je relis, je deviens ludique, je papillonne. Depuis une dizaine d’années, je vis une grande liberté : je n’ai pas à lire ce qui vient de paraître et c’est avec joie que je vois des pans entiers de littérature m’échapper. Déjà que l’autofiction, au départ, ça m’atterrait…
— Ce n’est pas un peu dommage de se mettre en dehors de la Littérature ?
— Je n’ai franchement pas l’impression d’en faire partie. Je m’en fous. Je raconte mes histoires pour le plaisir pas pour un plan de carrière. Ce serait malheureux, à mon âge. Et puis comme la Lithérathüre devient un distributeur à mouchoirs jetables, mieux vaut rester entre soi, non ?
— Et c’est cela qui vous déprime ? Vous devriez être content.
— C’est que vous oubliez une chose importante…
— Laquelle ?
— Je suis un esprit chagrin. »
mercredi 10 décembre 2014
Jacques Abeille
Ceux
qui nous suivent au fils des années savent combien nous sommes attachés
viscéralement à la prose de Jacques Abeille. Le lundi 8 décembre 2014, l’auteur est
venu à la Maison de la Poésie à Paris faire la lecture d’un de ses textes, Mers perdues, accompagné par François
Schuiten pour les dessins projetés au mur et l’illustration musicale de Bruno
Letort. Nous avons été assez peu à assister à la séance et cela donne l’état de
la réputation médiatique de Jacques Abeille, sans que cela nous déçoive
grandement, après tout. Comme il l’explique lui-même dans un entretien accordé
à Article 11, un succès ferait sans
doute que son intégrité littéraire serait entamée. D’un autre côté, le
spectateur que je suis est fier de compter parmi les happy few, à suivre de
parution en parution le labeur patient que constitue un univers littéraire
tourné vers un paysage intérieur riche et profond. Cette profondeur, on la
retrouve aussi dans la voie chaude du scripteur dont la narration suit le
rythme caractéristique de son style. Il y a dans la scansion de Jacques Abeille
comme un curieuse stase, un moment d’étonnement comme au bord d’un basculement,
une empreinte dont on ne se défait pas, une parole hypnotique que l’on retrouve
hors même le champ de la fiction, au sein d’une conversation, menée il y a plus
de quinze ans et dont les émanations persistent encore dans la mémoire…
Prise de vue (avec les moyens du bord) : Élisabeth Haakman
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