jeudi 21 mai 2015

Idée

Idée (Une) : On dit une idée, un soupçon, un scrupule, une larme, pour quelques gouttes de liquide.

Idées (Avoir des) : Avoir d'amoureux désirs.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mercredi 20 mai 2015

Une connerie stalinienne

Il existe pour votre Tenancier un sujet difficile concernant son métier et sur lequel il a toujours fait un détours circonspect : la poésie. Dissipons l’ambiguïté, on parle ici de la difficulté de communiquer l’expérience intime de la poésie à autrui, surtout lorsque l’on est libraire. Il vous importe assez peu de savoir ce que le Tenancier aime en matière de poésie. C’est comme les brocolis cette chose…
Il est tout de même une matière de la poésie que l’on peut transmette sans trop se tromper sur l’unanimité qu’elle suscitera, c’est le kitsch, le stupide ou le crétin.
On vous avait fait subir une ode aux Sauveteurs Bretons (la médaille la plus belle pour les amateurs des Tonton flingueurs…) et comme on vient de vous parler d’Aragon on ne peut résister : voici une belle connerie stalinienne que nous plaçons dans notre panthéon bien près des représentations réalistes socialistes des milicienne pékinoises dans les fifties. L’une et l’autre se valent — quand le kitsch est sinistrement meurtrier et fait rire tout à la fois...
 
« Il s'agit de préparer le procès monstre
d'un monde monstrueux
Aiguisez demain sur la pierre
Préparez les conseils d'ouvriers et soldats
Constituez le tribunal révolutionnaire
J'appelle la Terreur du fond de mes poumons

Je chante le Guépéou qui se forme
en France à l'heure qu'il est
Je chante le Guépéou nécessaire de France

Je chante les Guépéous de nulle part et de partout
Je demande un Guépéou pour préparer la fin d'un monde
Demandez un Guépéou pour préparer la fin d'un monde
pour défendre ceux qui sont trahis
pour défendre ceux qui sont toujours trahis
Demandez un Guépéou vous qu'on plie et vous qu'on tue
Demandez un Guépéou
Il vous faut un Guépéou

Vive le Guépéou véritable image de la grandeur matérialiste
Vive le Guépéou contre Dieu Chiappe et la Marseillaise
Vive le Guépéou contre le pape et les poux
Vive le Guépéou contre la résignation des banques
Vive le Guépéou contre les manœuvres de l'Est
Vive le Guépéou contre la famille
Vive le Guépéou contre les lois scélérates
Vive le Guépéou contre le socialisme des assassins du type
Caballero Boncour Mac Donald Zoergibel
Vive le Guépéou contre tous les ennemis du prolétariat. »


Aragon : « Prélude au temps des cerises » 
in : Persécuté-Persécuteur, Ed Denoel, 1931)

Habit rouge

Habit rouge : Anglais. — C'est la couleur favorite de leur uniforme. — « Les habits rouges voulaient danser, mais nous les avons fait sauter. Vivent les sans-culottes ! » (Mauricault, 1793.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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La numérotation des notices de catalogues

Est-il besoin de parler du numéro de chaque entrée d’un catalogue, tant sa fonction paraît prosaïquement implicite — ou implicitement prosaïque ?… Quatre-vingt dix-neuf pour cent des libraires utilisent des numéros pour chaque notice de catalogue. Je pense être le seul à a voir travailler dans une librairie qui faisait des notices sans numéros. On en a déjà parlé d’ailleurs. Tant il est vrai qu’entendre citer un titre et un auteur était préférable bien souvent à l’énoncé de numéro lorsque l’on avait un client au téléphone, le côté pratique n’était pas forcément au rendez-vous. En effet, les ouvrages d’un catalogue sont souvent classés par ordre alphabétique et la théorie voudrait qu’Abellio ou Audiberti se trouvent en haut à gauche du rayonnage tandis que Valéry et Vanderem se situent en bas à droite, en vertu de cette succession alphabétique et du sens du rangement. Seulement, c’est sans compter avec les rubriques qui peuvent parsemer le dit catalogue. Ainsi, le bon sens veut que l’on regroupe sur le même espace les ouvrages consacrés au Surréalisme puisqu’ils sont classés ainsi dans le catalogue… Mais alors, qu’un client nous demande un ouvrage d’Aragon sans nous mentionner sa place dans la rubrique ad hoc et pour peux que l’on soit court sur la bibliographie de l’auteur, on risque fort de le rechercher au tout début du rangement, c'est-à-dire dans sa partie stalinienne (j’adore me faire des potes). On jugera alors qu’une numérotations des exemplaires en vente fait grâce de toute hésitation, de quiproquos et d’atermoiements fâcheux. Ce recours à la numérotation est également pratique pour le libraire qui veut repérer certaines ventes intéressantes. Tel numéro dans le catalogue — numéroté lui aussi — peut faire l’objet d’une mention dans la fiche bibliographique pour la préparation du livre avant la mise en vente. Ce repère peut être parfois un apport bibliographique, une indication de prix, etc. Tout cela, on le sait ou on le pressent. On ne vous a pas indiqué que cette suite de petits billets serait forcément originale…
Cette numérotation est éphémère, elle n’est pas liée au livre mais liée à sa place dans le catalogue. Un livre qui n’a pas été vendu sur celui-là peut tout aussi bien se retrouver un numéro différent dans un autre du même libraire quelques années après.
Il n’en va pas forcément de même avec le catalogage électronique. Les premières bases de données ont numérotés les lignes de leurs entrées, celles destinées à la vente en ligne exigent également une numérotation liées à l’entrée de chaque ligne de la liste. Ce numéro se retrouve dans les bons de commande transmis aux libraires. C’est généralement ce numéro de références qui est le plus important pour ces sites et nom l’identité du livre. A la limite, on se fout assez du « produit » pourvu qu’il corresponde à la référence… Tout cela est bien éloigné de la pratique du catalogage papier et atteint presque les conditions de la distribution industrielle, ou automatisée. Accessoirement, si l’on suit le libraire sur le net, on verra que les plus anciens numéros des listes proposés par celui-ci sont logiquement ceux qui traînent depuis un certain temps, l’invendable, le brol, la merdouille. Ce n’est pas une règle, le professionnel avisé pouvant revitaliser ces ouvrages-là en leur offrant un numéro plus récent. Astuce toute bête qui a ses limitations : un « habit neuf » ne change guère le contenu.

Gadin

Gadin : Bouchon (Rabasse.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881



Gadin
m.m. Primitivement « jeu du bouchon », puis, par assimilation à la chute de ce bouchon qu'il faut abattre dans le jeu, a signifié : chute.
Actuellement n'est plus employé que pour désigner l'exécution capitale dans l'expression « y aller du gadin ». ○ EXEMPLE : A Marseille, il prenait perpète ; à Versailles, je te garantis qu'il y va du gadin.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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lundi 18 mai 2015

Life during wartime

Facies

Facies : Figure, face. — latinisme. — « C'est mon épouse... Un assez beau facies, hein ? » (Labiche.) — « Tu mériterais qu'on coulât ton facies en bronze. » (Montépin.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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dimanche 17 mai 2015

Les notices de catalogues.

Une notice de livre, dans un catalogue se construit selon une architecture particulière et peut se diviser en plusieurs sections :
— Le numéro d’entrée dans le catalogue.
— L’identification de l’ouvrage et ses mentions d’édition, c'est-à-dire, concrètement, le nom de l’auteur, le titre de l’ouvrage, l’éditeur, la collection, la date d’édition, tout élément imprimé que l’on trouve généralement sur la page de titre du livre.
— La description physique du livre qui englobe son format, sa pagination et toute particularité liée soit au tirage (originale sur beau papier, service de presse, etc.) soit à l’ouvrage lui-même (défaut, comme des réparations sur la couverture) ou des améliorations (reliure de luxe, envoi autographe, etc.).
— Les indications bibliophiliques : citation de la source bibliophilique, particularités éventuelles de l’ouvrage dans l’histoire de l’auteur ou l’histoire littéraire, etc.
— Le prix
Ces éléments peuvent s’interpénétrer, s’imbriquer ou ne pas exister pour certains d’entre eux, ou alors être considérablement lapidaires, au choix du libraire qui rédige ces notices. On reviendra ultérieurement sur le contenu de ces sections.
En général, chacune de ces parties fait l’objet d’une mise en page spécifique : Titres en italique, noms d’auteur en gras — ce qui peut aussi être le cas pour des mentions d’envoi autographe, par exemple.
Il n’y aucune règle officielle, comme c’est le cas pour les bibliothécaires, qui régit les fiches bibliographiques et la rédaction des catalogues. Ce sont généralement des usages entérinés par la pratique. Certes, l’influence des bibliographies consultées par le rédacteur, les règles instituées par les bibliothécaires ne sont pas méconnues et sont volontiers utilisées. Reste qu’il demeure une grande latitude dans la présentation et même l’esprit de chaque brochure, à l’image de celui qui les rédige. Pour peu qu’on veuille se pencher sur chaque détail (ce que nous ferons un peu sommairement pour ne pas vous barber, dans nos prochains billets) on s’apercevra que la philosophie du livre de chaque libraire peut différer.
Si ces notices peuvent apparaîtrent comme disparates dans leur présentation, elles se sont donné pour mission d’informer les clients sur les ouvrages rassemblés par le libraire à l’occasion de ce catalogue. Il faut vendre, donc être précis et même alléchant. Cela n’empêche pas le jansénisme de certains : aucune mention sinon que le strict nécessaire. Tout acheteur de ce librairie-là sachant pertinemment que les ouvrages présentés sont comme neufs et qu’il n’y a vraiment pas besoin de faire de la glose sur les auteurs vendus. D’autres ont besoin de se répandre, de conjecturer, parfois au détriment de la place pour d’autres livres…
On vient une nouvelle fois d’enfoncer une porte ouverte en vous affirmant que chaque notice diffère à chaque libraire, à l’instar des catalogues.
Il va de soi qu’à l’heure actuelle les notices des livres qui n’ont pas été vendus se retrouvent sur le net et trouvent un lectorat plus élargi que les lecteurs habituels des catalogues.
A propos du net on s’apercevra que les sites de vente de livres ont emprunté la structure des notices de catalogue. Ce n’est pas par hasard. Les libraires d’occasion et d’anciens, nettement moins pusillanimes et timorés que leurs confrères de la librairie de neuf, furent des pionniers dans l’exploitation des listes à destination des bases de données. Pour notre part, il nous a été donné de contempler des catalogues extrêmement bien structurés sur logiciel dBase III élaborés au début des années 90 et même peut être avant, cas extrême mais qui donne une idée de la perméabilité de la corporation aux idées susceptibles d’améliorer la gestion de stocks pléthoriques. Parfois à regret, les prédateurs de la librairie (i.e. : les intermédiaires de vente que sont ces sites) ont entériné cet agencement non sans réticence. Les informaticiens ou donnés lieu comme tels eurent un peu de mal avec ces structures-là, par manque évident de culture bibliophilique. Le marché du livre d’occasion en pleine mutation (l’ancien, lui, semble suivre une tangente et revenir à une niche spécifique) voit tout une partie de son fonds mise à l’écart par l’obligation faite de ne plus utiliser que les codes barre (EAN 13) et ISBN imposée par les sites de vente… Sur ce plan-là, c’est toute une partie du fonds de la librairie d’occasion qui se voit marginalisé. On reviendra également sur ce sujet qui nous semble important.
Revenons une ultime fois sur la mis en page des notices. Si votre serviteur fut le dernier, sans doute, à utiliser une offset de bureau pour l’impression de catalogues, pas mal de libraires utilisaient depuis longtemps le traitement de texte et les possibilités offertes par ceux-ci, pour la mise en forme des notices. Enfin, les catalogues purent être produits sans l’intermédiaire coûteux d’un imprimeur pour la question de la mise en page ou à se résoudre à des feuilles chichement dactylographiées. La possibilité d’utiliser plusieurs corps et donc de caser plus de textes par page améliora la lisibilité et l’abondance du contenu.
Un jour, il faudra bien q’un historien de la librairie se penche sur l’évolution des catalogues…

Ebazir

Ebazir : Assassiner. (Rabasse.) Forme d'esbasir.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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samedi 16 mai 2015

Émile Zola


Source :
A Pictorial History of the Movies
By
Deems Taylor
Marcelene Peterson and Bryant Hale
Simon and Schuster
1943

Dabesse

Dabesse : Reine, mère. (Rabasse.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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Les rubriques de catalogues

Il n’est évidemment pas question ici de gloser en détail sur la façon de constituer un catalogue, d’autant qu’il existe autant de manière de faire qu’il y a de libraires, voire de catalogues. Toutefois, on retrouve certaines constantes. Ainsi, des catalogues thématiques sont régulièrement publiés : surréalisme par exemple, ou sur tel éditeur ou tel auteur, etc. Il paraît évident que ces matières correspondent à la clientèle du libraire, à moins qu’il soit masochiste. Ces listes sont quelquefois le fruit d’une aubaine pour le libraire, à savoir l’achat d’une bibliothèque. Le libraire en question est plus à même de faire cette acquisition puisqu’il est censé être un spécialiste de la chose. Il arrive aussi que ces catalogues soient le résultat d’une patiente compilation à partir d’un fonds préexistant et parfois un peu dormant. Rien ne vaut parfois un catalogue spécialisé pour raviver celui-ci. Le libraire, pour enrichir le contenu, s’adressera soit à certains confrères dont il sait qu’il pourra faire une marge correcte sur les acquisitions soit aux ventes publiques. Un libraire spécialisé a certes plus de possibilités d’engranger des livres concernant sa spécialité. On entre parfois dans sa boutique non pour acheter mais pour se séparer d’un ouvrage…
Une autre pratique du catalogage — en lien direct avec les spécialisations — est la rubrique à l’intérieur du catalogue. Nombreux sont les libraires qui introduisent quelques pages de Curiosa, par exemple. La présence de ces rubriques incitent les amateurs à se diriger directement vers celles-ci. Les libraires spécialisés y trouvent parfois matières à constituer leurs propres catalogues.
La vente en ligne, même si une recherche par mot-clé existe sur la totalité des sites, ne permet pas cette cohérence du catalogue thématique et même généraliste. Doit-on rappeler une nouvelle fois ici que le catalogue est également le reflet des choix du libraire et que ceux-là ne se fondent pas sur des critères uniquement commerciaux ? Voilà pourquoi nous croyons, de ce côté-ci de l’écran, à la pérennité du catalogue papier : aucun catalogue ne ressemble à un autre parce qu’aucun professionnel qui l’a rédigé est un clone ranxéroxé de son confrère, ce que les sites de vente de livre on tendance à faire accroire.
Revenons encore un peu sur ces rubriques. Leur existence correspond bien sûr à des catalogues généralistes. Elles sont généralement classés à l’entrée alphabétique de leur intitulé : Curiosa à la lettre C, etc. Pour les singulariser on peut employer les moyens de la mise en page : espace ou encadré, typo différente etc. On peut aussi les retrouver en fin ou en début de brochure. Toutefois, on doit observer que cette singularisation trouve ses limites dans l’espace employé à cette rubrique. Comme pour l’immobilier, la surface correspond à un rendement précis ; on ne s’amusera pas à une mise en page baroque pour ne disposer que cinq ouvrages sur une page au lieu de dix dans les pages précédentes, à moins d’un prix exceptionnel. Ce n’est pas toujours le cas.
On prie une nouvelle fois de bien vouloir excuser cet enfoncement de porte ouverte sur ce sujet. Mais il est une évidence qui échappe peut être à nombre de jeunes amateurs de livres d’occasion, maintenant que la pratique du catalogue papier est abandonnée par pas mal de professionnels qui trouvent leur compte par la vente en ligne. Ces catalogues constituaient encore récemment des outils de travail et de référence, non pour les prix, mais pour les tendances. Un catalogue spécialisé ou une rubrique chez un librairie réputé pouvait donner le la et une orientation pour les acquisitions. Ces phénomènes de mode se sont un peu arasés dès lors qu’une quantité d’ouvrages fut mise à disposition par le net. Quelques « valeurs » s’écroulèrent. Pour notre part, on le regrette un peu, non pour l’aspect mercantile, mais parce que le goût ne s’exprime pas tout le temps par la rareté.
La prochaine fois, on commencera à aborder le contenu des notices.