samedi 8 août 2015
samedi 18 juillet 2015
Huguette
Soudain, au cœur de l’été comme une envie de changer d'existence ? Bernard, lui, a cédé à la tentation.
Le Tenancier, dans ce cinquième opus Sous La Cape, est ici soutenu par Fabrice Le Minier pour vous narrer ce conte empli de joie de vivre… Avec six jolies vignettes, rendez-vous compte ! On va voir ce qu’on va voir…
Yves Letort
Huguette
Avec six jolies vignettes de
Fabrice Le Minier
Édition numérique ou papier à commander sur le site de
Pour les autres livres du Tenancier, allez voir ici
Ça vaut l'os !
Ça vaut l'os ! : C'est bien ! Syn. de : ça vaut le coup ! ça vaut le jus !
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
(Index)
jeudi 16 juillet 2015
Une bibliothèque
« Le capitaine Nemo se leva. Je le suivis. Une double porte, ménagée à
l'arrière de la salle, s'ouvrit, et j'entrai dans une chambre de
dimension égale à celle que je venais de quitter.
C'était une bibliothèque. De hauts meubles en palissandre noir, incrustés de cuivre, supportaient sur leurs larges rayons un grand nombre de livres uniformément reliés. Ils suivaient le contour de la salle et se terminaient à leur partie inférieure par de vastes divans, capitonnés de cuir marron, qui offraient les courbes les plus confortables. De légers pupitres mobiles, en s'écartant ou se rapprochant à volonté, permettaient d'y poser le livre en lecture. Au centre se dressait une vaste table, couverte de brochures, entre lesquelles apparaissaient quelques journaux déjà vieux. La lumière électrique inondait tout cet harmonieux ensemble, et tombait de quatre globes dépolis à demi engagés dans les volutes du plafond. Je regardais avec une admiration réelle cette salle si ingénieusement aménagée, et je ne pouvais en croire mes yeux.
« Capitaine Nemo, dis-je à mon hôte, qui venait de s'étendre sur un divan, voilà une bibliothèque qui ferait honneur à plus d'un palais des continents, et je suis vraiment émerveillé, quand je songe qu'elle peut vous suivre au plus profond des mers.
— Où trouverait-on plus de solitude, plus de silence, monsieur le professeur ? répondit le capitaine Nemo. Votre cabinet du Muséum vous offre-t-il un repos aussi complet ?
— Non monsieur, et je dois ajouter qu'il est bien pauvre auprès du vôtre. Vous possédez là six ou sept mille volumes...
— Douze mille, monsieur Aronnax. Ce sont les seuls liens qui me rattachent à la terre. Mais le monde a fini pour moi le jour où mon Nautilus s'est plongé pour la première fois sous les eaux. Ce jour-là, j'ai acheté mes derniers volumes, mes dernières brochures, mes derniers journaux, et depuis je veux croire que l'humanité n'a plus ni pensé ni écrit. Ces livres, monsieur le professeur, sont d'ailleurs à votre disposition, et vous pourrez en user librement. »
Je remerciai le capitaine Nemo, et je m'approchai des rayons de la bibliothèque. Livres de science, de morale et de littérature, écrits en toutes langues, y abondaient ; mais je ne vis pas un seul ouvrage d'économie politique ; ils semblaient être sévèrement proscrits du bord. Détail curieux, tous ces livres étaient indistinctement classés, en quelque langue qu’ils fussent écrits, et ce mélange prouvait que le capitaine du Nautilus devait lire couramment les volumes que sa main prenait au hasard.
Parmi ces ouvrages, je remarquai les chefs-d’œuvre des maîtres anciens et modernes, c’est-à-dire tout ce que l’humanité a produit de plus beau dans l’histoire, la poésie, le roman et la science, depuis Homère jusqu’à Victor Hugo, depuis Xénophon jusqu’à Michelet, depuis Rabelais jusqu’à Mme Sand. Mais la science, plus particulièrement, faisait les frais de cette bibliothèque ; les livres de mécanique, de balistique, de géologie, etc., y tenaient une place non moins importante que les ouvrages d’histoire naturelle, et je compris qu’ils formaient la principale étude du capitaine. Je vis là tout le Humboldt, tout l’Arago, les travaux de Foucault, d’Henri Sainte-Claire Deville, de Chasles, de Milne-Edwards, de Quatrefages, de Tyndall, de Faraday, de Berthelot, de l’abbé Secchi, de Petermann, du commandant Maury, d’Agassiz, etc., les mémoires de l’Académie des sciences, les bulletins des diverses sociétés de géographie, etc., et, en bon rang, les deux volumes qui m’avaient peut-être valu cet accueil relativement charitable du capitaine Nemo. Parmi les œuvres de Joseph Bertrand, son livre intitulé Les Fondateurs de l’Astronomie me donna même une date certaine ; et comme je savais qu’il avait paru dans le courant de 1865, je pus en conclure que l’installation du Nautilus ne remontait pas à une époque postérieure. Ainsi donc, depuis trois ans, au plus, le capitaine Nemo avait commencé son existence sous-marine. J’espérai, d’ailleurs, que des ouvrages plus récents encore me permettraient de fixer exactement cette époque ; mais j’avais le temps de faire cette recherche, et je ne voulus pas retarder davantage notre promenade à travers les merveilles du Nautilus. »
C'était une bibliothèque. De hauts meubles en palissandre noir, incrustés de cuivre, supportaient sur leurs larges rayons un grand nombre de livres uniformément reliés. Ils suivaient le contour de la salle et se terminaient à leur partie inférieure par de vastes divans, capitonnés de cuir marron, qui offraient les courbes les plus confortables. De légers pupitres mobiles, en s'écartant ou se rapprochant à volonté, permettaient d'y poser le livre en lecture. Au centre se dressait une vaste table, couverte de brochures, entre lesquelles apparaissaient quelques journaux déjà vieux. La lumière électrique inondait tout cet harmonieux ensemble, et tombait de quatre globes dépolis à demi engagés dans les volutes du plafond. Je regardais avec une admiration réelle cette salle si ingénieusement aménagée, et je ne pouvais en croire mes yeux.
« Capitaine Nemo, dis-je à mon hôte, qui venait de s'étendre sur un divan, voilà une bibliothèque qui ferait honneur à plus d'un palais des continents, et je suis vraiment émerveillé, quand je songe qu'elle peut vous suivre au plus profond des mers.
— Où trouverait-on plus de solitude, plus de silence, monsieur le professeur ? répondit le capitaine Nemo. Votre cabinet du Muséum vous offre-t-il un repos aussi complet ?
— Non monsieur, et je dois ajouter qu'il est bien pauvre auprès du vôtre. Vous possédez là six ou sept mille volumes...
— Douze mille, monsieur Aronnax. Ce sont les seuls liens qui me rattachent à la terre. Mais le monde a fini pour moi le jour où mon Nautilus s'est plongé pour la première fois sous les eaux. Ce jour-là, j'ai acheté mes derniers volumes, mes dernières brochures, mes derniers journaux, et depuis je veux croire que l'humanité n'a plus ni pensé ni écrit. Ces livres, monsieur le professeur, sont d'ailleurs à votre disposition, et vous pourrez en user librement. »
Je remerciai le capitaine Nemo, et je m'approchai des rayons de la bibliothèque. Livres de science, de morale et de littérature, écrits en toutes langues, y abondaient ; mais je ne vis pas un seul ouvrage d'économie politique ; ils semblaient être sévèrement proscrits du bord. Détail curieux, tous ces livres étaient indistinctement classés, en quelque langue qu’ils fussent écrits, et ce mélange prouvait que le capitaine du Nautilus devait lire couramment les volumes que sa main prenait au hasard.
Parmi ces ouvrages, je remarquai les chefs-d’œuvre des maîtres anciens et modernes, c’est-à-dire tout ce que l’humanité a produit de plus beau dans l’histoire, la poésie, le roman et la science, depuis Homère jusqu’à Victor Hugo, depuis Xénophon jusqu’à Michelet, depuis Rabelais jusqu’à Mme Sand. Mais la science, plus particulièrement, faisait les frais de cette bibliothèque ; les livres de mécanique, de balistique, de géologie, etc., y tenaient une place non moins importante que les ouvrages d’histoire naturelle, et je compris qu’ils formaient la principale étude du capitaine. Je vis là tout le Humboldt, tout l’Arago, les travaux de Foucault, d’Henri Sainte-Claire Deville, de Chasles, de Milne-Edwards, de Quatrefages, de Tyndall, de Faraday, de Berthelot, de l’abbé Secchi, de Petermann, du commandant Maury, d’Agassiz, etc., les mémoires de l’Académie des sciences, les bulletins des diverses sociétés de géographie, etc., et, en bon rang, les deux volumes qui m’avaient peut-être valu cet accueil relativement charitable du capitaine Nemo. Parmi les œuvres de Joseph Bertrand, son livre intitulé Les Fondateurs de l’Astronomie me donna même une date certaine ; et comme je savais qu’il avait paru dans le courant de 1865, je pus en conclure que l’installation du Nautilus ne remontait pas à une époque postérieure. Ainsi donc, depuis trois ans, au plus, le capitaine Nemo avait commencé son existence sous-marine. J’espérai, d’ailleurs, que des ouvrages plus récents encore me permettraient de fixer exactement cette époque ; mais j’avais le temps de faire cette recherche, et je ne voulus pas retarder davantage notre promenade à travers les merveilles du Nautilus. »
Jules Verne : Vingt mille lieues sous les mers
Extrait publié en décembre 2008 sur le blog Feuilles d'automne
dimanche 12 juillet 2015
Bacchantes
Bacchantes (Les) : Les favoris, la barbe. (Rabasse.)
Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881
Bacchantes : Moustaches (V. Charmeuses).
Bacchantes en guidon de course (Avoir les). : Moustaches aux pointes relevées.
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
(Index)
Bacchantes : Moustaches (V. Charmeuses).
Bacchantes en guidon de course (Avoir les). : Moustaches aux pointes relevées.
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
(Index)
jeudi 9 juillet 2015
Fable-express
Que nul n'entre chez moi ! dit l'auteur du « Trouvère » Et pour faire observer la consigne sévère Il avertit sa bonne, un monstre aux traits hideux
Moralité :
La bonne à Verdi en vaut deux
Willy
|
jeudi 25 juin 2015
Une bibliothèque
« […] Sa bibliothèque se trouvait au
quatrième et dernier étage de la maison sise au 24 rue Ehrlich. La
porte de l’appartement était gardée par trois serrures compliquées. Il
les ouvrit, traversa le vestibule dans lequel se trouvait un
porte-manteau et pénétra dans son cabinet de travail. Il déposa avec
précaution la serviette sur un fauteuil, puis se mit à aller et venir à
travers l’enfilade des quatre vastes et hautes pièces qui formaient sa
bibliothèque. Tous les murs étaient garnis de livres jusqu’au plafond.
Son regard les parcourut lentement de bas en haut. Des fenêtres avaient
été aménagées dans le plafond ; il était fier de cet éclairage par le
haut. Les fenêtres latérales avaient été murées, il y a des années,
après d’âpres luttes avec le propriétaire. Ainsi, il avait gagné, dans
chaque pièce, un quatrième côté : autant de place conquise pour les
livres. De plus, il lui semblait qu’une lumière venant du haut et qui
éclairait également tous les rayons, était meilleure et mieux adaptée à
ses rapports avec les livres. En même temps que les fenêtres latérales
disparaissaient, s’évanouissait aussi la tentation d’observer les
allées et venues dans la rue, une mauvaise habitude qui fait perdre du
temps et qu’on apporte incontestablement avec soi en naissant. Chaque
jour, avant de s’asseoir à sa table de travail, il bénissait la bonne
idée initiale et l’esprit de suite auxquels il devait la réalisation de
son vœu suprême : posséder une bibliothèque bien fournie, bien rangée,
fermée de tous côtés et dans laquelle nul meuble superflu, nul intrus
ne venait détourner le cours de ses graves pensées. La première pièce servait de cabinet de travail. Un vieux bureau massif, un fauteuil devant et un autre dans l’angle opposé en constituaient tout le mobilier. En outre, il y avait là un divan qui se faisait tout petit et que les yeux de Kien ignoraient volontiers parce qu’il se contentait d’y dormir. Aux murs était accrochée une échelle mobile. Elle était plus importante que le divan et se promenait de pièce en pièce au cours de la journée. En effet, pas une chaise ne venait troubler le vide des trois autres pièces. Il n’y avait ni table, ni armoire, ni poêle pour rompre la monotonie bigarrée des rayons. De beaux tapis épais qui recouvraient partout le sol réchauffaient le demi-jour sévère qui unissait les quatre pièces aux portes largement ouvertes en un seul vaste hall. » Elias Canetti : Auto-da-fé Traduit de l’allemand par Paule Arhex Gallimard, 1968 |
Extrait publié en décembre 2008 sur le blog Feuilles d'automne
Tablier
Tablier
Avoir crainte que le tablier ne lève : craindre de se trouver en état de grossesse.
Avoir crainte que le tablier ne lève : craindre de se trouver en état de grossesse.
Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)
Tablier (Droit de),
s. m. Bienvenue payée par les apprentis à leur entrée dans l'atelier.
Cette coutume est tombée en désuétude à Paris ; mais elle est encore
pratiquée, dit-on, en province, et particulièrement dans le nord de la
France.
Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883
(Index)
mercredi 24 juin 2015
Saint-Jean
Saint-jean, s. m.
Ensemble des outils d'un compositeur. Ces outils, d'ailleurs peu
nombreux, sont: le composteur de fer et le composteur de bois, les
pinces, la pointe, aujourd'hui presque abandonnée, le visorium et la
boîte à corrections.
Prendre son saint-jean, Quitter l'atelier.
Prendre son saint-jean, Quitter l'atelier.
Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883
(Index)
mardi 23 juin 2015
Fable-express
Dans Aire-sur-la-Lys, il advint une fois Qu'un voyageur manquât son train, c'est une affaire Qui n'a rien d'extraordinaire Il s'était attardé : tant pis pour lui ma foi !
Moralité :
Si tu ne vas pas à la gare d'Aire, La gare d'Aire n'ira pas à toi.
Alphonse Allais
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