jeudi 15 septembre 2016

Énigme

On sait (nous avons les chiffres !) que nos énigmes ancien régime ont un certain succès. D’ordinaire, nous réservons nos jeux pour l’été, mais comme celui-ci a l’air de durer... eh bien nous nous sommes résolus à prolonger le plaisir.
 
Énigme
 
Lecteur, je m’annonce avec bruit,
Et sans jamais causer d’alarme ;
Pourtant l’effet qui me produit
Fait bien souvent verser des larmes.
Je me répète quelquefois,
Mais toujours dépourvu de grâces,
Et le plus séduisant minois
Fait par moi d’horribles grimaces.
Je fais goûter quelque plaisir ;
Un rien comme lui me fait naître ;
Et l’instant qui me donne l’être,
Tout aussitôt me voit mourir.
Mais il est temps que je finisse ;
Mon récit t’a rendu rêveur.
Courage, allons, mon cher Lecteur !
Bon… t’y voilà… Dieu te bénisse.
 
(Par M. de Beauchesne, Off de M.)
 
Elle est facile ! Si vous avez trouvé, comme d’habitude faites-en nous part dans les commentaires en indiquant votre nom ou à tout le moins un pseudonyme.

mercredi 14 septembre 2016

Deux paragraphes tirés de « Livres dépravés », de Gilbert Lascault

L’ordre biblioclaste
 
Il est heureux que cette résistance du livre existe. Car la bibliocastie, la volonté d’abolir les livres est bien rarement un acte transgressif, subversif. Bien plus souvent c’est une politique du pouvoir, un coup de l’État, un maintien de l’ordre. Les empereurs (et, par exemple, Chi Hoang Ti), les fascistes (en Allemagne, au Chili), les Églises établies (l’Inquisition) adorent mettre les livres au feu et les écrivains au milieu. La biblioclastie s’organise alors souvent au nom d’un livre unique : Mein Kampf par exemple. On dit que la Bibliothèque d’Alexandrie fut incendiée par l’ordre de César (général et écrivain) ou, du moins, qu’il ne fit pas grand effort pour la sauver. Plus que d’autres, certains livres sont persécutés ; le manuscrit de Sade, les Journées de Florbelle, a été brûlé sur l’ordre du préfet de police Delavau.
Dans les pays les plus « civilisés », l’État et ses appareils répressifs et idéologiques n’ont que rarement besoin de brûler spectaculairement des livres. Ils préfèrent empêcher, par des contraintes économiques et avec la complicité tacite de bien des éditeurs, la publication et surtout la grande diffusion des ouvrages qu’ils jugent dangereux pour la classe dominante. Les éditeurs courageux qui veulent passer outre son souvent ruinés par des procès divers.
 
Contre la vénération du livre
 
Il convient donc de lutter pour la libre diffusion des livres contre les censures économiques et politiques, contre les autodafés. Mais, à l’intérieur même de ce combat, il n’est pas nécessaire de considérer n’importe quel livre avec une vénération fétichiste.
Regarder les librairies et bibliotèques comme des temples n’est nullement souhaitable. Il nous faut, au contraire, comprendre que la forme habituelle de nos livres est, dans une certaine mesure, liée à certains impératifs de ceux qui sont nos ennemis. Nous sommes en même temps hostiles à toute censure et irrespectueux à l’égard du livre tel qu’il existe.
Les producteurs de livres autres mettent le livre à l’épreuve ; ils le pervertissent et le faussent ; ils en font des usages contre-nature. Ils tentent de le libérer de sa forme traditionnelle. Ils sont avec le livre, pour lui.
S’ils jouent dangereusement avec sa structure, ils ne souhaitent nullement, pour la plupart, détruire les livres des autres. Ils n’en ont d’ailleurs pas le pouvoir et ne souhaitent pas le posséder. Leur biblioclastie est sans rapport avec celle des défenseurs de l’ordre.
Ils ne veulent pas, en général, changer un ordre contre un autre. Consciemment ou inconsciemment, ils sont les adversaires de tout ordre stable et c’est contre la stabilité des formes du livre que fonctionne leur pratique.
 


Titres des paragraphes de l’article
 :
 
— La muraille fragile et la résistance des livres
— L’ordre bibloclaste
— Contre la vénération du livre
— Les livres impénétrables
— Livres pourrissant, livres torturés
— Livres blancs et livres raturés
— A humument de Tom Philips
— La pagination en jeu
— Échapper au rectangle
— La forme du livre conservée et détournée
— À l’horizon

Gilbert Lascault : Livres dépravés, in : Écrits timides sur le visible — UGE, 10/18 (1978)
(Voir ici.)

mardi 13 septembre 2016

10/18 — Gilbert Lascault : Écrits timides sur le visible




Gilbert Lascault

Écrits timides sur le visible

n° 1306

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Esthétique »
Volume sextuple

398 pages (400 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : 2e trimestre 1979
ISBN 2.264-00986-1

TABLE DES MATIÈRES

Sommaire [7 — 8]

Pour une esthétique dispersée [9 — ...]
Contrepoint n° 1 : Événements de 1906
Sept petites vues sur la vue
Anecdotes de l'œil
Éléments d'un dossier sur le gris
Contrepoint n° 2 : « Le bout de l'horribulaire »
Aventures d'une horizontale
Contrepoint n° 3 : Potirons et champignons du saint
Tableaux-tables de Steinberg
Contrepoint n° 4 : Les yeux noisette
Livres dépravés
Contrepoint n° 5 : Une sorte d'anéantissement général
Rideaux et spectacles
Contrepoint n° 6 : La fureur d'un enfant
De quelques problèmes formels posés par certains objets
Contrepoint n° 7 : Un chiffre
« L'usage du nécessaire »
Contrepoint n° 8 : Krishnamurti ; un ivrogne
Un peintre kleptomane
Contrepoint n° 9 : L'oreille coupée d'Arras
La pensée sauvage en acte
Contrepoint n° 10 : Éloge de la taupe
Villes miniaturisées
Contrepoint n° 11 Le troupeau de l'ethnologue
L'Égypte des égarements
Contrepont n° 12 : Le discours de l'Annoncier
Fernand Léger et l'anti-récit
Contrepoint n° 13 : Les peurs du lion
Lettres figurées : alphabet fou
Contrepoint n° 14 : Sucre de pastèque
Le cuisinier, l'art et la mort
Contrepoint n°15 : Un texte, pour moi, incompréhensible
Art Ensor / Hareng saur
Contrepoint n° 16 : Les enflures de l'écriture
L'alimentaire dans l'art américain récent
Ratatouille de mots et d'images
Sucres d'art
Contrepoint n° 17 : Comptines
Onze figures de la mort
Contrepoint ,° 18 : Fantômas, évidemment
De « L'empire des sens »
Contrepoint n° 19 : Le secret de la femme 100 têtes
Corps marqués
N + 1 banalités sur le maquillage
Contrepoint n° 20 : La peinture et ses comptes
Petit abécédaire du vêtement
Gnoli : peinture et vêtement
Contrepoint n° 21 : Au dos d'une « série noire »
La fête foraine
Contrepoint n° 22 : Dariole et fanchonettes
Machines assez peu célibataires
Contrepoint n° 23 : « ... qui vient de Trébizonde »
Elle est rouge, la petite fleur bleue
L'automne des cerfs-volants
Nuage
Le jaune d'œuf et le soleil
Contrepoint n° 24 : République La Pas D'erreur
Onze bribes de bestiaires à peu près contemporains
Contrepoint n° 23 : Le billet de Gustave
Les petites énergies et la puissance timide
Poubelle blues
Notes [... — 398]


(Contribution du Tenancier)
Index 

jeudi 8 septembre 2016

Et si vous croyez que c'est facile d'alimenter un blog comme celui-ci...
(Pause)


Le Tenancier et ses amis préparant la suite des billets du blog
(Allégorie gentiment fournie par M. Ilia Efimovitch Répine, merci p’tit gars…).

mercredi 7 septembre 2016

10/18 — Philip K. Dick : Ubik




Philip K. Dick

Ubik
Traduit de l'américain par Alain Dorémieux

n° 3034

10/18
Union Générale d'éditions
  Domaine étranger
Dirigée par jean-Claude Zylberstein

(Robert Laffont, 1970 pour la traduction française ; Philip K. Dick, 1969)
Brodard & Taupin  — La Flèche (Sarthe)
Dépôt légal : février 1999
Nouveau tirage : octobre 2003
288 pages

(Photo G. de Rémusat.)


(Contribution de Am Lepiq (monsieuye)
Index

mardi 6 septembre 2016

Robida, l'Exposition universelle de 1900 et la Gazette du Vieux Paris


Il n’aura peut être pas échappé aux rescapés qui fréquentent encore ce blog la petite série bibliographique autour de la Gazette du Vieux Paris publiée ici même, chronique bien laconique puisqu’on s’est contenté de présenter le premier plat de chacun de ces fascicules. Seul le titre donnait une indication du contenu, et seul le « tag » en fin de billet vendait la mèche en délivrant le nom de Robida. Il est temps ici d’en dire plus, et d’en dire beaucoup… L’Exposition universelle de 1900 à Paris est l’occasion pour Albert Robida, célèbre illustrateur et humoriste, de réaliser un projet qui semble lui tenir à cœur : reproduire le vieux Paris sur l’île de la Cité. Cette idée éclot à l'occasion de l'Exposition universelle... Toute une portion de la Seine lui est consacrée, très exactement sur le quai Debilly (actuellement : avenue de New York), entre la passerelle Debilly et le pont de l’Alma. Cette reconstitution pittoresque mérite qu’on y regarde de plus près :
« Sur le quai Debilly, en partie sur la berge et en partie sur la Seine, entre le pont de l’Alma et la passerelle des Armées de terre et de mer se déroulent sur près de 300 mètres d’étendue les constructions du Vieux paris. Situé en face des palais divers du Champ-de-Mars, il présente au regard une longue file de monuments et d’édifices, projetant dans le ciel et reflétant dans la Seine des tours, des tourelles, des clochers et des clochetons étagés par-dessus les toits. Le Vieux Paris est une véritable petite ville, couvrant un espace de 6 000 mètres, divisée en trois quartiers principaux, sillonnés de rues et coupés de places, et présentant une sorte de synthèse pittoresque, vivante et grouillante, non d’une époque déterminée, mais de la vie d’autrefois, depuis la fin du XVe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe.
[…]
Le Vieux Paris, qui compte parmi les attractions de l’Exposition universelle, est dû à l’initiative d’un écrivain et d’un artiste très connu, M. Robida, qui en a dessiné les plans. Il a eu pour collaborateurs dans son œuvre les architectes MM. L. Benouville, Beitz, Vilain, Gombert, Klinka, de Vlastimil, l’architecte paysagiste M. Martinet, et un grand nombre d’artistes : MM. Leemans, Lecourt, Cardona, Béra, Richard, Mme Émilie Robida, etc. M. Robida à publié sur le Vieux Paris une suite de planches in-folio, avec une notice (1900) »
( Le Vieux Paris, par H. Castets, in : « L’Exposition Universelle de 1900 », (p. 387) ) — Revue encyclopédique 1900.)
Quelques attraction ponctuent la visite, un compte-rendu d’époque (même source que précédemment) nous donne quelques indications :
« En dehors du Vieux Paris, au quai Debilly, les berges de la Seine sont vierges d’attractions. Il y a bien les sous-sols des palais des puissances étrangères, rue des Nations (quai d’Orsay), mais ce sont surtout prétextes à boire, et, jusqu’à nouvel avis, les spectacles qu’on y produit ne sont pas d’un art très relevé.
Reste le Vieux Paris, dont le programme forme, à lui seul, une des exhibitions les plus importantes de l’Exposition.
Le Vieux Paris a été conçu par MM. Arthur Heulhard et Robida. Tous deux l’ont réalisé, et on peut dire que depuis longtemps les constructions du quai Debilly, si malaisées à l’origine et d’extérieur si pittoresque, n’ont cessé de piquer la curiosité publique.
Prix d’entrée : 1 fr. dans la journée ; 2 fr. dans la soirée. Le vendredi : 2 fr. et 4 fr.. le dimanche 0 fr. 50 et 1 fr.
Mais, pas d’illusions : les expositions et spectacles divers qu’on peut voir dans l’enceinte du Vieux Paris, ne s’ouvrent que moyennant de nouvelles finances. »
( Les Attractions : Berges de Seine, par L. Vernols, in : « L’Exposition Universelle de 1900 », (p. 387) Revue encyclopédique 1900.)
On le constate, l’entreprise est colossale, elle rencontre un joli succès. Non content de mener à bien ce projet, Robida renchérit par la publication des planches évoquées ci-dessus. Elles ne concernent pas directement l'attraction du Vieux Paris et couvrent une période plus large puisque nous débutons la série par l’époque gallo-romaine — pour notre plus grand regret d’ailleurs, car nous aurions bien voulu voir la verve de Robida s’exercer sur la Préhistoire — jusqu’à Bonaparte. Là aussi, les collaborations abondent et on rencontre nombre d’écrivains « arrivés » (beaucoup occupent largement le catalogue Lemerre…) qui se prêtent parfois avec humour et malice à l’évocation du Paris de l’ancien temps. La liste des collaborateurs ci-dessous suffit à nous convaincre :

http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/04/gazette-du-vieux-paris-n-1-numero-gallo.html
1. Numéro gallo-romain

Jules Verne : L'origine de Paris
Henri Lavedan : Les arènes de Lutèce
Edmond Haraucourt : Lutèce


http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/04/gazette-du-vieux-paris-n-2-numero.html
2. Numéro mérovingien

— Jules Claretie : Facétie mérovingienne
— Jules Verne : Paris capitale
— Henri de Bornier : Le Soufflet
— Adolphe Brisson : La Chanson de Dagobert
Anonyme : Portrait d'Attilla


http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/05/gazette-du-vieux-paris-n3-numero.html
3. Numéro carolingien

— François Coppée : Le fils des armures
Auguste Dorchain : Paris en 887
Eginhard : Portrait de Charlemagne
Grosclaude : La Saint Charlemagne


http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/05/gazette-du-vieux-paris-n-4-numero-saint.html
4. Numéro « Saint-Louis »

— Émile Bergerat : Le chêne de Saint-Louis
— José Maria de Hérédia : Les Croisés
— Pierre Loti : Au pays des Croisés
— Sergines : La légende de la Sainte-Chapelle


http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/05/gazette-du-vieux-paris-n-5-numero-xive.html
5. Numéro « XIVe siècle »

— Albert Robida : L'Affaire de la Tour de Nesle


http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/05/gazette-du-vieux-paris-n-6-numero.html
6. Numéro « Jeanne d'Arc »

— Jules Lemaître : Sans titre
— Jean Aicard : La bergère de Domrémy
— Joseph Fabre : La délivrance d'Orléans
— François Coppée : Le procès et le supplice de Jeanne


http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/05/gazette-du-vieux-paris-n-7-numero.html
7. Numéro « Rabelais »

— Armand Silvestre : Sans titre
— Anatole France : La maison de Rabelais
— Jean Richepin : Ballade
— Henri Lavedan : La Parisienne sous François 1er



http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/07/gazette-du-vieux-paris-n-8-numero-henry.html
8. Numéro « Henry IV »

— Sully : Portraict du Roy
— Émile Faguet : Henry IV et d'Aubigné
— Sergines : Le Vert-galant
— Henry IV : Madrigal-chanson
— Georges d'Esparbès : Le siège de Paris
— Jules Claretie : Au tombeau de Gabrielle
— André Theuriet : L'esprit et le cœur du Roy
— Auguste Deslinières : Indulgence d'un confesseur envers son pénitent
Anonyme : La vraye recette de la poule au pot


http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/07/gazette-du-vieux-paris-n-9-numero.html
9. Numéro « Théophraste Renaudot & Richelieu »

— Adolphe Brisson : Théophraste Renaudot
— Henry Lavedan : La parisienne au tems de Louis XIII
— Gustave Larroumet : Le Cardinal de Richelieu
— Gabriel Hanotaux : Paris en 1614


http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/07/gazette-du-vieux-paris-n-10-numero.html
10. Numéro « Molière & Louis XIV »

— Ferdinand Brunetière : La jeunesse de Molière
— Émile Bergerat : Molierolaterie
— Émile Faguet : La jeunesse de Louis XIV
— Albert Vandal : Louis IV vengé par Molière


http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/08/gazette-du-vieux-paris-n-11-numero.html
11. Numéro « Régence & Louis XV »

— Henri Lavedan : Un souper sous la Régence
— Georges d'Esparbès : La Charge fleurie
— Jules Claretie : Les protégés de la Pompadour
— Sergines : Le Vocabulaire de Madame Du Barry


http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/08/gazette-du-vieux-paris-n-12-numero.html
12. Numéro « Louis XVI »

— Séverine : Le jeton de la Reine
— L. de Fourcaud : Plaisirs de reine
— Gustave Larroumet : À Versailles
— Victor Margueritte : La Ménagerie
— Victor Margueritte : Les Trois Fontaines
— Adolphe Brisson : Roman d'amour


http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/08/gazette-du-vieux-paris-n-13-numero.html
13. Numéro « révolutionnaire »

— Anatole France : Physionomie de Marat
— Henry Fouquier : Les femmes et la Révolution
— Edmond Haraucourt : La guillotine
— Jules Lemaître : Les hommes de la Révolution
— Victorien Sardou : Les hommes de la Révolution
— Émile Bergerat : Les hommes de la Révolution


http://zetenancierisbaque.blogspot.fr/2016/08/gazette-du-vieux-paris-n-14-numero.html
14. Numéro « bonapartiste »

— Paul Deschanel : Bonaparte amoureux
— Gustave Larroumet : Critique de Joséphine
— Émile Faguet : Défense de Joséphine
— Maurice Barrès : Un professeur d'énergie
— Edmond Haraucourt : L'oiseau de France



(Vous pouvez cliquer sur les images pour avoir plus de détails...)

Le numéro consacré à la Tour de Nesle est certainement le plus recherché par les amateurs car s’y déploie toute la verve de Robida, forcé dans les autres fascicules à quelques illustrations contraintes…
Chaque numéro comporte une présentation, un papier et une typographie différents, le paroxysme du raffinement se trouvant, à notre avis, dans le numéro « Jeanne d’Arc », avec sa calligraphie gothique et son papier simili parchemin. D’autres papiers, teintés  ou non, présentent des textures et des grains différents. Le format est à peu près de 22 cm sur 30,5 cm (c'est-à-dire 44 x 30,5 cm, plié en deux, ce qui fait quatre pages). Le descriptif de la plupart des libraires annoncent un format in-folio, chose admissible à condition que les feuilles n’aient pas été rognées. L’hétérogénéité des papiers, et donc des moulins fournisseurs, laisse à penser à des formats originels en effet différents, les bords de chaque fascicule étant rognés de façon nette. Néanmoins on peut supposer des formats similaires, à quelques centimètres près. Pour ce qui concerne le type d’impression, on se déclare hors du coup. Et si un amateur éclairé passe par ici, nous lui réservons toute la place qu’il veut pour nous corriger et nous amender (A-t-on affaire, par exemple à de la lithographie, de la xylogravure ?). Les quatorze fascicules se retrouvent ordinairement dans un étui (que nous ne possédons pas et donc que nous ne pouvons honnêtement décrire) et une notice (que nous ne possédons pas non plus). Chaque numéro paraissait tous les quinze jours.


Laissons la parole à Christine Luce qui participe au très intéressant blog L’Amicale des amateurs de nids à poussière et qui a évoqué dans un recueil l’existence de la Gazette du Vieux Paris :
« Enfin, Au Grand Coq [Donc, au sein de l'attraction du Vieux Paris, (note du Tenancier)], la maison de Renaudot, Albert Robida a installé l'ultime pièce de son puzzle temporel, la Gazette du Vieux Paris, publiée par l'éditeur Baschet, ou plus précisément par les Annales Politiques et Littéraires, et vendue à l'enseigne des Trois Écritoires. C'est de ce bureau que seront publiés les quatorze bulletins de la gazette spéciale, une rétrospective autant dans la forme que dans le fond puisque chacun emprunte une écriture différente depuis le manuscrit jusqu'à l'impression moderne mais également des types de papier varié, adapté au siècle que les textes représentent. Non content de produire une aventure du papier et de la littérature, ces quatorze numéros, que l'acheteur heureux pourra contenir dans un fourreau « antique », sont rédigés avec les talents de célèbres écrivains. François Coppée, Edmond Haraucourt, Maurice Barrès, Pierre Loti, etc. mais aussi Jules Verne, qui y rédigent des imitations et des calembredaines enluminées, illustrées à la plume ou gravées sur bois par Albert Robida et son fils Frédéric. Le journal paraît tous les quinze jours et présente aussi le programme quotidien des théâtres, concerts et attractions. »
(1900 - Albert Robida à l’Exposition Universelle, par Christine Luce, in : « Paris, une physionomie », dir. Alexandre Mare — Les Moutons électriques (2013)
Notons là une erreur vénielle : il n’y a nulle rubrique pour insérer dans ces parutions le programme quotidien des attractions, etc. À tout le moins, on y trouve une réclame pour les Annales politiques et littéraires et mentions brèves de quelques attractions (et cela sur deux ou trois numéros, seulement). C’est que la place manque !
On a peu parlé du contenu. Il est anecdotique, à plusieurs sens. Si les auteurs présents n’ont livré aucun texte essentiel, cela reste néanmoins dans le ton de leur production habituelle, un Coppée demeurant toujours plus rasoir que la bonhomie désormais compassée d’un Anatole France. L’évocation historique et l’anecdote y ont large part. Encore une fois, on s’arrêtera au cinquième fascicule consacré au XIVe siècle et où Robida évoque l’Affaire de la Tour de Nesle sous l’angle (déjà !) de la presse à scandale. Rien que pour cela (mais le passionné de Verne qu’est le Tenancier y trouve son bonheur également) ces quatorze fascicules méritent que l’amateur se les procure. Suivant l’état on peut les obtenir à un prix oscillant entre 100 et 300 €.  Bien sûr, c’est un coup de sonde superficiel sur le net, et vous pouvez avoir de la chance…
(Merci à Christine Luce de nous avoir communiqué son texte !)

10/18 — Mathieu Bénézet : Le roman de la langue




Mathieu Bénézet

Le Roman de la langue
(Des Romans : 1960 — 1975)

n° 1179

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume quintuple

278 pages (288 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : 4e trimestre 1977
ISBN 2.264-00801-6

TABLE DES MATIÈRES

Introduction [11 — ...]
Présentation
Première parenthèse : A coups
I. Critique de la critique
II Ex machina
III Plus
IV La toupie
V. La fonction narrative
VI. Le jardin classique, la ville étrangère
Deuxième partie : Ruptures
I. Le livre des pirates
(Parenthèse)
II. L'enfant romanesque
III. La devinette du sphynx
IV Le retrait du narrateur
(Fermer la parenthèse)
V. Dévisager
VI. Histoire de mots
..... A. Défaire la figure altière de la voix conteuse
..... B. Laisser flotter son nom dans la langue
..... C. Des visages de mots
VII. La voix de la navette
VIII. Tuer l'enfant roman
IX. Délivrés du joug de la conteuse
X. La voix mélodieuse
XI Mystère où cet hymne était enfoui
XII. Un rituel d'affliction
XIII. Où nous sommes dédfigurés
Post-scriptum [... — 279]

[Table des matières [281 — 282]
[Collection 10/18 dirigée par Christian Bourgois — Catalogue — Extrait du catalogue] [284 — 288]



(Contribution du Tenancier)
Index 

dimanche 4 septembre 2016

Une énigme littéraire de George

Décidément très joueur, ce George...

« De quel célèbre dramaturge est la pièce récemment exhumée d'un grenier anglo-normand, intitulée Do cool among teeth rear ! ? »

10/18 — Fata Morgana, 1966 — 1976




Fata Morgana
1966 — 1976

n° 1095

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume sextuple

432 pages (450 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dessin d'Alechinsky
Dépôt légal : 4e trimestre 1976
Achevé d'imprimer : 4 octobre 1976
ISBN 2.264-00094-5

TABLE DES MATIÈRES

[Sommaire] [9 — 10]

Michel Butor : Lettre non-préface [11 — ...]
Benjamin Péret : Les mains dans les poches
Roger Gilbert-Lecomte : L'horrible révélation, la seule
Roger Caillois : Temps circulaire, temps rectiligne (extrait de : Obliques)
Claude Sernet : Dernier poème
Victor Segalen : Briques et tuiles (extraits)
Pierre Klossowsky : Sade et Fourier (extraits)
Bernard Noël : L'Été langue morte
Michel Butor : Le rêve de BVV
INSOLATIONS
:
.;;..Jean-Pierre faye : Rouge/Noir Claude Ollier : La chance de mort
..;;.Pierre Guyotat
.;;..Denis Roche : Saint-Just ou la précipitation des actions
..;;.Romain Weingarten : Alors Pierrot, toujours la guerre ?
..;;.Kateb Yacine : L'homme blanc et le monde libre
Yannis Ritsos : Les vieilles femmes et la mer (extraits)
Jean Grenier : Nouveau lexique (extraits)
Guy Cabanel : Les fêtes sévères (extraits)
Jean-Claude Schneider : Le papier, la distance (extraits)
Dusan Matic : André Breton oblique (extraits)
Jean Paulhan : Le repas et l'amour chez les Merinas (extraits)
Serge Sautreau et André Velter Plan de travail (inédit)
Du prisme noir au livre tourné court (extrait)
Emmanuel Levinas : La servante et son maître (extrait de : Sur Maurice Blanchot)
Henri Michaux : En rêvant à partir de peintures énigmatiques (extraits)
Idéogrammes en Chine (extraits)
Roger Laporte : Une passion (extrait de : Deux lectures de Maurice Blanchot)
Jean Fremon : Discours de la fatigue (extraits)
Maurice Blanchot : Fragmentaire (extrait)
Charles Juliet : rencontre avec Bram Van Velde
L'oeil se scrute (extraits)
Kostas Axelos : Entretien imaginaire (extraits de : Entretiens)
Jean-Marc Tisserant : L'humus l'hymen (extraits)
Jean Laude : Discours inaugural (extraits)
Ramon Alejandro : Pure perte (extraits)
Michel Leiris : Francis Bacon aujourd'hui (extrait de : Francis Bacon ou la vérité criante)
Pierre Torreilles : Espace déluté
Edmond Jabès : Ça suit son cours (extraits)
Samuel Beckett
Jacques Dupin : Une respiration
Claude Esteban : Autre, l'appel
Lorand Gaspar : Il y eut un soir et il y eut un matin
Jean Starobinski : Le plein et le vide
Michel Tournier : Le nain rouge
Philippe Jaccottet : À travers un verger (extraits)
Jean-Luc Parant : Les Yeux (extrait de : Les Yeux CIII CXXV)
jacques Sojcher : Le professeur de philosophie (extraits)
D.A.F. de Sade : Pétition de la section des Piques aux représentants du peuple français
Conversation entre Bernard Noël et Bruno Roy
Chronologie [... — 434]

[Collection 10/18 dirigée par Christian Bourgois — Printemps 1976 — Liste alphabétique des ouvrages disponibles au 31 juillet 1976] [435 — 445]


(Contribution du Tenancier)
Index

10/18 — Boris Vian : Textes et chansons




Boris Vian

Textes et chansons
Textes choisis,
mis en ordre et annotés
par
Noël Arnaud

n° 452

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume double

191 pages (192 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : 4e trimestre 1969


(Contribution du Tenancier)
Index 

10/18 — Daniel J. Boorstin : L'image




Daniel J. Boorstin

L'image
Traduit de l'anglais
par
Marie-Jo Milcent

n° 622 à 624

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple

436 pages (450 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : 4e trimestre 1971

TABLE DES MATIÈRES

[Sommaire] [9]

PRÉFACE [11 — 13]
AVANT-PROPOS [15 — 17]
INTRODUCTION : Espoirs exagérés [21 — 25]

1 DU REPORTAGE À LA FABRICATION DE L'ACTUALITÉ : Un déluge de pseudo-événements humains [27 — 78]
2 DU HÉROS À LA CÉLÉBRITÉ : Le pseudo-événement humain [79 — 123]
3 DU VOYAGEUR AU TOURISTE : L'art oublié du voyage [124— 179]
4 DU MODÈLE À L'OMBRE : Formes évanescentes [180 — 266]
5 DE L'IDÉAL À L'IMAGE : À la recherche de prophéties qui se réalisent d'elles-mêmes [267 — 347]
6 DU RÊVE AMÉRICAIN AUX ILLUSIONS AMÉRICAINE : Ce prestige magique dont nous nous leurrons [348 — 378]

NOTES DE TRAVAIL pour le lecteur (ou pour l'écrivain) [379 — 424]
REMERCIEMENTS [425 — 126]
INDEX [427 — 436]

[Extrait du catalogue 10/18 — Liste alphabétique par nom d'auteurs des ouvrages disponibles] [437 — 442]

Notre exemplaire comporte un carton de deux feuillets insérées entre la page de garde et la page de titre, au format de l'ouvrage, dactylographiées seulement au recto et qui contiennent le texte suivant :
« Ceux qui dénoncent l'aburdité ou les périls de l'incitation au gaspillage dans la société de l'abondance économique, ne savent pas à quoi sert le gaspillage. Il condamnent avec ingratitude, au nom de la rationalité économique, les bons gardiens irrationnels sans lesquels le pouvoir de cette rationalité économique, s'écroulerait. Et Boorstin, par exemple, qui décrit dans L'IMAGE la consommation marchande du spectacle américain, n'atteint jamais le concept de spectacle, parce qu'il croit pouvoir laisser en dehors de cette désastreuse exagération la vie privée ou la notion d' “honnête marchandise”. Il ne comprend pas que la marchandise elle-même a fait les lois dont l'application “honnête” doit donner aussi bien la réalité distincte de la vie privée que sa reconquête ultérieure part la consommation sociale des images.
Boorstin décrit les excès d'un monde qui nous est devenu étranger, comme des excès étrangers à notre monde. Mais la base “normale” de la vie sociale, à laquelle il se réfère implicitement quand il qualifie le règne superficiel des images, en termes de jugement psychologique et moral, comme le produit de “nos extravagantes prétentions”, n'a aucune réalité, ni dans son livre, ni dans son époque. C'est parce que la vie humaine réelle dont parle Boorstin est pour lui dans le passé, y compris les passé de la résignation religieuse, qu'il ne peut comprendre toute la profondeur d'une société de l'image. La vérité de cette société n'est rien d'autre que la négation de cette société. La sociologie qui croit pouvoir isoler de l'ensemble de la vie sociale une rationalité industrielle fonctionnant à part, peut aller jusqu'à isoler du mouvement industriel global les techniques de reproduction et de transmission. C'est ainsi que Boorstin trouve pour cause des résultats qu'il dépeint la malheureuse rencontre, quasi fortuite, d'un trop grand appareil technique de diffusion des images et d'une trop grande attirance des hommes de notre époque pour le pseudo-sensationnel. Ainsi le spectacle serait dû au fait que l'homme moderne serait trop spectateur. Boorstin ne comprend pas que la prolifération des “pseudo-événements” préfabriqués, qu'il dénonce, découle de ce simple fait que les hommes, dans la réalité massive de la vie sociale actuelle, ne vivent pas eux-mêmes des événements. C'est parce que l'histoire elle-même hante la société moderne comme un spectre, que l'on trouve de la pseudo-histoire construite à tous les niveaux de la consommation de la vie, pour préserver l'équilibre menacé de l'actuel temps gelé.

GUY-ERNEST DEBORD. (La Société du Spectacle) »

(Contribution du Tenancier)
Index 

samedi 3 septembre 2016

10/18 — Jean Ricardou : Les lieux-dits




Jean Ricardou

Les lieux-dits
Petit guide d'un voyage dans le livre

n° 722

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume double

253 pages (256 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : 4e trimestre 1972
Achevé d'imprimer : 2 octobre 1972


(Contribution du Tenancier)
Index