vendredi 17 novembre 2017

Une historiette de Béatrice

Tout en entrant :
— « Vous avez des BD?
— Juste devant vous, monsieur. Bonjour. »
Clop, clop, clop. Bruit des livres qu'on laisse après avoir regardé la couverture. Son téléphone sonne fort (musique), il décroche et répond (fort) en sortant. Pas un regard, pas plus qu'en entrant.

mercredi 15 novembre 2017

Une bibliothèque

« Encore une fois, le paysage lui collait à la peau comme un vêtement familier et achevait de le rendre à ses repères habituels. Il n’y avait que des prospectus dans la boîte à lettres. Il les laissa dedans pour qu’ils pussent profiter de la chaleur du soir. Il éprouvait un besoin urgent de se mettre à l’aise et de faire du feu dans la cheminée. Il ouvrit les fenêtres pour que l’humidité de la nuit de juillet compense la chaleur de la flambée. La question du papier pour faire prendre le feu se posa de nouveau. Il avait dans sa poche, soigneusement plié, un numéro de Suck, mais il ne voulait pas le sacrifier aussi vite, alors qu’il avait réussi à lui faire passer la douane. Il préférait brûler un livre et, les yeux fermés, il attrapa une exemplaire du Quichotte, des éditions Sopena. C’était un ouvrage contre lequel il gardait une vielle rancœur et il se délectait d’avance à l’idée qu’il le destinait au bûcher, et son seul regret venait, tant pis, des illustrations qui accompagnaient les aventures de cet imbécile.
En manches de chemise, il édifia un curieux échafaudage de petit bois et de bûches, plaça le Quichotte au-dessus, les pages ouvertes et il y mit le feu. La scène lui rappela un vieux conte d’Andersen dans lequel le lecteur assiste avec angoisse à l’évolution d’une fleur de lin de sa naissance jusqu’à sa mort, devenue livre et brûlée dans une joyeuse cheminée de Noël. Il lui restait encore plus de trois mille cinq cent volumes sur les étagères, autant de barreaux de prison. De quoi faire trois mille cinq cent flambées pendant dix ans. »
 
Manuel Vázquez Montalbán : Tatouage (1976)
Traduit de l’espagnol par Michèle Gazier et Georges Tyras


samedi 11 novembre 2017

La date (Une histoire du Fleuve)


Quel plaisir de vous annoncer la parution du numéro 29 de la revue Le Visage Vert dans laquelle figure une nouvelle de votre serviteur ! La Date est le titre de cette histoire et a été orné par la très talentueuse Céline Brun-Picard qui avait bien voulu, il y a deux ans illustrer le recueil publié chez le même éditeur. Désormais, il est nettement plus facile de se procurer les publications du Visage Vert, leur distribution étant assurée en librairie.Vous pouvez donc le commander si vous ne le trouvez pas dans les rayons.
Votre serviteur espère que vous tirerez quelque plaisir à la lecture de son texte, ainsi que pour tous les autres qui garnissent cette dernière livraison.
Bien sûr, ce récit faisant parti de l'univers du Fleuve, on le retrouvera mentionné ici.

10/18 — Jules Verne : Famille-Sans-Nom




Jules Verne

Famille-Sans-Nom
Introduction et postface par Francis Lacassin

n° 1210
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Jules Verne inattendu »

317 pages (320 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1978

Couverture de Pierre Bernard. Doc. DR
Volume quintuple

Sommaire :

Francis Lacassin : Jules Verne et le socialisme clandestin [7-36]
Jules Verne : Famille-Sans-Nom [37-307]
Table des matières [309-317]


(Contribution du Tenancier)
Index

Répétition
(Et là, le Tenancier tombe amoureux...)

vendredi 10 novembre 2017

Fable-express un peu type (où c'est ?)

Jadis il terrifiait tous les vide-greniers,
Croqueur de brocanteurs, bazardant leurs paniers.
Aujourd'hui, dans son pieu, ne veut plus jeter rien.
Oh bon sang, grands dieux ! l'ogre est végétarien ?

Mords alité !
L'ogre préfère les brocs au lit.

(par George WF Weaver)

jeudi 9 novembre 2017

Mois de novembre, mois maudit...








(Le Tenancier prie l'assistance publique de bien vouloir excuser les fautes et approximations qui émaillent ce document édifiant.)

mercredi 8 novembre 2017

Interro écrite (2)

Dans la série des préceptes idiots, savourons celui-ci :
« Les livres font partie des ces choses rares qui enrichissent ceux qui les achètent. »
À partir de ce postulat, faire la somme de bouquins inutiles, cons, stupides, voire obsolètes qui hantent les défunts catalogues.
Mesurer le taux de fiscalité de cet enrichissement.
Ne pas craindre de citer des noms.

10/18 — Berl Kutschinsky : Rapport sur les crimes sexuels et la pornographie au Danemark




Berl Kutschinsky

Rapport sur les crimes sexuels et la pornographie au Danemark
1970
Traduit de l'anglais par Gérard Lemaire

n° 702

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple

316 pages (320 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1972
Achevé d'imprimer : 15 juin 1972


(Contribution du Tenancier)
Index

mardi 7 novembre 2017

Le Tenancier n'aime pas les enfants

Que l’on vous avertisse immédiatement : le Tenancier n’aime pas les gluants. Il estime que ces créatures vagissantes qui méritent bien le nom « d’enfant » ne devraient retenir seulement notre attention que pour les exquis moments pour lesquels nous leur réservons un châtiment. Ces choses n’ont ni culture ni conversation et les maigres projets qu’ils peuvent échafauder sont déjà passés par les fourches caudines de notre expérience. Le plus fort, c’est qu’ils n’y prennent garde. Leur obstination est donc la preuve de leur sottise innée. C’est bien simple, s’il existe une organisation comme, par exemple, une W.C. Field Institution POUR l’enfance malheureuse, le Tenancier moribond fera réaliser tous ses avoirs pour faire un legs à cette heureuse initiative. Recta, on investira dans l’instrument de dressage !
Bien fait.
Il ne manquerait plus qu’ils viennent toucher à nos superbes illustrés anciens ! Mais, on ne vous rassurera pas, chers lecteurs, en vous déclarant qu’ils ont déjà essayé. Ne voilà-t-il pas qu’un de ces êtres répugnants a prétendu vouloir jeter son dévolu sur Le Buffon des Enfants, de Lorioux au prétexte confondant de gratuité qu’on y mentionnait le mot « enfant ». Devant cette casuistique de bac à sable, nous avons rétorqué que Buffon y était également mentionné et que nous ne nous sentons pas tenus d’accueillir tous les descendants de ce coco-là pour complaire à une éthérique lubie ou un l’on ne sait quel droit qui a bien dû être aboli. Parce que, arrêtez-moi si je me trompe, Buffon, c’est bien Ancien Régime et Compagnie, non ?


On s'est retenu d’appuyer la réplique par quelques taloches. On ne sait pourquoi, certains parents semblent tenir à leur clone-en-moins-bien. Ceux-là se froissent dès que l'on marque une preuve d'attention ordinaire à leur descendance, songeant peut-être que l'on saura convertir ces brutes à coups de mignardises. Espoir béât. Remarquez, ces créatures pernicieuses déteignent sur les adultes. Il suffit de faire une station sur les bancs qui entourent les terrains de jeux pour se rendre compte de cette régression. Qui peut tenir longtemps devant les prudhomismes puériculteurs de ces chaisières ? Et attention si vous vous mettez à parler de choses intelligentes… On sent bien qu’en haut du toboggan on vous guette du coin de l’œil ! Tout à coup on se dit que tout peut arriver, du genre Le Village des Damnés ou L’Invasion des Profanateurs de Sépultures. Quelque chose de terrible et d’angoissant. Alors on rentre précipitamment et l’on rouvre le bouquin de Lorioux et on regarde.
Et l’on respire un peu, on a mis le verrou.


Lorioux est l’un des illustrateurs appréciés du Tenancier. Il tomba sur cet exemplaire à la librairie où il travaillait comme salarié. Un client qui le recherchait ne s’était pas manifesté. Il l’ouvrit par une sorte de curiosité désœuvrée, il le rouvre désormais par passion.


Et dire que l’on prétendit mettre cela dans la main des enfants !
Le Tenancier rigole.




Le Buffon des Enfants
Textes de Bernard Roy
Illustré par Félix Lorioux
Marcus - 1945



Ce billet acerbe — mais justifié — a été publié en mai 2009 sur le blog Feuilles d'automne.