mardi 12 mai 2020

Lecture du Tenancier

Rien de récent (ou si peu), et comme ça lui chante.



« Je me souviens de votre visage si désolé quelques heures avant votre mort. Vingt-cinq ans après, vos larmes me révoltent encore. Vous étiez épuisé d’avoir espéré trop longtemps quelque chose qui ne vous sera jamais arrivé. Une vraie reconnaissance. Il se trouve que vous me l’avez dit dans ce bistrot de la place Desnouettes. Vous répétiez “Je suis foutu, je suis foutu…” J’avais en face de moi un homme éperdu de solitude et d’angoisse. Je suis la dernière personne à qui vous avez parlé. Puis ce fut le moment de se séparer. J’avais des enfants à coucher, un travail d’ouvreuse à prendre vers huit heures du soir. Vous aviez du mal à me quitter »

lundi 11 mai 2020

Une historiette de Béatrice

La précieuse entre pour prendre les livres religieux qu'elle avait réservés lors de sa précédente visite. La délicatesse et la courtoisie incarnées. Garée, très mal, sur le trottoir en face de la boutique. Tout en rédigeant son chèque, elle lève parfois la tête pour voir si chaque moteur qui passe — et tempête fort contre cette voiture si mal garée — n'emporte son pare-brise. Et soudain s’énerve :
« Connard ! Tu passes largement ! Ah encore un chômeur ivre ! Va donc faire des enfants à bobonne et fous-nous la paix ! Tous des animaux ! »
Elle range son chéquier griffé, puis remet son masque de précieuse pour prendre congé.

dimanche 10 mai 2020

10/18 — Jacques Sternberg : Le cœur froid




Jacques Sternberg

Le cœur froid


n° 758

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume double

191 pages (192 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1973


(Contribution du Tenancier)
Index

vendredi 8 mai 2020

Une historiette de Béatrice

— Bibliothèque verte.
— Bonjour madame, je vous montre, c'est par ici.
— Oui, combien ?
Nous avons la joie d'inaugurer ce jour le langage télégraphique dans notre pratique.

mercredi 6 mai 2020

Revoir, corriger et recuire



[Courteline] était, quant à lui, d’une parfaite modestie. Lorsque parurent ses Œuvres complètes, il écrivit à un ami suisse :
« Depuis trois semaines, je n’ai pas une minute à moi, ayant à revoir, corriger et recuire tous mes bouquins, près de 400 000 lignes à éplucher une à une, à émonder de “qui”, de “que” et autres beautés de ce genre. Je me suis fait une pinte de mauvais sang ! Le pis est que, n’ayant jamais relu mes ouvrages depuis leur publication, j’ai eu avec eux l’impression de la nouveauté, et elle est propre, l’impression ! Je suis consterné. C’est effrayant ce que tout cela est misérable. Je ne me croyais pas si dépourvu de talent. Au surplus, cela m’est bien égal. L’important, c’est d’avoir bon estomac. »

Léon Treich : L'esprit français (1943)

lundi 4 mai 2020

10-18 — Léonard Cohen : The favorite Game




Leonard Cohen

The favorite Game

Traduit de l'anglais par Michel Doury

n° 663

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple

314 page (320 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1972


(Contribution du Tenancier)
Index

Fable-express un peu khon

« Ch'sais pas ce que j'ai, aujourd'hui, mais j'ai la tête vide.
— Eh bien comme ça, les zombies te foutront la paix... »
(Désolé...)