mardi 9 juin 2020

Antif, Antiffe, Antiffer

Antif (Battre l') : Marcher. Mot à mot : battre le grand chemin. — Antif est un vieux mot qui signifie antique et se rencontre souvent dans dans les textes du moyen âge uni à celui de chemin. — Un chemin antif était un chemin ancien, c'est-à-dire frayé.

Antiffe : Marchez (Grandval.) Mot à mot : action de battre l'antif.

Antiffer : Entrer (Rabasse)

Antiffer (s') : Se marier (Rabasse.) — Forme moderne d'antifler. — Se dit aussi pour être séduit, se laisser circonvenir.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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dimanche 7 juin 2020

Nouveaux venus & vieilles ficelles

Affaire Jaubert : Comment démolir un homme
 
Le 29 mai 1971, vers 17h30, le journaliste Alain Jaubert monte dans un car de Police-Secours pour accompagner un blessé à l’hôpital. Passé à tabac à l’intérieur et à l’extérieur du car de police, Alain Jaubert sera « livré » à l’hôpital Lariboisière couvert de sang à 18h15. Une commission d’enquête a depuis prouvé les responsabilités des policiers et établi les mensonges de ceux de leurs chefs qui ont jugé nécessaire de prendre position.
Mais l’affaire Jaubert n’est pas une simple affaire de police. Dès que Jaubert est admis à l’hôpital et placé en garde à vue — et surtout dès qu’il est libéré — il y a bien plus grave que le simple passage à tabac. Le caractère policier de l’État apparaît alors nettement. On surveille le journaliste, ses amis, les témoins. On cherche aussi à démolir Jaubert et tous les moyens sont bons.
 
I. TÉMOINS MUETS1
 
Quelles pressions ont subi les habitants des immeubles nos 50, 52, 54, et 57, 59, rue de Clignancourt. Beaucoup ont été vus par des témoins à leurs fenêtres, pendant que les policiers tabassaient, dans la rue, Alain Jaubert qui venait d’être éjecté du premier car. Aujourd’hui, ceux qui acceptent d’ouvrir leur porte affirment qu’ils étaient absents le samedi 29 mai.
 
II. COUPS CRASSEUX2
 
On a mis beaucoup de monde sur l’affaire Jaubert. Des dizaines de flics et autre fonctionnaires. Objectif : démolir le journaliste et, si possible, le coincer ; saper le coefficient de sympathie de Jaubert auprès des autres journalistes et renverser l’opinion en brouillant le plus de cartes possibles. Pas ragoûtant comme méthode, mais l’enjeu vaut bien quelques coups crasseux. Quelques bonnes manières dignes du panier à salade dont Jaubert sortit couvert de sang le 29 mai, après son passage à tabac. Tout se passe en coulisse, bien sûr, et, normalement, rien ne devrait filtrer.
 
Les premiers jours, Jaubert encore détenu, on surveille sa femme et l’appartement du couple. Une fois le journaliste sorti de l’hôpital et relâché, on le prend en filature. On enquête auprès de ses voisins — des fois qu’on trouverait quelque chose de pas bien ; on branche son téléphone sur table d’écoute.
Noblesse oblige, c’est le ministère de l’Intérieur qui centralise l’opération. Des flics fouillent le passé de Jaubert — un coup d’œil aux archives ; ils font l’inventaire de ses relations, de celles de sa famille. On cherche, on cherche. Jaubert a beaucoup voyagé avant d’être journaliste. En Amérique du Sud, à l’Est, presque partout. Alors on fait l’inventaire de ses ressources — un coup d’œil sur ses dépenses et sur son compte en banque. On cherche. Trouver quelque chose, pouvoir dire que Jaubert est un malfrat ou — pourquoi pas ? — un agent de l’étranger et ce sera tout bon.
On passe ensuite la balle aux gens de la Direction Générale des Impôts. À charge pour eux d’enquêter et de rendre compte aux hommes de Marcellin. Ses impôts, est-ce que Jaubert les paie ? Il ne fraude pas un peu, non ? Pas de ressources un peu bizarres ? Quelques jours après son passage à tabac, Jaubert reçoit coup sur coup, deux lettres de son percepteur qui réclame une déclaration de revenus déjà envoyée puis demande — réponse sous huit jours — des renseignements sur ses gains en 1969 et 1970. Pure coïncidence, bien sûr.
On s’agite autour des journaux. Certains flics et quelques collaborateurs de Marcellin courent les rédactions et glissent à l’oreille de journalistes : Jaubert n’a pas droit à sa carte de presse. Ce n’est pas un vrai journaliste…
Mieux encore : les notes confidentielles à en-tête du ministère de l’Intérieur. La première, envoyée dès le début de l’affaire à certains journaux — mais pas au Canard — comporte trois feuillets. On donne maladroitement la version policière des faits, on accuse Jaubert d’être un cogneur, on tronque les déclarations des témoins pour mieux l’enfoncer. La semaine dernière, les services de Marcellin ont remis ça — toujours dans le style note confidentielle. Avec l’espoir de faire un peu baisser le ton des journaux.
 
L’affaire Jaubert révèle bien le caractère policier des pratiques politiques. Ce n’est plus une affaire de police. On donne des ordres, on lance des flics ou d’autres fonctionnaires sur le renseignement, on flaire, on cherche, on veut savoir des choses pour empêcher un scandale d’éclater, on prend des habitudes. C’est cela le fondement policier d’un État. Le reste — quadrillage d’un quartier ou d’une ville par des hommes casqués — n’est jamais que la vitrine.
Après, on peut toujours se dire indigné de la campagne systématique de diffamation qui est menée contre nos forces de police, comme Pompidou l’a fait à la télévision. Ou éructer contre la presse — encore du Pompidou. Jeudi 10 juin, il recevait à l’Élysée des journalistes spécialistes des questions agricoles. Le ton aigre, Pompidou parla de l’affaire Jaubert, puis de l’affaire Bolo et des journalistes qui en profitent chaque fois pour se payer la tête du gouvernement.
Malheur à ceux par qui le scandale arrive… à la connaissance du public.
 
1. Extrait d’une enquête de René BACHMANN parue le 14 juin 1971 dans le Nouvel Observateur.
2. Article de Claude ANGELI, paru le 30 juin 1971 dans le Canard enchaîné.

René Bachmann — Claude Angeli : Les polices de la Nouvelle Société (1971) — Chap. V : Attention police !

Anse

Anse : Bras. L'anse est le bras du vase. V. Arque pincer. — Offrir son Anse, offrir son bras.

Anses : Oreilles — Comparaison de la tête au pot.

Anses (une paire d') : Une paire de grandes oreilles écartées. Vues de face, elles ressemblent aux anses d'un pot.

Anses (panier à deux) : Homme ayant une femme à chaque bras.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

samedi 6 juin 2020

10/18 — René d'Anjou : Le livre du cuer d'amours espris




René d'Anjou

Le livre du cuer d'amours espris

Édité et présenté par Susan WHARTON

n° 1385

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Bibliothèque médiévale »
Dirigée par Paul Zumthor
Volume quintuple

223 pages (224 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1980
Achevé d'imprimer 23 avril 1980


(Contribution du Tenancier)
Index

vendredi 5 juin 2020

10/18 — Guy de Maupassant : Chroniques — 1




Guy de Maupassant

Chroniques — 1

22 octobre 1876 — 23 février 1882

n° 1382

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Fins de siècles »
Dirigée par Hubert Juin
Volume sextuple

437 pages (446 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1980
Achevé d'imprimer 23 mai 1980


(Contribution du Tenancier)
Index

jeudi 4 juin 2020

Une historiette de Béatrice

Bonjour, je dois donner des cours de français à un groupe, je voudrais savoir ce que vous avez en grammaires d’occasion ? Enfin, le moins cher possible, il ne faut pas exagérer quand même, eux aussi ils peuvent s'offrir des livres, hein.

mercredi 3 juin 2020

Et il ne faut absolument pas faire confiance aux livres de papier

Il ne faut pas non plus que tu trouves étrange que je ne recommande à personne des livres de papier pour y apprendre le début de la médecine. Car la cause en est qu’il n’est pas besoin des les prendre en considération. Les bons et les méchants écrivent pêle-mêle, les gens épineux et les rêveurs, pêle-mêle, à la fois du bon et du mauvais ; ils falsifient le bon par le mauvais ; ils trouvent et prônent plutôt le mauvais que le bon ; et ils font pêle-mêle une telle panade qu’on se trouve tout désorienté et qu’on ne peut plus trouver la paix. Et chacun veut distinguer son nom des autres plumes et apporter quelque chose de neuf. Et la médecine a été totalement brisée par de tels écrivailleurs. Et il ne faut absolument pas faire confiance aux livres de papier. Et bien que tel ou tel ait eu une expérience et de l’expérience, etc., cela s’est produit pour lui, et au fond il a été lui-même égaré. Car le style indique qu’une grande simplicité a régné avec l’ignorance dans la médecine.

Paracelse, extrait de : Labyrinthus medicorum errantium, 1538

Exergue à La lumière et la clef, d’Adolf Muschg (1984)

mardi 2 juin 2020

Holmes sweet Holmes

Puisque l'été approche, qu'il fait beau, que les mouches pètent, voici un petit jeu auquel nous nous étions déjà prêtés jadis. Mais qu'aurait pu dire par les message ci-dessous un Holmes grossier à Moriarty ?
Vos supputations en commentaire, merci...

Bon pour la circulation ?

lundi 1 juin 2020

Lecture du Tenancier

Rien de récent (ou si peu), et comme ça lui chante.


Un catalogue de vente de libraire... oui, eh bien quoi ? On ne répétera jamais assez combien ces publications recèlent de trésors et de livres exceptionnels, même si on ne pourra jamais les posséder. Celui-ci est d'autant plus alléchant que son titre est Crimes et légendes et se consacre à toute la littérature criminelle : fictions, ouvrages de criminalistique, bertillonnage et photos de « convicts », beaucoup d'ouvrages du XIXe et de provenance anglo-saxonne. Le charme de ce catalogue tient également au choix des illustrations monochromes en sépia. 1000 références sur le crime et ses à-côtés...
Un catalogue qu'il m'arrive de feuilleter encore avec le même plaisir...

dimanche 31 mai 2020

Une historiette de Béatrice

Devant la boutique, je les entends arriver.
— Pourquoi tu veux y aller, tu cherches un livre ou quoi ?
— Non, rien de particulier, pour le plaisir.
Mais entrez mesdames, je vous aime déjà.

samedi 30 mai 2020

Un sou la coquille !


[…] le Marais a gardé son aspect, ses traditions et, si l’on ose dire, sa faune. À côté des gros commerces qui emplissent les rues du tapage de leurs fardiers, c’est le pays des artisans. Les imprimeries de labeur y sont nombreuses, noires et sordides. Les compositeurs et les protes, coiffés du professionnel bicorne de papier, besognent sous de chiches becs de gaz. Les placards, revus par les correcteurs, sont affichés tout humides à la porte ; soumis à l’examen des passants : chaque faute relevée est payée un sou, parfois deux. Il est des habitués, paraît-il, qui ne vivent que de ça.

Robert Burnand : Paris 1900 (1951)