samedi 5 août 2023
vendredi 4 août 2023
Mort aux robots !
Illustration de R. Kikuo Johnson
[…] Il
parlait sans hésitation, le souffle court, sans
rechercher la précision. Apparemment, elle était désormais superflue
pour lui.
— Depuis deux cent cinquante ans, la machine a entrepris de remplacer l’Homme en détruisant le travail manuel. La poterie sort de moules et de presses. Les œuvres d’art ont été remplacées par des fac-similés. Appelez cela le progrès si vous voulez ! Le domaine de l’artiste est réduit aux abstractions ; il est confiné dans le monde des idées. Son esprit conçoit et c’est la machine qui exécute. Pensez-vous que le potier se satisfasse de la seule création mentale ? Supposez-vous que l’idée suffise ? Qu’il n’existe rien dans le contact de la glaise elle-même, qu’on n’éprouve aucune jouissance à voir l’objet croître sous l’influence conjuguée de la main et de l’esprit ? Ne pensez-vous pas que cette croissance même agisse en retour pour modifier et améliorer l’idée ? — Vous n’êtes pas potier, dit le Dr Calvin. — Je suis un artiste créateur ! Je conçois et je construis des articles et des livres. Cela comporte davantage que le choix des mots et leur alignement dans un ordre donné. Si là se bornait notre rôle, notre tâche ne nous procurerait ni plaisir ni récompense. « Un livre doit prendre forme entre les mains de l’écrivain. Il doit voir effectivement les chapitres croître et se développer. Il doit travailler et retravailler, voir l’œuvre se modifier au-delà du concept original. C’est quelque chose que de tenir les épreuves à la main, de voir le texte imprimé et le remodeler. Il existe des centaines de contacts entre un homme et son œuvre à chaque stade de son élaboration… et ce contact lui-même est générateur de plaisir et paie l’auteur du travail qu’il consacre à sa création plus que ne pourrait le faire aucune autre récompense. C’est de tout cela que votre robot nous dépouillerait. — Ainsi font une machine à écrire, une presse à imprimer. Proposez-vous de revenir à l’enluminure manuelle des manuscrits ? — Machines à écrire et presses à imprimer nous dépouillent partiellement, mais votre robot nous dépouillerait totalement. Votre robot se charge de la correction des épreuves. Bientôt il s’emparera de la rédaction originale, de la recherche à travers les sources, des vérifications et contre-vérifications de textes, et pourquoi pas des conclusions. Que restera-t-il à l’érudit ? Une seule chose : le choix des décisions concernant les ordres à donner au robot pour la suite du travail ! Je veux épargner aux futures générations d’universitaires et d’intellectuels de sombrer dans un pareil enfer. Ce souci m’importait davantage que ma propre réputation, et c’est pour cette raison que j’ai entrepris de détruire l’U.S. Robots en employant n’importe quel moyen. — Vous étiez voué à l’échec, dit Susan Calvin. — Du moins me fallait-il essayer, dit Simon Ninheimer. Susan Calvin tourna le dos et quitta la pièce. Elle fit de son mieux pour ne point éprouver un élan de sympathie envers cet homme brisé. Nous devons à la vérité qu’elle n’y parvint pas entièrement. |
jeudi 3 août 2023
mercredi 2 août 2023
Une historiette de Béatrice
mardi 1 août 2023
lundi 31 juillet 2023
Et maintenant, quelques titres de Raphael Aloysius Lafferty
Les six
doigts du temps Snif-snif Pffuit ! Porc piégé Chez les terriens velus Comment refaire Charlemagne Le trou dans le coin Chameaux et dromadaires, clem La grande carcasse Configuration du rivage nord Voyage en conserve L’homme tout-à-la-fois Histoire d’un crocodile secret Parfaite et entière chrysolite La suite au prochain rocher Vieux pied oublié La fée interurbaine L’homme-dans-le-fond Captifs de la gangue du temps Tout sauf les mots Grinçantes charnières du monde Le jour où toutes les terres rejailliront Autobiographie d’une machine ktistèque Rangle Dang Kaloof Situation inhabituelle à Summit City Le congrès des créatures Que votre mur soit blanchi La saison de la fièvre cérébrale Fantômes de sélénium des années 1870 Et tous les cieux sont remplis de poissons Tous les morceaux de la rive du fleuve |
Allez donc voir là pour en savoir plus.
dimanche 30 juillet 2023
samedi 29 juillet 2023
Paf, dans ma bibliothèque !
Allons bon ! À peine cette
rubrique créée et la voici
dévoyée par une intention autre que celle annoncée par son titre. Ce
livre n’est
pas destiné à ma bibliothèque, mais à ma fille aînée qui aura sans
doute besoin
d’un peu de documentation pour ce qui concerne le mobilier et la
décoration (à
ce propos, si vous avez des choses un peu techniques et pas chères…)
Admettons
que le présent volume vaut surtout pour un clin d’œil, car le savoir,
condensé et vieilli,
demeure succinct. En somme, je prends un soupçon d’avance avec cette
acquisition
parce que, cassant ma pipe un de ces jours, mes filles se partageront
ma
bibliothèque et dilapideront le reste — sic
transit… — chez un bouquiniste ou un libraire, bref. Quand même, un
Que sais-je
: marqueur de générations successives dont on commence à perdre la
trace dans
le paysage des librairies à mesure de la progression des encyclopédies
en ligne
et du moindre besoin de « se lasser de tout, excepté de
connaître ».
Quelques exemplaires usés traînent chez certains bouquinistes,
peut-être dubitatifs
sur les espoirs de vente qui s’amenuisent pour certains titres : L’acoustique des bâtiments, Chimie de la
beauté qui, en 1961, date
de l’ouvrage ou figurent ces titres parmi d’autres au deuxième plat de
couverture, fleurent l’obsolescence, profitable seulement à un bizarre
épistémologue, allez savoir. Je vais le feuilleter quand même,
celui-là, parce
que cela m’amuse. Si cela n’intéresse pas ma fille, il retournera dans
la boîte
à livre où il fut découvert — on en rend parfois, mais moins que ce
que l’on
prend, n’est-ce pas ? Pour conclure ce blablatage, évoquons la
bibliothèque garnie de ces ouvrages dans Tchao
Pantin, naïveté qui voudrait posséder le monde de cette manière...
Je me
rends compte que j’en possède peu chez moi, un sur la SF, un autre sur
la
littérature fantastique (manie de la « documentation »,
gardée malgré
la séparation de 95% de ma bibliothèque spécialisée), quelques-uns sur
l’histoire,
et puis quoi ? Et vous, ça ne vous est jamais arrivé de rêver
devant l’extrait
du catalogue, en retournant un Que sais-je ?
Guillaume Janneau : Le mobilier français — Coll. Que sais-je ?, Presses Universitaires de France, 1961
Guillaume Janneau : Le mobilier français — Coll. Que sais-je ?, Presses Universitaires de France, 1961
vendredi 28 juillet 2023
jeudi 27 juillet 2023
mercredi 26 juillet 2023
mardi 25 juillet 2023
Paul-Henri Corentin FÉVAL (1817 —)
Paul-Henri Corentin FÉVAL
(1817 —), romancier, d’une ancienne famille de robe, né à Rennes. Dès
l’âge de
dix-neuf ans il était reçu avocat, mais il abandonna cette carrière,
pour
entrer dans une maison de banque, puis pour la littérature, où Les Mystères de Londres, 1844, publiés
sous le pseudonyme de Francis Trollope, luis firent une belle
réputation, après
plus d’une épreuve douloureuse. Doué d’une imagination très féconde, il
s’est
plu souvent à dépeindre les mœurs de sa ville natale, sous la
restauration ;
son roman Bouche de fer, renferme à
cet égard nombre de pages intéressantes. Comme auteur dramatique, il a
fait
jouer avec succès, le Fils du Diable,
et les Mystères de Londres. C’est lui
qui a rédigé la partie du roman, dans les Rapports
officiels sur le progrès des lettres en 1868, et en jugeant les
auteurs
contemporains, il a montré largement la bienveillance qui forme le fond
de son
caractère, malgré quelques saillies un peu vives contre la civilisation
parisienne., car l’auteur n’est pas toujours aussi indulgent pour la
capitale,
que dans le début du morceau que nous citons* ! — Madame
Gil Blas ; les
Errants de nuit ; Jean Diable,
roman dont il donna le nom à un journal qu’il dirigea pendant quelque
temps,
etc. Il a traité le genre historique dans son Histoire des tribunaux
secrets,
1851, 8 vol. * — « Il est à Londres, comme à Paris, des gens qui rassemblent et font cercle autour d’un homme tombé à terre. À Paris, la curiosité est presque toujours secourable, et vous voyez journellement le pauvre ouvrier, l’ouvrière pauvrette, jouer le rôle de la Providence et faire une richesse à l’enfant qui pleure, au vieillard terrassé par la faim, en cotisant leurs indigences. C’est que Paris est beau jusque dans ses misères, qui ont du cœur […] » (Scène populaire à Londres) |
La
littérature
française, lectures choisies par Le Colonel Staaf (1877)
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