samedi 5 août 2023

Nécrologie

On annonce le décès de Philippe Curval. Je me souviendrai du plaisir éprouvé à son contact, comme invité à mes émissions de radio ou lorsque je l’ai publié. Décidément, le catalogue de l’astronaute mort commence à mériter ce nom…

10/18 — Vernon Sullivan : Et on tuera tous les affreux




Vernon Sullivan
Et on tuera tous les affreux

Traduit de l'américain par Boris Vian

n° 518

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple
192 pages
Dépôt légal : 4e trimestre 1970
Achevé d'imprimer : 10 novembre 1977


(Contribution du Tenancier)
Index

George Auriol : Monogrammes et cachets

vendredi 4 août 2023

Mort aux robots !

Illustration de R. Kikuo Johnson

[…] Il parlait sans hésitation, le souffle court, sans rechercher la précision. Apparemment, elle était désormais superflue pour lui.
— Depuis deux cent cinquante ans, la machine a entrepris de remplacer l’Homme en détruisant le travail manuel. La poterie sort de moules et de presses. Les œuvres d’art ont été remplacées par des fac-similés. Appelez cela le progrès si vous voulez! Le domaine de l’artiste est réduit aux abstractions; il est confiné dans le monde des idées. Son esprit conçoit et c’est la machine qui exécute. Pensez-vous que le potier se satisfasse de la seule création mentale? Supposez-vous que l’idée suffise? Qu’il n’existe rien dans le contact de la glaise elle-même, qu’on n’éprouve aucune jouissance à voir l’objet croître sous l’influence conjuguée de la main et de l’esprit? Ne pensez-vous pas que cette croissance même agisse en retour pour modifier et améliorer l’idée?
— Vous n’êtes pas potier, dit le Dr Calvin.
— Je suis un artiste créateur! Je conçois et je construis des articles et des livres. Cela comporte davantage que le choix des mots et leur alignement dans un ordre donné. Si là se bornait notre rôle, notre tâche ne nous procurerait ni plaisir ni récompense.
«Un livre doit prendre forme entre les mains de l’écrivain. Il doit voir effectivement les chapitres croître et se développer. Il doit travailler et retravailler, voir l’œuvre se modifier au-delà du concept original. C’est quelque chose que de tenir les épreuves à la main, de voir le texte imprimé et le remodeler. Il existe des centaines de contacts entre un homme et son œuvre à chaque stade de son élaboration… et ce contact lui-même est générateur de plaisir et paie l’auteur du travail qu’il consacre à sa création plus que ne pourrait le faire aucune autre récompense. C’est de tout cela que votre robot nous dépouillerait.
— Ainsi font une machine à écrire, une presse à imprimer. Proposez-vous de revenir à l’enluminure manuelle des manuscrits?
— Machines à écrire et presses à imprimer nous dépouillent partiellement, mais votre robot nous dépouillerait totalement. Votre robot se charge de la correction des épreuves. Bientôt il s’emparera de la rédaction originale, de la recherche à travers les sources, des vérifications et contre-vérifications de textes, et pourquoi pas des conclusions. Que restera-t-il à l’érudit? Une seule chose : le choix des décisions concernant les ordres à donner au robot pour la suite du travail! Je veux épargner aux futures générations d’universitaires et d’intellectuels de sombrer dans un pareil enfer. Ce souci m’importait davantage que ma propre réputation, et c’est pour cette raison que j’ai entrepris de détruire l’U.S. Robots en employant n’importe quel moyen.
— Vous étiez voué à l’échec, dit Susan Calvin.
— Du moins me fallait-il essayer, dit Simon Ninheimer.
Susan Calvin tourna le dos et quitta la pièce. Elle fit de son mieux pour ne point éprouver un élan de sympathie envers cet homme brisé.
Nous devons à la vérité qu’elle n’y parvint pas entièrement.

Isaac Asimov : Le correcteur (1957)
Traduction de Pierre Billon
(Pour en savoir plus, cliquez ici)

mercredi 2 août 2023

Une historiette de Béatrice

 Des cris dans la rue, une enfant qui pleure, hurle, « je veux pas, non, je veux ça », et une maman qui dit « viens ici », « ça suffit ». Une fois, deux fois, trois fois, et j'arrête de compter, c'est une comédie. Et soudain, la gamine entre dans la boutique en courant. Suivie de sa mère, tout sourire.
« Bonjour, je vais essayer de la calmer avec un livre. »

lundi 31 juillet 2023

Et maintenant, quelques titres de Raphael Aloysius Lafferty

Les six doigts du temps
Snif-snif
Pffuit !
Porc piégé
Chez les terriens velus
Comment refaire Charlemagne
Le trou dans le coin
Chameaux et dromadaires, clem
La grande carcasse
Configuration du rivage nord
Voyage en conserve
L’homme tout-à-la-fois
Histoire d’un crocodile secret
Parfaite et entière chrysolite
La suite au prochain rocher
Vieux pied oublié
La fée interurbaine
L’homme-dans-le-fond
Captifs de la gangue du temps
Tout sauf les mots
Grinçantes charnières du monde
Le jour où toutes les terres rejailliront
Autobiographie d’une machine ktistèque
Rangle Dang Kaloof
Situation inhabituelle à Summit City
Le congrès des créatures
Que votre mur soit blanchi
La saison de la fièvre cérébrale
Fantômes de sélénium des années 1870
Et tous les cieux sont remplis de poissons
Tous les morceaux de la rive du fleuve

Allez donc voir pour en savoir plus.

samedi 29 juillet 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Allons bon ! À peine cette rubrique créée et la voici dévoyée par une intention autre que celle annoncée par son titre. Ce livre n’est pas destiné à ma bibliothèque, mais à ma fille aînée qui aura sans doute besoin d’un peu de documentation pour ce qui concerne le mobilier et la décoration (à ce propos, si vous avez des choses un peu techniques et pas chères…) Admettons que le présent volume vaut surtout pour un clin d’œil, car le savoir, condensé et vieilli, demeure succinct. En somme, je prends un soupçon d’avance avec cette acquisition parce que, cassant ma pipe un de ces jours, mes filles se partageront ma bibliothèque et dilapideront le reste — sic transit… — chez un bouquiniste ou un libraire, bref. Quand même, un Que sais-je : marqueur de générations successives dont on commence à perdre la trace dans le paysage des librairies à mesure de la progression des encyclopédies en ligne et du moindre besoin de « se lasser de tout, excepté de connaître ». Quelques exemplaires usés traînent chez certains bouquinistes, peut-être dubitatifs sur les espoirs de vente qui s’amenuisent pour certains titres : L’acoustique des bâtiments, Chimie de la beauté qui, en 1961, date de l’ouvrage ou figurent ces titres parmi d’autres au deuxième plat de couverture, fleurent l’obsolescence, profitable seulement à un bizarre épistémologue, allez savoir. Je vais le feuilleter quand même, celui-là, parce que cela m’amuse. Si cela n’intéresse pas ma fille, il retournera dans la boîte à livre où il fut découvert — on en rend parfois, mais moins que ce que l’on prend, n’est-ce pas ? Pour conclure ce blablatage, évoquons la bibliothèque garnie de ces ouvrages dans Tchao Pantin, naïveté qui voudrait posséder le monde de cette manière... Je me rends compte que j’en possède peu chez moi, un sur la SF, un autre sur la littérature fantastique (manie de la « documentation », gardée malgré la séparation de 95% de ma bibliothèque spécialisée), quelques-uns sur l’histoire, et puis quoi ? Et vous, ça ne vous est jamais arrivé de rêver devant l’extrait du catalogue, en retournant un Que sais-je ?

Guillaume Janneau : Le mobilier français — Coll. Que sais-je ?, Presses Universitaires de France, 1961