dimanche 25 août 2019

Le discours de la méthode

Un peu de fiction sur ce blog...

4 commentaires:

  1. Bonjour cher Tenancier, je débarque à l'instant du passage au nord-ouest, long et périlleux périple qui m'a hélas interdit de participer vaillamment à vos succulentes énigmes topographico-littéraires.

    Mais pas d'écouter France Culture (plutôt mourir, même si cette antenne n'est aujourd'hui que le pâle fantôme de ce qu'elle fut jadis !)

    Adoncques j'ai entendu ce chouette bijou, rehaussé par l'éclat de la rareté de la présence de Manchette sur les ondes (en direct, juste un passage du "Panorama" en 1978, et basta).

    Cette nouvelle ne m'avait guère titillé lorsque je l'avais lue dans le recueil Cache ta joie ! chez Rivages (dont je causais pas plus tard qu'hier avec Nicolas Le Flahec), bien moins en tout cas que l'éblouissante Basse-fosse (parue dans le numéro de juillet 1980 du magazine Elle - sic !) qui l'y précède (pp. 119-132), mais cette l'écoute de cette adaptation fort bien présentée par Philippe Garbit aujourd'hui et à l'époque par Francis Lacassin, cette écoute, donc, a tonné sur moi comme les incendies sur la masse honnie.

    L'histoire ne présente strictement aucun intérêt, tout est dans le style et dans ses stupéfiantes ruptures de niveaux de langage, et évidemment dans l'apparente discontinuité entre les deux récits (l'agression très violente du mandarin et l'histoire minable du loubard indic éperdu d'amour envers Cheval fou).

    C'est fou, en fait : Manchette accomplit là un tour de force sensationnel !

    Il livre une nouvelle de commande à l'équivalent contemporain d'un pulp magazine, histoire de gratter trois sous comme un vulgaire Hammett, mais fidèle jusqu'au tréfonds à son éthique anti-littéraire, il se sert de cette infamie pour y délivrer son manifeste personnel, un discours sur sa méthode.
    Ce texte-là, c'est sa "Masterclasse" à lui, comment je t'embrouille le lecteur par des va-et-vient autrement plus complexes que Papa dans Maman, comment je zigouille les repères langagiers tout aussi bien qu'un Céline, comment j'écris sur rien mieux qu'un Flaubert qui - le malheureux ! - a cru bon de préciser qu'Emma, c'était lui, comment je fourgue ça en loucedé à une sous-merde de torchon pour abrutis accrocs aux jeux de l'été même pas signés Perec, comment j'enfouis l'or de mon idée pure de l'écriture dans la gangue des sous=produits de la société de consommation (qui ne produit d'ailleurs que des sous-produits, que des déchets, tout est à jeter) plus finaudement que Karl Marx à qui l'on doit pourtant cette métaphore.

    Et Jules Coprin de s'évertuer à construire un abri de fortune au milieu de l'immense salon de l'immense Xanadu, pour y recueillir le suc essentiel de l'histoire de l'art; et Manchette de se cloîtrer dans son agoraphobie pour construire sa tétralogie des Gens du mauvais temps.

    Allez, je viens de récolter les courgettes, m'en vais faire une bonne soupe avec les pélardons.

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  2. Bref, pour le dire vite :
    Manchette, un Jules qui s'efforçait du survivre au sein d'un monde devenu excrémentiel, de produire de l'or à partir du fumier de son époque.
    https://www.cnrtl.fr/definition/coprin

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  3. On ne nous la fait pas : J.-P. Manchette est une invention destinée à ratifier l'existence de George WF Weaver, lequel d'ailleurs, sous ce pseudo, ne convaincra personne de sa réalité.
    À d'autres, mon petit monsieur !

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  4. Chut, ohé ! D'là y ne
    faudrait pas conclure à votre propre réalité, ni à celle de ce qu'on appelle la réalité…

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