mardi 6 septembre 2022

Comme ça, en passant

Ainsi, privé du privilège de la mémoire étendue, me voici, tout Tenancier que je reste, renvoyé au rang de vulgaire pékin, terme qui donne envie de se laver la bouche. Pouah. Rassurons-nous toutefois : l’écrit n’est pas réservé qu’aux chiens et l’art de la liste ne s’éteindra pas comme cela dans ces colonnes. Un autre engouement a quitté votre serviteur depuis bien longtemps, celui de la nouveauté, depuis qu’il avait quitté la librairie de neuf. Mais, un sentiment connexe a bien voulu se manifester de nouveau lors d’une conversation de vive voix en compagnie de ce très cher George Weaver au sujet de certains livres que le succès rend suspects et donc indignes de notre attention. Entendons-nous sur la notion de succès. Nous n’évoquons pas les débilités usuelles d’un Werber ou les petites stupidités bourgeoises distillé par les pharmacies littéraires, mais de ces ouvrages tombés de nulle part et qui par leur singularité plaisent au plus grand nombre sans pour autant déchoir. On ne peut s'empêcher d’y déceler un loup, malgré les indices favorables, peut-être à cause d’une frilosité due aux vantardises réitérées autour de merdes érigées en chef d’œuvre. Alors, on temporise, à un point que l’on peut laisser un livre s’épuiser. Cela se produit dans les vies sentimentales, aussi. Enfin, à moi ça m’est arrivé, plus souvent en matière de livres, mais...
Je vous raconte ça en passant. Je me mets en jambes, histoire de me familiariser de nouveau avec l’exercice régulier du blogue, une sorte d’exercice, si vous voyez ce que je veux dire, histoire de prétendre un jour que le Tenancier aura atteint son satori, ou alors qu'il vous aura désennuyé.

6 commentaires:

  1. Anonyme23:24

    Ah mais que voici que voilà une excellente nouvelle. La joie de retrouver ce blogue animé, suite indirecte des retrouvailles avec George Weaver, de plus.

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  2. Paulo23:38

    Certains livres que le succès rend suspects… voilà bien un certain snobisme (nous en sommes tous peu ou prou victime) qui voudrait que les livres dont tout le monde parle ne peuvent rien nous dire et sont indignes de notre attention. Pourtant, certains livres, malgré leur succès, ont quelque chose à nous dire. Je n'en citerai aucun ici car chacun peut, à un moment, en faire le constat, et c'est ainsi que nous pouvons lire, avec quelques années de retard, des livres qui en leur temps ont eu du succès…

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    1. Je suis d'accord, cela procède d'un certain snobisme... mais également de la méfiance à l'égard de beaucoup d'enthousiasmes frelatés. Ce n'est d’ailleurs pas grave, un bon livre peut attendre des décennies, même si ça devient fâcheux pour les droits d'auteur.

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  3. Quel style, nondidjou, ce Tenancier, bordaille de putosse !

    (et pour dénimber un peu les vaporeusités éventuellement méphitiques de ce magnifique biller, désamorcer les ardeurs inquiètes de l'auditoire — voire éviter de susciter l'émoi turgescent d'un nouveau Mystère là où c'est bête comme chou — je m'empresse de ce préciser que j'y causais du fabuleux Parfum de Patrick Süskind, à not' Tenancier chéri, cette balle de bouquin lu par bibi plus de vingt ans après sa sortie pour cause de snobisme littéraire. Et aussi de la mère Duras période Lol V. Stein, idem à cause du Goncourt toujours tu m'intéresses queude).

    À ce sujet, je ne saurais trop chaudement recommander cet article de l'ami Lémi, ça fait plus de onze ans comme le nombre du titre du canard d'alors, ça n'a pas pris une ride.

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  4. "de préciser que", pas "de ce préciser que", évidently.

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