mardi 24 octobre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

J’y ai fait allusion à plusieurs reprises dans ce blogue : « L’homme heureux n’a pas de chemise ». Je ne sais pas d’où cela vient, mais ce proverbe me plaît, même si du côté vestimentaire je n’ai pas à me plaindre, tout en étant préservé du malheur (croisons les doigts). Mais pour les possesseurs de livres, existe-t-il aussi un précepte autant inepte ? Assurément, on en a vu passer lors du confinement tandis que les libraires avaient été contraintes de fermer : déclarations connes sur la liberté — ou la libération — liée au livre, comme si Mein Camphre ou autre truc de ce genre n’avait jamais existé. Bref, dois-je craindre un accroissement des emmerdements en accumulant les volumes ici et là ? Eh bien, cela risque fort d’arriver au bout d’un moment avec notre maison qui n’en pourra mais sous le poids. Pour l’instant, pas de craquement suspect. On reste serein. Tout de même, il convient de se méfier du bonheur des autres, qui, se sentant légers, se défaussent encore plus sur les amis, tel celui-ci, amoureux au point d’en perdre des kilos, se libère également de nombre de livres de sa bibliothèque. À nouvel homme, de nouvelles perspectives, et bien dégagées s’il vous plaît ! Voici les rayons qui se vident et mes bras chargés d’une pile : pas moins de dix-neuf livres à « rentrer » (comme disent les libraires d’occasion et les bouquinistes) ! Bigre, vais-je m’amuser à chroniquer ici tout cet arrivage d’une traite, vous infliger un placard indigeste, d’autant que je vous tiens la jambe depuis environ 1500 signes avec mon babil ? Allons, je vais me montrer raisonnable et vous appâter par deux ouvrages non négligeables :
 
 
Oui, c’est bien le reprint complet de la revue chez Jean-Michel Place, superbe et à l’état neuf. Petite bouffée de nostalgie puisqu’il m’est arrivé de voir circuler les originales dans un passé qui s’éloigne de plus en plus. Que dire de plus, sinon que je biche ce genre de publication !
 
 
Puisqu’il est question d’édition originale, voici un des 925 exemplaires sur vélin ivoire de cette « édition publique » de Cendrars. Cette publication a fait un peu polémique à l’époque, en 1997, en raison de la rareté du document-source et donc de l’attente qu’il a suscité. Parfois, le prodige d’une réapparition peut faire douter. On a en mémoire, vers la même époque, d’un roman inédit à l’histoire miraculeuse[1] et pour lequel on continue ici et là à concevoir des doutes, sans preuve concluante, mais avec le chiffre d’affaires d’un poids lourd de l’édition. Pour revenir à cette Légende de Novgorode, sa page Wikipédia fait état des polémiques qui courent encore. Tout ce qui prête à une enquête sur la nature matérielle de la publication, la codicologie, donc, reste passionnant. Tant que les « raretés » ou les manuscrits sont gardés hors de portée des spécialistes, le scepticisme demeure la règle… On accueille donc ce volume avec un certain plaisir, celui de lire du Cendrars, ou celui de conserver peut-être un faux, sachant que les deux peuvent se confondre. La couverture de celui-ci était légèrement tachée, mais rien qu’une gomme blanche n’a pu enlever. L’on a vu également des exemplaires du tirage de tête nous passer sous le nez avec l’eau-forte d’Alechinsky. Les livres, cela existe aussi pour rêver ou se souvenir, un épisode mélancolique, parfois.
La suite un peu plus tard…
 
[1] Paris au xxe siècle, de Verne.

Le Surréalisme au service de la Révolution, numéros 1 à 6, juillet 1930 à mai 1933, colleciton complète — Jean-Michel Place, 2002
Blaise Cendrars : La légende Novgorode — Fata Morgana, 1997

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