samedi 24 janvier 2015

Aphorisme

Tous les cannibales vous le diront :
C'est dans les vieux potes qu'on fait la meilleure soupe.

jeudi 22 janvier 2015

Ils (sont pas là)

Ils (sont pas là) loc. verb. Signifie : je manque d'argent. Rapprocher comme construction de « aller les chercher », « ils » et « les » étant employés à la place du synonyme masculin d'argent monnayé ou de monnaie, difficile à identifier ( « sous », « biffetons », « talbins », etc. ). ○ EXEMPLE : Je monterais bien avec vous à Deauville, seulement ils sont pas là !

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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samedi 17 janvier 2015

H (De l')

H (De l') loc. Héroïne (stupéfiant). ○ EXEMPLE : C'est vers 1930 que les trafiquants de stup's constatant que les camés à la blanche se désintoxiquaient à la rigolade, ont, sur le marché, introduit l'H, qui donne un manque insupportable.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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mardi 13 janvier 2015

Mathilde

Le Tenancier continue ses frasques dans la fiction et dans un catalogue qui comporte ma foi du beau linge. Cet opus-ci est plutôt noir et un peu finiséculaire. Il faut varier dans les plaisirs. Déjà trois titres à Sous La Cape. Le Tenancier se rengorge...


Yves Letort 
Mathilde
  Édition numérique ou papier à commander sur le site de
 Sous La Cape.

Pour les autres textes du Tenancier, allez donc voir .

Ébouzer

Ébouzer p.a. Abattre, terrasser, anéantir. ○ EXEMPLE : Milo de Plaisance s'était fait ébouzer une belle noye, d'une seule giclée de P. 38 par un petit barbiquet qu'ignorait sa cote de caïd.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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lundi 12 janvier 2015

Rendons service à Fabrice...

« Les confidences de Lucchini », L'Obs n° 2648 du 8 janvier 2015

Oui, rendons-lui service en l'orientant vers un endroit où il aura quelques éléments de compréhension, c'est-à-dire ici, par exemple. Nous comptons sur nos lecteurs pour lui en indiquer d'autres et surtout sur ce qui devrait être compris d'un poème. Enfin bref...
Autrement, je m'interroge sérieusement sur l'intérêt de déclarer que son chauffeur de taxi était Marocain. Était-ce pour souligner l'exceptionnelle attention du chauffeur en qualité de taxi, de Marocain, ou de transporteur de cabot ?
Hasard des hasards, se pointait en couverture du même canard un autre de ceux que nous avions représenté dans nos « vœux », avec la « une » la plus sombrement hilarante de ces derniers jours :


Comme quoi on devrait se méfier : quand on évoque la sottise, on prend le risque d'être très tendance...

dimanche 11 janvier 2015

Ce qu'on voudrait de l'avenir

 
Plutôt Étant donné que des méta-données.

Cabane

Cabane n.f. 1. Domicile. ○ EXEMPLE : Si Fredo vient me voir, dis-lui qu'il passe à la cabane, je décarre jamais avant deux plombes.
2. Maison de tolérance. ○ EXEMPLE : Les frangines qu'Arthur avait filées en cabane se comptaient plus. Il les levait dans les gares, aux durs du matin, arrivant de leur campagne pour se placarder chez les bourgeois. En moins de jouge, au baratin, il chanstiquait leur vocation.
3. Prison ○ EXEMPLE : A trente piges, Léonce les petits pieds en avait déjà passé dix en cabane.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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samedi 10 janvier 2015

Je ne suis pas Charlie

Sans avoir pu le contacter, je m'autorise tout de même à reproduire l'article de Claude Guillon à partir de son site, puisqu'il a été repris au moins six fois par d'autres blogs. Je ne me doutais pas qu'en lisant La Terrorisation démocratique dont il est l'auteur, je me retrouverais à en éprouver rapidement les effets qu'il y décrit si bien. 


Je ne doute pas qu’il existe des « Charlie » sympathiques et plein(e)s de bonnes intentions. Je suis inondé, comme tout le monde, de leurs courriels indignés. Je n’en suis pas.
Je ne suis pas Charlie, parce que je sais que l’immense majorité de ces Charlie n’ont jamais été ni Mohamed ni Zouad, autrement dit aucun de ces centaines de jeunes assassinés dans les banlieues par « nos » policiers (de toutes confessions, les flics !) payés avec « nos » impôts. Si je recours aux outils du sociologue, je comprends pourquoi il est plus immédiatement facile pour des petits bourgeois blancs de s’identifier avec un dessinateur connu, intellectuel et blanc, qu’avec un enfant d’immigrés ouvriers du Maghreb. Comprendre n’est ni excuser ni adhérer.

Je ne suis pas Charlie, parce que je refuse de me « rassembler », sur l’injonction du locataire de l’Élysée, avec des politicards, des flics et des militants d’extrême droite. Je ne parle pas en l’air : une connaissance m’explique que sur son lieu de travail, ce sont des militants cathos homophobes de la dite « Manif pour tous » qui s’impliquent dans l’organisation d’une minute de silence pour l’équipe de Charlie Hebdo.

Je ne suis pas Charlie, parce que je refuse de pleurer sur les cadavres de Charlie Hebdo avec un François Hollande qui vient d’annoncer que l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes sera construit, autrement dit qu’il y aura d’autres blessé(e)s graves par balles en caoutchouc, et sans doute d’autres Rémi Fraisse.

Je ne suis pas Charlie, parce que je suis viscéralement — et culturellement — hostile à toute espèce d’ « Union sacrée ». Même les plus sots des journalistes du Monde ont compris qu’il s’agit bien de cela ; ils se demandent simplement combien de temps cette « union » peut durer. Se « rassembler » derrière François Hollande contre la « barbarie islamiste » n’est pas moins stupide que de faire l’union sacrée contre la « barbarie allemande » en 1914. Quelques anarchistes s’y sont laissés prendre à l’époque ; ça va bien comme ça, on a donné !

Je ne suis pas Charlie, parce que le « rassemblement » est l’appellation néo-libérale de la collaboration de classes. Certain(e)s d’entre vous s’imaginent peut-être qu’il n’existe plus de classes et moins encore de lutte entre elles. Si vous êtes patron ou chef de quelque chose (bureau, atelier…), il est normal que vous prétendiez ça (et encore ! il y a des exceptions) ou que vous puissiez le croire. Si vous êtes ouvrier, ouvrière, contraint(e) à des tâches d’exécution ou chômeur/chômeuse, je vous conseille de vous renseigner.

Je ne suis pas Charlie, parce que si je partage la peine des proches des personnes assassinées, je ne me reconnais en aucune façon dans ce qu’était devenu, et depuis quelques dizaines d’années, le journal Charlie Hebdo. Après avoir commencé comme brûlot anarchisant, ce journal s’était retourné — notamment sous la direction de Philippe Val — contre son public des débuts. Il demeurait anticlérical. Est-ce que ça compte ? Oui. Est-ce que ça suffit ? Certainement pas. J’apprends que Houellebecq et Bernard Maris s’étaient pris d’une grande amitié, et que le premier a « suspendu » la promotion de son livre Soumission (ça ne lui coûtera rien) en hommage au second. Cela prouve que même dans les pires situations, il reste des occasions de rigoler.

Je ne suis pas Charlie, parce que je suis un militant révolutionnaire qui essaie de se tenir au courant de la marche du monde capitaliste dans lequel il vit. De ce fait, je n’ignore pas que le pays dont je suis ressortissant est en guerre, certes sur des « théâtres d’opération » lointains et changeants. De la pire manière qui soit, puisque partout dans le monde et jusque dans mon quartier, des ennemis de la France peuvent me considérer comme leur ennemi. Ce qui est parfois exact, et parfois non. Au moins, sachant que la France est en guerre, je n’éprouve pas le même étonnement que beaucoup de Charlie à apprendre qu’un acte de guerre a été commis en plein Paris contre des humoristes irrespectueux envers les religions.

Je ne suis pas Charlie, parce que faute de précisions, et du fait même de l’anonymisation que produit la formule « Je suis Charlie », cette formule s’entend nécessairement, et au-delà des positions sans doute différentes de tel ou telle, comme un unanimisme « antiterroriste ». Autrement dit : comme un plébiscite de l’appareil législatif dit « antiterroriste », instrument de ce que j’ai appelé terrorisation démocratique.

Je ne suis pas Charlie. Je suis Claude. Révolutionnaire anarchiste, anticapitaliste, partisan du projet communiste libertaire, ennemi mortel de tous les monothéismes — mais je sacrifie à Aphrodite ! — et de tout État. Cela suffit à faire de moi une cible pour les fanatiques religieux et pour les flics (j’ai payé pour le savoir).

Je suis disposé à débattre avec celles et ceux pour qui la tuerie de Charlie Hebdo est une des horreurs de ce monde, auxquelles il est inutile d’ajouter encore de la confusion, à forme d’émotion grégaire.

Claude Guillon.
C'est la dernière fois avant longtemps que j'aborde le sujet sur ce blog, ne voulant pas participer à l’obscénité générale ni à la validation de ce que je réprouve : la guerre, la répression et le racisme entre autres. Mais la date du 7 janvier 2015 sera un marqueur, celui qui consacrera le retour d'un esprit critique que j'avais un peu trop tendance à mettre sous le boisseau, et sans doute, aussi, un engagement que j'ai trop différé par le passé.