samedi 7 mai 2016

Jacter

Jacter : Parler, crier. Mot à mot jeter (jactare) les hauts cris. V. Greffier, Loubion.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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Gazette du Vieux Paris, n° 5
(Numéro « XIVe siècle»)

Idiot

Idiot : Insulte vague; Elle peut s'adresser à des gens d'esprit. — « Il a l'air d'un chien de chasse. Est-il idiot, hein ? — Aussi, tu l'agaces, ma chère.. » (E. Villars.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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Une historiette de Béatrice

Elle demande à consulter le livre en vitrine, un essai en 10/18, et elle le consulte.
Une bonne heure.
Puis elle me le rend en disant « Dommage, c’est écrit trop petit ».

Cette historiette a été publiée pour la première fois en octobre 2012 sur le blog  Feuilles d'automne.

Halènes

Halènes : Outil de voleur. —Allusions aux halènes de cordonniers ? — « Crois-moi, balance tes halènes. » (Vidocq.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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vendredi 6 mai 2016

Gazette du Vieux Paris, n° 4
(Numéro « Saint-Louis »)

Gadoue

Gadoue : Salope(*). — Du vieux mot gadoue : ordure. — « File, mon fiston, roule ta gadoue, mon homme, ça pue. » (Catéchisme Poissard, 44.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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(* ) Salope adjectif et nom. Malpropre. Sitôt qu'il fût parti, la servante de l'auberge se déclara grosse de son fait. C'était une vilaine salope. (J-J. Rousseau) Il se faisait gloire d'être salope. (Hamilton) | Duchesne/Leguay : La Surprise, dictionnaire des sens perdus, 1990

jeudi 5 mai 2016

Sur les routes — II

Nous quittâmes la maison le jour fixé et nous atteignîmes dans la soirée Malaucène, au pied de la montagne, en direction du nord. Nous y restâmes une journée, et aujourd’hui, enfin, nous avons entrepris, non sans peine, l’ascension, aidés chacun d’un serviteur. La masse du mont, un amoncellement de rochers, est fortement escarpée et presque inaccessible ; mais le poète l’a bien dit, « labeur opiniâtre vient à bout de tout ». La longue journée, la température clémente, l’enthousiasme, la vigueur, l’agilité du corps, tout favorisait notre escalade ; seule faisait obstacle la nature du terrain. Dans une petite vallée, nous rencontrâmes un vieux berger qui tenta de mille manières de nous dissuader de monter, nous racontant que lui aussi, cinquante ans auparavant, poussé par la même ardeur juvénile, il avait fait l’ascension jusqu’au sommet, qu’il n’en avait rapporté que larmes et sueur, le corps et les vêtements déchirés par les pierres et les ronces, et qu’il n’avait jamais entendu dire que d’autres, avant ou après lui, eussent tenté pareille expédition. Mais, ainsi est la jeunesse, sourde à tout conseil, plus il criait pour nous mettre en garde, plus nous sentions croître notre désir de passer outre. Alors, quand le vieillard eut compris que ses efforts étaient vains, s’avançant un petit peu parmi les rochers, il nous montra du doigt un sentier abrupt, tout en réitérant ses avertissements, et il nous en prodiguait encore, que nous lui avions depuis longtemps tourné le dos. Ayant laissé près de lui les vêtements et les objets qui pouvaient gêner notre marche, nous nous apprêtons à monter seuls et nous avançons d’un bon pas. Mais comme il arrive souvent, à un effort violent succède une brusque fatigue, et nous voici contraints de faire halte sur une roche toute proche. Puis nous reprenons notre progression, mais plus lentement ; moi surtout, qui grimpais d’un pas plus lourd, tandis que mon frère, qui coupait en longeant la crête, s’élevait toujours plus. Moi, peinant, je descendais et, quand il m’appelait pour m’indiquer le chemin le plus direct, je lui répondais que j’espérais trouver un sentier plus facile de l’autre côté de la montagne et qu’il ne me déplaisait pas de faire une route plus longue, pourvu qu’elle fut plate. Je prétendais ainsi excuser ma paresse et, alors que mes compagnons étaient déjà au sommet, moi, j’errais par les vallées, sans distinguer nulle part de sentier plus amène ; la route, en réalité, montait, et l’inutile fatigue m’accablait. Las d’errer, je décidai de me diriger directement vers le haut, et quand, épuisé et haletant, j’eus réussi à rejoindre mon frère qu’une longue pause avait ragaillardi, nous fîmes un bout de chemin ensemble. Nous avions à peine quitté ce col que moi, oublieux de mes précédentes errances, je me sens à nouveau tiré vers le bas et, tandis que je traverse à nouveau la vallée à la recherche d’un sentier plat, je me précipite dans de graves difficultés. Je voulais différer la fatigue de la montée, mais la nature ne cède pas à la volonté humaine, et il est impossible pour un corps de gagner les hauteurs en descendant. Bref, en peu de temps, sous les rires de mon frère et dans mon abattement, cela m’arriva trois fois ou plus. Découragé, je m’asseyais souvent dans quelque creux et là, passant rapidement des choses du corps à celles de l’esprit, je me faisais ce genre de réflexions : « Ce que tu as tant de fois tenté aujourd’hui en escaladant cette montagne se répétera pour toi et pour tant d’autres qui veulent toucher à la béatitude ; si les hommes ne s’en rendent pas compte aussi facilement, cela vient du fait que les mouvements du corps sont visibles, tandis que ceux de l’esprit sont invisibles et cachés. La vie que nous appelons heureuse occupe les hauteurs et, comme dit le proverbe, “ étroite est la route qui y mène ”. Nombreux aussi sont les cols qu’il faut passer, de même nous devons avancer par degrés, de vertu en vertu ; sur la cime est la fin de toutes choses, le but vers lequel nous dirigeons nos pas. Tous veulent l’atteindre, mais comme dit Ovide, “vouloir est peu ; il faut, pour parvenir, désirer ”. Toi, bien sûr, si tu ne te trompes pas une fois de plus, non seulement tu veux, mais tu désires. Qu’est-ce donc qui te retient ? Rien d’autre, évidemment que la route plus plate qui passe par les bas plaisirs terrestres et qui semble à première vue plus facile ; mais quand tu auras beaucoup erré, il te faudra monter vers la cime de la béatitude en peinant sous le poids d’une fatigue fâcheusement différée, ou bien tomber d’épuisement dans les vallées de tes péchés ; et si — je frémis à cette pensée — les ténèbres et l’ombre de la mort s’emparent de toi, tu devras vivre une nuit éternelle de perpétuelles tourments ». Je ne puis dire à quel point cette pensée me redonna courage et force pour le reste du chemin. Puissé-je accomplir avec mon âme ce voyage auquel jour et nuit j’aspire, comme je l’ai accompli après avoir surmonté les difficultés avec mon corps ! Et j’ignore si ce que l’âme peut réaliser en un clin d’œil et sans bouger quoi que ce soit, en laissant agir sa nature immortelle, est plus facile que ce que doit accomplir dans le temps un corps promis à la mort et qui croule sous le poids de ses membres.
 
Pétrarque — L’ascension du mont Ventoux — 1353
Traduit du latin par Denis Montebello.

Factionnaires

Factionnaires : Excréments déposés aux abords de certains murs ; comme un factionnaire, ils empêchent d'y passer. — « Dans les escaliers, elle vous pose des factionnaires qui ne crient pas : qui vive ! aux passants. » (Dalès.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mardi 3 mai 2016

Gazette du Vieux Paris, n°3
(Numéro Carolingien)

Ébouriffant

Ébouriffant : Excessif au point de faire ébouriffer les cheveux sur la tête. C'est une variante de à faire dresser les cheveux sur la tête qui a paru sans doute trop connu. — « Menez une jeune fille au bal, tous les yeux flambent autour d'elle, et vous lui dites : tu ne brûleras pas !... vous êtes ébouriffant, ma parole d'honneur ! » ( Physiol. des Amoureux. 41.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mercredi 27 avril 2016

Sur les routes — I

Donc nous partîmes en avant, au-delà, sans nous soucier de la marée, ni s’il y aurait plus tard un passage pour gagner terre. Nous avions besoin jusqu’au bout d’abuser de notre plaisir et de le savourer sans en rien perdre. Plus légers que le matin, nous sautions, nous courions sans fatigue, sans obstacle, une verve de corps nous emportait malgré nous et nous éprouvions dans les muscles des espèces de tressaillements d’une volupté robuste et singulière. Nous secouions nos têtes au vent et nous avions du plaisir à toucher les herbes avec nos mains. Aspirant l’odeur des flots, nous humions, nous évoquions à nous tout ce qu’il y avait de couleurs, de rayons, de murmures : le dessin des varechs, la douceur des grains de sable, la dureté du roc qui sonnait sous nos pieds, les altitudes de la falaise, la frange des vagues, les découpures du rivage, la voix de l’horizon ; et puis, c’était la brise qui passait comme d’invisibles baisers qui nous coulaient sur la figure, le ciel où il y avait des nuages allaient vite, roulant une poudre d’or, la lune qui se levait, les étoiles qui se montraient. Nous nous roulions l’esprit dans la profusion de ces splendeurs, nous en repaissions nos yeux ; nous en écartions les narines, nous en ouvrions les oreilles ; quelque chose de la vie des éléments émanant d’eux-mêmes, sans doute à l’attraction de nos regards, arrivait jusqu’à nous et, s’y assimilait, faisait que nous les comprenions dans un rapport moins éloigné, que nous les sentions plus en avant, grâce à cette union plus complexe. A force de nous en pénétrer, d’y entrer, nous devenions nature aussi, nous diffusions en elle, elle nous reprenait, nous sentions qu’elle gagnait sur nous et nous en avions une joie démesurée ; nous aurions voulu nous y perdre, être pris par elle ou l’emporter en nous. Ainsi que dans les transports, on souhaite plus de mains pour palper, plus de lèvres pour baiser, plus d’yeux pour voir, plus d’âme pour aimer ; nous étalant dans la nature dans un ébattement plein de délire et de joies, nous regrettions que nos yeux ne pussent aller jusqu’au sein des rochers, jusqu’au fond des mers, jusqu’au bout du ciel, pour voir comment poussent les pierres, se font les flots, s’allument les étoiles ; que nos oreilles ne pussent entendre graviter dans la terre la fermentation des granits, la sève pousser dans les plantes, les coraux rouler dans les solitudes de l’Océan. Et dans la sympathie de cette effusion contemplative, nous aurions voulu que notre âme, irradiant partout, allât vivre dans toute cette vie pour revêtir toutes ses formes, durer comme elles, et se variant toujours, toujours pousser au soleil de l’éternité ses métamorphoses !
Mais l’homme n’est fait pour goûter chaque jour que peu de nourriture, de couleurs, de sons, de sentiments, d’idées. Ce qui dépasse la mesure le fatigue ou le grise ; c’est l’idiotisme de l’ivrogne, c’est la folie de l’extatique. Ah ! que notre verre est petit, mon Dieu ! que notre soif est grande ! que notre tête est faible !

Gustave Flaubert : Par les champs et par les grèves. — 1881