mercredi 11 mai 2016

Macaire

Macaire : Malfaiteur affectant les dehors d'un homme du monde. Le mot date du drame de l'Auberge des Adrets ; il doit moins sa fortune à Frederick Lemaître, créateur du rôle de Macaire, qu'aux nombreuses caricatures qui ont ensuite fait de l'assassin Macaire le type du filou cynique. — « Ils se croyaient des Macaires et n'ont été que des filous. » (Luchet.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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lundi 9 mai 2016

Gazette du Vieux Paris, n° 6
(Numéro « Jeanne d'Arc »)

Là-bas

Là-bas : Maison de correction de Saint-Lazare. — « Julia à Amandine : comme ça c'est pauvre Angèle est là-bas ? — Ne m'en parle pas. Elle était au café Coquet à prendre un grog avec Anatole. Voilà un monsieur qui passe, qui avait l'air d'un homme sérieux avec des cheveux blancs et une montre. Il lui offre une voiture, elle accepte, un cocher arrive, et... emballée ! Le monsieur était un inspecteur ! » (Les Cocottes, 64.)

Là-bas : Au bagne. — « Ils croyaient m'avoir vu là-bas. Là-bas, cela veut dire au bagne. » (Lacenaire, 36.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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samedi 7 mai 2016

Sur les routes — III

Comme nous nous éloignions toujours davantage de la capitale, le trajet de mes envoyés devenait chaque fois plus long. Après cinquante jours de route, l’intervalle entre l’arrivée d’un messager et celle du suivant était devenu sensiblement plus grand : alors qu’au début tous les cinq jours l’un d’eux rejoignait le camp, il fallait désormais attendre vingt cinq jours ; le bruit de ma ville s’affaiblissait de cette sorte toujours davantage ; des semaines entières passaient sans qu’aucune nouvelle me parvînt.
Quand j’en fus au sixième mois de mon voyage — nous avions déjà franchi les monts Fassani — l’intervalle entre l’arrivée de chacun de mes messagers s’accrut à quatre bons mois. Désormais, ils ne m’apportaient que des nouvelles lointaines, ils me tendaient des lettres toutes chiffonnées, roussies par les nuits humides que le messager devait passer à même les prairies.
Nous marchions toujours. Je tentais en vain de me persuader que les nuages qui roulaient au-dessus de ma tête étaient encore ceux-là mêmes de mon enfance, que le ciel de la ville lointaine ne différait en rien de la coupole bleue qui me surplombait, que l’air était semblable et semblable le souffle du vent, et semblable le chant des oiseaux. Les nuages, le ciel, l’air, les vents, les oiseaux m’apparaissaient en réalité comme des choses nouvelles ; et je me sentais étranger.
En avant, en avant ! Des vagabonds rencontrés sur les plaines me disaient que les frontières n’étaient plus loin. J’incitait mes hommes à continuer la route sans répit, faisant mourir sur leurs lèvres les mots désabusés qu’ils s’apprêtaient à dire. Quatre ans avaient passé ; quelle longue fatigue ! La capitale, ma demeure, mon père, étaient curieusement éloignés, je n’y croyais même presque plus. Vingt bons mois de silence et de solitude séparaient désormais les retours successifs des messagers. Ils m’apportaient de curieuses missives jaunies par le temps, dans lesquelles je découvrais des noms oubliés, des tournures de phrases insolites, des sentiments que je ne parvenais pas à comprendre. Et le lendemain matin, après une seule nuit de repos, tandis que nous reprenions notre route, le messager partait dans la direction opposée, portant vers la ville une lettre préparée par moi depuis longtemps.
Mais huit ans et demi ont passé. Ce soir je soupais seul sous ma tente quand est entré Dominique, qui parvenait encore à me sourire malgré cette fatigue qui le terrassait. Je ne l’avais pas revu depuis près de sept ans. Et pendant ces sept ans-là, il n’avait que courir, à travers les prairies, les forêts et les déserts, changeant Dieu sait combien de fois sa monture, pour m’apporter ce paquet d’enveloppes que je n’ai pas encore eu à cette heure l’envie d’ouvrir. Déjà il s’en est allé dormir, il repartira demain matin à l’aube.
Il repartira pour la dernière fois. J’ai calculé sur mon carnet que, si tout va bien, si je continue ma route comme je l’ai fait jusqu’ici et lui la sienne, je ne pourrai revoir Dominique que dans trente-quatre ans. J’en aurais alors soixante-douze. Mais je commence à ressentir ma lassitude et la mort probablement m’aura cueilli avant. Ainsi donc je ne pourrai jamais plus le revoir.
 
Dino Buzzati : Les sept messagers — 1966
Traduit de l’italien par Michel Breitman 
 
 

Jacter

Jacter : Parler, crier. Mot à mot jeter (jactare) les hauts cris. V. Greffier, Loubion.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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Gazette du Vieux Paris, n° 5
(Numéro « XIVe siècle»)

Idiot

Idiot : Insulte vague; Elle peut s'adresser à des gens d'esprit. — « Il a l'air d'un chien de chasse. Est-il idiot, hein ? — Aussi, tu l'agaces, ma chère.. » (E. Villars.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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Une historiette de Béatrice

Elle demande à consulter le livre en vitrine, un essai en 10/18, et elle le consulte.
Une bonne heure.
Puis elle me le rend en disant « Dommage, c’est écrit trop petit ».

Cette historiette a été publiée pour la première fois en octobre 2012 sur le blog  Feuilles d'automne.

Halènes

Halènes : Outil de voleur. —Allusions aux halènes de cordonniers ? — « Crois-moi, balance tes halènes. » (Vidocq.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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vendredi 6 mai 2016

Gazette du Vieux Paris, n° 4
(Numéro « Saint-Louis »)

Gadoue

Gadoue : Salope(*). — Du vieux mot gadoue : ordure. — « File, mon fiston, roule ta gadoue, mon homme, ça pue. » (Catéchisme Poissard, 44.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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(* ) Salope adjectif et nom. Malpropre. Sitôt qu'il fût parti, la servante de l'auberge se déclara grosse de son fait. C'était une vilaine salope. (J-J. Rousseau) Il se faisait gloire d'être salope. (Hamilton) | Duchesne/Leguay : La Surprise, dictionnaire des sens perdus, 1990

jeudi 5 mai 2016

Sur les routes — II

Nous quittâmes la maison le jour fixé et nous atteignîmes dans la soirée Malaucène, au pied de la montagne, en direction du nord. Nous y restâmes une journée, et aujourd’hui, enfin, nous avons entrepris, non sans peine, l’ascension, aidés chacun d’un serviteur. La masse du mont, un amoncellement de rochers, est fortement escarpée et presque inaccessible ; mais le poète l’a bien dit, « labeur opiniâtre vient à bout de tout ». La longue journée, la température clémente, l’enthousiasme, la vigueur, l’agilité du corps, tout favorisait notre escalade ; seule faisait obstacle la nature du terrain. Dans une petite vallée, nous rencontrâmes un vieux berger qui tenta de mille manières de nous dissuader de monter, nous racontant que lui aussi, cinquante ans auparavant, poussé par la même ardeur juvénile, il avait fait l’ascension jusqu’au sommet, qu’il n’en avait rapporté que larmes et sueur, le corps et les vêtements déchirés par les pierres et les ronces, et qu’il n’avait jamais entendu dire que d’autres, avant ou après lui, eussent tenté pareille expédition. Mais, ainsi est la jeunesse, sourde à tout conseil, plus il criait pour nous mettre en garde, plus nous sentions croître notre désir de passer outre. Alors, quand le vieillard eut compris que ses efforts étaient vains, s’avançant un petit peu parmi les rochers, il nous montra du doigt un sentier abrupt, tout en réitérant ses avertissements, et il nous en prodiguait encore, que nous lui avions depuis longtemps tourné le dos. Ayant laissé près de lui les vêtements et les objets qui pouvaient gêner notre marche, nous nous apprêtons à monter seuls et nous avançons d’un bon pas. Mais comme il arrive souvent, à un effort violent succède une brusque fatigue, et nous voici contraints de faire halte sur une roche toute proche. Puis nous reprenons notre progression, mais plus lentement ; moi surtout, qui grimpais d’un pas plus lourd, tandis que mon frère, qui coupait en longeant la crête, s’élevait toujours plus. Moi, peinant, je descendais et, quand il m’appelait pour m’indiquer le chemin le plus direct, je lui répondais que j’espérais trouver un sentier plus facile de l’autre côté de la montagne et qu’il ne me déplaisait pas de faire une route plus longue, pourvu qu’elle fut plate. Je prétendais ainsi excuser ma paresse et, alors que mes compagnons étaient déjà au sommet, moi, j’errais par les vallées, sans distinguer nulle part de sentier plus amène ; la route, en réalité, montait, et l’inutile fatigue m’accablait. Las d’errer, je décidai de me diriger directement vers le haut, et quand, épuisé et haletant, j’eus réussi à rejoindre mon frère qu’une longue pause avait ragaillardi, nous fîmes un bout de chemin ensemble. Nous avions à peine quitté ce col que moi, oublieux de mes précédentes errances, je me sens à nouveau tiré vers le bas et, tandis que je traverse à nouveau la vallée à la recherche d’un sentier plat, je me précipite dans de graves difficultés. Je voulais différer la fatigue de la montée, mais la nature ne cède pas à la volonté humaine, et il est impossible pour un corps de gagner les hauteurs en descendant. Bref, en peu de temps, sous les rires de mon frère et dans mon abattement, cela m’arriva trois fois ou plus. Découragé, je m’asseyais souvent dans quelque creux et là, passant rapidement des choses du corps à celles de l’esprit, je me faisais ce genre de réflexions : « Ce que tu as tant de fois tenté aujourd’hui en escaladant cette montagne se répétera pour toi et pour tant d’autres qui veulent toucher à la béatitude ; si les hommes ne s’en rendent pas compte aussi facilement, cela vient du fait que les mouvements du corps sont visibles, tandis que ceux de l’esprit sont invisibles et cachés. La vie que nous appelons heureuse occupe les hauteurs et, comme dit le proverbe, “ étroite est la route qui y mène ”. Nombreux aussi sont les cols qu’il faut passer, de même nous devons avancer par degrés, de vertu en vertu ; sur la cime est la fin de toutes choses, le but vers lequel nous dirigeons nos pas. Tous veulent l’atteindre, mais comme dit Ovide, “vouloir est peu ; il faut, pour parvenir, désirer ”. Toi, bien sûr, si tu ne te trompes pas une fois de plus, non seulement tu veux, mais tu désires. Qu’est-ce donc qui te retient ? Rien d’autre, évidemment que la route plus plate qui passe par les bas plaisirs terrestres et qui semble à première vue plus facile ; mais quand tu auras beaucoup erré, il te faudra monter vers la cime de la béatitude en peinant sous le poids d’une fatigue fâcheusement différée, ou bien tomber d’épuisement dans les vallées de tes péchés ; et si — je frémis à cette pensée — les ténèbres et l’ombre de la mort s’emparent de toi, tu devras vivre une nuit éternelle de perpétuelles tourments ». Je ne puis dire à quel point cette pensée me redonna courage et force pour le reste du chemin. Puissé-je accomplir avec mon âme ce voyage auquel jour et nuit j’aspire, comme je l’ai accompli après avoir surmonté les difficultés avec mon corps ! Et j’ignore si ce que l’âme peut réaliser en un clin d’œil et sans bouger quoi que ce soit, en laissant agir sa nature immortelle, est plus facile que ce que doit accomplir dans le temps un corps promis à la mort et qui croule sous le poids de ses membres.
 
Pétrarque — L’ascension du mont Ventoux — 1353
Traduit du latin par Denis Montebello.