mardi 31 janvier 2017

Une distraction au début de la nuit

La mémoire d'un libraire est souvent encombrée de choses inutiles.
Ce sont les charmes du métier.
Ainsi, celle du Tenancier est parfois hantée par certains titres de livres ou de nouvelles, qu'il n'a pas forcément pris la peine de lire, d'ailleurs. Saveur particulière qui s'apparente au distique, au haïku, poésie brève, saveur qui mène à imaginer parfois tout autre chose que ce qui est énoncé dans le récit. Et souvent, lorsque la rencontre s'effectue, l'on ressent comme une sorte de trahison quand ce n'est pas la plupart du temps de la déception. Quelquefois, il y a d'heureuses surprises.
Voici un bout de la comptine du Tenancier - il en garde d'autres dans un autre écrin car il n'en a pas encore épuisé les étranges saveurs :

— Les jambes d'Émilienne ne mènent à rien
— Qui livre son mystère meurt sans joie
— Violoncelle qui résiste
— Tous les morceaux de la rive du fleuve
— Donnez-moi le temps

Ce billet publié en mars 2009 sur le blog Feuilles d'automne est l'occasion de vous demander quels sont les titres qui composent votre comptine personnelle.

samedi 28 janvier 2017

Un quart d'heure de typographie

[...] « Il accepte de donner à Manuel, non des conseils, mais des indications élémentaires sur la manière dont il faut s’y prendre pour imprimer des livres. La leçon ne dure pas plus d’un quart d’heure. Il débite très vite quelques généralités sur le plomb et l’offset, qualifiant le premier de noble et de tyrannique, le second de cochonnerie de l’avenir. Il montre ses casses, plonge les mains dans les tiroirs et joue avec les caractères : il parle de l’œil et de la graisse. Manuel ne sait pas encore, mais il va apprendre, ce qu’est le plaisir, parfois même le trouble charnel que procure le contact du plomb, son poids, sa douceur, quand il se réchauffe comme un corps vivant et pourtant résistant sous la paume : quand son toucher, insensiblement, devient caresse. FG lui montre des formes, prêtes au tirage, des lignes de linotypie, qu’il a  fait composer à façon pour des livres trop importants dont il ne pouvait assurer seul la composition. Manuel ne sait pas encore, mais il va apprendre, ce qu’est une linotype, cette énorme machine à écrire aux touches innombrables larges comme des dominos, cet orgue de l’écriture où le plomb en fusion circule comme l’air dans les tuyaux de l’instrument de musique pour tomber en lignes brûlantes dans un bruit bref et déchirant d’arc électrique. Il ne sait pas encore que le bon linotypiste, comme l’organiste, connaît des moments de maîtrise et de plénitude, une jouissance incommunicable, qui l’élèvent au-dessus du commun et le rendent, pour le reste, fermé, indulgent et souverain. FG lui explique le registre et la mise, le clichage et le galvano, et les différents types de machines, les presses à plat, à cylindre et à retiration, les formats de papier et pourquoi il y a des demi-jésus et des doubles-raisins ; c’est tout juste s’il ne lui récite pas les dangers du saturnisme.
    Pour finir, il lui lance un catalogue d’imprimeur, comme il existe des milliers, un de ces cahiers de spécimens et où l’on trouve, répétées à chaque page, dans tous les caractères, les corps et les graisses disponibles, la même phrase insipide et tronquée, ainsi qu’un bref mémento des signes de correction dont, pour la majorité, on ne se sert jamais.
    — Avec ce qu’il y a là-dedans, vous en saurez largement assez. Rappelez-vous qu’il n’y a que trois familles de caractères, et pour faire des livres vous n’aurez à en utiliser que deux, les elzévirs et les didots, tout le reste en est plus ou moins dérivé. De toute manière, vous serez bien forcé de prendre les polices que vous trouverez chez votre imprimeur. Il y a peu de caractères vraiment laids, il n’y a que des caractères qui ne vont pas ensemble. Et aussi quelques caractères prétentieux. Rappelez-vous encore que pour les titres, comme pour les affiches, vous aurez à vous défendre de tous les imbéciles que l’on rencontre dans ce métier : ce n’est pas parce que c’est écrit gros que ça se voit.
    » Maintenant, vous en savez autant que moi. Tout le reste est affaire de bon sens personnel, d’habitude et, bien entendu, d’étude attentive des devis des imprimeurs. Vous me les montrerez.
Son sourire tourne à la jubilation farceuse. Muni de ses bonnes paroles, comme d’une bénédiction, Manuel, décontenancé, se retrouve une fois de plus dans le froid de la rue déserte. Aucun de ses conseils ne lui sera d’une quelconque utilité pratique. Mais c’est pourtant à cet instant-là que Manuel devient éditeur. Trois mois plus tard, au printemps commençant, il apporte à FG un exemplaire de son premier livre.
    — Je croyais, dit FG, que vous vouliez éditer de la poésie. »
  François Maspero : Le Figuier (1988)

Absinthe, Absinthé, Absintheur, Absinthier

Absinthe (faire son) : Mélanger l'eau avec l'absinthe, selon certaines règles.
« Il y a plusieurs manières de faire son absinthe : — La plus ordinaire est la hussarde (en versant goutte à goutte). Les militaires de l'armée d'Afrique ont inventé la purée. La purée se fait très rapidement, presque sans précautions, et par le simple mélange d'une quantité d'eau égale à la quantité d'absinthe. L'amazone se fait comme la hussarde, seulement on ajoute deux cuillerées à café de sirop de gomme. La vichy (V. Bavaroise, Suissesse), moitié absinthe, moitié orgeat, et quantité ordinaire d'eau. La bourgeoise (appelée aussi panachée), dans laquelle l'orgeat est remplacée par de l'anisette. » (Almanach du Hanneton, 67)

Absinthé (être) : Être ivre d'absinthe.

Absintheur, Absinthier : Buveur d'absinthe, débitant d'absinthe. V. Perroquet.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

vendredi 27 janvier 2017

La vie ce n'est pas si mal que ça !


Robert Crumb

10/18 — William S. Burroughs : La machine molle




William S. Burroughs

La machine molle

Traduit de l'anglais par Mary Beach
adaptation de Claude Pélieu

n° 545

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple

191 pages (192 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : 1er trimestre 1971
Achevé d'imprimer : 25 janvier 1978
ISBN : 2-264-00878-4


(Contribution du Tenancier)
Index

Abracadabrant

Abracadabrant : Merveilleux, magique, d'abracadbra, mot employé dans les anciennes conjurations cabalistiques. « Le flûtiste Gerold doit exécuter les variations les plus acadabrantes.» (Figaro, 67.) « C'est écrasant, renversant, horripilant, abracadabrant, de plus en plus fort. » (Almanach du Hanneton, 67.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

10/18 — Jack London : La Vallée de la Lune /2




Jack London

La Vallée de la Lune

Traduction de Louis Postif
revue et complétée par François Postif
Préface de Francis Lacassin

TOME SECOND

n° 865

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'appel de la vie »
Volume triple

441 pages (448 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : 2e trimestre 1974
Achevé d'imprimer : 22 mai 1974

TABLE DES MATIÈRES

Avertissement :
« La Vallée de la Lune a paru pour la première fois aux éditions G. Crès en deux volumes :
Le Tourbillon (1926)
et La Vallée de la Lune (1928)
    Tous deux ont subi de nombreuses coupures d'une phrase à un chapitre, pratiquées surtout dans les critiques du régime capitaliste et de la religion.
    Le rétablissement des passages censurés, une soixantaine de pages au total, fait de notre édition la première intégrale de La Vallée de la Lune en français. »

Préface : George Sterling et la colonie littéraire de Carmel, par Francis Lacassin [7 — 16]

La Vallée de la Lune [17 — 441]

Table du Tome second [443 — 444]


(Contribution du Tenancier)
Index 

10/18 — Jack London : La Vallée de la Lune /1

 



Jack London

La Vallée de la Lune

Traduction de Louis Postif
revue et complétée par François Postif
Préface de Francis Lacassin

TOME PREMIER

n° 864

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'appel de la vie »
Volume triple

440 pages (448 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : 2e trimestre 1974
Achevé d'imprimer : 22 mai 1974

TABLE DES MATIÈRES

Avertissement :
« La Vallée de la Lune a paru pour la première fois aux éditions G. Crès en deux volumes :
Le Tourbillon (1926)
et La Vallée de la Lune (1928)
    Tous deux ont subi de nombreuses coupures d'une phrase à un chapitre, pratiquées surtout dans les critiques du régime capitaliste et de la religion.
    Le rétablissement des passages censurés, une soixantaine de pages au total, fait de notre édition la première intégrale de La Vallée de la Lune en français. »

Préface : La Vallée de la Lune, ou Le rêve changé en fumée, par Francis Lacassin [7 — 28]

La Vallée de la Lune [31 — 438]

Table du Tome premier [439 — 440]

Liste alphabétique par nom d'auteur des ouvrages disponibles [442 — 448]


(Contribution du Tenancier)
Index 

Aboyeur

Aboyeur : Crieur de bazar ou de vente publique, canardier (V. ce mot), homme chargé d'appeler les prisonniers au parloir. — Allusion au retentissement obligatoire de sa voix. « L'aboyeur est le factotum de la prison ; il a la permission d'aller partout. » (Rabasse.)



Aboyeur : Crieur dans les bazars, les ventes publiques ou dans les rues. Dans les prisons, le détenu qui appelle les prisonniers.

Jules Valles : Dictionnaire d'argot et des principales locutions populaires, 1894



Aboyeur n.m. Détenu chargé d'appeler depuis le rez-de-chaussée de la division les prisonniers réclamés au parloir par leurs avocats, ou dans les services administratifs de la prison.
Déjà ainsi nommé à l'époque de Vidocq ○ EXEMPLE : L'aboyeur vient de bonnir ton nom, c'est ton débarbot qui te demande. (Indiqué en ce sens dans le Larousse encyclopédique.)

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

(Index)

mardi 24 janvier 2017

Une charade multiple

Allez, le Tenancier sait que cela vous manque alors il vous soumet cette fois-ci une charade multiple qui ne provient pas comme d’habitude de sa vieille collection du Mercure. Il s’agit ici de trouver trois solutions. Les deux premières sont relativement aisées. La troisième est absolument capilotractée. Cela nous plaît.
 
Mon premier sert aux jeux de l’amour,
Mon second sert à d’autres jeux,
Mon tout fut un grand général.
 
On attend vos propositions dans les commentaires...

lundi 23 janvier 2017

10/18 — Williams S. Burroughs : Queer




William S. Burroughs

Queer

Traduit de l'américain par Sylvie Durastanti

n° 1903

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple

159 pages (160 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : février 1988
ISBN : 2-264-01096-7


(Contribution du Tenancier)
Index

Abouler

Abouler : Arriver. Mot à mot, bouler à. Du vieux mot bouler : rouler. — La langue régulière a dans ébouler le pendant d'abouler. — ° Maintenant, Poupardin et sa fille peuvent abouler quant bon leur semblera. » (Labiche.) Voyez Bocson.
Le pantre aboule ;
On perd la boule,
Puis de la tole on se crampe en rompant
(Lacenaire, Mémoires, 36.)

Abouler : Donner. — « Mais quant aux biscuits, aboulez. » (Balzac, Père Goriot.) — « As-tu de l'argent ? (Je fis signe que oui.) Aboule. Je luis donnai cent sous. » (Commentaires de  Loriot.) « Allons, allons, vieux crocodile ! ne faisons pas tant d'esbrouffes et aboulons simultanément aux voltigeurs les chameaux qu'il a besoin... pour sa consommation. » (Légende d'un caricature de 1830 sur la prise d'Alger.)

Abouler de : Venir de. V. Mômir.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881



Abouler : Donner, remettre. Venir.

Jules Valles : Dictionnaire d'argot et des principales locutions populaires, 1894



Abouler (du pognon) : Donner de l'argent. Ex. : Aboule ton pèze.

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)



Abouler v.a. Verbe transitif dans le sens de donner, remettre de l'argent, intransitif dans celui de venir.
Déjà employé par Vidocq dans les deux sens.
EXEMPLE : 1. Le book me doit deux cigues, faudra qu'il les aboule. 2. On avait rencard avec Victor à dix plombes, il va pas tarder à abouler
A tendance à passer dans le langage populaire, déjà indiqué en ce sens dans le Petit Larousse.
Étymologiquement, semble être de la même famille que « bouler » (voir l'expression « envoyer bouler ») et « débouler ». Par adjonction au premier mot du préfixe a qui indique la direction (existe ainsi dans amener, accourir, etc.)
Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

(Index)