lundi 13 septembre 2021

10/18 : Vernon Sullivan : Elles se rendent pas compte




Vernon Sullivan

Elles se rendent pas compte

Traduction de Boris Vian

n° 829

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume double

194 pages
Dépôt légal : 1er trimestre 1974
Achevé d'imprimer : 30 septembre 1978

(Contribution du Tenancier)
Index

samedi 11 septembre 2021

Les bibliophiles

Philologie et histoire naturelle
 
  Deux individus s’affrontent et gesticulent : deux tomates explosives. Soudain cette tornade devient bonace : ces deux citoyens, également français, s’aperçoivent qu’ils ne parlent pas la même langue — d’où leur différend — mais qu’ils se trouvent d’accord cependant ! Ils se réconcilient, s’embrassent ; ainsi la plupart de nos querelles viennent de ce que l’on ne s’entend pas exactement sur le sens des mots.
  Le mot de Bibliophile n’échappe pas à cette règle. Évidemment, l’étymologie nous enseigne que Bibliophile veut dire « qui aime les livres ». Mais il y a tant de façons d’aimer les livres ! Chacun aime les livres à sa façon et affirme de cette manière sa personnalité et son sens de la langue… Dis-moi qui tu lis, je te dirai qui tu es. Le livre est une pierre de touche. Et puis il y a aussi les gens qui aiment les livres et qui ne lisent que leur journal et leur livre de comptes…
  La définition du Bibliophile devient donc difficile. Nous avons renoncé à en énoncer une qui satisfasse tout le monde. Tout au plus peut-on dire que le Bibliophile est un mammifère, bipède et bimane, à langage articulé. On en compte deux espèces : le Bibliophile qui lit et le Bibliophile qui ne lit pas. Chacune de ces espèces comporte plusieurs variétés dont on trouvera plus loin la description.
  On rencontre aussi des sujets qui échappent à toute classification : ce sont des hybrides nés du croisement de deux variétés différentes. Du point de vue scientifique ils offrent un intérêt de curiosité, leur rareté même est un attrait ; du point de vue social ils sollicitent moins l’attention, car, comme tous les mulets, ils n’ont aucune progéniture.

André Delpeuch : Bibliophiles ? (1926)
(À suivre)

vendredi 10 septembre 2021

Une historiette de Béatrice

C'était bien cette conversation entre mon papotin de l'autre jour qui est revenu (je pensais avoir rencontré l'individu le plus bavard, mais non) et ce monsieur à la recherche d'ouvrages ésotériques qui lui a expliqué ses contacts directs avec Kardec et sa théorie de la circulation de l'énergie dans les corps de nos morts.

jeudi 9 septembre 2021

Une historiette de Béatrice

Bon voilà, je reviens dans votre boutique, je suis très long vous savez. J'ai besoin de voir, de revoir, de lire, de relire, éplucher, sentir, réfléchir. Chacun a son rapport au livre, c'est le mien. Je suis très long avant de me décider. Ca ne vous dérange pas que je passe un moment dans votre librairie ? Bla bla bla et cette poétesse bla bla bla et ce romancier bla bla bla et ce pseudo-philosophe mais il est vivant lui et la vie si vous saviez et ce livre trouvé chez votre confrère bla bla bla et je m'intéresse à la philo bla bla bla.
Mais vous n'êtes pas très loquace madame.

mercredi 8 septembre 2021

Jeu

Allons allons, nous n'avons jamais prétendu de ce côté-ci de l'écran que les jeux que nous proposons devaient se déclarer difficiles ou même s'abstenir de se répéter. Ainsi l'on vous demande de quel film provient cette image de librairie. On peut même se contenter d'une réponse évasive, comme la dernière fois, ce qui avait amusé votre Tenancier.


lundi 6 septembre 2021

dimanche 5 septembre 2021

Vonnegut x 11 + 1

S’il existe un écrivain singulier qui mérite quelque attention dans l’élaboration des couvertures de ses ouvrages, c’est bien Kurt Vonnegut. La maison Bantam Doubleday avait confié à Carin Goldberg le soin de travailler sur le design de la série d’ouvrages (ca : 1990/2000) du romancier américain, avec une unité assez intéressante et plutôt sobre, malgré tout.


On peut cliquer sur chaque image pour l'agrandir

L’idée la plus élégante revient toutefois au designer Alex Camlin qui, travaillant pour un autre éditeur (Da Capo Press) au sujet de souvenirs autour de Kurt Vonnegut par Loree Rackstraw (2009), opère un discret rappel de la maison concurrente et des oeuvres de l'auteur par trois bandes en travers de la couverture.
(Sources : Book Cover Archive)


samedi 4 septembre 2021

Une bibliothèque populaire

  M. Torndike, qui tenait une bibliothèque populaire dans Staple Inn, regardait pour la mille et unième fois les étranges maisons à façade de bois qui faisaient face à son officine.
  Il n’y avait personne, autour des tables de bois noir surchargées de livres, à qui il eût pu, pour la énième fois, répéter qu’il prisait le style Tudor de ces bâtisses et qu’elles étaient les seules ayant survécu aux incendies et aux tourments de la City, depuis le XVe siècle.
  Personne…
  Ce n’était pas une vérité absolue, mais l’unique client qui feuilletait d’un doigt nonchalant les tomes gras et luisants ne comptait guère pour le bouquiniste.
  Le docteur Baxter Brown était un simple médecin de quartier habitant Churchstreet, où il occupait deux chambres dans une des hautes et blêmes maisons bordant Clissold Park, ne disposant ni de bibliothèque ni de laboratoire et recevant sa maigre clientèle dans un misérable salon aux fauteuils de crin noir. Deux fois par semaine, il entreprenait, à travers la métropole, un long et triste voyage qui l’amenait à Holborn, dans l’établissement poussiéreux de M. Torndike où il passait une ou deux heures avant d’emporter un livre de location à six pence.
  Il bruinait, ce jour-là, et à sa table de lecture se trouvait dans le coin le plus sombre de la bibliothèque populaire. Mais M. Torndike ne songeait pas à allumer les une des lampes à abat-jour vert pour un aussi pauvre client.
  Baxter-Brown faisait bruisser les épaisses feuilles d’une Histoire d’Angleterre qu’il ne lisait pas mais, d’une main prudente, il glissait sous le volume un mince opuscule, tavelé de rouille et mordu par le taret des livres.
  À ce moment, Miss Bowes entra et M. Torndike s’inclina fort bas. Non seulement elle prenait en location des livres coûteux et rares, mais encore, elle aimait faire un bout de causette qui permettait toujours au bibliothécaire de faire valoir ses connaissances historiques.
  — Nous parlions de Wren, la dernière fois que j’eus l’honneur et le plaisir de vous voir dans ma modeste maison, Miss Bowes, et, à propos de Guildhall, qu’il rebâtit après l’incendie de 1666…
  Baxter-Brown se leva ; il avait fait glisser le mince cahier dans la poche de son pardessus et tenait à la main un quelconque roman de récente édition.
  — Merci, Monsieur, au revoir, Monsieur, dit sèchement le bouquiniste en prenant du bout des doigts la pièce de monnaie que lui tendait le médecin.
  La silhouette trapue du docteur se fondait dans la bruine d’Holborn.
  — On ne mangerait pas du mouton tous les jours avec une pratique du genre, grommela M. Torndike en le voyant disparaître.
  Puis, retrouvant son sourire, il reprit sa conférence au profit de sa bonne cliente.
  — Il faut pourtant reconnaître que les tours ajoutées par Wren à l’Abbaye de Westminster ne sont gère en harmonie avec la majesté…
[…]

Jean Ray : Le miroir noir (1943)

10/18 — Boris Vian : L'écume des jours




Boris Vian

L'écume des jours

suivi de
Un langage-univers
par
Jacques Bens

n° 115

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume simple

184 pages (192 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1963
Achevé d'imprimer : 25 mars 1971


(Contribution du Tenancier)
Index

jeudi 2 septembre 2021

Une historiette de Béatrice

Avant de commander un livre dont l'annonce figure en ligne, les personnes intéressées me contactent souvent, par téléphone ou mail, pour avoir plus de précisions sur la date exacte d'impression, ou autre détail bien familier aux collectionneurs. Ce matin je trouve le mail suivant à propos d'une annonce : « Avec ou sans jaquette? Dans quel état ? ». J'ai hésité à répondre « Sans. Bon. », mais quelques restes de politesse me sont revenus, ce truc désuet qui nous rend la vie plus douce.