dimanche 24 mai 2020

Une historiette de Béatrice

— Bonjour ! Comment ça va ?
— Bonjour, euh, bien merci et vous ?
— Il y a du nouveau ?
— Rappelez-moi svp ce que vous recherchez ???
— Oh, un peu de tout.
— Alors oui, il doit y avoir du nouveau.

jeudi 21 mai 2020

Une promenade


D’emblée, pour quelqu’un qui n’y connaît rien, le livre est-il japonais ou chinois ? On a quand même une petite idée que l’on développera plus tard, peut-être, en croisant un des dessins. Sa nationalité a du reste relativement peu d’importance tant il ajoute à l’énigme, au point que l’on a plus envie de se douter de quelque chose que de le savoir. Il ne s’agit pas de se complaire dans une bienheureuse ignorance, mais d’alimenter la rêverie. La page de gauche (où se situe donc la « bonne page » sachant que les livre s’ouvre à l’inverse de nos habitudes ?) représenterait un rivage occupé par de la végétation qui s’agripperait médiocrement, le tout au soleil couchant. Voit-on vraiment cela ?
Et si l’on se trompe (ô, spécialiste des langues orientales), est-ce que cela a de l’importance ?
Ne dites rien, s'il vous plaît, pas tout de suite.

mercredi 20 mai 2020

L'art de couper les livres selon Auguste de Villiers de L'Isle Adam


Sous les galeries de l’Odéon, toutes voisines, les courants d’air ne font pas peur aux amateurs de lecture, dont quelques uns passent des heures entières, debout, à lire ou à deviner ce qu’ils ne peuvent pas lire. On pense au livre dont rêvait Mallarmé, qui eut présenté plusieurs sens différents, suivant qu’on le lirait sans couper les pages, ou après les avoir coupées ; Lucien Descaves se rappelait avoir vu, « sous l’Odéon », Villiers de L’Isle Adam, absorbé dans sa lecture, et qui coupait les pages non pas avec une liseuse, ni un couteau, ni même avec ses doigts, mais avec le bout de son parapluie ; après quoi il reposait les restes déchiquetés du livre sur la pile. Les vendeurs ne disaient rien, affectaient de ne pas voir le massacre. Que ne pardonnait-on à l’auteur, désargenté, de L’Ève future ?

Robert Burnand : Paris 1900 (1951)

mardi 19 mai 2020

10/18 — Roger Stéphane : Portrait de l'aventurier




Roger Stéphane

Portrait de l'aventurier


n° 669

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple

316 pages (320 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1972
Achevé d'imprimer 25 janvier 1972


(Contribution du Tenancier)
Index

lundi 18 mai 2020

Une promenade




Réside dans la bibliothèque personnelle de votre Tenancier un petit ouvrage plus très frais et qui, à cause de son état, a pu justement être acquis et conservé. On s’aperçoit en effet que les plats ne présentent pas une fraîcheur exemplaire et que la reliure« à la chinoise » a vu presque tous ses fils disparaître, ce qui rend la cohésion de l’ouvrage plutôt symbolique. On se propose ici de vous diffuser le contenu en épisodes. L’ouvrage est essentiellement constitué d’images médiocrement imprimées, hélas. Les quelques idéogrammes qui ouvrent et ferment ce recueil sont indéchiffrables pour votre serviteur. Il se risque à prétendre que c’est tant mieux, ou que ce n’est pas grave, ou que c’est tant pis. Ajoutons que le support s’harmonise avec le fond, puisque les images que nous découvrirons ont été reproduites sur papier de Chine. Vu l’état du brochage, on émet des doutes sur la complétude du livre, mais l’objet blessé comble tout de même notre jouissance…
(À suivre...)

dimanche 17 mai 2020

Les aventures du petit Proudhon contre le judéo-bolchevisme


On s’est permis de reprendre cette image qui circule sur des réseaux sociaux et que l’on attribue à coup sûr à Michel Onfray, préfaçant le livre sur Proudhon par Thibault Isabel (le « philosophe bisontin » est apprécié par nos amis les fascistes). Si l’on concevait quelques doutes sur les fidélités politiques de l’homoncule médiatique, on s’en affranchit désormais avec aisance à la lecture de cette petite ignominie. Rien ne l’excuse. Même un imbécile possède encore la ressource de se taire…

vendredi 15 mai 2020

Une historiette de Béatrice

« Je n'ai pas l'habitude de marchander et je déteste les gens qui le font, et puis je ne vous connais pas, mais tout de même, c'est pour offrir à une dame qui se bat contre le cancer. Je connais bien ce livre et il est en très bon état, je le reconnais, je n'aime pas du tout faire cela, mais vous ne pourriez pas me le laisser à 3 euros ? »

mercredi 13 mai 2020

L'Imprimerie nationale en 1900


Rue Vieille-du-Temple, l’Imprimerie nationale continue d’occuper, d’encrasser, le noble hôtel de Rohan. Les chevaux du Soleil, sculptés à la façade, s’ébrouent dans une décor de ballots, de vieux papiers, dans une atmosphère d’encre et de poussière. En 1925 seulement, elle émigrera rue de la Convention.
Elle imprime de tout, en dehors des paperasses officielles. Et, de ces locaux sordides, naissent de merveilleuses harmonies en noir et blanc, des modèles de clarté et d’équilibre. Le même soin est apporté à une affiche de ministère qu’à une impression de luxe. Cette année, précisément, pour d’éclectiques bibliophiles, L’imprimerie nationale a tiré l’Imitation de Jésus-Christ en même temps que deux ouvrages dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont aucun caractère mystique : Le Jardin des Supplices, de Mirbeau, et Parallèlement, de Verlaine. Trio assez singulier pour que s’en émeuve l’administration. Pudiquement, le ministère de la Justice, dont dépend l’Imprimerie, refusa son visa. Du coup, Arthur Christian, le directeur, sentit, bien que vieux routier de la politique, le sol céder sous ses pieds. Tout, d’ailleurs, finit par s’arranger. Les trois volumes parurent, sans la signature de l’Imprimerie nationale. Mais pourra-t-on empêcher que la marque en soit perceptible aux connaisseurs, ce mince trait, à peine visible, accolant la hampe des l minuscules, et qui est l’indicatif de la maison.

Robert Burnand : Paris 1900 (1951)