lundi 27 février 2023

dimanche 26 février 2023

Jeu

Puisque vous prenez goût aux devinettes coriaces, voici un photogramme tiré d'une série célèbre. Là aussi, il s'agit d'un personnage secondaire : un imprimeur (mais pas que). On vous donnera des indices dans les commentaires si vous séchez trop longtemps...

samedi 25 février 2023

Une historiette de Béatrice

Bonjour madame, il y a 15 jours vous aviez dans le panier à 1 euro un livre sur les dictons météorologiques, je ne le vois plus aujourd'hui. Vous l'avez vendu ?

vendredi 24 février 2023

Granit House

Prochainement sera lancée une micro-maison d’édition associative destinées à publier quelques nouvelles de votre Tenancier chéri. Le propos de ce billet n’a d’ailleurs aucune intention promotionnelle puisque, de toute façon, la distribution de ces petits ouvrages est limitée, par souscription, et que le quota est déjà rempli de ce côté. Les ouvrages sont des travaux d’amateur accomplis par le soussigné et ne saurait d’ailleurs se substituer à l’expérience et aux connaissances de vrais professionnels du livre. Néanmoins, le Tenancier s’applique et s’amuse (et transpire parfois) à découper, à plier et à coudre. Il se peut qu’à la longue quelques amateurs se désistent, on recourra alors à une éventuelle liste d’attente. Deux brochures ont été fabriquées à titre de test et distribuées. On attend maintenant l’entérinement de la création de l’association pour lancer l’affaire… plutôt paisible car l’on ne dépassera guère quatre ouvrages publiés par an.
Donc, bienvenue à Granit House. On vous invite à visiter le site embryonnaire ici.
 

mercredi 22 février 2023

Presse clandestine


Le Comité finit par reconnaître que l'agitation et la terreur, les tracts et les bombes n'étaient que deux aspects d'une seule et même chose ; dans un certain sens, cela agissait officiellement ; chaque acte de terrorisme précédait une déclaration officielle ; chaque attentat était en même temps un moyen de propagande dont l'effet s'étendait très loin.
C'est pourquoi, parmi les groupes spécialisés, les imprimeurs jouissaient d'une situation particulière. Ils travaillaient en collectifs itinérants. « Les outils de l'imprimerie, dit un récit du temps, étaient les plus simples du monde : quelques caissettes de caractères, un petit cylindre avec un substance collante, gluante, un gros cylindre recouvert de tissu, qui servait de rouleau d'imprimerie et quelques brosses et des éponges. C'était si bien organisé qu'en un quart d'heure tout pouvait disparaître dans un grand placard. »

Hans Magnus Enzensberger : Les rêveurs de l'absolu (1964)
Éditions Allia, 2022, traduction de Lily Jumel

mardi 21 février 2023

La providence du littérateur

(Cliquez sur l'image pour en savoir plus...)

Où votre Tenancier démontre que le recours à la domesticité reste essentiel pour l'accomplissement d'un travail littéraire...

lundi 20 février 2023

Le monde vu d'un fauteuil

Votre Tenancier s’amuse parfois à rédiger des papiers pour des petits journaux. En voici un qui ne fut pas publié et dont il ne sait que faire, sinon le diffuser dans ce blogue. Vous savez déjà tout ça ? Tant pis pour vous.
 
Quel est le point commun entre Crébillon, Fougeret de Monbron, Ranpo Edogawa et… Paul Claudel ? Peut-être une certaine conception du mobilier…

 
Hirai Taro (1894-1965) adopte dès 1923 le pseudonyme de Ranpo Edogawa en hommage à Edgar Allan Poe. Inversons le nom et le prénom et nous obtiendrons une approximation de la prononciation japonaise de l’initiateur de la littérature policière… En disciple, Edogawa s’illustre par nombre de ses nouvelles du genre, dans les revues tout au long des années 1930 avec un succès certain. La matière se révèle encore neuve et nombre de ses récits comportent des éléments fantastiques.

Une chaise qui a tout du fauteuil
En 1925, paraît dans la revue japonaise Kuraku, la nouvelle La chaise humaine, qui narre l’entreprise d’un artisan, évidant un fauteuil de sa création afin d’y prendre place. Installé dans le couloir d’un hôtel, notre personnage se livre à des cambriolages nocturnes. Survient un trouble délicieux pour cet homme laid et contrefait : de belles touristes européennes viennent de temps à autre s’asseoir à leur insu sur ses genoux. On imagine facilement son émoi et sa fascination. Ainsi, de rat d’hôtel, le voici, de par sa position, assigné au rôle de voyeur, de jouisseur captif. Certes, la population féminine ne constitue pas uniquement sa fréquentation. Facétieux, Edogawa introduit un personnage éminent de la littérature française : 
« Un jour l’ambassadeur en poste au Japon d’une grande puissance européenne fit une brève halte dans notre hôtel et se retrouva assis un moment dans le fauteuil. L’homme imposant qui s’appuyait de ton son poids sur mes genoux n’était pas seulement un diplomate, mais également un des plus grands poètes de son temps… »
Ainsi, Paul Claudel fait une station inattendue dans une nouvelle dont la perversité joue avec la censure de son époque !

Quel héritage !
Edogawa se montre le continuateur d’une modernisation de la littérature japonaise, bien que ses récits ne négligent pas les spécificités de sa culture. L’intrusion d’un fauteuil, objet plutôt « occidental » dans sa formulation nous met sur la voie d’autres sources où l’on rencontre le procédé, dans une utilisation un peu plus frénétique.
D’abord, a-t-il lu l’une des fantaisies orientales et scandaleuses de Crébillon fils (1707-1777), Le Sopha, ou le narrateur ne sera délivré de sa transformation que lorsqu’un couple s’appariera sur lui ? L’ouvrage est-il parvenu au Japon ? Ou alors est-ce le cas du Canapé couleur de feu de Louis–Charles de Fougeret de Monbron (1706-1760), autre conte de fées licencieux qui partage avec Crébillon le même postulat narratif ?

Coïncidence ou malice littéraire
Alors qu’à l’époque de la rédaction de la nouvelle d’Edogawa, l’on redécouvre tout juste les écrits libertins et licencieux en France — grâce notamment à Fernand Fleuret et Louis Perceaux à la Bibliothèque des Curieux, où figure Crébillon fils —, la tentation reste grande de penser à une simple coïncidence de thèmes. Seulement, la présence de Claudel dans le fauteuil du narrateur nous incite à songer que le diplomate et écrivain a pu rencontrer notre auteur et évoquer en sa compagnie ces libertins français tout juste sortis des limbes. L’hypothèse demeure séduisante, à imaginer le nouvelliste japonais qui ferait son miel de certaines conversations et affublant son interlocuteur du rôle de complice involontaire dans une turpitude peu claudélienne.
Le court récit trouve enfin une étrange résonnance dans un roman rédigé par un auteur japonais : L’homme-boîte de Kôbô Abe (1924-1993) où, confiné dans un lieu clos et étouffant, le protagoniste installe une petite étagère de provisions, tout comme l’occupant du fauteuil. Les deux personnages contemplent en secret les agissements de leurs contemporains.
 
Ranpo Edogwa : La chaise humaine, traduction de Jean-Christian Bouvier, in  La chambre rouge, Éditions Philippe Picquier (1990).

dimanche 19 février 2023

Les livres de poche sont-ils des vrais livres ?

Un jour, un livre vous a permis d’accéder à l’âge adulte, qui ne se compte pas en nombre d’années, mais dans l’intelligence des mots et des sentiments. Tant mieux s’ils ont été plusieurs et variés, des voix multiples forment la raison.
Floréal, dont on aurait raison de suivre ses propos de blog, a eu l’excellente idée de cette évocation. Il invente et inaugure ici une rubrique…

 
Quand on est né dans une famille dont la mère, sans emploi, a déjà de quoi s’occuper grandement avec trois enfants sur les bras à l’âge de 24 ans, un père réfugié politique baragouinant son français « comme une vache espagnole » dans notre deux-pièces de banlieue et sur les chantiers où il exerce son métier de maçon, grandes sont les possibilités qu’il n’y ait pas de livres à la maison. Ce fut le cas. Quand, de plus, à l’âge de l’adolescence, on n’est pas franchement à l’aise dans sa famille, à l’école et ailleurs, à part les copains il n’y a guère de possibilités d’évasion.
Heureusement, en une époque où n’existaient pas les réseaux sociaux pour perdre son temps dans des conneries, il y avait le Livre de poche, extraordinaire création pour qui avait peu de moyens, le goût de la lecture et de la tranquillité solitaire.
« Les livres de poche sont-ils de vrais livres ? », se demandait le bourgeois Jean-Paul Sartre. Pour ma part, je serais presque tenté de dire aujourd’hui qu’avec les chansons de Brassens ces petits bouquins m’ont sauvé la vie. J’emmerde Sartre !

Floréal