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vendredi 12 juin 2015

10/18 — Gustave Le Rouge : Le prisonnier de la planète Mars




Gustave Le Rouge

Le prisonnier de la planète Mars

Préface de Francis Lacassin

n° 1077
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'aventure insensée »

320 pages (315 pages)
Dépôt légal : 3e trimestre 1976
Achevé d'imprimer 10 juin 1976

Couverture de Pierre Bernard.
Volume quintuple
ISBN 2.264-00062-7

Table des matières :

Préface : Gustave LE ROUGE Pionnier de la Science-Fiction ou « Jules Verne des midinettes » ? par Francis Lacassin [7-30]

Le prisonnier de la planète Mars [31-315]

Table des matières [317]


(Contribution du Tenancier)
Index

jeudi 28 mai 2015

10/18 — Gustave Le Rouge et Gustave Guitton : La princesse des airs — 2




Gustave Le Rouge et Gustave Guitton

La princesse des airs
Tome 2

Bibliographie de Francis Lacassin
n° 1076
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'aventure insensée »

312 pages (320 pages)
Dépôt légal : 3e trimestre 1976
Achevé d'imprimer 20 mai 1976

Couverture de Pierre Bernard
Doc. Roger Viollet
Volume quintuple
ISBN : 2 264-00061-9

Table des matières :


Troisième partie :
DE ROC EN ROC
[9-156]

I. La fée électricité
II. De roc en roc
III. La neige
IV. Hivernage
V. L'évasion
VI. Constantinople
VII. Incidents et paysages

Quatrième partie
AU PAYS DES BOUDDHAS
[159-306]

I. La mer de feu
II. En Tarantass
III. Le guet-apens
IV. Sous la yourte
V. Le Yankee et le lama
VI. Fantasmagories
VII. le Thaumaturge

ÉPILOGUE
[307—312]

Bibliographie par Francis Lacassin [313]

Table [315]


(Contribution du Tenancier)
Index

10/18 — Gustave Le Rouge et Gustave Guitton : La princesse des airs — 1




Gustave Le Rouge et Gustave Guitton

La princesse des airs
Tome 1

Préface de Francis Lacassin
n° 1075
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'aventure insensée »

318 pages (320 pages)
Dépôt légal : 3e trimestre 1976
Achevé d'imprimer 2 juin 1976

Couverture de Pierre Bernard
Doc. Roger Viollet
Volume quintuple
ISBN : 2 264-00060-0

Table des matières :

Préface : Le Rouge et Cie — Fabrique de romans... et de rêves par Francis Lacassin [7—15]

Première partie :
EN BALLON DIRIGEABLE
[19-164]

I. Le docteur et l'acrobate
II. Le terrible Monsieur Bouldu
III. Aux chantiers de l'aéroscaphe
IV. Avant l'expérience
V. Lâchez tout !
VI. L'aile brisée
VII. Disparu

Deuxième partie
LES ROBINSON DE L'HIMALAYA
[167-318]

I. Un cambriolage électrique
II. Une dépêche du Mont Blanc
III. En toute pour l'Asie centrale
IV. Péripéties aériennes
V. Au fond du gouffre
VI. Les cartouches d'eau
VII. Chasse au yack

Table [319]


(Contribution du Tenancier)
Index

samedi 25 avril 2015

Les titres de Le Rouge

Il est parfois nul besoin d’exégèse pour comprendre la nature particulière d’un texte ou d’un écrivain. Le miracle de cette compréhension instantanée peut passer par la lecture du titre de l’ouvrage ou celle des chapitres, lorsqu’ils existent. On peut aussi se tromper, tomber à côté par manque de sens ou de sensibilité. Mais il est d’autres fois où les titres suffisent non à retracer l’histoire mais à en évoquer une toute autre, provoquer une rêverie dont les incidentes vont parfois rencontrer, par le plus grand des hasards, le cœur du récit de l’auteur. Tel est le cas de Gustave Le Rouge. En reconstituant le sommaire de la suite du Docteur Cornélius, je me suis abandonné à une sorte de dérive à partir des titres tout autant mystérieux que le personnage de cette formidable série populaire. Essayez d’oublier un instant que vous avez lu et relu le contenu de ces chapitres et parcourez leur titres à la suite :

Un meurtre inexplicable. Les frères Kramm. Le Club du Haricot Noir. Un mystère sensationnel. Série rouge. Nuit tragique. Sauvetage. Une colonie de savants. Le manoir aux diamants. La fournée. Dans la tourmente. Après le crime. Traqué. Le Coup de main. En pleine chair vive. La peau d'un autre. Un revenant. Perplexité. Au Lunatic-Asylum. L'incendie de la Trentième Avenue. Le cauchemar du samedi. Les Lords de la « Main Rouge ». L'hallucination. Le Trust. A la veille de la ruine. Sur l'Hudson. Une expérience manquée. Le cercle des fées. Le chercheur de sensations rares. Drames !... Vers l'inconnu. L'île des pendus. Les trois Lords. Une idylle. Harry et Isadora. Les bandits du quartier chinois. Le récit d'Oscar Tournesol. Vers New York. Une arrestation sensationnelle. Le Conseil des Lords. Les chevaliers du Chloroforme. Dans l'île des pendus. Une maladie foudroyante. La lèpre verte. La cabine 29. Le repas des caïmans. La signature. Une joviale réception. M. Steffel n'est pas content. La buvette du «Grand Wigwam ». Pour une femme. La « Maison Bleue ». Deux serviteurs modèles. Madame SybillaI. Une mésaventure du baron Fesse-Mathieu. La Bodega du « Vieux-Grillage ». Une lettre rassurante. Les malheurs d'un manager. Un locataire fantastique. Le guet-apens. Un chien détective. Balthazar Buxton, collectionneur. Le chèque. Un déplorable accident. Un drame de la misère. Un feu de joie. La main. Déception. T.S.F. Le courrier. Une soubrette compromettante. Jalouse ! Le punch. La révolte à bord. La gitane héroïque. La dynamite. Graves événements à l'île des pendus. Le musée secret. Phantasmes. Une ronde de nuit. « La Revanche ». Le voleur invisible. Le pied nu. L'apparition. Un coin du voile. L'idole vivante. Ressurection !. Une visite inattendue. Le buste aux yeux d'émeraude. L'Auge de lave. Le pont de l'Estacade. Après le sinistre du pont de l'Estacade. « Célérité. — Discrétion !... » La Dame aux scabieuses. Une ancienne connaissance. L'oiseau moqueur. En Floride. Le trust des escargots. L'étoile rouge. Le crucifix d'étain. La tour fiévreuse. Le choix d'un gendre. Un enlèvement. Le dément de la Maison Bleue. Les drames du feu. Double guérison. Un projet d'union. Un sauvetage. Règlement de comptes. Le cauchemar du samedi. La coupe empoisonnée. Épilogue

Le Rouge est le maître terrible de nos sidérations.

10/18 — Gustave Le Rouge : Le mystérieux docteur Cornélius — 5




Gustave Le Rouge

Le mystérieux docteur Cornélius — Tome V et dernier

15. La Dame aux Scabieuses
16. La Toue Fiévreuse
17. Le Dément de la Maison Bleue
18. Bas les Masques

Préface de Raymone Cendrars
Bibliographie de Francis Lacassin

n° 1008
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'aventure insensée »

442 pages (448 pages)
Dépôt légal : 4e trimestre 1975
Achevé d'imprimer 22 octobre 1975

Couverture de Pierre Bernard.
Volume sextuple

Table des matières :

Préface : Gustave Le Rouge vu par Raymone Cendrars [7-11]

Quinzième épisode
LA DAME AUX SCABIEUSES
[11-113]

I. Après le sinistre du pont de l'Estacade
II. « Célérité. — Discrétion !... »
III. La Dame aux scabieuses
IV. Une ancienne connaissance
V. L'oiseau moqueur

Seizième épisode
LA TOUR FIÉVREUSE
[117-217]

I. En Floride
II. Le trust des escargots
III. L'étoile rouge
IV. Le crucifix d'étain
V. La tour fiévreuse

Dix-septième épisode
LE DÉMENT DE LA MAISON BLEUE
[221-324]

I. Le choix d'un gendre
II. Un enlèvement
III. Le dément de la Maison Bleue
IV. Les drames du feu
V. Double guérison

Dix-huitième épisode
BAS LES MASQUES !
[327-432]

I. Un projet d'union
II. Un sauvetage
III. Règlement de comptes
IV. Le cauchemar du samedi
V. La coupe empoisonnée
VI. Épilogue

BIBLIOGRAPHIE du Mystérieux Docteur Cornélius, par Francis Lacassin [432-438]
Table des matières [441-442]


(Contribution du Tenancier)
Index

10/18 — Gustave Le Rouge : Le mystérieux docteur Cornélius — 4




Gustave Le Rouge

Le mystérieux docteur Cornélius — Tome IV

11. Cœur de Gitane
12. La Croisière du Gorill-Club
13. La Fleur du Sommeil
14. Le buste aux yeux d'émeraude

Présentation de Francis Lacassin

n° 992
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'aventure insensée »

444 pages (448 pages)
Dépôt légal : 4e trimestre 1975
Achevé d'imprimer 12 septembre 1975

Couverture de Pierre Bernard.
Volume sextuple

Table des matières :

Préface : Cornélius, ou Fantômas raconté par Bernardin de Saint-Pierre, par Francis Lacassin [7-46]

Onzième épisode
CŒUR DE GITANE
[47-150]

I. T.S.F.
II. Le courrier
III. Une soubrette compromettante
IV. Jalouse !
V. Le punch
VI. La révolte à bord
VII. La gitane héroïque

Douzième épisode
LA CROISIÈRE DU GORILL-CLUB
[151-244]

I. La dynamite
II. Graves événements à l'île des pendus
III. Le musée secret
IV. Phantasmes
V. Une ronde de nuit
VI. « La Revanche »

Treizième épisode
LA FLEUR DU SOMMEIL
[245-347]

I. Le voleur invisible
II. Le pied nu
III. L'apparition
IV. Un coin du voile
V. L'idole vivante

Quatrozième épisode
LE BUSTE AUX YEUX D'ÉMERAUDE
[349-444]

I. Ressurection !
II. Une visite inattendue
III. Le buste aux yeux d'émeraude
IV. L'Auge de lave
V. Le pont de l'Estacade

Table des matières [445-446]


(Contribution du Tenancier)
Index

10/18 — Gustave Le Rouge : Le mystérieux docteur Cornélius — 3




Gustave Le Rouge

Le mystérieux docteur Cornélius — Tome III

7. Un drame au Lunatic-Asylum
8. L'Automobile fantôme
9. Le Cottage hanté
10. Le Portrait de Lucrèce Borgia

Présentation de Blaise Cendrars

n° 991
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'aventure insensée »

441 pages (450 pages)
Dépôt légal : 4e trimestre 1975
Achevé d'imprimer 10 septembre 1975

Couverture de Pierre Bernard.
Volume sextuple

Table des matières :

Préface : Gustave Le Rouge un très grand poète anti-poétique, par Blaise Cendrars [7-31]

Septième épisode
... UN DRAME AU LUNATIC-ASYLUM
[33-135]

I. Une maladie foudroyante
II. La lèpre verte
III. La cabine 29
IV. Le repas des caïmans
V. La signature
VI. Une joviale réception

Huitième épisode
L'AUTOMOBILE FANTÔME
[137-235]

I. M. Steffel n'est pas content
II. La buvette du «Grand Wigwam »
III. Pour une femme
IV. La « Maison Bleue »
V. Deux serviteurs modèles
VI. Madame Sybilla
VII. Une mésaventure du baron Fesse-Mathieu

Neuvième épisode
LE COTTAGE HANTÉ
[237-339]

I. La Bodega du « Vieux-Grillage »
II. Une lettre rassurante
III. Les malheurs d'un manager
IV. Un locataire fantastique
V. Le guet-apens
VI. Un chien détective

Dixième épisode
LE PORTRAIT DE LUCRÈCE BORGIA
[341-441]

I. Balthazar Buxton, collectionneur
II. Le chèque
III. Un déplorable accident
IV. Un drame de la misère
V. Un feu de joie
VI. La main
VII. Déception

Table des matières [443-445]


(Contribution du Tenancier)
Index

10/18 — Gustave Le Rouge : Le mystérieux docteur Cornélius — 2




Gustave Le Rouge

Le mystérieux docteur Cornélius — Tome II

4. Les Lords de la Main Rouge
5. Le secret de l'île des pendus
6. Les chevaliers du chloroforme

n° 972
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'aventure insensée »

315 pages (320 pages)
Dépôt légal : 3e trimestre 1975
Achevé d'imprimer 30 avril 1975

Couverture de Pierre Bernard. Document DR
Volume quintuple

Table des matières :

Quatrième épisode
LES LORDS DE LA « MAIN ROUGE »
[7-110]

I. Le cauchemar du samedi
II. Les Lords de la « Main Rouge »
III. L'hallucination
IV. Le Trust
V. A la veille de la ruine
VI. Sur l'Hudson
VII. Une expérience manquée
VIII. Le cercle des fées

Cinquième épisode
LE SECRET DE L'ÎLE DES PENDUS
[111-218]

I. Le chercheur de sensations rares
II. Drames !...
III. Vers l'inconnu
IV. L'île des pendus
V. Les trois Lords
VI. Une idylle
VII. Harry et Isadora

Sixième épisode
LES CHEVALIERS DU CHLOROFORME
[219-315]

I. Les bandits du quartier chinois
II. Le récit d'Oscar Tournesol
III. Vers New York
IV. Une arrestation sensationnelle
V. Le Conseil des Lords
VI. Les chevaliers du Chloroforme
VII. Dans l'île des pendus

Table des matières [317-318]


(Contribution du Tenancier)
Index

10/18 — Gustave Le Rouge : Le mystérieux docteur Cornélius — 1




Gustave Le Rouge

Le mystérieux docteur Cornélius — Tome I

1. L'énigme du « creek sanglant »
2. Le Manoir aux diamants
3. Le Sculpteur de chair humaine

Préface de Jean Hamon

n° 971
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'aventure insensée »

316 pages (320 pages)
Dépôt légal : 3e trimestre 1975
Achevé d'imprimer 30 avril 1975

Couverture de Pierre Bernard. Document DR
Volume quintuple

Table des matières :

Préface de Jean Hamon  [7-44]
Liste des personnages par ordre d'entrée en scène [45-48]

Premier épisode
L'ÉNIGME DU « CREEK SANGLANT »
[49-136]

I. Le rubis volé
II. Un meurtre inexplicable
III. Les frères Kramm
IV. Le Club du Haricot Noir
V. Un mystère sensationnel
VI. Série rouge
VII. Nuit tragique

Deuxième épisode
LE MANOIR AUX DIAMANTS
[137-226]

I. Sauvetage
II. Une colonie de savants
III. Le manoir aux diamants
IV. La fournée
V. Dans la tourmente
VI. Après le crime
VII. Traqué

Troisième épisode
LE SCULPTEUR DE CHAIR HUMAINE
[227-313]

I. Le Coup de main
II. En pleine chair vive
III. La peau d'un autre
IV. Un revenant
V. Perplexité
VI. Au Lunatic-Asylum
VII. L'incendie de la Trentième Avenue

Table des matières [315-316]


(Contribution du Tenancier)
Index

mercredi 4 février 2015

Histoire de bonniche — 1

Il y a trois jour, je tombe sur la page d’accueil de Google avec une illustration (paraît que ça s’appelle un Doodle) représentant le 110e anniversaire de la première publication de Bécassine. Déjà, on est intrigué par le fait que l’on marque une telle commémoration, 110 n’étant pas tout à fait un chiffre rond pour ce genre de rappel. On se doute que si notre interrogation s’arrêtait à ce genre de constat, on ne prendrait même pas la peine d’écrire un seuil mot à ce sujet. On se dirait simplement qu’une entreprise comme Gautier Languereau — si tant est que cet éditeur s’occupe toujours de sa publication — a simplement besoin de relancer les ventes, histoire de protéger des droits qui vont commencer à entrer en dans le domaine public (Pichon, le dessinateur meurt en 1953) dans une dizaine d’années. Peu nous chaut d’ailleurs. Que cette série appartienne au domaine public ou fasse les choux gras de ce qui est devenue depuis belle lurette une filiale d’Hachette nous importe somme toute assez peu.


Ce qui nous gêne, c’est que la représentation de ce personnage et ce qu’elle recouvre continue de ne pas être perçu à sa juste mesure. Tout au plus y voit-on l’image de la gentille provinciale arrivée à Paris et dont le bon sens, la droiture et les maladresses ont fait les beaux jours de la Semaine de Suzette et l’objet de transmissions familiales jusqu’à nos jours. Mais qui est donc Bécassine ? Elle fait partie de cette cohorte de bonniches bretonnes arrivées à Paris à la Belle Époque gare Montparnasse. Bécassine fait exception, puisqu’il semble qu’on soit allé la chercher dans son plou lors d’une villégiature. Elle échappe en partie aux risques inhérents à l’exil des jeunes femmes vers la capitale à l’ouverture des lignes de chemin de fer de l’Ouest, bouleversement qui allait implanter une communauté bretonne dans le même quartier Montparnasse. Elle échappe également aux rabatteurs qui cueille nombre de jeunes filles au sortir du train — l’imaginaire indique des voyages en wagons à bestiaux, on a connu des immigrations ultérieures en pires conditions — pour les vouer à la prostitution. Ces rabatteurs parlent le breton, parfois, disposition rassurante pour quelqu’un jamais sorti d’un milieu rural débarquant soudainement en pleine vie citadine. Nous y reviendrons. Bécassine donc est le produit d’une société où la répartition des richesses, l’accession à la culture est accaparée par une minorité sociale. Cette fin du XIXe est dure pour une population issue du prolétariat ou de la paysannerie et dans un pays comme la Bretagne, bien souvent asservie à l’ordre de la religion — l’expulsion des congrégation en 1880 et la séparation de l’église et de l’État en 1905 sont certes contemporaine de Bécassine, mais il faut compter sur une grande inertie sociale dans les communautés rurales reculées comme certains coins de Bretagne. Cette soumission à un ordre moral et social très rigide provoque d’une part le maintien d’un niveau culturel si bas qu’il revient à néant, à une reproduction en circuit fermé d’un système oppressif (Je compte pour ma part dans cette génération pas moins de quatre religieuses dans une famille de douze enfants parmi mes aïeux, débouché naturel pour les filles sans dot ou sans perspective de mariage et reproduction du système par « endogamie », si l’on peut dire…) et qui provoque une immigration de l’intérieure très importante tant vers Paris que dans certaines autres régions de France. La Bretagne est à ce moment un pays qui souffre d’une arriération sociale dont on fera énormément de représentations dans la littérature populaire — La description du village de Kergario dans La conspiration des milliardaires (1899-1900) de Gustave Le Rouge est édifiante à ce titre :
« Rares étaient les habitants de ce village qui n’y fussent point nés. Jamais un livre ni un journal n’y pénétraient. les pauvres paysans ignoraient même sous quel gouvernement ils vivaient. Ils ne connaissaient rien du restant de l’univers
Une année, des artistes séduit parla sauvage beauté des paysages environnants, essayèrent de s’y installer. Ils durent bientôt partir.
Dès les premiers jours, les enfant leurs avaient jeté des pierres, les femmes les avait injuriés et les paysans les avaient poursuivis armés de fourches et de bâtons. »
 De même, dans le pays des lettres plus « nobles », Remy de Gourmont se gausse des Bretons qui croient à l’influence de la Lune sur les marées. On pardonne volontiers à Gourmont, comme à Le Rouge, tant le préjugé sur l’arriération de la Bretagne et du Breton est prégnante à l’époque et vérifiable parfois (même si Gourmont rate ici, effectivement, son coup !)
Bécassine véhicule les pires clichés sur les Bretonnes à la fin du XIXe siècle et il serait peut être bon à ce sujet d’ouvrir ici des guillemets :
« On croit à tort que les pouvoirs ont toujours souhaité un Breton assimilé. En fait, il faut distinguer deux périodes : avant la société de consommation — et aujourd’hui.
Au cours de la première période, la bourgeoisie fabrique des inférieurs nommés. Elle en est encore au mercenariat artisanal ou domestique qui réclame une soumission motivée : le prolétaire doit se reconnaître dépendant et pour cela, rien de mieux que l’exotisme. Les Madames françaises exigent de leur bonne bretonne qu’elle serve en coiffe. D’abord pour le spectacle, quand on a des invités ; ensuite et surtout, pour que cette fille n’oublie pas ses origines. Elle est servante puisque Bretonne, renier son pays serait refuser sa condition ; nous l’avons ramenée de nos vacances, sans nous elle pataugerait encore dans ses gadoues avec ses cochons, elle nous doit la gratitude ; et puis, sa coiffe répond de ses vertus, tant qu’elle les portera, elle gardera un pied en Bretagne, ne s’émancipera pas, ne nous jouera pas le tour affreux de cesser de croire en Dieu et en nous. La Bretagne garantit le Breton. Il importe même qu’il soit un peu niais, effaré : ce grand enfant se donnera à son patron comme à un père. Toutefois, sa différence ne doit point excéder le pittoresque car alors, il ferait figure d’étranger, donc d’adulte. Il se récupérerait, ne nous appartiendrait plus.
Observez l’immortelle Bécassine : elle ne prononce guère que trois mots de Breton, Ma doue beniguet ; mais ces trois mots suffisent à composer son personnage, la Bretonne risible mais bien-pensante, solide comme un menhir. Tous les attributs de l’indigène apprivoisé, Bécassine les cumule : le servage (mais supérieur, en maison bourgeoise), la naïveté roublarde (on la croit idiote mais elle trompe son monde), la rondeur ébaubie, le dévouement total à ses maîtres, enfin la religion — ça ne nuit jamais. En 1939 des protestation s’élèveront en Bretagne contre un film qui représente cette ilote, et les producteurs éberlués reprendront point par point ce catalogue : « Pourquoi cette indignation ? Bécassine n’incarne-t-elle pas les vertus bretonnes, la piété, le dévouement sans limite, la simplicité rustique ? » Simple, en effet : Bécassine vit hors du temps et du monde, dans le cocon de sa dévotion à Mme de Grand-Air : ce cocon n’est autre que sa Bretagne qu’elle a transportée avec elle et qui la préserve des « tentations ». L’extérieur est pour elle l’enfer, les trains, les bateaux, la grande ville, ma doue beniguet, l’épouvantent ; toute rencontre lui inspire méfiance, elle ferme l’oreille à tout propos qui ne concerne pas son service domestique : quand la guerre de 14 éclate, elle demande à Firmin et à Zidore la signification du mot boche qu’elle n’a jamais entendu.
Caricature ? Soit. Mais sur fond de vérité : car pareil chef-d’œuvre s’usine en Bretagne même — et s’usine en français. Importée de Paris et répandue dans les cinq départements, toute une littérature, Bonne Presse, bulletins paroissiaux, livres de Prix, éduque dès l’enfance le futur prolétaire. Son but est de fabriquer des Bécassins et des Bécassinnes : le huis clos britto-patronal du « bon ouvrier », de la « servante au grand cœur » — la Bretagne elle-même servante exemplaire, sainte Anne de la buanderie. Chaque Breton susceptible de quitter la glèbe se voit ainsi pourvu d’une sorte de dictionnaire-viatique où les mots qu’il risque d’entendre à la ville lui sont d’avance traduits, accompagnés d’un commentaire péjoratif qui exalte contre eux les vertus du terroir. Feuilletons ce florilège : « Qu’est-ce que le socialisme ? C’est simple, ôte-toi de là que je m’y mette. Cet égoïsme-là n’est pas breton » (Bulletin d’Auray, 1907) « Plutôt la mort que la souillure ! noble devise de ta petite patrie ! Oui, plutôt mourir que de souiller son âme par le péché d’envie et de rébellion ! » (La Flamme des Bretons, 1902.) « Jamais Breton ne fit trahison, voilà ce que tu répondras fièrement à ceux qui te pousseront à faire la grève. » (Yannick mon ami, 1905.) Un saint nouveau s’inscrit au calendrier : « Saint Anne protège les Bretons mais saint Dicat les envoie en enfer. » (Bulletin de Sainte-Luce, Loire-Inférieure.) « Tu devras choisir, Maryvonne : Saint Yves qui t’emmène au paradis ou saint Dicat qui t’emmène au bal. » (Le Pèlerin). D’édifiantes « histoires vécues » illustrent cette doctrine, ramenant toutes à la Bretagne en conclusion. Pierre, le mauvais génie de Yannick, se laisse tenter par les meneurs, les suit au cabaret, sombre avec eux dans l’ivrognerie et l’anarchisme et « sa vieille mère en en coiffe » en meurt de chagrin ; pour avoir une seule fois oublié ses pâques, Fanchette la petite Quimpéroise, vole et meurt repentante en prison, « quelle honte pour son village ! » Vers 1920, les jeunes Bretonnes commencent à se lasser du métier de servante, étudient la dactylographie, la mécanographie ; en hâte, un bon abbé Cadic les en dissuade : à quoi bon traîner dans les rues de Paris en quête de situations qui ne se rencontrent jamais ? » « Déjà quelques unes, parmi les plus sages d’entre vous, ont retrouvé le chemin de la domesticité. Faites comme elles. »
(Morvan Lebesque : Comment peut-on être Breton, 1970)

On me pardonnera cette longue parenthèse mais elle prêche par son éloquence quant à la condition des Bretons, et plus spécialement de la femme en Bretagne à cette époque, mais aussi, bien sûr, dans les autres régions de France. On le voit, Bécassine est l’épiphénomène d’une institution bien établie à la Belle Époque et qui ne se borne pas qu’à l’accroissement spectaculaire de la domesticité dans les maisons bourgeoises mais également qui instaure la sujétion de toute une classe sociale fraîchement immigrée dans la capitale.

(A suivre...)




Pour lire dans l'ordre :

Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3