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lundi 9 mars 2015

Antilope

Kennedy fit signe à son compagnon de se taire et de s’arrêter. Il fallait savoir se passer de chien, et, quelle que fût l’agilité de Joe, il ne pouvait avoir le nez d’un braque ou d’un lévrier.
Dans le lit d’un torrent où stagnaient encore quelques mares, se désaltéraient une troupe d’une dizaine d’antilopes. Ces gracieux animaux, flairant un danger, paraissaient inquiets ; entre chaque lampée, leur jolie tête se redressait avec vivacité, humant de ses narines mobiles l’air au vent des chasseurs.
Kennedy contourna quelques massifs, tandis que Joe demeurait immobile. ; il parvint à portée de fusil et fit feu. La troupe disparut en un clin d’œil ; seule une antilope mâle, frappée au défaut de l’épaule, tombait foudroyée. Kennedy se précipita sur sa proie.
C’était un blawe-bock, un magnifique animal d’un bleu pâle tirant sur le gris avec le ventre et l’intérieur des jambes d’une blancheur de neige.
« Le beau coup de fusil ! s’écria le chasseur. C’est une espèce très rare d’antilope, et j’espère bien préparer sa peau de manière à la conserver.
— Par exemple ! y pensez-vous, monsieur Dick ?
— Sans doute ! Regarde donc ce splendide pelage.
— Mais le docteur Fergusson n’admettra jamais une pareille surcharge.
— Tu as raison, Joe ! Il est pourtant fâcheux d’abandonner tout entier un si bel animal !
— Tout entier ! non pas, monsieur Dick ; nous allons en tirer tous les avantages nutritifs qu’il possède, et si vous le permettez, je vais m’en acquitter aussi bien que le syndic de l’honorable corporation des bouchers de Londres.
— A ton aise, mon ami ; tu sais pourtant qu’en ma qualité de chasseur, je ne suis pas plus embarrassé de dépouiller une pièce de gibier que de l’abattre.
— J’en suis sûr, monsieur Dick ; alors ne vous gênez pas pour établir un fourneau sur trois pierres ; vous aurez du bois mort en quantité, et je ne vous demande que quelques minutes pour utiliser vos charbons ardents.
— Ce ne sera pas long », répliqua Kennedy.
Il procéda aussitôt à la construction de son foyer, qui flambait quelques instants plus tard.
Joe avait retiré du corps de l’antilope une douzaine de côtelettes et les morceaux les plus tendres du filet, qui se transformèrent bientôt en grillades savoureuses.

Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre XIV
(Sommaire)

dimanche 8 mars 2015

Un travail en cours...

En 1999 paraissait une nouvelle du Tenancier dans l’anthologie Futurs antérieurs, dirigée par Daniel Riche au Fleuve Noir. Cette histoire intitulée Une curiosité bibliophilique avait la particularité d’avoir été illustrée selon les indications de l’auteur, et non de façon séparée, de la même manière que procédaient Hetzel et Verne avec les illustrateurs des Voyages extraordinaires*. Cela tombait bien : Verne était un des personnage de l’histoire. Rendons grâce à l’infinie patience de l’illustrateur, Fabrice Le Minier, dont l’abnégation n’avait d’égale que les exigences mégalomaniaques du Tenancier. En attendant de republier un jour cette histoire et sa suite d’illustrations, voici quelques essais et brouillons retrouvés dans les archives et qui ne furent pas retenus ou qui furent considérablement remaniés.


On retrouvera la suite de ces illustrations de loin en loin sur le blog.
 ____________________

* L'autonomie de Fabrice était tout de même un peu plus grande, tant pour le sujet que pour la composition...

mercredi 4 mars 2015

Café

« [...] Kennedy était enfin devenu aussi loquace que Joe ; ils se renvoyaient mutuellement leurs phrases admiratives.
— Fi des diligences ! disait l'un.
— Fi des steamers ! disait l'autre.
— Fi des chemins de fer ! ripostait Kennedy, avec lesquels on traverse les pays sans les voir !
— Parlez-moi d'un ballon ! reprenait Joe ; on ne se sent pas marcher, et la nature prend la peine de se dérouler à vos yeux !
— Quel spectacle ! quelle admiration ! quelle extase ! un rêve dans un hamac !
— Si nous déjeunions ? fit Joe, que le grand air mettait en appétit.
— C'est une idée, mon garçon.
— Oh ! la cuisine ne sera pas longue à faire ! du biscuit et de la viande conservée.
— Et du café à discrétion, ajouta le docteur. Je te permets d'emprunter un peu de chaleur à mon chalumeau ; il en a de reste. Et de cette façon nous n'aurons point à craindre d'incendie.
— Ce serait terrible reprit Kennedy. C'est comme une poudrière que nous avons au-dessus de nous.
— Pas tout à fait, répondit Fergusson ; mais enfin, si le gaz s'enflammait, il se consumerait peu à peu, et nous descendrions à terre, ce qui nous désobligerait ; mais soyez sans crainte, notre aérostat est hermétiquement clos.
— Mangeons donc, fit Kennedy.
— Voilà, messieurs, dit Joe, et, tout en vous imitant, je vais confectionner un café dont vous me direz des nouvelles.
— Le fait est, repris le docteur, que Joe entre mille vertus, a un talent remarquable pour préparer ce délicieux breuvage ; il le compose d'un mélange de diverses provenances, qu'il n'a jamais voulu me faire connaître.
— Eh bien ! mon maître, puisque nous sommes en plein air, je peux bien vous confier ma recette. C'est tout bonnement un mélange en parties égales de moka, de bourbon et de rio-nunez. »
 
Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre XII 
(Sommaire)
 

(Source de l'image The Illustrated Jules Verne)

mardi 24 février 2015

Un travail en cours...

En 1999 paraissait une nouvelle du Tenancier dans l’anthologie Futurs antérieurs, dirigée par Daniel Riche au Fleuve Noir. Cette histoire intitulée Une curiosité bibliophilique avait la particularité d’avoir été illustrée selon les indications de l’auteur, et non de façon séparée, de la même manière que procédaient Hetzel et Verne avec les illustrateurs des Voyages extraordinaires*. Cela tombait bien : Verne était un des personnage de l’histoire. Rendons grâce à l’infinie patience de l’illustrateur, Fabrice Le Minier, dont l’abnégation n’avait d’égale que les exigences mégalomaniaques du Tenancier. En attendant de republier un jour cette histoire et sa suite d’illustrations, voici quelques essais et brouillons retrouvés dans les archives et qui ne furent pas retenus ou qui furent considérablement remaniés.


On retrouvera la suite de ces illustrations de loin en loin sur le blog.
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* L'autonomie de Fabrice était tout de même un peu plus grande, tant pour le sujet que pour la composition...

lundi 23 février 2015

Tembo & Togwa

Les nègres se livrent alors à de furieuses orgies, s'enivrant du « tembo », liqueur ardente tirée du cocotier ou d'une bière extrêmement capiteuse, appelée « togwa ». Leus chants, sans mélodie appréciable, mais dont le rythme est très juste, se poursuivirent fort avant dans la nuit.
 
Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre XI

vendredi 13 février 2015

Un travail en cours...

En 1999 paraissait une nouvelle du Tenancier dans l’anthologie Futurs antérieurs, dirigée par Daniel Riche au Fleuve Noir. Cette histoire intitulée Une curiosité bibliophilique avait la particularité d’avoir été illustrée selon les indications de l’auteur, et non de façon séparée, de la même manière que procédaient Hetzel et Verne avec les illustrateurs des Voyages extraordinaires*. Cela tombait bien : Verne était un des personnage de l’histoire. Rendons grâce à l’infinie patience de l’illustrateur, Fabrice Le Minier, dont l’abnégation n’avait d’égale que les exigences mégalomaniaques du Tenancier. En attendant de republier un jour cette histoire et sa suite d’illustrations, voici quelques essais et brouillons retrouvés dans les archives et qui ne furent pas retenus ou qui furent considérablement remaniés.


On retrouvera la suite de ces illustrations de loin en loin sur le blog.
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* L'autonomie de Fabrice était tout de même un peu plus grande, tant pour le sujet que pour la composition...

vendredi 30 janvier 2015

Toasts

Le 20, un grand dîner d’adieu fut donné au docteur Fergusson et à Kennedy par la Société Royale de Géographie. Le commandant Pennet et ses officiers assistaient à ce repas, qui fut très animé et très fourni en libations flatteuses ; les santés y  furent portées en assez grand nombre pour assurer à tous les convives une existence de centenaires. Sir Francis M… présidait avec une émotion contenue, mais pleine de dignité.
A sa grande confusion, Dick Kennedy eut une large part dans les félicitations bachiques. Après avoir bu « à l’intrépide Fergusson, la gloire de l’Angleterre », on dut boire « au non moins courageux Kennedy, son audacieux compagnon ».
Dick rougit beaucoup, ce qui passa pour de la modestie : les applaudissements redoublèrent. Dick rougit encore davantage.
Un message de la reine arriva au dessert ; elle présentait ses compliments aux deux voyageurs et faisait des vœux pour la réussite de l’entreprise.
Ce qui nécessita de nouveaux toasts « à sa Très Gracieuse Majesté ».
A minuit, après des adieux émouvants et de chaleureuses poignées de main, les convives se séparèrent.

Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre VIII
(Sommaire) 

lundi 8 décembre 2014

Vivres

Il calcula également le poids exact de ses vivres ; ils consistèrent en thé, en café, en biscuits, en viande salée et en pemmican, préparation qui, sous un mince volume, renferme beaucoup d’éléments nutritifs. Indépendamment d’une suffisante réserve d’eau-de-vie, il disposa deux caisses à eau qui contenaient chacune vingt-deux gallons1.
La consommation de ces divers aliments devait peu à peu diminuer le poids enlevé par l’aérostat. Car il faut savoir que l’équilibre d’un ballon est d’une extrême sensibilité. La perte d’un poids presque insignifiant suffit pour produire un déplacement très appréciable.
Le docteur n’oublia ni une tente qui devait recouvrir une partie de la nacelle, ni les couvertures qui composait toute la literie du voyage, ni les fusils du chasseur, ni ses provisions de poudre et de balles.
Voici le résumé de ces différents calculs :
Ferguson.....................................135 livres
Kennedy......................................153  —
Joe..........................................120  —

Poids du premier ballon......................650  —

Poids du second ballon.......................510  —
Nacelle et filet.............................280  —
Ancres, instruments,
Fusils, couvertures,        }................190  —
Tente, ustensiles divers,
Viande, pemmican,
Biscuits, thé,              }................386  —
Café, eau-de-vie,
Eau..........................................400  —
Appareil.....................................700  —
Poids de l’hydrogène.........................276  —
Lest.........................................200  —
                               Total........4000 Livres
Tel était le décompte des quatre mille livres que le docteur Ferguson se proposait d’enlever ; il n’emportait que deux cent livres de lest, « pour les cas imprévus seulement », disait-il, car il comptait bien ne pas en user grâce à son appareil.
 
1 : Cent litres à peu près. Le gallon qui contient 8 pintes vaut quatre litres 453
 
Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre VII
(Sommaire)

vendredi 28 novembre 2014

Privations

Ils se rendirent tous les trois à l’atelier de MM. Mittchell, où l’une de ces balances dites romaines avait été préparée. Il fallait effectivement que le docteur connût le poids de ses compagnons pour établir l’équilibre de son aérostat. Il fit donc monter Dick sur la plate-forme de la balance ; celui-ci, sans faire de résistance, disait à mi-voix :
« C’est bon ! c’est bon ! cela n’engage à rien.
— Cent cinquante-trois livres, dit le docteur, en inscrivant ce nombre sur son carnet.
— Suis-je trop lourd ?
— Mais non monsieur Kennedy, répliqua Joe ; d’ailleurs, je suis léger, cela fera compensation. »
Et ce disant, Joe prit avec enthousiasme la place du chasseur ; il faillit même renverser la balance dans son emportement ; il se posa dans l’attitude du Wellington qui singe Achille à l’entrée d’Hyde-Park, et ce fut magnifique, même sans bouclier.
« Cent vingt livres, inscrivit le docteur
— Eh ! eh ! » fit Joe avec un sourire de satisfaction. Pourquoi souriait-il ? Il n’eût jamais pu le dire.
« A mon tour », dit Fergusson, et il inscrivit cent trente-cinq livres pour son propre compte.
« A nous trois, dit-il, nous ne pesons pas plus de quatre cent livres.
— Mais, mon maître, reprit Joe, si cela était nécessaire pour votre expérience, je pourrais bien me faire maigrir d’une vingtaine de livres en ne mangeant pas.
— C’est inutile, mon garçon, répondit le docteur ; tu peux manger à ton aise, et voilà une demi-couronne pour te lester à ta fantaisie. »
 
Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre VI
(Sommaire)

(Source de l'image The Illustrated Jules Verne)

lundi 24 novembre 2014

Sandwich

« Quand tu m'auras écouté pendant dix minutes, répondit tranquillement le docteur, tu me remercieras.
— Tu parles sérieusement ?
— Très sérieusement.
— Et si je refuse de t'accompagner ?
— Tu ne refuseras pas.
— Mais enfin, si je refuse ?
— Je partirai seul.
— Asseyons-nous, dit le chasseur, et parlons sans passion. Du moment que tu ne plaisantes pas, cela vaut la peine que l'on discute.
— Discutons en déjeunant, si tu n'y vois pas d'obstacle, mon cher Dick. »
Les deux amis se placèrent l'un en face de l'autre devant une petite table, entre une pile de sandwiches et une théière énorme.
 
Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre III
(Sommaire)

vendredi 21 novembre 2014

Esturgeon

« Après la séance, le docteur fut conduit au Traveller’s club dans Pall Mall ; un superbe festin s’y trouvait dressé à son intention ; la dimension des pièces servies fut en rapport avec l’importance du personnage, et l’esturgeon qui figura dans ce splendide repas n’avait pas trois pouces de moins en longueur que Samuel Fergusson lui-même. »
 
Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre I
(Sommaire)
(Source de l'image The Illustrated Jules Verne)

samedi 8 novembre 2014

Dans lequel on montre une collection complète

Si une collection a été à l’origine de la redécouverte de Verne auprès du grand public, c’est bien Le Livre de Poche Jules Verne. En quarante-deux volumes, la plus grande partie des Voyages extraordinaires était présentée à un format et un prix abordable. Toute une génération pour laquelle le fameux cartonnage Hetzel était inaccessible put enfin découvrir les textes et les illustrations originales, fort heureusement reproduites, et sous les couvertures élaborées par Pierre Faucheux. La publication de cette série à l’intérieur du Livre de Poche se fera dans une courte période, de 1966 à 1970, certains titres connurent de multiples rééditions et quelques variantes. On regrette que l’intégrale ne fût pas publiée. Sans doute la publication sur une période aussi courte avait un peu lassé le lectorat. Mais il est vrai que les habitudes de l’édition n’étaient pas celles qui avaient cours à l’heure actuelle et que les ouvrages publiés supportaient fort bien l’attente dans les entrepôts des éditeurs et dans les rayons des librairies. Ainsi, l’on pouvait augurer que cette collection allait perdurer aussi bien chez les libraires que dans l’imaginaire des amateurs de Verne. On se contentera ici de présenter les couvertures de Pierre Faucheux, plus favorable à l’imaginaire vernien, selon nous, que les actuelles couvertures de rééditions qui tiennent plutôt de la boîte à bonbons.

2025
Le tour du monde en 80 jours
2026
De la Terre à la Lune
2027
Robur le Conquérant
2028
Cinq semaines en ballon
2029
Voyage au centre de la Terre
2030
Le tribulations d'un chinois en Chine
2031
Le château des Carpathes
2032
Les 500 millions de la Bégum
2033
Vingt mille lieues sous les mers
2034
Michel Strogoff
2035
Autour de la Lune
2036
Les enfants du capitaine Grant
Tome I
2037
Les enfants du capitaine Grant
Tome II
2038
L'île mystérieuse
Tome I
2039
L'île mystérieuse
Tome II
2040
Les aventures du capitaine Hatteras
2041
Un capitaine de quinze ans
2042
Le docteur Ox
2043
L'Étoile du Sud
2044
Les Indes noires
2045
Mathias Sandorf
Tome I
2046
Nord contre Sud
2047
La Jangada
2048
Le pays des fourrures
2049
Deux ans de vacances
2050
Face au drapeau
2051
Kéraban le têtu
2052
Hier et Demain
2053
La chasse au météore
2054
Hector Servadac
2055
Mistress Branican
2056
Le Sphinx des glaces
2057
La maison à vapeur
2058
Le Chancellor
2059
L'école des Robinsons
2060
Le Rayon vert
2061
Un drame en Livonie
2063
Un ville flottante
2064
Maître du monde
2065
Le phare du bout du monde
2066
Mathias Sandorf
2068
L'archipel en feu

On reportera le lecteur, amateur des délices des variantes au petit site réalisé par un amateur : ici.