Du
temps où votre serviteur était encore en pleine activité pour sa
librairie, il faisait des paquets quotidiennement, ou presque. Voici un
billet exhumé du feu blog Feuilles d'automne qui
date du mois d'août 2008. Une occasion pour chacun de faire des travaux
pratiques. On voudra bien noter que le chat est encore là et qu'il est
toujours aussi collant !
Ah la la ! Si vous imaginez que gagner sa croûte de libraire en chambre,
c’est facile tous les jours… Moi aussi, je fais ma comptabilité et
toutes ces menues choses qui font le délice du petit commerçant.
Rassurez-vous, tout de même, je ne vais pas vous faire le couplet « Ah
mon bon Monsieur, c’est ben difficile de nos jours, allez ! ».
Non,
aujourd’hui, je vais vous montrer des travaux pratiques : l’art de faire
les paquets à la librairie Feuilles d’automne (bonsoir, quelle
librairie !).
L’emballage des livres est le passage obligatoire pour
mon activité. Quelques envois sont expédiés sous « enveloppe-bulle »,
mais les trois-quarts le sont selon la méthode que je vais vous décrire
ci dessous, pour ma plus grande délectation…
Tout d'abord, il faut bien vérifier que l'ouvrage que vous allez
emballer est bien celui que vous destiniez à votre client. Au bout d'une
dizaine de paquets, il arrive que l'on s'emmêle quelque peu. La facture
et les documents doivent être insérés à cheval sur la couverture pour
que la personne qui les reçoit ne les rate pas. (Argol, pousse-toi, le chat !)
Ensuite, vous découpez un morceau de papier kraft aux dimensions de l'ouvrage, ici un in-12° assez facile à emballer, ma foi. (Bon, le chat, t'es gentil, mais tu vas ailleurs, hein ?)
Emballage du livre... (Pff...)
Ne pleurons pas sur le ruban adhésif. Ce n'est pas qu'une question d'esthétique. (La vache, y'a des morceaux de poils de chats coincés dans le scotch, maintenant, purée !)
On passe ensuite à la deuxième couche. Le kraft sert essentiellement à
protéger le livre de l'encre du papier journal. Le journal, lui, va
servir à rembourrer et rigidifier le paquet. (Un quart de table pour ma pomme et le reste pour le greffier, oh !)
Suite de l'opération...
Découpage d'un morceau de carton aux dimensions du livre emballé. Pour
plus de précision, on le fera avec une solide paire de ciseaux et non un
cutter dont la coupe est assez erratique et peut toujours taillader vos
belles mains d'artistes. (Moi, c'est pas le cutter, c'est les griffes de chats)
Toujours faire en sorte que le crénelage du carton soit dans le sens du
pli. Cela permet de plier plus facilement le bout de carton et de
l'ajuster au livre. (Pousse-toi, Argol !)
On maintient le carton par de l'adhésif brun. Choisissez une marque
assez solide et, si possible, équipez vous d'un dévidoir comme le modèle
ci-dessus, qui permet quelques économies, notamment en énervements. (C'est le chat qui a repris le flambeau...)
Consolidation des extrémités. A noter que pour les paquets importants,
on peut glisser un bout de carton plié dans cet espace et ensuite le
consolider avec de l'adhésif. Les paquets doivent résister aux chocs. La
taille du livre implique ipso facto
une plus grande proportion de carton et de bourrage. Ainsi, un
dictionnaire sera emballé avec du carton à double crénelage et le
journal sera remplacé par des feuilles plastiques à bulles. En fait, la
quantité de matériel utilisé pour un fort in-4° n'est pas
proportionnelle à ce que vous utiliseriez pour un in-12°.
Avant-dernière opération : on recouvre (si le chat veut bien...) le tout d'une autre feuille de kraft, elle aussi découpée sur mesure.
Suite de l'opération...
Un coup d'adhésif pour fermer la feuille. (C'est une impression, ou il prend de plus en plus de place ?)
Idem pour fermer les extrémités...
Il n'y a plus qu'a coller l'étiquette. (Bon,
maintenant, c'est le bâton de colle blanche qui est plein de poils de
chat. C'est plus un bâton, c'est un bonnet à poils !)
Le paquet est terminé. Il n'y a plus qu'à remplir le bordereau
d'expédition qui sera collé par le vaillant guichetier de la Poste à la
réception de mes colis.
L'opération peut sembler longue et elle est à
déconseiller lorsque l'on expédie des livres de poche ou de peu de
valeur. Mais la plupart des livres que je vends ont besoin de cette
protection. Il est parfois dommage que, sous prétexte d'économie - cela
se joue parfois sur 2,00 € - on renonce à ce type d'emballage et que
l'on fasse courir des risques aux livres que l'on a commandé. Il me faut
en moyenne un quart d'heure pour traiter une commande, entre la sortie
du bordereau et le collage de l'étiquette d'expédition. Il va de soi que
mes confrères qui s'occupent de livres de poche ou d'ouvrages courants
aient recours aux enveloppes-bulles ou bien aux emballages tout-prêts...
La vitesse d'exécution et d'expédition est importante.
Mais, par
ailleurs, j'ai la faiblesse de tenir encore à ce type d'emballage qui
est un lien entre vous et moi, une manière de vous passer un message,
puisque je ne suis qu'un "libraire virtuel" : "merci", et "continuez d'aimer les livres comme je les aime". J'ai remarqué que l'on appréciait.
Euh...
Ah
oui ! Si vous trouvez un jour un chartreux dans votre paquet, soyez
gentils, renvoyez le. C'est que j'aurais été à la bourre, ce jour là.