Walk-over : « Littéralement promenade dessus. L'acte de parcourir la piste seul, faute de concurrents. » (Parent.) Angl. Argot de courses.
samedi 8 novembre 2014
vendredi 7 novembre 2014
Où le Tenancier évoque Verne et ses éventuelles obsèques
Or donc, votre Tenancier fut verniste. Qu’on
s’entende : il l’est toujours mais il fut une époque ou le fait était
officiel et estampillé. Il en possède encore la preuve par devers lui sous la
forme d’un petit bristol à en-tête de la Société Jules Verne, avec la signature
et le coup de tampon. Nous ne nous livrerons pas à la narration de toutes les
turpitudes auxquelles se livra votre serviteur sous l’égide de cette vénérable
association afin de ne pas alimenter les folliculaires et les éventuels voisins
sociopathes. Nous sommes comme ça, nous avons notre jardin secret. Il n’empêche
qu’il l’a été et que ce le sera de toute éternité. Hors le fait que cela vous
fait une belle jambe, il demeure que toute publication qui passe à sa portée
concernant ce Jules-là lui fait plaisir. Je vous dis cela parce que Noël
approche et on ne sait jamais trop comment faire plaisir, hein.
Dans cette logique verniste — adjectif qui s’applique aux amateurs, vernien caractérisant la production de l’auteur — il fallait bien que votre Tenancier ouvre le dernier numéro du Magazine du Bibliophile puisqu’il était question de notre auteur. Un entretien avec Antoine Fleury, libraire à Chartres ainsi qu’un article assez bien fourni sur Hetzel ont su l’intéresser. Un reportage complète d’ailleurs ce petit dossier, et porte sur Olivier Maupin, restaurateur de reliures et également de cartonnages…
Si votre Tenancier perdure dans son amour — qui s’accomplit avec grâce parce que de façon perverse — pour l’auteur du Chancellor ou du Tour du monde en 80 jour, il est à noter que ces ébats s’accomplissent généralement dans des ouvrages de format ordinaire et non dans les cartonnages polychromes publiés par Hetzel. Ainsi, aucun grand in-octavo n’orne ce coin de sa bibliothèque. Ce choix est délibéré : la scène primitive, si l’on peut dire, s’étant déroulé dans les replis du Livre de Poche, le Tenancier a décidé qu’il se fera incinérer en compagnie de la collection complète (augmentée des 10/18). Qu’on se le dise.
Néanmoins et puisque nous avons fricoté avec la bibliophilie pendant quelques années, il était intéressant de revenir au propos d’Antoine Fleury sur les cartonnages et il faut bien dire que son contenu a la vertu de remettre cette fièvre des cartonnages Hetzel en perspective. D’une façon assez synthétique il retrace les principales séries complètes évoques les variantes et remet les pendule à l’heure sur le sujet, car il est encore besoin de le faire. En effet, il existe toujours nombre de personnes s’imaginant receler des trésors sous la forme d’un in-octavo tout pourri dans un recoin. Ce n’est presque jamais le cas lorsque cet ouvrage est mis dans les mains d’un libraire pour expertise. Il n’est pas rare, d’ailleurs, que ce même libraire donnant une estimation se voit considéré comme un escroc espérant se faire une marge sur le dos du pôvre vendeur. Or, il se trouve que ces ouvrages sont dûment cotés et que, si l’on a les outils adéquat et les bons descriptifs il est peu probable que l’on se trompe.
Autrement, je ne vais tout de même pas vous tenir par la main pour vous décrire tout le dossier, alors débrouillez-vous pour le lire.
Dans cette logique verniste — adjectif qui s’applique aux amateurs, vernien caractérisant la production de l’auteur — il fallait bien que votre Tenancier ouvre le dernier numéro du Magazine du Bibliophile puisqu’il était question de notre auteur. Un entretien avec Antoine Fleury, libraire à Chartres ainsi qu’un article assez bien fourni sur Hetzel ont su l’intéresser. Un reportage complète d’ailleurs ce petit dossier, et porte sur Olivier Maupin, restaurateur de reliures et également de cartonnages…
Si votre Tenancier perdure dans son amour — qui s’accomplit avec grâce parce que de façon perverse — pour l’auteur du Chancellor ou du Tour du monde en 80 jour, il est à noter que ces ébats s’accomplissent généralement dans des ouvrages de format ordinaire et non dans les cartonnages polychromes publiés par Hetzel. Ainsi, aucun grand in-octavo n’orne ce coin de sa bibliothèque. Ce choix est délibéré : la scène primitive, si l’on peut dire, s’étant déroulé dans les replis du Livre de Poche, le Tenancier a décidé qu’il se fera incinérer en compagnie de la collection complète (augmentée des 10/18). Qu’on se le dise.
Néanmoins et puisque nous avons fricoté avec la bibliophilie pendant quelques années, il était intéressant de revenir au propos d’Antoine Fleury sur les cartonnages et il faut bien dire que son contenu a la vertu de remettre cette fièvre des cartonnages Hetzel en perspective. D’une façon assez synthétique il retrace les principales séries complètes évoques les variantes et remet les pendule à l’heure sur le sujet, car il est encore besoin de le faire. En effet, il existe toujours nombre de personnes s’imaginant receler des trésors sous la forme d’un in-octavo tout pourri dans un recoin. Ce n’est presque jamais le cas lorsque cet ouvrage est mis dans les mains d’un libraire pour expertise. Il n’est pas rare, d’ailleurs, que ce même libraire donnant une estimation se voit considéré comme un escroc espérant se faire une marge sur le dos du pôvre vendeur. Or, il se trouve que ces ouvrages sont dûment cotés et que, si l’on a les outils adéquat et les bons descriptifs il est peu probable que l’on se trompe.
Autrement, je ne vais tout de même pas vous tenir par la main pour vous décrire tout le dossier, alors débrouillez-vous pour le lire.
jeudi 6 novembre 2014
Des livres imaginaires...
Le Tenancier ne va pas se mettre à faire ce qu’il a
expressément dénoncé il y a peu, c'est-à-dire de se mêler de chroniquer des
ouvrages qu’il n’a pas lus. Néanmoins peut-il évoquer son passage le lundi 3
novembre à la librairie Équipages où étaient présentés deux ouvrages dont la
caractéristique commune résidait dans l’évocation de livres imaginaires… Les
plus attentifs auront d’ailleurs lu l’annonce faite ici même.
La présentation a déclenché l’enthousiasme de votre serviteur. Non qu’elle se fit avec un luxe d’esbroufe mais simplement par l’étalage d’une érudition joyeuse, réjouissante qui a emporté l’adhésion de l’assistance. Les deux auteurs ainsi que l’éditeur de l’un d’eux étaient au fond de la librairie et se renvoyaient la balle à propos de leurs ouvrages.
Si l’on a pas pu lire déjà les ouvrages acquis lors de cette rencontre, du moins peut on parler plus aisément du livre de Stéphane Mahieu qui se présente sous la forme d’un catalogue de ces ouvrages classés par ordre alphabétique de titres. Ainsi, y trouvera-t-on des titres mentionnés, voire chroniqués, par des auteurs éminents : Borges mais également E.P. Jacobs (nous avons sous les yeux la notice concernant The Mega Wave par le Professeur John Wade – Londres 1922) A l’évidence cet ouvrage ne peut se lire dans la continuité sous peine d’ennui mais doit se découvrir peu à peu comme on le ferait d’ouvrages que le Tenancier possède également dans sa bibliothèque comme Le guide de nulle part et d’ailleurs ou L’Encyclopédie de Versins… La Bibliothèque invisible fait partie de ces catalogues qui s’appuient sur l’imaginaire des auteurs compilés, une promenade dans une sorte de monde parallèle. On sait, avec par exemple l’histoire de la bibliothèque du Comte de Fortsas, que la tentation du catalogage imaginaire demeure une vieille tentation (Stéphane Mahieu cite Rabelais, mais on peut parier sur une antériorité dans un recoin de scriptorium moyenâgeux...) On y trouve un accomplissement provisoire dans la découverte de cet ouvrage.
L’autre livre est plus délicat à évoquer car le Catalogues lacunaires des éditions Mozschar et Rhib est un récit qui est constitué de l’exposition de plusieurs ouvrages imaginaires dont le contenu explique le destin des protagonistes. Ainsi, chaque notice est répertoriée dans les règles, c'est-à-dire en commençant par le titre, le lieu, l’éditeur éventuel, la date et sa matérialisation. Le tout est suivi d’une notice. On se réjouira à l’avance de découvrir celle du titre suivant : De la simplification des procédures administratives afin de réduire notablement le nombre de fonctionnaires en particulier par les autorisation de fouille, creusement, percement, édification, recrutement, etc., avec tableaux synoptiques, diagrammes de force, projections de Gauss et calcul des moyennes par la méthode dite « des longues traînes », s.l. [Bucarest], 1898, 178 p.
Mais ce qui nous a le plus frappé à propos de ce livre est la personnalité de son... rédacteur, Patrick Boman, lors de cette rencontre. On entendait cet homme massif et quelque peu réservé se mettre à évoquer des étuis péniens en fourrure de marmotte avec un sérieux imperturbable qui nous rappelait cette impassibilité que l’on prête à Alexandre Vialatte. Tout à coup, on avait l’impression de voir surgir l’explorateur des sources du Zprug sous nos yeux (tentative d’exploration du Captain Geoffrey Blackfoot — Londres, journal of The Geographical Society, 1900, vol. XIV, n°32, avec 2 cartes lithographiées, réed. Venise, 1901, 38 p.), un de ces hétéroclites qui traversent avec un grand éclat de rire un monde littéraire compassé. On l’aura deviné, le Tenancier vient de se transformer en amateur de Patrick Boman et il se fait devoir de lire tout ce qu’il pourra trouver de lui, à commencer par ce catalogue dont vous pouvez lire plus bas et en lien le résumé.
On a pu également rencontré Pierre Laurendeau, l'éditeur de Sous la Cape, et l’on s’en félicite, figurez-vous.
Et l'on vous rappelle les références parce que nous ne sommes pas chiens, nous autres, tout Tenancier que nous sommes :
La présentation a déclenché l’enthousiasme de votre serviteur. Non qu’elle se fit avec un luxe d’esbroufe mais simplement par l’étalage d’une érudition joyeuse, réjouissante qui a emporté l’adhésion de l’assistance. Les deux auteurs ainsi que l’éditeur de l’un d’eux étaient au fond de la librairie et se renvoyaient la balle à propos de leurs ouvrages.
Patrick Boman, Pierre Laurendeau, Stéphane Mahieu
Si l’on a pas pu lire déjà les ouvrages acquis lors de cette rencontre, du moins peut on parler plus aisément du livre de Stéphane Mahieu qui se présente sous la forme d’un catalogue de ces ouvrages classés par ordre alphabétique de titres. Ainsi, y trouvera-t-on des titres mentionnés, voire chroniqués, par des auteurs éminents : Borges mais également E.P. Jacobs (nous avons sous les yeux la notice concernant The Mega Wave par le Professeur John Wade – Londres 1922) A l’évidence cet ouvrage ne peut se lire dans la continuité sous peine d’ennui mais doit se découvrir peu à peu comme on le ferait d’ouvrages que le Tenancier possède également dans sa bibliothèque comme Le guide de nulle part et d’ailleurs ou L’Encyclopédie de Versins… La Bibliothèque invisible fait partie de ces catalogues qui s’appuient sur l’imaginaire des auteurs compilés, une promenade dans une sorte de monde parallèle. On sait, avec par exemple l’histoire de la bibliothèque du Comte de Fortsas, que la tentation du catalogage imaginaire demeure une vieille tentation (Stéphane Mahieu cite Rabelais, mais on peut parier sur une antériorité dans un recoin de scriptorium moyenâgeux...) On y trouve un accomplissement provisoire dans la découverte de cet ouvrage.
L’autre livre est plus délicat à évoquer car le Catalogues lacunaires des éditions Mozschar et Rhib est un récit qui est constitué de l’exposition de plusieurs ouvrages imaginaires dont le contenu explique le destin des protagonistes. Ainsi, chaque notice est répertoriée dans les règles, c'est-à-dire en commençant par le titre, le lieu, l’éditeur éventuel, la date et sa matérialisation. Le tout est suivi d’une notice. On se réjouira à l’avance de découvrir celle du titre suivant : De la simplification des procédures administratives afin de réduire notablement le nombre de fonctionnaires en particulier par les autorisation de fouille, creusement, percement, édification, recrutement, etc., avec tableaux synoptiques, diagrammes de force, projections de Gauss et calcul des moyennes par la méthode dite « des longues traînes », s.l. [Bucarest], 1898, 178 p.
Mais ce qui nous a le plus frappé à propos de ce livre est la personnalité de son... rédacteur, Patrick Boman, lors de cette rencontre. On entendait cet homme massif et quelque peu réservé se mettre à évoquer des étuis péniens en fourrure de marmotte avec un sérieux imperturbable qui nous rappelait cette impassibilité que l’on prête à Alexandre Vialatte. Tout à coup, on avait l’impression de voir surgir l’explorateur des sources du Zprug sous nos yeux (tentative d’exploration du Captain Geoffrey Blackfoot — Londres, journal of The Geographical Society, 1900, vol. XIV, n°32, avec 2 cartes lithographiées, réed. Venise, 1901, 38 p.), un de ces hétéroclites qui traversent avec un grand éclat de rire un monde littéraire compassé. On l’aura deviné, le Tenancier vient de se transformer en amateur de Patrick Boman et il se fait devoir de lire tout ce qu’il pourra trouver de lui, à commencer par ce catalogue dont vous pouvez lire plus bas et en lien le résumé.
On a pu également rencontré Pierre Laurendeau, l'éditeur de Sous la Cape, et l’on s’en félicite, figurez-vous.
Et l'on vous rappelle les références parce que nous ne sommes pas chiens, nous autres, tout Tenancier que nous sommes :
Stéphane Mahieu : La Bibliothèque invisible — Catalogue
de livres imaginaires
Éditions du Sandre, 2014 — 26 €
Éditions du Sandre, 2014 — 26 €
Patrick Boman : Catalogues lacunaires des éditions
Mozchar et du Rhib
Sous la Cape, 2013 — 14€
(Site de l'éditeur et résumé ici)
Sous la Cape, 2013 — 14€
(Site de l'éditeur et résumé ici)
mercredi 5 novembre 2014
lundi 3 novembre 2014
Si t'es écrivain et que tu n'as jamais créé de livre imaginaire
c'est que t'as raté ta vie
Le Tenancier a beau être
en manque de sesterces, il s’intéresse à ce qui se fait, boudiou.
C’est ainsi qu’il sera demain à Paris pour prendre connaissance de deux ouvrages que tout amateur de conjecture ne peut manquer. Encourageons notre propre paresse en reproduisant l’annonce conjointe des éditeurs et du libraire qui va les accueillir :
Coordonné par Patrick
Boman
L’équipe en charge de ce catalogue a découvert par hasard les éditions Mozschar, grâce à un livre, Zentralamerikanische Vademecum, ein Handbuch für Reisende, d’un mystérieux Ignaz von Mollard, cité en bonne place dans la bibliographie d’un ouvrage sur l’Amérique centrale paru chez Ginkgo.
À partir de ce bref indice, les vaillants explorateurs vont reconstituer, patiemment, le catalogue Mozschar – et celui de son « altier » ego, le duplissime Pr Rongne (éditions du Rhib).
Cette bibliographie se lit comme un roman ; elle inaugure d’ailleurs un genre nouveau : la littérature par catalogue !
Sous la Cape éditeur.
Un livre de Stéphane Mahieu
La Bibliothèque invisible traite des livres qui n’existent pas, mais dont on trouve le titre, le nom d’auteur et la description dans des romans, des pièces de théâtre, des pamphlets, voire des bandes dessinées. On ne peut les emprunter en bibliothèque ou les acheter en librairie ; ils ne s’ouvrent qu’à l’intérieur d’autres livres. Savants fous, philosophes oubliés, auteurs de pièces injouables ont leur place dans la bibliothèque invisible qui double les bibliothèques réelles et les révèle. Il n’est jamais assez de livres, telle pourrait être la leçon donnée par les écrivains qui ont rêvé ces ouvrages introuvables.
Éditions du Sandre.
De plus le Tenancier aura le plaisir de pouvoir serrer la louche de l’éditeur de deux de ses dernières productions :
— Le sérum du docteur Pest
— Florence, l’amusée des offices
C’est ainsi qu’il sera demain à Paris pour prendre connaissance de deux ouvrages que tout amateur de conjecture ne peut manquer. Encourageons notre propre paresse en reproduisant l’annonce conjointe des éditeurs et du libraire qui va les accueillir :
La Librairie
Équipages,
(61 rue de Bagnolet, 75020 Paris)
convie les amateurs de
livres imaginaires à découvrir deux pépites le mardi 4 novembre 2014, à 20 h 30,
en présence des deux explorateurs et de leurs éditeurs.
L’équipe en charge de ce catalogue a découvert par hasard les éditions Mozschar, grâce à un livre, Zentralamerikanische Vademecum, ein Handbuch für Reisende, d’un mystérieux Ignaz von Mollard, cité en bonne place dans la bibliographie d’un ouvrage sur l’Amérique centrale paru chez Ginkgo.
À partir de ce bref indice, les vaillants explorateurs vont reconstituer, patiemment, le catalogue Mozschar – et celui de son « altier » ego, le duplissime Pr Rongne (éditions du Rhib).
Cette bibliographie se lit comme un roman ; elle inaugure d’ailleurs un genre nouveau : la littérature par catalogue !
Sous la Cape éditeur.
Un livre de Stéphane Mahieu
La Bibliothèque invisible traite des livres qui n’existent pas, mais dont on trouve le titre, le nom d’auteur et la description dans des romans, des pièces de théâtre, des pamphlets, voire des bandes dessinées. On ne peut les emprunter en bibliothèque ou les acheter en librairie ; ils ne s’ouvrent qu’à l’intérieur d’autres livres. Savants fous, philosophes oubliés, auteurs de pièces injouables ont leur place dans la bibliothèque invisible qui double les bibliothèques réelles et les révèle. Il n’est jamais assez de livres, telle pourrait être la leçon donnée par les écrivains qui ont rêvé ces ouvrages introuvables.
Éditions du Sandre.
De plus le Tenancier aura le plaisir de pouvoir serrer la louche de l’éditeur de deux de ses dernières productions :
— Le sérum du docteur Pest
— Florence, l’amusée des offices
Tabac
Tabac : Position critique. — « Ceux qui ont supporté tout le tabac, prenant ce qu'on leur donne. » (Commentaires de Loriot.)
Tabac (Donner du) : Battre. — « Si tu m'échauffes la bile, je te f... du tabac pour la semaine ! » (Vidal, 33.)
Tabac (Donner du) : Battre. — « Si tu m'échauffes la bile, je te f... du tabac pour la semaine ! » (Vidal, 33.)
Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881
Tabac (Passer à) : Se faire rosser. Syn : passer à la châtaigne.
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
(Index)
Tabac (Passer à) : Se faire rosser. Syn : passer à la châtaigne.
Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)
(Index)
Les mains dans le cambouis (ou presque)
ArD a attiré notre attention sur cette émission animée par Charles Dantzig sur France Culture et qui donne la parole au patron de l'imprimerie Floch sur son métier et les techniques d'impression contemporaine pour les gros tirages dont sa maison est spécialiste.
Le Tenancier remercie Ard de lui avoir signalé cette émission tout en regrettant que celle-ci se fasse rare par ici...
Où le Tenancier s'interroge sur Rimbaud et le psittacisme — Ce qui ressort de sa péroraison — Ses conjectures — Ses hommages et ses compliments
Il est des attitudes chez des
journalistes que l’on espérait éteintes non par l’éveil soudain à une
conscience éthique mais parce que la simple prudence commande désormais de faire
attention à ce que l’on écrit. Cette prudence est largement motivée par le fait
que les informations qui circulent ne sont généralement plus à l’usage exclusif
d’une profession mais également accessibles au tout venant des curieux. On
rétorquera avec raison que le traitement de l’information de ces professionnels
diffère de ce qu’en fait généralement le
simple quidam, à savoir l’astreinte au recoupement et à la vérification. C’est
une donnée fondamentale du journalisme : si l’on doit rendre compte d’un
sujet on doit savoir de quoi l’on parle. Si l’on trouve éventuellement à redire
sur la pratique journalistique, il est une catégorie de cette profession qui s’assure
une impunité plutôt spectaculaire. On veut parler ici du critique littéraire appointé
par un journal. Passent la mauvaise foi ou le manque d’objectivité, le copinage
ou l’usage immodéré du copier/coller des prières d’insérer du service de presse…
Ces pratiques-là réclament de l’indulgence. Le critique a des factures à régler
comme nous tous et sans doute une famille. Qui alors n’a pas eu la tentation d’aller au plus simple ?
Et qui somme nous pour priver le petit Kevin de sa glace à la pistache, mmmhhh ?
Il est en revanche un pratique irritante, un sport curieux auxquels se livres d’autres personnes qui se sont insinuées dans la profession par on ne sait quelle voie mystérieuse. Faire le résumé d’un ouvrage pas encore paru nous semble non pas le symptôme d’une malhonnêteté insigne — quoique ce type d’action relève du manifeste — mais d’une sottise sanctuarisée en posture idéologique (car nous n'osons croire à la malhonnêteté qui commettrait des sottises, ce serait trop injuste). Que l’on nous entende bien lorsque nous évoquons un livre « pas encore paru » : Il s’agit d’un ouvrage d’Eddie Breuil qui pose la question de l’attribution des Illuminations de Rimbaud qui serait en grande partie redevable à Germain Nouveau. Notre source nous a assuré que l’ouvrage n’avait pas été distribué en service de presse ni sous forme de bonne feuille (en papier ou en fichier pdf) le jour de la parution de la critique. Or ce « critique » publie un papier qui se résume à une charge malencontreuse et qui a de grandes chances d’être injustifiée — du moins est-ce l’impression de ce qui ressort des premiers témoignages de lecteurs du livre.
On passerait encore sur le doute que cette personne jette sur le travail de l’auteur, on s’irriterait alors d’autant sur l'accent employé qui clôt la notule. On vous livre ce passage sans supplément :
Votre Tenancier n’a pas lu l’ouvrage et il se gardera donc d’en exposer la teneur en détail même si maintenant des critiques plus honnêtes sont parues. Allez les lire. Ce qu’il en a compris — et certainement pas par l’article évoqué plus haut — est suffisamment intéressant pour qu’il en envisage l’emplette un de ces jours. Il se fera une opinion mais ne la partagera pas car ce n’est ni un spécialiste de Nouveau ni de Rimbaud. Le Tenancier est un simple pékin en pantalons de nankin à prendre avec des baguettes. Il biche toutefois à la probable perspective d’un examen critique de la part de Grégory Haleux, homme perspicace dont on aimerait par ailleurs observer la rencontre avec Eddie Breuil, si elle pouvait se faire un jour. Nous réservons dès maintenant notre strapontin.
Il est en revanche un pratique irritante, un sport curieux auxquels se livres d’autres personnes qui se sont insinuées dans la profession par on ne sait quelle voie mystérieuse. Faire le résumé d’un ouvrage pas encore paru nous semble non pas le symptôme d’une malhonnêteté insigne — quoique ce type d’action relève du manifeste — mais d’une sottise sanctuarisée en posture idéologique (car nous n'osons croire à la malhonnêteté qui commettrait des sottises, ce serait trop injuste). Que l’on nous entende bien lorsque nous évoquons un livre « pas encore paru » : Il s’agit d’un ouvrage d’Eddie Breuil qui pose la question de l’attribution des Illuminations de Rimbaud qui serait en grande partie redevable à Germain Nouveau. Notre source nous a assuré que l’ouvrage n’avait pas été distribué en service de presse ni sous forme de bonne feuille (en papier ou en fichier pdf) le jour de la parution de la critique. Or ce « critique » publie un papier qui se résume à une charge malencontreuse et qui a de grandes chances d’être injustifiée — du moins est-ce l’impression de ce qui ressort des premiers témoignages de lecteurs du livre.
On passerait encore sur le doute que cette personne jette sur le travail de l’auteur, on s’irriterait alors d’autant sur l'accent employé qui clôt la notule. On vous livre ce passage sans supplément :
« Le ton de Breuil est dans l’air du temps : anti-élitisme, paranoïa anti-critique. Les " universitaires" – Breuil en est un, qui va soutenir une thèse sur Histoire et théories de l’édition critique des textes modernes — et les critiques sont des perroquets qui vont répétant les mêmes erreurs fondées sur les mêmes présupposés. Encore un chevalier blanc. »On pourrait rétorquer à peu de frais que le psittacisme de ce critique est lié à un extraordinaire don de télépathie puisqu’il se prononce sur un livre dont il n’a pas vu la couleur. Au fond, nous retrouvons la même frilosité qui s’empare d’un certain milieu, qu’on hésite à accoler à la notion de littérature et d’érudition, et qui, se délestant de tout scrupule critique, s’empresse de dénigrer ce qui pourrait éventuellement bousculer le piédestal du Grandautheur, à savoir ici Rimbaud. On sent confusément le désarroi d’un besogneux devant cette possible révision, la remise en question du dogme qui veut que tout ce qu’il a lu d’un auteur est forcément de lui et à jamais et particulièrement à propos d’écrivains ou de poètes inamovibles dans le panthéon littéraire. Pour des auteurs dits mineurs, cela passe un peu mieux, voire on s’en amuse comme de Michel Verne réécrivant nombre de livres de son père. Mais Rimbaud, songez-y… C’est que la réfutation après coup peut s’avérer difficile ; alors nous assistons à de ces pathétiques tentatives de discrédit par prétérition. Le confort plutôt que la réflexion.
Votre Tenancier n’a pas lu l’ouvrage et il se gardera donc d’en exposer la teneur en détail même si maintenant des critiques plus honnêtes sont parues. Allez les lire. Ce qu’il en a compris — et certainement pas par l’article évoqué plus haut — est suffisamment intéressant pour qu’il en envisage l’emplette un de ces jours. Il se fera une opinion mais ne la partagera pas car ce n’est ni un spécialiste de Nouveau ni de Rimbaud. Le Tenancier est un simple pékin en pantalons de nankin à prendre avec des baguettes. Il biche toutefois à la probable perspective d’un examen critique de la part de Grégory Haleux, homme perspicace dont on aimerait par ailleurs observer la rencontre avec Eddie Breuil, si elle pouvait se faire un jour. Nous réservons dès maintenant notre strapontin.
Eddie Breuil : Du nouveau sur Rimbaud — Honoré Champion
Site de l'éditeur.
- Pour consulter l'article dont nous parlons c'est ici. (Philippe Lançon : Haro sur Rimbaud — Libération du 30 octobre 2014)
- On vous conseillera un article plus documenté et honnête sur le site actualitté.com, cliquez là.
- Enfin, si vous n'êtes pas rassasiés de Rimbaud et si vous ne connaissez pas encore Gégory Haleux, allez donc faire un tour sur sa fameuse analyse de la soi-disant nouvelle photo de Rimbaud. C'est réjouissant : Rimbaud à l'épreuve de la biométrique de similarité.
mercredi 29 octobre 2014
mardi 28 octobre 2014
Quantum
Quantum : Caisse, somme d'argent. — Latinisme. — « Encore cent mille francs ! il est allé faire une saignée nouvelle à son quantum. » (Ricard.)
lundi 27 octobre 2014
Misery : écrire pour survivre — Troisième partie & fin
Dans son ouvrage L'écrit au cinéma, Michel Chion écrit : « les écritures dactylographiées – peu importe si l'on écrit avec dix doigts, deux pouces, ou un index – effacent les traces des gestes qui les ont créées » (p.107). La première image du roman Misery met en scène la machine à écrire de manière frontale. Toute la part d'humanité à disparu. On ne voit plus l'homme derrière la machine, seulement les lettres noires s'incruster sur le papier blanc. La saga des Misery sont des livres de commande de l'éditeur, c'est une écriture sous la contrainte. Cette retenue de la créativité est le fil directeur de toute la relation d'Annie et de Paul. Misery ne doit pas mourir, c'est une loi à ne pas transgresser sous peine de mort dans d'affreuses souffrances. L'écriture devient un chantage, une torture. Dans la maison de sa ravisseuse, le nouveau bureau de Paul est placé à côté de la fenêtre de sa chambre. Enfermé à clé toute la journée dans ce nouvel espace, la solitude, l'angoisse et l'obligation de création côtoient le sentiment de liberté, d'évasion provenant de la montagne enneigée où se situe le chalet.
Sur l'affiche officielle du film on peut
lire : « Paul Sheldon écrivait pour gagner sa vie.
Maintenant, il écrit pour rester en vie ». L'épisode de Misery
arrive dans la vie de Paul Sheldon au moment où il décide de plus
gagner sa vie en écrivant sa fameuse saga, mais en s'orientant vers un
autre type d'écrit, plus personnel. C'est donc au moment où il décide
de ne plus, d'une certaine manière, gagner sa vie mais plutôt de vivre
sa vie, que ses romans deviennent le début de sa fin. L'un des premiers
plans met en scène ce mot « fin ». À la dernière page de son
roman dactylographié, la main de l'écrivain tenant un crayon à papier
entre dans le cadre, et écrit sur la feuille. On constate l'évolution
du rapport à l'écriture. De notre perception d'une machine autonome, on
a l'introduction d'une part humaine. Cette cohabitation sera le mot
d'ordre du processus de création chez Annie. La machine à écrire du
chalet n'a plus la lettre « n ». Il faudra les rajouter par
la suite. À l'écriture standard s'ajoute l'écriture manuscrite, c'est à
dire la variation, le hasard. Même avec des écritures personnelles,
toutes nos lettres ne sont pas toujours formées de la même manière.
L'écriture formatée semble désigner un destin tout tracé, une mort
certaine, tandis que l'apport manuscrit est un pas, une chance de
survivre. Et c'est justement sur cette oscillation entre espoir et
fatalité que Rob Reiner va jouer dans sa mise en scène globale. Le
spectateur est également associé au déroulement de la rédaction du
roman. Sur son écran, il peut voir défiler les chapitres
(« chapitre 5 », « chapitre 12 »...), et peut
attraper au vol quelques mots.
D'autres indices annoncent l'écriture comme une destruction. En
revenant du magasin, Annie rapporte du papier à son écrivain. La fibre
fait baver l'encre. C'est une représentation explicite de la perte de
sens et d'une histoire qui sera vouée à l'échec avant même d'avoir
démarré. À nouveau le doigt de l'écrivain se glisse dans le cadre.
Anticipation sur le fait que l'homme sera à l'origine de
l'anéantissement : Annie séquestre et torture physiquement Paul,
il la tuera psychologiquement dans un premier temps en brûlant son
roman sous ses yeux, puis dans un deuxième temps physiquement en
utilisant sa machine à écrire pour lui fracasser le crâne à deux
reprises.
Enfin, l'image cinématographique tisse un lien avec l'adaptation de Shining de 1980 par Kubrick. Cette fois le sujet est l'écrivain qui n'écrit plus. Dans un huis clos, un univers qui en somme n'est pas humain dans le sens où il ne respecte pas les droits de l'homme, l'homme se retrouve seul face à lui-même. Paradoxalement, cette rencontre n'est pas fructueuse. L'enfermement laisse place à la folie. Dans Shining, Jack Torrance se laisse embarquer dans une folie meurtrière, tandis que dans Misery, Annie est la réincarnation d'un démon. Cette (dé)possession de l'esprit, influe sur l'acte de création et rend le langage écrit vide et répétitif.
Enfin, l'image cinématographique tisse un lien avec l'adaptation de Shining de 1980 par Kubrick. Cette fois le sujet est l'écrivain qui n'écrit plus. Dans un huis clos, un univers qui en somme n'est pas humain dans le sens où il ne respecte pas les droits de l'homme, l'homme se retrouve seul face à lui-même. Paradoxalement, cette rencontre n'est pas fructueuse. L'enfermement laisse place à la folie. Dans Shining, Jack Torrance se laisse embarquer dans une folie meurtrière, tandis que dans Misery, Annie est la réincarnation d'un démon. Cette (dé)possession de l'esprit, influe sur l'acte de création et rend le langage écrit vide et répétitif.
Chaque histoire de Stephen King, est marquée par une présence impalpable et omniprésente. Dans Christine, elle rend un adolescent amoureux de sa voiture. Les animaux de Simetierre, reviennent à la vie. Et c'est cette présence qui conduit les gardiens de l'hôtel de Shining à commettre des meurtres. Annie Wilkes est l'incarnation de ce phénomène mystique et maléfique. Elle est d'autant plus effrayante qu'elle semble réelle. Sa relation avec le personnage de fiction Misery la rend humaine et participe à un procédé d'identification avec le spectateur. En effet on a tous été fan d'un personnage de fiction. Cependant cette relation s'évapore dès qu'Annie s'intéresse de plus près au travail de Paul. Le côté psychotique du personnage apparaît. L'écriture sera affectée par cette pathologie et la représentation sera tiraillée entre des plans sur la machine à écrire avec une police formatée, et un côté plus humain avec l'introduction dans le cadre des mains de l'auteur.
Annie, Paul et Misery forment un trio inséparable. Si le personnage de la fiction littéraire meurt, ceux de la fiction cinématographique meurent également. Paul est brûlé et Annie est anéantie. Rob Reiner réussit à l'écran à recréer ce lien étroit que Stephen King imaginait en 1987. Une autre connexion naît trente ans plus tard et rapproche Annie de N. Tous les deux psychotiques ont des troubles obsessionnels du comportement. Cette démence semble être véhiculée par la lettre « n ». Comme un poison, une maladie héréditaire, il ne serait pas étonnant de la retrouver dans la descendance littéraire de ces deux personnages.
Fiche technique
Titre : Misery
Réalisation : Rob Reiner
Scénario : William Goldman d'adapté un roman de Stephen King
Acteurs : James Caan (Paul Sheldon, Kathy Bates (Annie Wilkes), Lauren Bacall (Marcia Sindell), Richard Farnsworth (Buster), Frances Sternhagen (Virginia)...
Pays : États-Unis
Durée : 1h47 min
Musique : Marc Shaiman
Directeur de la photographie : Barry Sonnefeld
Montage : Robert Leighton
Budget 20 millions de dollars
Genre : Thriller, Horreur, Drame
Sources
http://sitecoles.formiris.org/?WebZoneID=590&ArticleID=1807
Dictionnaire des symboles, J. Chevalier et A. Gheerbrant — Robert Laffont, coll. Bouquins, 1997
La Bible de Jérusalem — Les éditions du Cerf, 1998
L'écrit au cinéma, Michel Chion — Armand colin, 2013
DVD Shining, Stanley Kubrick, 1980
DVD Misery, Robb Reiner, 1990
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