mardi 2 décembre 2014

Où le Tenancier soliloque et sent confusément qu'il va y avoir de la relance dans la gelée de coings à cause d'un éditeur qui ferait des livres, paraît-il...

Il m’a été donné de montrer mon exaspération à plusieurs reprises dans le présent blogue et celui qui le précédait au sujet du commerce du livre et de la librairie, position que l’on jugera légitime si l’on se souvient que je suis dans ce métier depuis 1979, ou bien anormale si l’on considère mon éloignement des pratiques de la librairie de neuf ou toute autre métier s’y rapportant depuis quelques années. Je m’aperçois avec la distance que l’énervement ou l’inquiétude que je manifestais ne se rapportait pas tant aux pratiques qu’aux mentalités qui prévalent toujours dans ce milieu et qu’il m’arrive de constater souvent lorsque je rentre dans certaines librairies, ou bien lorsque j’ai affaire professionnellement à elles — pas trop souvent, fort heureusement. Que l’on ne se méprenne pas sur ces précautions oratoires ; par ce préambule j’énonce simplement l’endroit « d’où je parle » et je ne cherche pas un instant à me conférer une quelconque légitimité en matière de commerce de livre. A la vérité, cette distance a été entérinée il y a des années, lorsque j’ai déclaré que jamais je ne retournerai en librairie de neuf. Partant de cela, je ne vais pas non plus me réfugier dans une sorte de fausse modestie. J’ai bouffé du livre à toutes les sauces depuis à peu près trente-cinq ans, vendu des merdes immondes ou des livres sublimes, des populaires ou des tirages de tête, tenu des stands de BD (Les Humanoïdes, s’il vous plaît !) et me suis un peu torché lors d’une convention de SF (et n’en suis pas fier), édité des livres fabriqués par un grand artisan du livre, critiqué, fabriqué très modestement des bouquins fautifs avec des coquilles dans le coin de mon burlingue, et j’en ai lus aussi. J’ai appris finalement que le déluge pouvait tomber après moi parce que j’aurai mon comptant de livres jusqu’à ce que on me balance dans le trou et que je vais finir avec un retard de lecture abyssal, jouissance de la plénitude jamais assouvie, assez masochiste, en somme. Tout cela m’appartient, y compris le fait que j’ai fini par savoir ce qu’est un livre correct. Non, je ne sais pas ce qu’est un livre. Je ne suis pas cuistre à ce point. Ce savoir là est détenu par l’artisan que je cite plus haut ou bien par des personnes qui portent l’amour du livre jusqu’à en avoir des exigences d’amant. Moi, je me contenterai du livre correct, celui qui ne se fout pas de la gueule du monde, qui respecte le lecteur et son auteur, dont la mise en page observe quelques règles, dont le brochage ne sort pas de chez Barnum, dont la maquette et l’allure générale ne fait pas dans cette fausse frugalité qui recouvre l’impéritie. Voici ce que j’écrivais en commentaire d’un de mes billets il y a cinq ans :
« Allons au bout de notre pensée, pour ne point trop être sibyllin : se moquer de la fabrication d'un livre c'est accepter qu'il soit fabriqué n'importe comment, c'est donc abaisser son critère d'exigence au plus petit dénominateur commun avec le papier hygiénique. Mépriser la fabrication du livre, sa mise en page, ses formats, sa composition, sa typo, s'est se disqualifier définitivement lorsque l'on vient me vanter du livre en tant que matériaux irremplaçable de la lecture. Certes, cela n'empêchera personne de lire que de le faire sur du papier dégueulasse, une mise en page déséquilibrée, etc. Mais l'enjeu de sa pérennité est là. En ne vivant que dans la précarité du présent, la plupart des libraires de neuf que je croise encore n’ont aucune idée de la tradition du livre, de son passé et de ses créateurs. Et ces libraires mêmes condamnent leur outil de travail par indifférence affichée.
Alors, oui, on peut ne pas savoir faire une différence entre un in-8° et in-4°, entre une reliure et un cartonnage, entre un livre de la Pléiade et un beau livre... Mais ne venez pas vous plaindre que, vendant des livres de merde, ils le soient sur des supports aussi indigents. Et demandez-vous pourquoi les éditeurs de bibliophilie contemporaine, les créateurs qui travaillent main dans la main : typographes, graveurs, poètes ou écrivains, lithographes, etc., ne se reconnaissent qu'à peine dans vos activités de libraires... et pourquoi ces livres se retrouvent hors de vos rayons. »
Il s’avère que cette appréciation agacée que je livrais à l’encontre des libraires peut fort bien se reporter à certains éditeurs qui, croyant pourfendre les libraires refusant de prendre leurs ouvrages semblent ne pas vouloir s’apercevoir de la médiocrité de ce qu’ils fabriquent. Ces mêmes éditeurs ont beau traiter les libraires de boutiquiers, il n’en demeure pas moins qu’ils ne valent pas mieux lorsque l’on contemple ce qu’ils osent appeler des « livres ».
Ce billet constitue une réponse au billet d’un blog d’éditeur ; je ne le citerai pas et ne mettrai pas de lien. Il m’est arrivé d’avoir de ses productions entre les mains. Il m’est arrivé d’en avoir vendu (à la Librairie Delatte, déjà citée dans ce blogue). Il m’est même arrivé d’en critiquer l’aspect publiquement et de m’être attiré le courroux d’un auteur ami et publié par celui-ci. Le conflit pour le conflit ne m’intéresse pas. Une chose est sûre, j’ai acheté un livre par amitié et un autre il y a longtemps pour compléter une connaissance. A mon avis, on ne m’y reprendra pas parce que ce sont des livres qui ne me respectent pas.

Faire

Faire
Le faire : pratiquer la futution. — C'est bien à cette gueuse à le faire six coups ! (Auvray;)
Jamais le folâtre Arétin
Ne le fit en tant de postures.
(Cabinet satirique.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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dimanche 30 novembre 2014

Mais qui possède encore une bibliothèque Conrad ?

(Je Sais Tout, 1910)

Écrevisse

Écrevisse
Sexe de la femme.
Je lui levai sa chemise ;
J'aperçus son écrevisse.
(Parnasse des Muses.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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samedi 29 novembre 2014

La mort du Mange Livre


Le Mange Livre est mort hier dans son dernier accident.
Le temps que dura sa collaboration au Métal, il avait répété sa mort en de multiples collisions, mais celle-là fut la seule vraie. lancée à fond, sa moto a franchi le garde corps du toboggan de la rue de Lancry et plongé à travers la véranda de la rédaction.
Les corps broyés en grappe des secrétaires, comme une hémorragie de soleil, étaient toujours plaqués sur les bureaux, lorsque je me suis frayé un chemin parmi les techniciens de la police, une heure plus tard.
Cramponné au bras de son fauteuil, Jean-Pierre Dionnet avec qui le Mange Livre avait tant de mois rêvé de mourir, se tenait à l’écart sous les yeux tournants des ambulances.
Quand je me suis approché des pompiers et des policiers qui tentaient, à l’aide de palans et de torches à acétylènes, de dégager les cadavres bloqués, Dionnet a porté un mouchoir de dentelle à sa bouche. Pouvait-il voir le corps disloqué du Mange Livre ? Apercevait-il le sang qui lui inondait l’entrejambe et où venait se mêler l’huile chaude du moteur ?
 
Stan Barets (in : Métal Hurlant n°24 — Décembre 1977)

Danse, Danser

Danse, danser
Danse du loup : Acte de chair.
Danser le branle du loup la queue entre les jambes ; danser le branle gai : pratiquer l'acte de chair.
Au soir nous danserons, oui, ma fois, plus d'un coup,
Messieurs, ce sera quoi ? Mais le branle du loup !
(Poisson, L'après-souper.)
Et sans le dire à ma mère
Danserai le branle gai.
(Parnasse des Muses.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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Une historiette de Béatrice

— « Dis donc, tu rentres et tu consultes ce livre de la vitrine sans demander, toi ?
— Ben tout le monde fait ça !
— Excusez-la, madame. »

Cette historiette a été publiée pour la première fois en novembre 2011 sur le blog Feuilles d'automne

Cadran

Cadran
Sexe de la femme. (Théâtre italien.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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vendredi 28 novembre 2014

Privations

Ils se rendirent tous les trois à l’atelier de MM. Mittchell, où l’une de ces balances dites romaines avait été préparée. Il fallait effectivement que le docteur connût le poids de ses compagnons pour établir l’équilibre de son aérostat. Il fit donc monter Dick sur la plate-forme de la balance ; celui-ci, sans faire de résistance, disait à mi-voix :
« C’est bon ! c’est bon ! cela n’engage à rien.
— Cent cinquante-trois livres, dit le docteur, en inscrivant ce nombre sur son carnet.
— Suis-je trop lourd ?
— Mais non monsieur Kennedy, répliqua Joe ; d’ailleurs, je suis léger, cela fera compensation. »
Et ce disant, Joe prit avec enthousiasme la place du chasseur ; il faillit même renverser la balance dans son emportement ; il se posa dans l’attitude du Wellington qui singe Achille à l’entrée d’Hyde-Park, et ce fut magnifique, même sans bouclier.
« Cent vingt livres, inscrivit le docteur
— Eh ! eh ! » fit Joe avec un sourire de satisfaction. Pourquoi souriait-il ? Il n’eût jamais pu le dire.
« A mon tour », dit Fergusson, et il inscrivit cent trente-cinq livres pour son propre compte.
« A nous trois, dit-il, nous ne pesons pas plus de quatre cent livres.
— Mais, mon maître, reprit Joe, si cela était nécessaire pour votre expérience, je pourrais bien me faire maigrir d’une vingtaine de livres en ne mangeant pas.
— C’est inutile, mon garçon, répondit le docteur ; tu peux manger à ton aise, et voilà une demi-couronne pour te lester à ta fantaisie. »
 
Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre VI
(Sommaire)

(Source de l'image The Illustrated Jules Verne)

Bagasse

Bagasse
Femme de mauvaise vie. — On n'entend que ces mots : chienne, louve, bagasse ! (Molière, L'Étourdi)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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mercredi 26 novembre 2014

Chasseur de trous

Orientation professionnelle. Exemple d’un sujet type présenté par la Compagnie périphérique d’enseignement E-Z.
SUJET : Je ne sais pas lire.
ORIENTATEUR : Cela ne fait rien. Je te répondrai oralement à partir de maintenant. Tu n’as qu’à ignorer ces mots sur l’écran. D’accord ?
s : Heu… d’accord. Comment que j’peux, heu… j’veux dire, heu… Comment qu’on fait pour être chasseur de trous ?
o : Un chasseur de trous, hein ? C’est l’une des ambitions les plus fréquentes. C’est romantique n’est-ce pas ? Tu es ton propre patron. Tu as un vaisseau à toi tout seul et tu peux devenir riche. c’est cela qui t’attire dans la chasse aux trous ?
s : Ouais, j’pense.
o : Nous n’encourageons pas les jeunes à devenir chasseurs de trous. Cela pose des tas de problèmes, par exemple : sais-tu combien peut coûter un de ces vaisseaux ?
s : Pas mal, j’imagine.
o : Ouah, tu l’as dit ! Tu dois d’abord économiser pour acheter le vaisseau. L’équiper pour un voyage coûte encore plus cher. Et c’est dangereux. Et qu’est-ce qui se passe ? des fois que tu ne le saurais pas, tu es là dans ton vaisseau tant que les moteurs tiennent le coup. Tu es là, tu es assis et tu regardes ton détecteur de masse. Tu peux attendre comme cela quinze ans sans rien découvrir. Alors tu arrêtes et tu rentres bredouille. Trois voyages sur quatre ne donnent rien. Et tu seras fauché comme les blés à ton retour. Ton premier voyage sera le dernier. Si tu en reviens…
s : Qu’est-ce que vous voulez dire ?
o : C’est dangereux ! Si tu découvres un trou, tu dois ralentir bien avant pour essayer de le localiser et de repérer sa trajectoire. Tu peux aussi rentrer en plein dedans. Mais si tout se passe bien, tu dois revenir le chercher avec un remorqueur électromagnétique.
Il y a plein de types qui n’attendent que cela sur Pluton. Ils te suivront. Tu peux te retrouver à une demi-année lumière du soleil. Qui va appeler la police ? Il faudra que tu te battes.
s : Je peux me défendre comme tout le monde. C’que j’veux savoir c’est si j’dois apprendre à lire ?
o : Je ne vois pas pourquoi. A quoi sert ton ordinateur ?
 
John Varley : Le Canal ophite — 1977
(Trad. Rémi Lobry) 

Abandonnée

Abandonnée
Femme débauchée. — Je ne veux point brûler pour une abandonnée. (Molière, L'Étourdi.) — C'est une infâme qui va courir le pays avec eux, et qu'ils ne sauraient regarder que comme une abandonnée. (Boileau, Joconde.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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