« Une liaison naturelle de la vertu avec le bonheur, et du
vice avec le malheur, serait bien plus propre à remuer l’esprit mercenaire, que
ne l’est sans une grâce efficace la persuasion des orthodoxes. Cette liaison
sortirait toujours son plein et entier effet, puisqu’elle ne serait point
soumise à une cause qui trouve quelquefois bon de déroger à ses lois, de les
étendre, de les rétrécir, d’en hâter ou d’en retarder l’exécution ; d’en
disposer, en un mot selon ses vues et selon la variété des circonstances. […]
Mais en supposant une providence qui dispose de toute chose selon son bon
plaisir, et avec une sagesse dont nous ne comprenons pas toutes les vues, on ne
peut pas être certain qu’une bonne action sera utile, ni qu’une mauvaise action
sera dommageable ; car on ne peut s’imaginer dans chaque rencontre
particulière, que c’est un des cas où il plaît à Dieu de ne point suivre la loi
générale de la récompense du bien, ou celle de la punition du mal. »
Pierre Bayle
(Merci à Didier Pemerle pour nous avoir mis cette citation sous les yeux)