jeudi 3 novembre 2016

Avis

Fait curieux : aujourd'hui, George ne m'a envoyé aucune vanne ni jeu de mot.

mercredi 2 novembre 2016

Une bibliothèque

Valerian
Sur les terres truquées
(J.-C. Mézière — P. Christin, 1977)

Une historiette de Béatrice

Après une âpre discussion sur le prix d’achat d’un livre de poche ou d’un roman Gallimard avec ce monsieur qui « possède une bibliothèque de plus de 4000 ouvrages, mais qui préfère synthétiser en pléiades et se défaire ainsi de tous ses doublons d’excellents auteurs », il s’emporte :
« — Ca ne vaut pas la peine de les vendre, je préfère encore les jeter.
— Les jeter ? Jamais de la vie ! en chœur avec une habituée du bac à 1€.
— Et que voulez-vous que j’en fasse au prix que l’on m’en donne ?
— Mais les offrir monsieur, des tas de structures ou de personnes seraient heureuses de recevoir des livres ! » Et nous voilà, elle et moi, à lui énumérer quelques adresses.
Il s’énerve et offre théâtralement le livre qu’il n’a pas voulu me vendre à la dame. Quitte la boutique en citant Breton, continuant d’étaler sa confiture et sa mauvaise humeur.
Avec la dame, nous nous regardons, sourions, rions en nous enthousiasmant devant le livre qu’elle vient de se voir offrir.
« — La thune, la thune, la thune… » me dit-elle.

mardi 1 novembre 2016

George et le Comité

C’est un fait dont nous devons vous convaincre : notre culture arrive toute cuite à notre esprit. Elle est prédigérée, préparée depuis des forteresses invisibles qui président à nos destinées maladroites. Dans des cénacles clos à double tour sur nos illusions, on décide de ce que nous devrons penser et de quoi vous devrons rire. Des comités s’en occupent. Notre libre-arbitre nous laisse accroire qu’il n’en est rien, que ce sont des fariboles complotistes en chasubles blanches et bonnets de pénitents blancs ou de fanatiques du Klan, pour une version d’opérette des Cigares du Pharaon. Nous le croyons, l’image se forme devant nous, telle qu’on la souhaite pour nous, telle que l’on veut que nous la percevions. Suprême habileté, ce que l’on veut nous faire croire pour vrai, nous le percevons comme exagéré, le rejetant dans le camp du faux : écran de fumé qui dissimule des faux-semblant. Le costume de comploteur nous paraît excessif, il est pourtant vrai. Les réunions nocturnes semblent relever de la sottise, elles ne sont rien moins que prosaïques. Ainsi en va-t-il de tous les comités, à commencer par le Comité Anonyme des Blagues Carambar. Nous pensions que notre rire libérait, qu’il délimitait les contours de notre personnalité, que la vie, l’amour, l’espoir, cette brumeuse envie d’exaltation trouvait sa source dans cet ineffable esprit qui nous habite. Détrompons-nous en. Notre cerveau malléable a été dirigé très tôt vers la blague Carambar par un comité de douze membres dont nous ne saurons rien puisque, de toute façon, nous en ignorions l’existence il y a quelques minutes. Les Douze se réunissent, débattent, savent que la stabilité de la civilisation est entre leurs mains. Pourtant, elles ne tremblent pas, celles qui puisent dans l’urne qui contient les vannes du prochain tirage des emballages du Carambar. Les décisions se forment à l’unanimité. Il n’existe pas de repentir.
Il y eut une tentative d’investir le comité. Une main anonyme avait glissé un papillon supplémentaire dans l’urne, en tout point similaire aux autres. Il contenait une vanne d’un membre égaré de la Brigade des Vermotiseurs :
— Le comique est-il las ?
— Non, c’est un coma éthylique.
Comme il fut le seul à en rire, on le démasqua.
Depuis, on recherche George. Nous sommes inquiets. Rendez-le nous. Nous renonçons à nos prétentions. Vous dirigez le monde, nous vous le laissons, considérant désormais que ce ne sont que frivolités. Nous continuerons notre ascèse et cesserons d’interférer avec la conduite du monde qu’incarne Votre Noble Comité.
Mais, par pitié, rendez-nous George.

dimanche 30 octobre 2016

Marché local

Tout amateur de SF régionaliste se réjouira de la parution de Hue Bique, de Philippe Cadic.

Le Tenancier sait : c'est très con, c'est même lamentable, mais comme le Tenancier est un garçon facile, il résiste rarement. Et encore, il aurait pu situer l'action à Saint-Goménolé. Il s'est retenu à temps, on ne sait pas pourquoi, sans doute parce que cela n'allait plus dire grand chose au lecteur de passage, Goménolé. Alors il fait la vanne sur le titre et le nom, et puis c'est tout. Ça demeure imparfait par incomplétude ce qui rend la vanne encore plus pathétique. Mais on en a vu d'autres, n'est-ce pas ? En plus, l'autre jour, il vous a collé une tartine sur Dick alors que tout le monde avait l'air de s'en foutre. Ben, il n'a pas jargonné, alors c'est logique. Remarquez, avec la vanne ci-dessus, ça ne risque pas de relever le niveau. N'empêche, Saint-Goménolé, il aurait dû le caser. Même pas le feu sacré pour faire une fausse couverture. Là aussi, le Tenancier est vacillant. Vous savez quoi, il est de moins en moins intéressant ce blog. 
Vous avez raison.
Laissez-moi seul.

Seul.

mardi 25 octobre 2016

samedi 22 octobre 2016

10/18 — Jack London : Les pirates de San Francisco




Jack London

Les pirates de San Francisco

Traduction de Louis Postif
Préface et bibliographie de Francis Lacassin

n° 828

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'appel de la vie »
Volume sextuple

446 pages (448 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : 1er trimestre 1974
Achevé d'imprimer : 30 août 1977

TABLE DES MATIÈRES

Préface : L'appel de la mer, par Francis Lacassin [5 — 13]

Les pirates de San Francisco [27 — 183]
I. — « Mouchoir Jaune » (White and Yellow)
II. — Le roi des Grecs (The King of the Crooks)
III. — Une incursion ches les Pilleurs d'Huîtres (A Raid on the Oyster Pirates)
IV. — Le Siège du « Lancashire Queen » (The Siege of the « Lancashire Queen »)
V. — Un Bon Coup de Charley (Charley's Coup)
VI. — Démétrios Contos (Demetrios Contos)
VII. — Le Retour de « Mouchoir Jaune » (Yellow Handkerchief)
Épilogue : Vérité et fiction dans Les Pirates de San Francisco
Histoires de la mer [187 — 413]
I. — Mon Premier Fantôme
II. — Un Typhon au larges des Côtes du Japon
III. Chris Farrington : Un Vrai marin
IV. —Vingt Ans d'Amitié avec la Mer
V. — Dans la Baie de Yeddo
VI. — Le Fermier de la Mer
VII. — Deux Poings solides
VIII. — Sous les Auvents du Pont
IX. — Il était un Navire
X. — Faire Route à l'Ouest
XI. — A l'Abordage
XII. — L'Évasion de la Goélette
XIII. — Un Classique de la Mer
ANNEXES
Note bibliographique sur l'origine des textes
Bibliographie française de Jack London, par F. Lacassin
Louis Postif, traducteur de London par J.-L. Postif
Table [445 — 446]


(Contribution du Tenancier)
Index 

vendredi 21 octobre 2016

Parler comme à des brutes...

« — Pauvres fous, se disait Vendredeuil, que ceux qui croient que la prochaine révolution, cette révolution fatale pourtant, sera un grand mouvement de transformation sociale. Mais l’argent a déjà prouvé, et prouve tous les jours, l’inanité des conceptions socialistes, l’absurdité des théories des soi-disant réformateurs… Tous les systèmes et toutes les doctrines, sauf une, sont jugés par lui, à l’heure qu’il est, et condamnés — heureusement. — L’égalité des collectivistes rouges, la fraternité des socialistes chrétiens, toutes les égalités et fraternités possibles ? Ah ! non, alors… Et d’abord, que voulez-vous lui faire, rénovateurs, à cette Société ? La renverser selon la formule. Bon ; et sans lui faire trop de mal n’est-ce pas ? Parce que, si vous étiez brutaux, vous risqueriez de faire disparaître les quelques fragments d’Idéal dont le peuple ne peut plus guère se passer, soyez-en sûrs — et grâce à vous.
Et puis ? Mettre quelque chose à sa place, naturellement.  Ce quelque chose ne peut valoir un peu mieux que ce qui existe qu’à une seule condition : c’est que ce soit une hiérarchie sévère avec, au sommet, une aristocratie basée sur l’Argent. Vous rêvez autre chose ? Eh bien, il faut en prendre votre parti, voyez-vous, et la laisser manger tout doucement par le vieux chancre d’imbécillité qui la ronge, cette Société, jusqu’au jour où tout finira ; et, surtout, ne pas vous figurer que vous avez à recommencer 89, à préparer, par l’Idée, une Révolution. Car cette révolution se fera brutalement, sauvagement, en dehors de tout concept, narguant vos prévisions et bafouant vos systèmes. Et ce ne sera même point, s’il faut tout dire, une Révolution : ce sera une Destruction…
Vous comptez sur la misère pour faire accepter vos théories, d’abord, et les appliquer ensuite. Vous avez tort. Elle est grande, la misère, c’est vrai ; seulement, la misère actuelle, ce n’est plus l’ancienne misère. L’Argent aussi l’a transformée. Ce n’est plus la misère soudaine, imprévue, avec ses à-coups, ses hauts et ses bas ; c’est la misère lente, mathématiquement réglée par les exploiteurs et réglementée dogmatiquement par les agitateurs platoniques, la misère qui discute ses droits et qui vote, la misère qui croit savoir et qui se regarde souffrir — qui, par conséquent, n’agira pas. — elle n’est plus dirigeable, cette misère-là. Elle a trop d’envie — et trop d’orgueil. — Elle n’a plus de cœur et fait semblant d’avoir un cerveau. Comme si le raisonnement pouvait encore être un levier, on ne parle plus aux souffrants : on leur démontre… Pour les soulever, à présent, il ne faudra plus, comme à des disciples, leur démontrer. Il faudra leur parler, simplement, comme à des brutes — lorsque le jour sera venu — de la possibilité de détruire… »
 
Georges Darien : Les pharisiens (1891)

Hips

Ami écrivain, tu es amateur de bon whisky et tes droits d’auteur ne te permettent pas de t’arsouiller convenablement. J’ai une solution pour toi. Oh, rassure-toi, je ne l’ai pas inventée. Elle était plutôt employée dans les collections populaires et, au cours de mes lectures, j’ai pu constater que ça avait l’air de marcher puisque cela se répétait très fréquemment. C’est bête comme chou. Prends ton héros en compagnie d’un acolyte anonyme, ou bien roulé, et fais les partager un whisky de marque courante. Dans la série du Commander de G.-J. Arnaud, les protagonistes boivent du Cutty Sark à chaque récits (76 romans dans la série, de 1961 à 1986) C’est dégueulasse, le Cutty Sark. À la limite, c’est bon pour mettre dans le Coca d’un jeune que tu n’aimes pas trop. Mais, généralement, ces producteurs n’ont pas qu’une seule catégorie de breuvage dans leur gamme. Il y a le genre débouche évier… et le single ou le pure malt, selon ton standing et ton tirage. Avec une petite conversation avec le service commercial, rien de plus facile que de convenir d’un placement de produit ad hoc d’un bas de gamme au tarif d’une caisse de single livré franco de port après parution du dit ouvrage. Je gage que G.-J. Arnaud a dû négocier ça aux petits oignons. Évidemment, le placement est plus délicat lorsque l’on quitte le domaine de la réalité consensuelle. Il est plus duraille en SF ou dans les romans spiritualistes de lever le coude avec du whisky, marque de supermarché ou non (bol d’énergie d’un côté, liqueur des dieux de l’autre… pouah, quel ennui !)
Il peut arriver quelques petites mésaventures aux romanciers populaires à ce propos, qu’entre la livraison du manuscrit et son arrivée en librairie, ce fameux placement de produit ait lieu à l’insu de l’auteur. Et voici que la caisse de ce vieux tourbé vieilli pendant une douzaine d’années lui passe sous le nez. Il semble que la mésaventure soit arrivée à Roland C. Wagner. Or, Roland n’était pas vraiment un consommateur de cela. En revanche, l’Acapulco Gold, s’il avait été en vente libre... Toujours est-il qu’il n’était pas à l’origine de cette initiative. Mais revenons à nos moutons, cher auteur. Il n’est pas certain que la pratique perdure. Ou bien elle a été oubliée par les distillateurs et leurs représentants. Raison de plus pour leur rafraîchir la mémoire. Naturellement, si l’on est auteur de lithérathure, on prendra soin de se faire conseiller pour le produit à placer, faire une fiche, réinsérer ces souvenirs de dégustation de façon habile dans le cours du texte, rien de plus facile pour l’auteur chevronné. Aux distillateurs qui nous liraient, d’ailleurs, je dirai qu’il ne faut pas négliger la nouvelle car le placement de produit y est plus difficile, plus périlleux et fort gratifiant lorsque l’habileté de l’auteur le fait subrepticement. Tenez, moi qui vous parle… euh, on voit ça par mail, d’accord ?

jeudi 20 octobre 2016

L'ombre d'un phocomèle

Il est un moment où l’attrait d’un écrivain est proportionnellement inverse à sa notoriété. Plus il est connu plus on regrette de devoir le partager, de voir l’intimité patiemment acquise au fil des lectures s’effilocher devant une reconnaissance plus étendue. Le fait est bénin dès lors qu’il s’agit d’un cercle de connaisseurs. Cela devient plus cruel lorsque la référence s’étend vers les médias culturels où les risques de dissonance sont plus nombreux. On sombre bientôt dans le ridicule quand les médias de divertissement en font une référence « incontournable » en présentant un ersatz passablement dénaturé d’une production originelle. Le nom n’est plus la signature d’ouvrages mais une marque inséré dans un commentaire invariablement promotionnel. C’est ce qui est arrivé à Philip K. Dick depuis pas mal de temps. Qu’est-ce qui pouvait différencier Dick d’autres auteurs diablement autant exigeant que Ian Watson, J.-G. Ballard ou Samuel R. Delany ? À l’époque où la réputation de Dick ne dépassait pas les bornes de la SF, mais à une époque où la SF représentait une alternative littéraire au roman bourgeois (sous les vocables de Speculative Fiction, de New Thing, et d’autres encore…), la SF était suivie par un large lectorat, affranchit un temps des cloisonnement que les fans allaient s’ingénier à refermer par la suite. La confrontation avec les autres genres littéraires était courante. À ce titre, Philip K. Dick n’était déjà plus un inconnu pour tout le monde et c’est vers cette période — entre le milieu des années 70 et celui des années 80 — que sont parus en France des œuvres importantes. Mais il n’était pas le seul dans ce cas. Il ne s’agit pas ici d’essayer de répondre avec assurance sur la raison de la célébrité de Dick au détriment de certains contemporains aussi valables. Les univers des auteurs cités plus haut ne semblent pas convenir au lectorat actuel, du moins à une large frange. Dick plaît, et pour le malheur de ses thuriféraires (dont je fus longuement) sa popularité dépasse largement son lectorat étendu et principalement parce que l’on n’a pas lu ses écrits. La raison est bien entendu le cinéma. On a adapté ses textes, en plus grandes proportions que Watson, Ballard et Delany réunis. Le cinéma a ceci de particulier qu’il peut difficilement respecter le propos d’un auteur (et ce n’est pas propre à la SF). Même Blade Runner, adulé par le public de cinéma, déconcerterait ce dernier si l’ouvrage originel leur parvenait sous les yeux. Que dire des merdes soi-disant adaptées d’autres romans ou nouvelles de Philip K. Dick… seul A Scanner Darkly nous semble respectable au milieu de cet océan de veulerie pelliculaire. Et encore, nous demandons à le revoir. Mais là aussi, il importe relativement peu que notre auteur ait été adapté plus ou moins fidèlement et que le produit soit médiocre ou non. Il arrive un moment où la popularité atteint un moment de non-retour, lorsque la télévision nous sert de ces émissions de nature émétique qui veulent nous présenter un panorama de la science-fiction audiovisuelle et où, annoncé comme une sorte de caution intellectuelle, on cite le nom de Philip K. Dick. Avouons-le : la dernière fois que c’est arrivé je n’étais plus surpris par la viduité du propos mais encore étonné que cela perdure. La première fois que j’avais entendu le nom de Dick prononcé comme un triomphe au milieu d’un discours acculturé, c’était dans les années 80 au cours d’un reportage pour l’émission Temps X. Là non plus je n’avais pas été particulièrement étonné car, connaissant le commentateur, je savais parfaitement que la seule chose qu’il était capable de lire et de comprendre était la notice de son lecteur de cassettes vidéo. La « novation » fut rude, le commentateur un niais. Que tout critique de téloche ou de cinéma de SF soit un imbécile, n’est pas certain et même pas admissible. La première crotte n’annonce pas forcément le choléra. Pour autant, le manque de ressources littéraires dans ce milieu inquiète toujours… À croire que ceux qui recrutent ces éléments ont une notion plus que sommaire de la culture, fut-elle populaire, et cela depuis des décennies.
Que faire lorsque l’on a aimé un auteur au point de lire systématiquement tout ce qui a pu paraître de lui (un peu moins sur lui, on est peu porté à l’exégèse quand on est jaloux) et que l’on est confronté à de telles indigences au fil des années ? La réponse n’est pas claire. On s’éloigne du sujet de son affection, la plupart du temps. On lève un sourcil paresseux à l’évocation, comme d’un engouement ancien. Plus question d’y retourner avec la même passion. Les vieilles maîtresses sont décevantes. Toutefois, on ne peut s’empêcher de regretter ce naufrage entretenu par l’impéritie. On finit par en sourire, non avec indulgence, mais par l’effet d’une certaine cruauté devant l’enthousiasme frelaté à propos d’un auteur deux fois mort, la deuxième fois par le fait d’un ignare ou de l’un de ses continuateurs.
Peut-être est-ce une chance pour les autres auteurs précités d’avoir échappé à cela. Certains d’entre eux ont affaire à des contempteurs issus du cénacle de la SF dont quelques uns, pour leur confort intellectuel, aimeraient bien les extirper (le souvenir récent et affligeant d’une critique de Ian Watson qui se résumait à un « Je n’y comprends rien » est à ce titre une perle à ranger à côté des productions télévisuelles que l’on évoque ici). Au moins cette sottise est circonscrite, d’autant qu’il se trouve d’autres personnes pour défendre ces auteurs-là. La SF qui eut la chance de se manifester hors du cadre de ses fans y est retournée pour le meilleur et pour le pire. Pour ce qui me concerne, je me suis éloigné depuis longtemps de ce milieu. Je constate toutefois son dévoiement continu, par des gens qui n’ont pas l’air de savoir de quoi ils parlent. Mais, ça, c’est les médias, coco… Du reste, immanence du vide, allez savoir, le chroniqueur de Temps X continue de se prendre au sérieux et en photo de temps en temps sur Hollywood Boulevard. C’est rassurant quelque part : pas besoin de savoir lire pour voir du pays, avoir des habitudes de fossoyeur suffisent.
Il m’arrive de loin en loin de relire du Dick, de ne pas perdre le contact de la même manière qu’à la lisière du champ visuel on devinerait l’ombre d’un phocomèle… C’est peut-être cela qui permet supporter ce que l’on a fait à un auteur que l’on a aimé : y retourner. Il faut seulement de la patience.