lundi 25 novembre 2019
dimanche 24 novembre 2019
Une réponse
À vrai dire, je m’attendais à des réactions plus nombreuses
et plus véhémentes au billet produit dernièrement qui causait de la destruction
de livres politicards et que vous pouvez retrouver ici. La faute m’en incombe,
car ce blogue part un peu en déshérence et incite peu à son suivi du fait de
son caractère erratique. J’ai éprouvé un double plaisir à lire l’unique
réaction (pour le moment) de Mikaël que nous n’avions pas lu dans les parages
depuis fort longtemps et également dans la teneur de son message qui reflète
l’idée que je me fais de lui. Pour les lecteurs pressés, voici son message ci-dessous :
Ce genre d’ouvrage, écrit par des nègres qui n’y croient pas un seul instant, commandité par un politicard qui n’y croit pas plus, fait partie de la panoplie habituelle de la propagande contemporaine. Ce secteur, même s’il subit les mêmes avatars que l’édition (réduction des tirages, etc.), se porte fort bien et quelques éditeurs sont friands de ce genre d’opération. Ils recourent souvent à des équipes de marketing. Tout cela pour une durée de vie en librairie qui se compte en semaines, parfois beaucoup moins. J’avais raconté en son temps ma visite dans un entrepôt de livres, de la surface d’un millier de mètres carrés et d’une épaisseur d’un mètre à peu près. Ces ouvrages provenaient de récupérations après décès, les livres dataient tous à peu près des années 1970 à 1980. Savez-vous, mon cher Mikaël le titre que je croisais le plus souvent ? C’était Le mal français de Peyrefitte. Ce fut, curieusement, le seul livre de ce genre que je voyais surnager au milieu d’autres insignifiances. Mais où se trouvaient donc les livres de Valéry Giscard d’Estaing, de François Mitterrand et de toute la cohorte des courtisans, porte-cotons et porte-flingues ? Même au milieu de ce fatras sans intérêt (après quelques heures, je ressortais de ce stock avec à peine deux caisses de livres relativement courants), ils restaient introuvables. La raison s’en révélait fort simple : ils étaient balancés à la poubelle dès la lecture accomplie, au lieu de traîner dans la bibliothèque et, ipso facto, dans l’Himalaya de merdouilles de cet entrepôt. Lorsque l’on sait le contenu de ces ouvrages politicard, nous nous accordons tous sur le fait qu’ils pourraient ne pas faire autant de signes, se retrouver condensés de manière à ce qu’ils soient publiés dans un quelconque organe de presse, parce que ce mode de production reste approprié pour ce genre de communication. Il existe à l’heure actuelle une autre alternative : la liseuse. Mais pourquoi donc, ces chers politicards, toujours modernes, si férocement modernes, n’emploient-ils pas ce moyen ? Ce serait alors penser que le contenu de ce qu’ils racontent possède une réelle importance ! Croyez-vous sérieusement que c’est le cas, qu’il soit nécessaire de lire le contenu de ces trucs-là pour se faire une opinion ? En fait, la liseuse interdit la pratique courante de la signature en librairie, ou dans un autre lieu. Quel intérêt de signer avec un stylet sur un écran numérique (allez-y, petits malins piquez l’idée, je m’en fous !) ? Le livre édité sert principalement à exhiber l’auteur, à lui procurer un prétexte de paraître dépouillé de ses attributs, afin qu’il soit rédimé après une mauvaise passe. La signature prend alors la valeur d’une incarnation. Mieux que « Vu à la télé », nous obtenons « Paraphera son livre chez Tartempion », à la bonne franquette, plus efficace à l’heure actuelle que le toucher des écrouelles. Mikaël, est-ce que le livre sert à ça ? Est-ce la véritable nature d’un livre ? Ces productions procèdent d’un certain mimétisme : couverture, pages, lieu de vente. Vous pensez croiser une fourmi innocente, mais non, l’Évolution vous a mis devant une fourmi-araignée, ce n’est pas le même animal, malgré des attributs similaires et grâce à des détails bien cachés. Vous croyez tenir un livre, parce que vous pensez qu’il vous apportera joie, tristesse ou culture, parce que vous admettez sa sincérité. Mais qu’y a-t-il dans ces « livres » ? Peu importe qu’ils soient interchangeables, ce ne sont que des prétextes et des machines à cash. Souffrez que je m’indiffère face à cet épisode de « destruction » du bouquin de Hollande et surtout des réactions de ceux qui ont pris cela pour un sacrilège. Je crois, au bout du compte, que nous avons la même opinion, au fond, mais que vous avez encore la naïveté de croire que ces productions ont une raison d’être (« s’en faire une opinion » !), hors la propagande.
Votre mot arrive précisément où j’achève de relire Les mémoires d’un traducteur, de Maurice-Edgar Coindreau (1974). Le rapport ne paraîtrait pas si évident si nous ne partagions pas, en de nombreux points, une certaine mystique du livre (votre bibliophilie fait partie des nombreux charmes de votre personnalité). Je n’ai pas pu m’empêcher de rapprocher ce passage à nos propres croyances pour le livre et à ce que vous avez écrit :
Je voudrais poursuivre ma longue digression par une remarque à votre propos : je crois que vous croyez à la bonté native de l’homme, que si vous étiez un religieux — puisque l’on y fait allusion abondamment ici —, votre pensée se rapprocherait du quiétisme et de la consolation qu’il contient. Tel n’est pas mon cas, bien que j’apprécie Fénelon. Mon scepticisme m’empêche souvent d’obéir à mes premières émotions. Je me rappelle vous avoir ennuyé par le fait que, soudainement, « je n’étais plus Charlie », m’apercevant des petites manœuvres dégoûtantes qui se déroulaient dans les arrière-cuisines politiciennes sur le dos des victimes. Vous ne les regardiez pas, non par volonté délibérée, mais parce que je crois que votre éthique, votre indignation, votre douleur réelle à ce moment, vous empêchaient de vous en apercevoir. Quel rapport avec notre sujet ? Il se situe dans vos scrupules. Scrupules à penser que le mal s’insinue, que son règne emprunte des attributs banals. Pensez-vous que tout livre mérite un examen approfondi avant de décider de l’éliminer ? Je vous raconte une dernière histoire et je vous laisse tranquille, mon cher Mikaël :
Vous savez comme beaucoup ici que j’ai été libraire en chambre, vendant mes bouquins principalement par correspondance. Un jour, une personne que j’aime bien, qui avait l’habitude de vendre pas mal de choses sur le net m’apporte un lot de livres. « Je ne sais pas trop quoi en faire, toi qui vends aussi des livres d’histoire, ça pourrait t’intéresser. Je te les file. » J’avoue ne pas avoir pris garde à ce geste de générosité et j’ai mis le petit carton de livre en attente d’être catalogué. J’ai compris le jour où j’ai ouvert ce carton, constituée d’une dizaine de saloperies révisionnistes. Ce copain d’origine juive polonaise avait renoncé à les détruire (et cette attitude est compréhensible si l’on garde en mémoire l’importance du livre et du traumatisme de sa destruction dans cette culture). Je n’ai pas eu la même hésitation, bien sûr. Ils furent démembrés, déchirés et dispersés même dans plusieurs sacs-poubelle, presque comme une pratique antique de défixition, de « dispersion du corps » du délit afin qu’ils ne reviennent pas hanter les lieux. J’ai détruit des livres sur leur simple nom et je ne le regrette pas un seul instant. Parce que je n’avais pas besoin d’en approfondir le contenu. Vous voyez bien qu’il existe des cas impératifs où l’éthique penche aussi pour la destruction. Certes, cette anecdote fait état d’un paroxysme et je ne crois pas (à part les fachos, mais je les emmerde) que cela empêche quiconque de dormir. Bonus, même, puisque je me conformais à la loi en ne diffusant pas de la propagande nazie. Mais a-t-on besoin de celle-ci pour se conformer à une morale dont les premiers préceptes résident (nous nous y essayons sans grâce) dans l’harmonie et la beauté ?
Bien évidemment, la piteuse affaire de la dégradation des livres de Hollande reste une vaguelette, un phénomène marginal, mais ce monde-là vient parfois empiéter sur le nôtre et semer le trouble dans les consciences. Nous croyons assister à un sacrilège (l’autodafé !) sur un livre et au fond l’on assiste à un triste épisode de surproduction marchande au service d’une propagande médiocre (vous savez, cette fameuse médiocritas bourgeoise…)
Mon cher Mikaël, je vous envoie mes amitiés et vous présente mes excuses pour le style hâtif de ma réponse, mais je ne voulais pas traîner.
« Cher Tenancier,
Un livre, me semble-t-il, est un livre. Il y a plutôt de bons ou de mauvais livres ; ou plus justement encore de bons ou de mauvais lecteurs. Ne pas lire un livre est le meilleur moyen d’accompagner son auteur vers l’oubli. Détériorer publiquement un livre, c’est au contraire donner à son auteur l’importance que l’acte voudrait nier. Je n’ai rien contre l’idée de renverser ma tasse de café matinale sur un livre, à condition que ce livre me déplaise ou m’ennuie profondément. Mais cela suppose que je l’aurai lu, intégralement ou partiellement, en dépit de la personnalité de son auteur, et que je m’en serai fait une opinion, en dépit toujours de la personnalité de son auteur. L’idée ne me viendrait pas de gâcher du café sur le seul nom d’un homme. On publie trop de livres — qui sont tous des livres — mais c’est parce qu’il y a trop de mauvais lecteurs. »
En somme, Mikaël approuve la nature de livre à cette production, parce que c’est sous cette appellation
qu’elle a été maltraitée. Je reprends ma question : a-t-on affaire à un
livre, vraiment ? Ce genre d’ineptie, forcément éphémère ne devrait-elle pas
être lié à un autre mode de reproduction, éphémère lui aussi : le
périodique, que ce soit sous forme de magazine, de quotidien. Pourquoi produire
une profession de foi sous forme de livre ? Notre mémoire se révèle souvent
courte et je ne saurais affirmer avec certitude que ce genre de pratique
existait avant-guerre. En tout cas, personne n’a l’air d’en avoir gardé la
trace. Si cela a existé, on aimerait bien le savoir, certaines perspectives en
seraient peut-être changées. Quoique…
Un livre, me semble-t-il, est un livre. Il y a plutôt de bons ou de mauvais livres ; ou plus justement encore de bons ou de mauvais lecteurs. Ne pas lire un livre est le meilleur moyen d’accompagner son auteur vers l’oubli. Détériorer publiquement un livre, c’est au contraire donner à son auteur l’importance que l’acte voudrait nier. Je n’ai rien contre l’idée de renverser ma tasse de café matinale sur un livre, à condition que ce livre me déplaise ou m’ennuie profondément. Mais cela suppose que je l’aurai lu, intégralement ou partiellement, en dépit de la personnalité de son auteur, et que je m’en serai fait une opinion, en dépit toujours de la personnalité de son auteur. L’idée ne me viendrait pas de gâcher du café sur le seul nom d’un homme. On publie trop de livres — qui sont tous des livres — mais c’est parce qu’il y a trop de mauvais lecteurs. »
Ce genre d’ouvrage, écrit par des nègres qui n’y croient pas un seul instant, commandité par un politicard qui n’y croit pas plus, fait partie de la panoplie habituelle de la propagande contemporaine. Ce secteur, même s’il subit les mêmes avatars que l’édition (réduction des tirages, etc.), se porte fort bien et quelques éditeurs sont friands de ce genre d’opération. Ils recourent souvent à des équipes de marketing. Tout cela pour une durée de vie en librairie qui se compte en semaines, parfois beaucoup moins. J’avais raconté en son temps ma visite dans un entrepôt de livres, de la surface d’un millier de mètres carrés et d’une épaisseur d’un mètre à peu près. Ces ouvrages provenaient de récupérations après décès, les livres dataient tous à peu près des années 1970 à 1980. Savez-vous, mon cher Mikaël le titre que je croisais le plus souvent ? C’était Le mal français de Peyrefitte. Ce fut, curieusement, le seul livre de ce genre que je voyais surnager au milieu d’autres insignifiances. Mais où se trouvaient donc les livres de Valéry Giscard d’Estaing, de François Mitterrand et de toute la cohorte des courtisans, porte-cotons et porte-flingues ? Même au milieu de ce fatras sans intérêt (après quelques heures, je ressortais de ce stock avec à peine deux caisses de livres relativement courants), ils restaient introuvables. La raison s’en révélait fort simple : ils étaient balancés à la poubelle dès la lecture accomplie, au lieu de traîner dans la bibliothèque et, ipso facto, dans l’Himalaya de merdouilles de cet entrepôt. Lorsque l’on sait le contenu de ces ouvrages politicard, nous nous accordons tous sur le fait qu’ils pourraient ne pas faire autant de signes, se retrouver condensés de manière à ce qu’ils soient publiés dans un quelconque organe de presse, parce que ce mode de production reste approprié pour ce genre de communication. Il existe à l’heure actuelle une autre alternative : la liseuse. Mais pourquoi donc, ces chers politicards, toujours modernes, si férocement modernes, n’emploient-ils pas ce moyen ? Ce serait alors penser que le contenu de ce qu’ils racontent possède une réelle importance ! Croyez-vous sérieusement que c’est le cas, qu’il soit nécessaire de lire le contenu de ces trucs-là pour se faire une opinion ? En fait, la liseuse interdit la pratique courante de la signature en librairie, ou dans un autre lieu. Quel intérêt de signer avec un stylet sur un écran numérique (allez-y, petits malins piquez l’idée, je m’en fous !) ? Le livre édité sert principalement à exhiber l’auteur, à lui procurer un prétexte de paraître dépouillé de ses attributs, afin qu’il soit rédimé après une mauvaise passe. La signature prend alors la valeur d’une incarnation. Mieux que « Vu à la télé », nous obtenons « Paraphera son livre chez Tartempion », à la bonne franquette, plus efficace à l’heure actuelle que le toucher des écrouelles. Mikaël, est-ce que le livre sert à ça ? Est-ce la véritable nature d’un livre ? Ces productions procèdent d’un certain mimétisme : couverture, pages, lieu de vente. Vous pensez croiser une fourmi innocente, mais non, l’Évolution vous a mis devant une fourmi-araignée, ce n’est pas le même animal, malgré des attributs similaires et grâce à des détails bien cachés. Vous croyez tenir un livre, parce que vous pensez qu’il vous apportera joie, tristesse ou culture, parce que vous admettez sa sincérité. Mais qu’y a-t-il dans ces « livres » ? Peu importe qu’ils soient interchangeables, ce ne sont que des prétextes et des machines à cash. Souffrez que je m’indiffère face à cet épisode de « destruction » du bouquin de Hollande et surtout des réactions de ceux qui ont pris cela pour un sacrilège. Je crois, au bout du compte, que nous avons la même opinion, au fond, mais que vous avez encore la naïveté de croire que ces productions ont une raison d’être (« s’en faire une opinion » !), hors la propagande.
Votre mot arrive précisément où j’achève de relire Les mémoires d’un traducteur, de Maurice-Edgar Coindreau (1974). Le rapport ne paraîtrait pas si évident si nous ne partagions pas, en de nombreux points, une certaine mystique du livre (votre bibliophilie fait partie des nombreux charmes de votre personnalité). Je n’ai pas pu m’empêcher de rapprocher ce passage à nos propres croyances pour le livre et à ce que vous avez écrit :
« Elle (Flannery O’Connor) n’avait même jamais entendu
prêcher un évangéliste. Et cependant on aurait pu penser qu’elle se fourvoyait
dans tous les mauvais lieux et qu’elle y coudoyait la pire engeance armée d’un
magnétophone pour ne rien perdre de ce qu’elle entendait. Mais remarquez bien
qu’elle n’a pas lancé ses dards sur les fidèles de religions sérieuses autres
que la sienne. Cela, J.-M.-G. Le Clézio l’a tout de suite compris comme le
prouve le début de l’excellente préface qu’il écrivit pour ma traduction de Et ce sont les violents qui l’emportent :
“Pour l’être religieux, dit-il, il y a pire que l’athée : c’est le faux
prophète. La superstition, le mensonge, l’exploitation de la crédulité sont
véritablement l’œuvre du diable, tandis que l’indifférence est le fait des
hommes… Ce n’est donc pas la foi que nous devons juger mais plutôt ceux qui la
portent.” »
Ces productions (notez que j’évite d'écrire « livre» autant que
possible), seraient donc les déchets produits par ces faux prophètes du
livre et
pour dire les choses comme elles sont : de la merde.
Je voudrais poursuivre ma longue digression par une remarque à votre propos : je crois que vous croyez à la bonté native de l’homme, que si vous étiez un religieux — puisque l’on y fait allusion abondamment ici —, votre pensée se rapprocherait du quiétisme et de la consolation qu’il contient. Tel n’est pas mon cas, bien que j’apprécie Fénelon. Mon scepticisme m’empêche souvent d’obéir à mes premières émotions. Je me rappelle vous avoir ennuyé par le fait que, soudainement, « je n’étais plus Charlie », m’apercevant des petites manœuvres dégoûtantes qui se déroulaient dans les arrière-cuisines politiciennes sur le dos des victimes. Vous ne les regardiez pas, non par volonté délibérée, mais parce que je crois que votre éthique, votre indignation, votre douleur réelle à ce moment, vous empêchaient de vous en apercevoir. Quel rapport avec notre sujet ? Il se situe dans vos scrupules. Scrupules à penser que le mal s’insinue, que son règne emprunte des attributs banals. Pensez-vous que tout livre mérite un examen approfondi avant de décider de l’éliminer ? Je vous raconte une dernière histoire et je vous laisse tranquille, mon cher Mikaël :
Vous savez comme beaucoup ici que j’ai été libraire en chambre, vendant mes bouquins principalement par correspondance. Un jour, une personne que j’aime bien, qui avait l’habitude de vendre pas mal de choses sur le net m’apporte un lot de livres. « Je ne sais pas trop quoi en faire, toi qui vends aussi des livres d’histoire, ça pourrait t’intéresser. Je te les file. » J’avoue ne pas avoir pris garde à ce geste de générosité et j’ai mis le petit carton de livre en attente d’être catalogué. J’ai compris le jour où j’ai ouvert ce carton, constituée d’une dizaine de saloperies révisionnistes. Ce copain d’origine juive polonaise avait renoncé à les détruire (et cette attitude est compréhensible si l’on garde en mémoire l’importance du livre et du traumatisme de sa destruction dans cette culture). Je n’ai pas eu la même hésitation, bien sûr. Ils furent démembrés, déchirés et dispersés même dans plusieurs sacs-poubelle, presque comme une pratique antique de défixition, de « dispersion du corps » du délit afin qu’ils ne reviennent pas hanter les lieux. J’ai détruit des livres sur leur simple nom et je ne le regrette pas un seul instant. Parce que je n’avais pas besoin d’en approfondir le contenu. Vous voyez bien qu’il existe des cas impératifs où l’éthique penche aussi pour la destruction. Certes, cette anecdote fait état d’un paroxysme et je ne crois pas (à part les fachos, mais je les emmerde) que cela empêche quiconque de dormir. Bonus, même, puisque je me conformais à la loi en ne diffusant pas de la propagande nazie. Mais a-t-on besoin de celle-ci pour se conformer à une morale dont les premiers préceptes résident (nous nous y essayons sans grâce) dans l’harmonie et la beauté ?
Bien évidemment, la piteuse affaire de la dégradation des livres de Hollande reste une vaguelette, un phénomène marginal, mais ce monde-là vient parfois empiéter sur le nôtre et semer le trouble dans les consciences. Nous croyons assister à un sacrilège (l’autodafé !) sur un livre et au fond l’on assiste à un triste épisode de surproduction marchande au service d’une propagande médiocre (vous savez, cette fameuse médiocritas bourgeoise…)
Mon cher Mikaël, je vous envoie mes amitiés et vous présente mes excuses pour le style hâtif de ma réponse, mais je ne voulais pas traîner.
vendredi 22 novembre 2019
Une historiette de Béatrice
jeudi 21 novembre 2019
Oui, eh bien, il y a livre et livre, hein...
Il y a peu, dans des circonstances que je ne me suis pas
donné vraiment la peine d’approfondir, un groupe d’étudiants a déchiré ou abîmé
un certain nombre de livres dont l’auteur était François Hollande. Le nom de ce
dernier importe peu, d’ailleurs, tant la médiocrité d’un personnage politique
se révèle interchangeable… Je ne me pencherai pas non plus sur la revendication
étudiante qui, si elle me semblait justifiée, ne s’en prenait en réalité qu’au
piètre représentant d’un système au bout de sa représentation. Bien évidemment,
votre serviteur s’est posé des questions sur cette histoire de destruction de
livres. D’abord, qu’un libraire put se plaindre que l’on s’en prenne à la
marchandise, mise à disposition par l’éditeur en prévision de la signature de
l’insignifiant pantin politique, pourrait paraître logique. Tout volume
endommagé n’est par forcément remboursé par les assurances, et il semble bien
que le libraire, en effet, fasse tintin, à ce sujet. Nous sommes quelques-uns à
estimer que la librairie est devenue un métier encore plus périlleux avec la
généralisation des sites sur internet. Pour autant, la survie impose-t-elle
qu’on s’autorise à vendre n’importe quoi sans en risquer le contrecoup ? Si le
libraire en question est en accord avec les idées exprimées par l’auteur,
espérons qu’il assumera les effets de la colère étudiante par solidarité
militante. S’il est en désaccord et qu’il a tenté de vendre ces ouvrages par
pur esprit mercenaire, on songera alors que se plaindre d’un tel incident est
certes de bonne guerre pour s’assurer de la sympathie… hors ceux qui réprouvent
la logique marchande consistant à vendre n’importe quoi. Enfin persiste la
question de l’acte de destruction du livre, procédé qui suscite l’anathème en
raison de ses réminiscences historiques. Il faudra tout de même un jour s’interroger,
savoir si ce genre de merde fait partie des livres. De ce côté du clavier, l’on
a fait son camp depuis pas mal de temps. Ce gâchis de papier est voué à l’obsolescence
rapide et les étudiants ont seulement accéléré le processus. L’on agrée
également que le métier de libraire s’arrange de quelques compromis, que l’on
soit obligé de vanter des livres avec lesquels on se trouve en désaccord. Mais
le curseur entre le compromis et la compromission réside dans l’éthique de la
profession : celui de promouvoir des œuvres, de favoriser la culture, même
si celle-ci peut se trouver en désaccord avec soi-même. Il nous est arrivé de proposer
des saloperies déplaisantes, de réprouver les livres qui figuraient dans les rayonnages.
On débitait tout de même ces écrivains puants, comme Céline, parce qu’il n’est
pas du ressort d’un vendeur de faire un choix, tout au plus d’orienter sa
clientèle. Celui-ci est devenu plus facile dès lors que l’on s’est retrouvé à
son compte, et d’en payer éventuellement les conséquences. Mais ces « livres
politiques », ces professions de foi à la con, cette duperie mise en page par
le moindre homoncule politicard, pourquoi les appelle-t-on des livres ? Cette logorrhée dégoûtante — de
quelque bord que ce soit —, parfois écrite avec les ressources lexicales d’un
clébard, se révèle des « coups » opérés par des éditeurs qui ont pris la place
des organes de presse. Rassurons-nous : la dévalorisation du livre va bon
train. Bientôt, ces sinistres personnages s’apercevront que leurs mensonges
publiés sous cette forme ne recèlent plus aucun prestige. Enfin, l’on sait bien
que cet épisode de destruction, comme on l’a dit plus haut, rappelle d’autres
faits plus inquiétants, plus fâcheux — plus fachos, aussi —, mais j’aurais
quelques scrupules personnels à comparer le sort d’une caisse de merdes
politicardes arrosées de café avec le bûcher confectionné à l’aide de livres de
Zweig, Walter Benjamin, Heinrich et Klaus Mann, etc.
Mais je suis sûrement de mauvaise foi.
Mais je suis sûrement de mauvaise foi.
mardi 8 octobre 2019
Papa !
« Je me suis mis sous le patronage d’un nom que vous auriez voulu, depuis longtemps, avoir l’occasion d’honorer et que vous ne pouviez plus honorer qu’en moi. Aussi, est-ce le plus modestement du monde, croyez-le, que je viens aujourd’hui recevoir une récompense qui ne m’a été si spontanément accordée que parce qu’elle était réservée à une autre. » |
Alexandre Dumas fils : Discours de réception à l’Académie
française
dimanche 6 octobre 2019
mardi 1 octobre 2019
Une historiette de Béatrice
lundi 30 septembre 2019
Dans l'air du temps, ou 80 ans plus tard...
(Tiré de : La défense passive, in La Petite Illustration, juillet 1939)
Merci à la Bouquinerie Kontrapas
Merci à la Bouquinerie Kontrapas
samedi 28 septembre 2019
Du bruit et des odeurs
Tous le monde y pue, Y sent la charogne, Y a que l'grand Babu Qui sent l'eau d'cologne Tous le monde y pue, Y fait mal au cœur, Y a que l'grand Babu qu'a la bonne odeur |
(Hymne des Babus)
mercredi 25 septembre 2019
mardi 24 septembre 2019
dimanche 22 septembre 2019
Une historiette de Didier
En
juin, j’ai acheté dans une brocante un choix de poèmes de Paul Eluard,
publié par le Livre de poche en 1963. « Les Sept Poèmes d’amour en
guerre » (dans Au rendez-vous allemand ) sont interrompus (ou se
terminent) page 292, à quoi succède, d’une page 289 jusqu’à la page
320, un passage du Lolita de Nabokov. Eluard reprend page 325 avec Poésie ininterrompue et l’incipit « Rien ne peut déranger… ».
J’ouvrais le livre ce soir pour la première fois. |
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