mardi 10 août 2021

L'art de commencer ses phrases

[…]
  Paul Léautaud — Je n’ai jamais rien lu, dans ma vie, sans regarder beaucoup plus comment c’était écrit que ce que ça racontait.
  Robert Mallet — C’est surprenant de votre part.
  P.L. — Mais si, c’est comme ça. Un homme de lettres fait beaucoup plus attention à la façon dont c’est fait qu’à l’histoire elle-même. C’est de la déformation. Vous n’avez jamais observé cela, pour votre compte, quand vous lisez ?
  R.M. — Si, mais je l’ai parfois regretté. On arrive à ne plus assez penser à ce qui a été exprimé.
  P.L. — C’est en lisant des écrivains verbeux que j’a appris à écrire, en lisant des gens qui abusaient des images, pullulaient de l’adjectif et qui bavardaient.
  R.M. — Alors, c’est par réaction, en somme que vous avez écrit sobrement. Vous avez commencé par les imiter et ensuite, vous…
  P.L. — Je n’ai jamais imité les mauvais écrivains !
  R.M. — Vous les avez imités à vos débuts quand vous n’avez pas su vous défaire de certaines outrances verbales.
  P .L. — Mais ça n’a pas duré longtemps. Aujourd’hui, je suis intraitable. Quand le dernier volume du Journal de Gide a paru, j’ai écrit, sur le champ, une lettre à Gide, une lettre au crayon qui a au moins trois pages, et que je n’ai pas encore eu le courage de mettre à l’encre. Je lui fais des reproches sur son style. Je lui dis entre autres : « Vous commencez vos phrases par “Car”… Vous commencez à la ligne par “Mais”… Ça ne doit pas se faire. »
 
Paul Léautaud : Entretiens avec Robert Mallet (1951)

Abréviations : Lettre F

f.
ff.
f°.
fasc.
fers à fr.
front.
fig.
fx tit.








feuille
feuillets
in-folio
fascicule
fers à froid
frontispice
figure
faux titre

samedi 7 août 2021

Une historiette de Béatrice

— Les prix sont fixes ?
— Oui monsieur
— Je demande, on peut les discuter tout de même
— ...
— On n'est pas au Monoprix, au Monoprix les prix sont fixes, vous faites comme vous voulez mais moi je discute.

vendredi 6 août 2021

10/18 — Boris Vian : L'automne à Pékin




Boris Vian

L'automne à Pékin

suivi de
Avant de relire L'automne à Pékin
par
François CARADEC

n° 208

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple

310 pages (320 pages)
Dépôt légal : 4e trimestre 1967
Achevé d'imprimer : 4 octobre 1974

(Contribution du Tenancier)
Index

mercredi 21 juillet 2021

CENT !

L'historiette de Béatrice que vous venez de lire est la centième publiée sur le blog. Le plaisir éprouvé à lire ces saynètes, rédigées avec concision et humour ne vas pas se tarir si vite. Nous en possédons presque autant et nous gageons que le répertoire s’étoffera avant que nous venions à bout de notre réserve. Merci à Béatrice, pour ces infimes morceaux de la comédie humaine et d'avoir autorisé le Tenancier à les reproduire. On espère qu’un jour un éditeur aussi avisé que le fut Fabrice Mundzik entreprenne une édition augmentée de ces historiettes…

Une historiette de Béatrice

Seule visite de la journée: la prof de théâtre venue choisir pour ses élèves un cadeau de fin d'année, avec sa liste de 18 prénoms et son inspiration. Un roman poche pour chacun. Et son fiston sagement assis en face de moi, lisant des BD en attendant patiemment. Bonheur.

lundi 19 juillet 2021

Manière de finir

[…] J’espère que le parallélisme du destin de Poulet-Malassis et du mien s’arrêtera là : il a fait faillite (comme les trois quarts des éditeurs). Notons qu’il vaut mieux mourir après avoir fait faillite avec les Fleurs du Mal sur sa tombe que disparaître en laissant une fortune tirée de littératures ou médiocres ou indignes.
 
José Corti : Souvenirs désordonnés (1983)