vendredi 6 octobre 2023
jeudi 5 octobre 2023
Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 04
Pierre Laurendeau
La voie de la montagne
Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages,
dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995
sur
les presses de Deleatur pour le compte de rares intiés
Le Tenancier : Voici un
exposé curieux, à mi-chemin de
ton amour de la montagne et de la littérature conjecturale, qui
rappelle
fortement le mythe de Shangri-la. La différence réside dans la
localisation du
lieu secret, éminemment exotique, en définitive. Il faut signaler
l’incertitude
qui règne autour des faits présentés, joli exemple de brouillage auquel
le
lecteur doit se laisser abandonner, pour son plaisir.
Ce titre-là est-il passé par un « comité de lecture », ou étais-tu sûr de ton propos ? Comment garder la distance lorsque l’on devient son propre éditeur ?
Pierre Laurendeau : Ouh la la ! que de questions… Tout d’abord, c’est un des rares textes liés à la montagne que j’ai signé de mon nom, et non « Pierre Charmoz ». Je l’ai écrit, je crois, en 1992 après la lecture d’un roman de Gustav Meyrink qui parlait de la fameuse voie de la dissolution du cadavre et de l’épée du taoïsme1. Le taoïsme a toujours été la religion du peuple chinois, opposée au confucianisme, religion des élites lettrées. Je ne suis adepte d’aucune religion ou secte à mystère, mais cette image m’a durablement marqué par son étrangeté. Par ailleurs, lors du traité de Paris de 1947, l’Italie s’est vue rabotée de quelques territoires : notamment les trois dernières communes du comté de Nice qui étaient restées italiennes et la vallée Étroite, une vallée magnifique qui est orographiquement, hydrologiquement, linguistiquement et culturellement italienne, mais qui est devenue administrativement française. Il n’y a certes pas d’habitants permanents, mais ça complique les relations administratives ! J’ai imaginé qu’une secte crypto-taoïste avait profité des accords de Paris pour décaler la géographie et rendre la vallée invisible pour s’y cacher. Les références au géographe Occey-Lawson sont imaginaires (comme le géographe lui-même), mais le texte mêle le faux et le vrai, un peu à la manière de Borges (en toute humilité !). La Voie de la montagne a été repris, il me semble, dans la très belle et éphémère revue Altitude, il y a une vingtaine d’années... Que le temps passe !
Quant au comité de lecture de Deleatur, voilà une question très embarrassante : j’en parlerai à MM. Pierre Charmoz, Hurl Barbe, Jules Veine et consorts.
1 Le Dominicain blanc
Ce titre-là est-il passé par un « comité de lecture », ou étais-tu sûr de ton propos ? Comment garder la distance lorsque l’on devient son propre éditeur ?
Pierre Laurendeau : Ouh la la ! que de questions… Tout d’abord, c’est un des rares textes liés à la montagne que j’ai signé de mon nom, et non « Pierre Charmoz ». Je l’ai écrit, je crois, en 1992 après la lecture d’un roman de Gustav Meyrink qui parlait de la fameuse voie de la dissolution du cadavre et de l’épée du taoïsme1. Le taoïsme a toujours été la religion du peuple chinois, opposée au confucianisme, religion des élites lettrées. Je ne suis adepte d’aucune religion ou secte à mystère, mais cette image m’a durablement marqué par son étrangeté. Par ailleurs, lors du traité de Paris de 1947, l’Italie s’est vue rabotée de quelques territoires : notamment les trois dernières communes du comté de Nice qui étaient restées italiennes et la vallée Étroite, une vallée magnifique qui est orographiquement, hydrologiquement, linguistiquement et culturellement italienne, mais qui est devenue administrativement française. Il n’y a certes pas d’habitants permanents, mais ça complique les relations administratives ! J’ai imaginé qu’une secte crypto-taoïste avait profité des accords de Paris pour décaler la géographie et rendre la vallée invisible pour s’y cacher. Les références au géographe Occey-Lawson sont imaginaires (comme le géographe lui-même), mais le texte mêle le faux et le vrai, un peu à la manière de Borges (en toute humilité !). La Voie de la montagne a été repris, il me semble, dans la très belle et éphémère revue Altitude, il y a une vingtaine d’années... Que le temps passe !
Quant au comité de lecture de Deleatur, voilà une question très embarrassante : j’en parlerai à MM. Pierre Charmoz, Hurl Barbe, Jules Veine et consorts.
1 Le Dominicain blanc
mercredi 4 octobre 2023
Une historiette de Béatrice
mardi 3 octobre 2023
lundi 2 octobre 2023
Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 03
Anecdotes pour servir à l'Histoire secrète des Ebugors
Extrait
à Medoso, L'an de l'Ère des Ebugors, MMMCCCXXXIII
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages,
dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en mars 1995 sur
les presses de Deleatur pour le compte de quelques curieux
Le Tenancier : Cet extrait
d’ouvrage explore un autre
aspect de la collection : les mondes imaginaires et la littérature
conjecturale, même sous la forme d’un récit cryptique et satirique,
comme souvent
dans les textes anciens du genre. En réalité, ces intérêts (humour,
érotisme,
conjecture… et la montagne dont on reparlera au prochain volume)
dépassent le
cadre de la collection, puisqu’on les retrouve dans tes écrits et tes
éditions…
Pierre Laurendeau : Cher Tenancier, quelle pertinence dans l’analyse ! Je revendique l’éclectisme et la liberté de publier à ma fantaisie, n’étant point comme certains de mes confrères enfermé dans le cadre strict des ouvrages estampillés BCL (Bonne Critique Littéraire).
Au mitan des années 80, j’ai reçu une belle édition des Ebugors d’un correspondant toulousain, Patrick Oustric, qui était un admirateur inconditionnel du livre de Phil Frib, Loxéra Vroom Vroom, paru à l’enseigne de Deleatur en 1985. J’en profite pour le saluer ici !
Ce petit érotique crypté (Ebugors = bougres) met en scène les Omines (anagramme de « moines »), dont les plus sournois sont les Caginiens (Ignaciens ou jésuites), aussi fourbes que subtils. C’est assez drôle, et ça met à mal la gent des monastères, à une époque où ça pouvait coûter cher à son auteur. Si l’on en croit la couverture de l’édition originale, le livre fut publié en 3333 à Medoso (Sodome).
Pierre Laurendeau : Cher Tenancier, quelle pertinence dans l’analyse ! Je revendique l’éclectisme et la liberté de publier à ma fantaisie, n’étant point comme certains de mes confrères enfermé dans le cadre strict des ouvrages estampillés BCL (Bonne Critique Littéraire).
Au mitan des années 80, j’ai reçu une belle édition des Ebugors d’un correspondant toulousain, Patrick Oustric, qui était un admirateur inconditionnel du livre de Phil Frib, Loxéra Vroom Vroom, paru à l’enseigne de Deleatur en 1985. J’en profite pour le saluer ici !
Ce petit érotique crypté (Ebugors = bougres) met en scène les Omines (anagramme de « moines »), dont les plus sournois sont les Caginiens (Ignaciens ou jésuites), aussi fourbes que subtils. C’est assez drôle, et ça met à mal la gent des monastères, à une époque où ça pouvait coûter cher à son auteur. Si l’on en croit la couverture de l’édition originale, le livre fut publié en 3333 à Medoso (Sodome).
dimanche 1 octobre 2023
samedi 30 septembre 2023
Une historiette de Béatrice
vendredi 29 septembre 2023
jeudi 28 septembre 2023
Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 02
Jean de La Fontaine
Fables choisies
Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages,
dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en mars 1995 sur
les presses de Deleatur pour le compte de quelques enfants sages.
Le
Tenancier : Puisque nous parlons d’éclectisme, le
deuxième volume paraît plus orthodoxe… Mais revenons à cette impression
« sur le
coin du bureau ».
Je vois une
antériorité à ce genre de fabrication, plus traditionnelle toutefois.
Elle
utilise également le pliage in-octavo des feuilles A4 (ou format
correspondance à l’époque), entre autres : chez Guy Lévis Mano.
Pierre Laurendeau : Ah ! Tenancier ! tu essaies de m’enlever le bénéfice de la création ex nihilo de ma prodigieuse collection… Et tu as raison ! Outre GLM, citons l’ami Laucou (éditions du Fourneau, puis Fornax), avec qui j’avais coédité Famille Famine de Jacques Abeille, dans ce format (Christian s’était chargé de la conception graphique et de la fabrication). La différence avec mes prestigieux prédécesseurs : l’impression « à la demande » sur imprimante de bureau : pas de stocks (j’ai une petite réserve de dix exemplaires par titre) !
Concernant le volume 2 (choix de Fables de La Fontaine)… J’ai recyclé un leporello que j’avais réalisé pour le compte d’un éditeur de livres d’art – chaque fable était accompagnée d’une illustration quadri. Je n’ai conservé que les Fables, sans les illustrations !
Pierre Laurendeau : Ah ! Tenancier ! tu essaies de m’enlever le bénéfice de la création ex nihilo de ma prodigieuse collection… Et tu as raison ! Outre GLM, citons l’ami Laucou (éditions du Fourneau, puis Fornax), avec qui j’avais coédité Famille Famine de Jacques Abeille, dans ce format (Christian s’était chargé de la conception graphique et de la fabrication). La différence avec mes prestigieux prédécesseurs : l’impression « à la demande » sur imprimante de bureau : pas de stocks (j’ai une petite réserve de dix exemplaires par titre) !
Concernant le volume 2 (choix de Fables de La Fontaine)… J’ai recyclé un leporello que j’avais réalisé pour le compte d’un éditeur de livres d’art – chaque fable était accompagnée d’une illustration quadri. Je n’ai conservé que les Fables, sans les illustrations !
mercredi 27 septembre 2023
Paf, dans ma bibliothèque !
On découvrira un peu plus Stéphane
Mahieu dans une
conversation avec Pierre Laurendeau que je vous réserve dans quelques
billets.
Rien de plus stimulant qu’une lecture pour en susciter une autre et
amener à
quelques interrogations. Que je m’explique : piqué par la
relecture du Grand animal de Maastricht dans la
collection des Minilivres, j’ai exploré la bibliographie de son auteur
et
découvert cet ouvrage dont le titre allèche et promet d’alimenter
quelques
réflexions. En effet, je poursuis depuis plusieurs années l’exploration
d’un
univers personnel autour du Fleuve, gigantesque territoire où la
communication
n’est pas obérée par les barrières linguistique. Pour autant, le
recours à la
facilité d’une lingua franca suscite une
culpabilité, dans le sens où je suis pris en défaut d’imagination à ce
sujet.
La découverte de ce titre, rédigé par un membre du Collège de
‘Pataphysique, ne
réparera pas la lacune puisque beaucoup de mes récits ont été publiés,
mais
pourrait devenir une ouverture pour la suite. Il devient nécessaire
parfois
d’alimenter l’imagination par le raisonnement et Le
Phalanstère des langages excentriques semble un moyen de se
renouveler. Au-delà de cette vision un peu utilitaire, ce que j’ai lu
déjà de
Stéphane Mahieu me promet un moment de plaisir littéraire…
Petit aparté : il faut collectionner les titres hors du commun, comme dans un cabinet de curiosités impalpable. Ainsi, Le Phalanstère des langages excentriques, gagnera une place de choix à côté du Sanatorium des malades du temps d’Éric Faye, autant de lieux improbables qui mériteraient de se retrouver aussi dans le Guide nulle part et d’ailleurs…
Rien de ce qu’entreprend Pierre Laurendeau ne peut laisser indifférent er le plaisir de découvrir dans ma boîte aux lettres le dernier ouvrage écrit et publié par lui au Club Samizdat, sa collection particulière, nanti de plus d’un envoi autographe signé, ne pouvait qu’accentuer mon plaisir. Décidément, Mercure favorise les coïncidences car, entreprenant de revenir sur les Minilivres qu’il publia 30 ans plus tôt, me penchant sur un de ses auteurs dont je fais l’acquisition plus haut, j’ignorais que Pierre avait publié ce petit ouvrage de nouvelles courtes (parfois une page) également, achevé d’imprimé en juillet. Il me manque plusieurs volumes de cette délicieuse collection, fort rare parce que sa distribution est aléatoire et seulement dans quelques librairies. Sans être obsédé par la complétude, le défi risque d’être ardu qui va consister à les posséder tous. On évoquera ces volumes plus en détail un de ces jours. Je vais picorer avec toute la lenteur requise, sachant que ce type de nouvelle se savoure, surtout avec l’humour de Pierre. Cela fait un certain temps que je n’avais pas reçu un livre avec envoi. Ici, il s’agit de l’un de mes éditeurs, d’un confrère talentueux en écriture et d’une personne que j’estime à la hauteur de l’amitié.
C’est tout pour aujourd’hui. Maintenant, il va falloir trouver du temps pour lire ce qui s’accumule…
Stéphane Mahieu : Le phalanstère des langages excentriques — Ginkgo éditeur, 2005
Pierre Laurendeau : Le passager clandestin et autres histoires brèves — Club Samizdat, 2023
Petit aparté : il faut collectionner les titres hors du commun, comme dans un cabinet de curiosités impalpable. Ainsi, Le Phalanstère des langages excentriques, gagnera une place de choix à côté du Sanatorium des malades du temps d’Éric Faye, autant de lieux improbables qui mériteraient de se retrouver aussi dans le Guide nulle part et d’ailleurs…
Rien de ce qu’entreprend Pierre Laurendeau ne peut laisser indifférent er le plaisir de découvrir dans ma boîte aux lettres le dernier ouvrage écrit et publié par lui au Club Samizdat, sa collection particulière, nanti de plus d’un envoi autographe signé, ne pouvait qu’accentuer mon plaisir. Décidément, Mercure favorise les coïncidences car, entreprenant de revenir sur les Minilivres qu’il publia 30 ans plus tôt, me penchant sur un de ses auteurs dont je fais l’acquisition plus haut, j’ignorais que Pierre avait publié ce petit ouvrage de nouvelles courtes (parfois une page) également, achevé d’imprimé en juillet. Il me manque plusieurs volumes de cette délicieuse collection, fort rare parce que sa distribution est aléatoire et seulement dans quelques librairies. Sans être obsédé par la complétude, le défi risque d’être ardu qui va consister à les posséder tous. On évoquera ces volumes plus en détail un de ces jours. Je vais picorer avec toute la lenteur requise, sachant que ce type de nouvelle se savoure, surtout avec l’humour de Pierre. Cela fait un certain temps que je n’avais pas reçu un livre avec envoi. Ici, il s’agit de l’un de mes éditeurs, d’un confrère talentueux en écriture et d’une personne que j’estime à la hauteur de l’amitié.
C’est tout pour aujourd’hui. Maintenant, il va falloir trouver du temps pour lire ce qui s’accumule…
Stéphane Mahieu : Le phalanstère des langages excentriques — Ginkgo éditeur, 2005
Pierre Laurendeau : Le passager clandestin et autres histoires brèves — Club Samizdat, 2023
mardi 26 septembre 2023
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