lundi 5 février 2024
dimanche 4 février 2024
samedi 3 février 2024
vendredi 2 février 2024
Rien ! Rien ! Rien !
C’est une sottise que d’écrire des romans pour gagner sa vie. Je vous assure. C’est étrange. L’irréalité de la chose donne l’impression de pénétrer dans votre vie réelle, de vous entrer dans les os, de faire battre l’illusion dans les artères à chaque pulsation du cœur. La volonté se fait esclave des hallucinations, ne réagit qu’ à des élans fantomatiques, est au service de la seule imagination. État étrange, aventure éprouvante, cette sorte de brûlante ordalie par l’insincérité. Et on la traverse avec une exaltation aussi fausse que tout le reste. On la traverse et on n’a rien à montrer au bout du compte. Rien ! Rien ! Rien ! |
Citée par Sylvère Monod dans la préface de Œuvres, dans la Pléiade.
jeudi 1 février 2024
Graines de Chouïa
Allons bon, me voici en panne
provisoire de mes échanges
avec Pierre Laurendeau au sujet de sa collection des Minilivres. « Qu’à
cela ne
tienne, mon p’tit Tenancier, nous avons de la ressource », clame mon
alter ego !
Ainsi, signalons à votre sagacité bibliomane la continuation de la
collection
Samizdat par le même éditeur avec une quarantaine de titres publiés. Le
petit
dernier par Patrick Boutin joue sur les mots ou quelques à-peu-près
devraient réjouir les commentateurs du présent blogue.
On se tient prêt par ici à commencer une série de commentaires autour de la collection Samizdat dès que s’achèvera celle sur les Minilivres…
On se tient prêt par ici à commencer une série de commentaires autour de la collection Samizdat dès que s’achèvera celle sur les Minilivres…
mercredi 31 janvier 2024
Paf, dans ma bibliothèque !
Pour 1 € on peut se procurer
quatre exemplaires de la Série noire à la recyclerie de ma ville. On
trouve
toujours des choses intéressantes dans le lot. Ainsi, tout une quantité
de
Westlake m’est passée sous le nez, au profit d’un ami. Tant mieux pour
lui.
Comme je l’indiquais il y a peu, j’éprouve une légère lassitude à
l’égard de celui-là
(de Westlake, hein) et j’en possède de toute façon assez pour me contenter d’une
exhumation…
Les trois ouvrages acquis dernièrement (pas réussi à trouver un quatrième qui m’intéresse, désolé) se révèlent assez disparates.
D’abord, Elmore Leonard reste l’un des auteurs de polars dont on connaît l’œuvre malgré tout sans pour autant l’avoir lu pour la bonne raison qu’énormément de ses romans ont été tournés au cinéma ou pour la téloche. Valdez est arrivé appartient à la série des westerns, et ne me dites pas que vous ignorez la contribution de Leonard au genre ! Il suffit de citer 3 h 10 pour Yuma (1957, Delmer Daves) pour éclairer votre lanterne. Rentré à la maison, je me suis aperçu que je possédais déjà ce volume. Je vais les comparer, garder le plus « mint », comme disent les disquaires et offrir le retoqué (mais en bon état) à quelqu’un qui aime ces petits romans nerveux.
Je demeure dubitatif au sujet de Vautrin, avec cette histoire de colleurs d’affiches voyous. Tout à coup, le style me semble suranné après avoir sondé les premières pages. Nous allons nous y remettre sérieusement sous peu, une fois que l’a priori se sera un peu dissipé.
Votre Tenancier éprouve une jouissance coupable à lire de temps à autre des espionnages du temps de la Guerre froide. Les aventures de Sam Durrell, agent de la CIA d’origine cajun répond à tous les clichés du genre et même plus si affinité puisque, crapahutant dans une république arabe au cours d’un de ces romans, on se croirait transplanté dans un film des années 30. Reste une phrase prémonitoire (je vous la retrouverai un jour), qui préfigurait le 11 septembre. Edward S. Aarons produisait très régulièrement ces espionnages standards qu’on lit avec une nostalgie amusée à cause de l’impérialisme occidental et son machisme. À noter que les titres originaux comportaient « assignment » à chaque volume. Assignment Tokyo et sa traduction, Virus-party, se complètent assez pour annoncer la couleur de l’histoire. Votre Tenancier possède une vingtaine de bouquins d’Aarons. Votre Tenancier assume sa perversion.
Ce Hillerman manquait à ma bibliothèque. Moi, j’aime, même si je trouve les enquêtes parfois inconsistantes, voire soporifiques selon mon humeur. En définitive, je pense lire les polars comme si c’était une mauvaise manie et j’ai tort, bien sûr. Se plonger dans Hillerman, c’est comme retrouver des vieux chaussons confortables ou rêver devant un catalogue de voyagiste. Je suis dur ? Dans ma bouche, c’est plutôt un compliment, concernant Jim Chee et consorts…
Voici un livre terrible. J’avoue avoir hésité à le prendre. Je sais d’avance ce que je vais y rencontrer et je me doute que ce sera pire que ce à quoi je m’attends. Les photos de l’encart central, habituel dans cette collection, sont malaisantes. Ai-je à en dire plus ? Je vous reproduis ci-dessous le résumé, ce qui vaut mieux que toute considération de ma part.
Les trois ouvrages acquis dernièrement (pas réussi à trouver un quatrième qui m’intéresse, désolé) se révèlent assez disparates.
D’abord, Elmore Leonard reste l’un des auteurs de polars dont on connaît l’œuvre malgré tout sans pour autant l’avoir lu pour la bonne raison qu’énormément de ses romans ont été tournés au cinéma ou pour la téloche. Valdez est arrivé appartient à la série des westerns, et ne me dites pas que vous ignorez la contribution de Leonard au genre ! Il suffit de citer 3 h 10 pour Yuma (1957, Delmer Daves) pour éclairer votre lanterne. Rentré à la maison, je me suis aperçu que je possédais déjà ce volume. Je vais les comparer, garder le plus « mint », comme disent les disquaires et offrir le retoqué (mais en bon état) à quelqu’un qui aime ces petits romans nerveux.
Je demeure dubitatif au sujet de Vautrin, avec cette histoire de colleurs d’affiches voyous. Tout à coup, le style me semble suranné après avoir sondé les premières pages. Nous allons nous y remettre sérieusement sous peu, une fois que l’a priori se sera un peu dissipé.
Votre Tenancier éprouve une jouissance coupable à lire de temps à autre des espionnages du temps de la Guerre froide. Les aventures de Sam Durrell, agent de la CIA d’origine cajun répond à tous les clichés du genre et même plus si affinité puisque, crapahutant dans une république arabe au cours d’un de ces romans, on se croirait transplanté dans un film des années 30. Reste une phrase prémonitoire (je vous la retrouverai un jour), qui préfigurait le 11 septembre. Edward S. Aarons produisait très régulièrement ces espionnages standards qu’on lit avec une nostalgie amusée à cause de l’impérialisme occidental et son machisme. À noter que les titres originaux comportaient « assignment » à chaque volume. Assignment Tokyo et sa traduction, Virus-party, se complètent assez pour annoncer la couleur de l’histoire. Votre Tenancier possède une vingtaine de bouquins d’Aarons. Votre Tenancier assume sa perversion.
Ce Hillerman manquait à ma bibliothèque. Moi, j’aime, même si je trouve les enquêtes parfois inconsistantes, voire soporifiques selon mon humeur. En définitive, je pense lire les polars comme si c’était une mauvaise manie et j’ai tort, bien sûr. Se plonger dans Hillerman, c’est comme retrouver des vieux chaussons confortables ou rêver devant un catalogue de voyagiste. Je suis dur ? Dans ma bouche, c’est plutôt un compliment, concernant Jim Chee et consorts…
Voici un livre terrible. J’avoue avoir hésité à le prendre. Je sais d’avance ce que je vais y rencontrer et je me doute que ce sera pire que ce à quoi je m’attends. Les photos de l’encart central, habituel dans cette collection, sont malaisantes. Ai-je à en dire plus ? Je vous reproduis ci-dessous le résumé, ce qui vaut mieux que toute considération de ma part.
Elmore Leonard : Valdez est arrivé — Gallimard, Série noire (1979)
Jean Vautrin : À bulletins rouges — Gallimard, Série noire (1973)
Edward S. Aarons : Virus-party — Gallimard, Série noire espionnage (1972)
Tony Hillerman : Un homme est tombé — Rivages/noir (2000)
Patrick Declerck : Les naufragés, Avec les clochards de Paris — Plon, Terre humaine (2002)
mardi 30 janvier 2024
lundi 29 janvier 2024
Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 25
A. Thevet
universelle
Livre vintdeuzieme,
Angers — Éditions Deleatur, 1996
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques voyageurs
Le Tenancier : Dans cette collection, on aime bien les géographies imaginaires ou ancienne, les fous littéraires et, en définitive, les aberrations de toutes sortes, mâtinées ici de considérations gastronomiques, puisqu’on voit des cannibales saler leurs victimes. Évidemment, on sent que l’éditeur a développé une sensibilité envers les textes de traverse…
Pierre Laurendeau : Comme j’ai eu l’occasion de le mentionner pour le numéro 24 (Hérodote), ces deux minilivres ont été concoctés à l’occasion d’une présentation des trésors de la Bibliothèque municipale d’Angers.
André Thevet (1516-1592) fut explorateur ; il accompagna notamment l’expédition française au Brésil de 1555, à l’occasion de laquelle fut édifiée une colonie de « la France antarctique », qui dura cinq ans et se termina par la destruction du fort Coligny par la flotte portugaise. Le récit que Thevet fit de son voyage, s’il souffre d’approximations, est considéré comme fondateur de l’ethnologie.
Je ne me souviens plus si l’exemplaire de la bibliothèque d’Angers est l’édition originale de 1557 ou la réédition par Plantin de 1558.
Toujours à propos du livre de Thevet, selon Frank Lestringant qui préface son choix de passages (éd. La Découverte, 1983), le libraire Maurice de la Porte qui publia la première édition se fit aider par un « bachelier », Mathurin Héret, pour mettre de l’ordre dans les notes de Thevet et les rédiger. Il semble que le pauvre bachelier fut un peu oublié au moment de la publication – ce dernier intenta un procès à l’auteur et à l’éditeur « pour usurpation de labeur ». Il obtint gain de cause et fut dédommagé de son travail par vingt écus d’or, mais ne put apposer son nom en tant que coauteur en tête d’ouvrage, comme il le réclamait. C’est le premier cas connu, il me semble, de revendication par un « nègre » (on dit maintenant « auteur associé ») d’apparaître au grand jour.
dimanche 28 janvier 2024
samedi 27 janvier 2024
Une historiette de Béatrice
vendredi 26 janvier 2024
jeudi 25 janvier 2024
Fake news, mon cul !
Parmi les mots
anglo-saxons à la mode, Fake News
tient bien la rampe depuis plusieurs années dans les médias qui, l’on
s’en
aperçoit de plus en plus, se casse de moins en moins le tronc pour
livrer une
traduction du terme. Le Comité d’enrichissement de la langue française
(sic !)
propose le mot-valise « infox » qui fleure bon son montage
technocratique à l’usage des « communicants ». Quant à nous,
nous
préférons encore cette vieille catin de langue française, enfin celle qui n'a nul besoin d'être « enrichie » :
CANARD :
Fausse nouvelle, récit
mensonger inséré dans
un journal. — « Nous appelons un canard, répondit Hector, un fait
qui a l’air
vrai, mais qu’on invente pour relever les Faits-Paris quand ils sont
pâles. »
(Balzac.) — « Ces sortes de machines de guerre sont d’un emploi
journalier
à la Bourse, et on les a, par euphémisme, nommés canards. »
(Mornand.) — Une anecdote du tome Ier du Dictionnaire
de l’Industrie (Paris,
Lacombe, 1776), semble nous livrer l’origine de ce mot : On lit, dans la Gazette d’agriculture, un procédé singulier pour prendre les canards sauvages. On fait bouillir un gland de chêne, gros et long, dans une décoction de séné et de jalap ; on l’attache par le milieu à une ficelle mince, mais forte ; on jette le gland à l’eau. Celui qui tient le bout de la ficelle doit être caché. Le gland avalé purge le canard qui le rend aussitôt ; un autre canard survient, avale ce même gland, le rend de même ; un troisième, un quatrième, un cinquième s’enfilent de la même manière. On rapporte à ce sujet l’histoire d’un huissier, dans le Perche, qui laissa enfiler vingt canards ; ces canards, en s’envolant, enlevèrent l’huissier. La corde se rompit, et le chasseur eut la cuisse cassée. Ceux qui ont inventé cette histoire auraient pu la terminer par une heureuse apothéose, au lieu de la terminer par un denoûment aussi tragique. La grossièreté de cette histoire, comme dit notre citation, — l’aura fait prendre comme type des contes de gazette, et canard sera resté pour qualifier le genre entier. On trouve « donner des canards : tromper » dans le dictionnaire d’Hautel (1805). |
Mais se priver de la mémoire des mots fait sans doute, également, partie d’un « projet »…
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