lundi 8 juillet 2024
samedi 6 juillet 2024
Paf, dans ma bibliothèque !
Le Tenancier vous avait promis du
neuf, mais par ailleurs il
ne résiste jamais à l’attrait de quelques livres d’occasion, d’autant
que celui
d’aujourd’hui détient un intérêt particulier. En effet, le César
de Gérard Walter date de 1947 pour sa première édition et l’on
peut gager que des études sur le personnage ont bénéficié de beaucoup
d’apports
en plus de soixante-quinze ans, mais qu’importe, parce que l’on y
trouve l’événement
suivant : Jules devient l’otage de pirates, paye une rançon élevée
et
promet de les exécuter, presque en plaisantant, ce à quoi il s’emploie
une fois
libéré. L’épisode est très résumé par nos soins, il se révèle plus
animé sous
la plume de Plutarque (Les Vies
parallèles) et fort bien rapporté par Walter. Votre Tenancier, la
première
fois qu’il était tombé sur cette péripétie — sans doute dans
Plutarque, il
y a des années de cela — s’est toujours demandé pourquoi une telle
histoire n’avait jamais été adaptée en péplum par un Cottavafi, un
Freda ou
autre. À la réflexion, un cinéaste étasunien aurait peut-être plus
convenu… Il
est vrai que l’image de César au cinoche demeure très codifiée, à son
apothéose
sanglante ou à ses incartades égyptiennes (Ah, Claudette Colbert ou
Élisabeth
Taylor, surgissant du tapis déroulé…) Mais reconnaissons que les débuts
sont
prometteurs, non ? Bref,
le Romain savait s’amuser.
Il reste toujours passionnant de voir éclore un véritable écrivain et c’est le cas lorsque l’on se confronte au troisième roman de Grégoire Domenach, récit d’un exil en Asie centrale, plus exactement au Kirghizstan où l’on sent et l’on sait que l’auteur y possède des attaches. Cependant, rien ne laisse pressentir que celles-ci procèdent de la malignité dans leur utilisation. Un peu d’honnêteté ne messied pas au milieu d’une pléthore de textes qui prétendent rapporter et qui ne racontent rien sinon le moi encombrant — et encombré — de plagiaires choyés par la presse. On a pensé ici à Kessel et à nombre de livres où l’on traverse un paysage palpable, habité par des personnages véritables, non parce qu’ils existeraient, peu importe, mais en raison de leur cohérence et de l’habileté avec laquelle ils apparaissent au fil de la narration. Même si le récit est une fiction, le cadre, lui, s’ancre dans le réel. Le lecteur attentif découvrira également que l’auteur possède un don pour l’évocation historique. Derrière ce clavier, l’on garde un souvenir très vif du compte-rendu de l’attaque de la poste de Dantzig, comme une annexe dans un premier roman encore maladroit, mais qui laisse pressentir ses potentialités. Dans le présent, l’on assistera, en introduction, au martyre de deux diplomates britanniques face à l’Émir de Boukhara et l’on se demande encore la raison pour laquelle Grégoire Domenach n’y a pas consacré un récit entier. L’histoire, vous ne dites rien de l’histoire, Tenancier ! Elle demeure simple, c’est une pérégrination où l’on voit et où l’on rencontre et où l’aventure se pare d’une mélancolie que tout lecteur du Manuel du parfait aventurier de Mac Orlan doit connaître. « Tenancier, vous citez Kessel et Mac Orlan, l’évocation est lourde ». Oui, mais elle se justifie par bien des aspects.
Il arrive que l’acquisition de livres s’effectue par une sympathie spontanée non envers un auteur, mais à l’égard de celui qui les a collationnés dans sa maison d’édition. À cet égard, la brève entrevue avec Marc Nagels qui dirige les Terres du Couchant et le plaisir d’un échange fugace se prolonge dans la lecture de ses productions. L’on n’a pas tout lu pour le moment, la rencontre est récente et l’on dose son contentement. Mais ce qui a attiré tout d’abord l’œil de votre Tenancier se résume à la sobriété des livres, tous établis sous la même charte graphique et typographique, avec cette petite touche d’élégance qui consiste à glisser un marque page intimement lié au titre. Est-ce de la bibliophilie ? On a déjà souvent ici prétendu que cette vilaine manie relevait du goût personnel et non de canons arbitraires et à cet égard l’élégance visuelle de toute la collection ajoute au plaisir d’un choix très soigné. On a lu pour l’instant La fugue à Noto de Le Guillou (méditation sur la solitude) et Horn d’Alain Emery (un portrait dans un style très soutenu que l'on va relire, car découvert au milieu de la foule et des interruptions). On connaissait le premier, à cause de ses rapports avec Gracq, on a découvert le deuxième à travers son style précis qui ne peut que ravir votre Tenancier chéri, suscitant même une ou deux pointes de jalousie sur le choix de mots ou l’agencement d’une phrase. On dispose d’un autre ouvrage de celui-ci, un de Roland Goeller, qui fréquente comme votre serviteur les colonnes de la revue l’Ampoule et enfin un roman plus épais d’Yves Fravalo, conseillé parMarc Nagels. À vrai dire, ce qui semble lier l’éditeur à ses auteurs réside dans la référence constante à Julien Gracq considéré comme une figure tutélaire. Puisque, par ailleurs, la marchandisation d’un de nos écrivains favoris va bon train à coup de fac-similés pourris, on trouvera le réconfort dans la découverte de ses continuateurs, infirmant en cela que Gracq fut le dernier représentant d’une certaine conception de la littérature. En effet, la rencontre se révèle importante et l’on s’offre le plaisir d’une prolongation avec des lectures enthousiasmantes. Cela rassure.
Bien entendu, votre Tenancier ne professe aucune ambition de critique lorsqu’il expose ses acquisitions dans ce blogue. Cela se résumerait plutôt à un « état » de sa curiosité et tant mieux s’il en parle en détail parfois. Mais, déjà, rentrer un livre chez soi procède d’une certaine estime…
Gérard Walter : César — Marabout (1980)
Grégoire Domenach : Refuge au crépuscule — Bourgois (2024)
Philippe Le Guillou : La fugue à Noto — Terres du couchant (2024)
Alain Emery : Horn — Terres du couchant (2021)
Alain Emery : Quatre rivières — Terres du couchant (2022)
Roland Goeller : Prenez garde à l’intervalle entre le marchepied et le quai — Terres du couchant (2021)
Yves Fravalo : Et les printemps pourtant — Terres du couchant (2019)
Il reste toujours passionnant de voir éclore un véritable écrivain et c’est le cas lorsque l’on se confronte au troisième roman de Grégoire Domenach, récit d’un exil en Asie centrale, plus exactement au Kirghizstan où l’on sent et l’on sait que l’auteur y possède des attaches. Cependant, rien ne laisse pressentir que celles-ci procèdent de la malignité dans leur utilisation. Un peu d’honnêteté ne messied pas au milieu d’une pléthore de textes qui prétendent rapporter et qui ne racontent rien sinon le moi encombrant — et encombré — de plagiaires choyés par la presse. On a pensé ici à Kessel et à nombre de livres où l’on traverse un paysage palpable, habité par des personnages véritables, non parce qu’ils existeraient, peu importe, mais en raison de leur cohérence et de l’habileté avec laquelle ils apparaissent au fil de la narration. Même si le récit est une fiction, le cadre, lui, s’ancre dans le réel. Le lecteur attentif découvrira également que l’auteur possède un don pour l’évocation historique. Derrière ce clavier, l’on garde un souvenir très vif du compte-rendu de l’attaque de la poste de Dantzig, comme une annexe dans un premier roman encore maladroit, mais qui laisse pressentir ses potentialités. Dans le présent, l’on assistera, en introduction, au martyre de deux diplomates britanniques face à l’Émir de Boukhara et l’on se demande encore la raison pour laquelle Grégoire Domenach n’y a pas consacré un récit entier. L’histoire, vous ne dites rien de l’histoire, Tenancier ! Elle demeure simple, c’est une pérégrination où l’on voit et où l’on rencontre et où l’aventure se pare d’une mélancolie que tout lecteur du Manuel du parfait aventurier de Mac Orlan doit connaître. « Tenancier, vous citez Kessel et Mac Orlan, l’évocation est lourde ». Oui, mais elle se justifie par bien des aspects.
Il arrive que l’acquisition de livres s’effectue par une sympathie spontanée non envers un auteur, mais à l’égard de celui qui les a collationnés dans sa maison d’édition. À cet égard, la brève entrevue avec Marc Nagels qui dirige les Terres du Couchant et le plaisir d’un échange fugace se prolonge dans la lecture de ses productions. L’on n’a pas tout lu pour le moment, la rencontre est récente et l’on dose son contentement. Mais ce qui a attiré tout d’abord l’œil de votre Tenancier se résume à la sobriété des livres, tous établis sous la même charte graphique et typographique, avec cette petite touche d’élégance qui consiste à glisser un marque page intimement lié au titre. Est-ce de la bibliophilie ? On a déjà souvent ici prétendu que cette vilaine manie relevait du goût personnel et non de canons arbitraires et à cet égard l’élégance visuelle de toute la collection ajoute au plaisir d’un choix très soigné. On a lu pour l’instant La fugue à Noto de Le Guillou (méditation sur la solitude) et Horn d’Alain Emery (un portrait dans un style très soutenu que l'on va relire, car découvert au milieu de la foule et des interruptions). On connaissait le premier, à cause de ses rapports avec Gracq, on a découvert le deuxième à travers son style précis qui ne peut que ravir votre Tenancier chéri, suscitant même une ou deux pointes de jalousie sur le choix de mots ou l’agencement d’une phrase. On dispose d’un autre ouvrage de celui-ci, un de Roland Goeller, qui fréquente comme votre serviteur les colonnes de la revue l’Ampoule et enfin un roman plus épais d’Yves Fravalo, conseillé parMarc Nagels. À vrai dire, ce qui semble lier l’éditeur à ses auteurs réside dans la référence constante à Julien Gracq considéré comme une figure tutélaire. Puisque, par ailleurs, la marchandisation d’un de nos écrivains favoris va bon train à coup de fac-similés pourris, on trouvera le réconfort dans la découverte de ses continuateurs, infirmant en cela que Gracq fut le dernier représentant d’une certaine conception de la littérature. En effet, la rencontre se révèle importante et l’on s’offre le plaisir d’une prolongation avec des lectures enthousiasmantes. Cela rassure.
Bien entendu, votre Tenancier ne professe aucune ambition de critique lorsqu’il expose ses acquisitions dans ce blogue. Cela se résumerait plutôt à un « état » de sa curiosité et tant mieux s’il en parle en détail parfois. Mais, déjà, rentrer un livre chez soi procède d’une certaine estime…
Gérard Walter : César — Marabout (1980)
Grégoire Domenach : Refuge au crépuscule — Bourgois (2024)
Philippe Le Guillou : La fugue à Noto — Terres du couchant (2024)
Alain Emery : Horn — Terres du couchant (2021)
Alain Emery : Quatre rivières — Terres du couchant (2022)
Roland Goeller : Prenez garde à l’intervalle entre le marchepied et le quai — Terres du couchant (2021)
Yves Fravalo : Et les printemps pourtant — Terres du couchant (2019)
vendredi 5 juillet 2024
Une circulation secrète
Une certaine facilité tendrait à
considérer que l’itinéraire
d’un livre, partant de l’imprimeur ou même du fabricant de papier
s’arrêterait
à l’étal du libraire, où le client se révélerait la destination finale.
Certes,
l’on évoque leur seconde vie, confrontés à la soudaine désertion
du
lecteur par décès plus ou moins subit ou par mort sociale :
prison,
chômage, etc. Ce sursis dans l’occasion est rappelé souvent par
incidente et
concerne moins le livre lui-même que les problèmes que posent sa survie,
malgré
tout et parfois aux politiciens et également à ceux qui aimeraient leur
disparition au profit de leur camelote goncourisée et œuvrant en
chœur dans
ce sens. On pourrait causer à longueur de colonnes, de cette vie
visible et
de ses vicissitudes, de sa survie, aussi, dans un monde qui s’enfonce
de plus
en plus dans la sottise prudhommesque — allez voir certaines
historiettes
de Béa dans le présent blogue — lorsqu’il ne se révèle pas fasciste.
Il existe cependant une circulation intime des livres qui, une fois arrivés entre les mains du lecteur, accomplissent un destin varié selon leur contenu. Si quelques-uns gagnent tout de suite le rayonnage d’une bibliothèque pour diverses raisons, d’autres effectuent un trajet qui va de la table, juste après l’achat, vers le bureau du chroniqueur ou au chevet pour le vulgaire lecteur ; vulgarité toute relative qui entretient plus de rapport avec l’humilité qu’à l’omniscience des ignares. Ensuite, si la bibliothèque n’en peut mais, il rejoindra une pile posée à même le sol qui sera écrémée lorsque celle-ci deviendra branlante ou trop haute, si l’on se montre habile et ordonné pour ce deuxième cas. L’excédent se retrouvera chez le bouquiniste, à la recyclerie, etc., et entamera la troisième partie de son existence ou l’enjeu de sa survie dépendra de son contenu, de la mode, ou d’autre chose encore. Reste cette circulation endogène, parfois si lente qu’elle se compte en poussière accumulée sur les tranches ou sur les plats ou bien en infimes incidents ou même la chiure de mouche devient un indice d’ancienneté sans ignorer non plus la décoloration des dos. Certains vivent ainsi dans les marges d’un désintérêt qui se veut momentané et qui dure au-delà de la motivation initiale qui avait présidé à leur choix. L’on redécouvre alors et l’on se demande. Mais la bibliothèque que nous avons négligée ne devient pas pour autant le cimetière que l’on peut imaginer, au large de cette circulation discrète. On y prélève, on s’y livre à des révisions, on y évolue à la mesure de son contenu. Tel lecteur extraira un essai découvert des éternités auparavant, le laissera traîner un moment non loin de lui, caressera en pensée la saveur ancienne, ouvrira quelques pages et se rendra compte de sa déception : ce n’était que cela. Nous avons perdu depuis longtemps derrière nous ce qui formait la substance de la rêverie ou de la pensée qui s’y attachait. Le lecteur est volage, tant mieux pour lui et tant pis pour le volume qui regagnera le rayonnage si son détenteur est reconnaissant ou bien sera « désherbé » avec une pointe de regret.
Nombre de livres se déplacent ainsi simultanément chez le curieux, de façon presque étrange, comme une représentation matérialisée d’un cheminement dialectique qui empilerait des jalons livresques, parfois cornés par des gougnafiers quand ils ne sont pas annotés. On y témoigne aussi de passions renaissantes : relire Conrad, relire London ou Flaubert, ou Balzac, des titres jamais lus ou des promesses dont on s’acquitte à l’égard d’auteurs contemporains qui ont paru un peu emmerdants après achat — et puis « ça y’est », on marche dans la combine du style et de la narration. Les livres réapparaissent aussi, de façon fortuite, au hasard d’une recherche : le bouquin d’à côté attire et interroge. On s’étonne du temps qui passe et des livrées de couvertures si datées, parfois, que l’on se dit que le réflexe de la sobriété de certains maquettistes épargne bien de petites hontes à ses lecteurs. L’esprit s’égare encore, en rencontrant un livre en travers d’un rayonnage, pas à sa place, peut-être posé là à la hâte en cherchant autre chose ; on s’intrigue de ces générations spontanées, mais à peine, puisque nous sommes rompus depuis l’enfance au phénomène. Peut-être faudrait-il une atteinte psychique spéciale qui nous mettrait dans la disposition d’établir des schémas de circulation et d’en déduire une sorte de conspiration de l’intelligence dont nous deviendrions les instruments inconscients.
Tout cela nous échappe, en somme.
Il existe cependant une circulation intime des livres qui, une fois arrivés entre les mains du lecteur, accomplissent un destin varié selon leur contenu. Si quelques-uns gagnent tout de suite le rayonnage d’une bibliothèque pour diverses raisons, d’autres effectuent un trajet qui va de la table, juste après l’achat, vers le bureau du chroniqueur ou au chevet pour le vulgaire lecteur ; vulgarité toute relative qui entretient plus de rapport avec l’humilité qu’à l’omniscience des ignares. Ensuite, si la bibliothèque n’en peut mais, il rejoindra une pile posée à même le sol qui sera écrémée lorsque celle-ci deviendra branlante ou trop haute, si l’on se montre habile et ordonné pour ce deuxième cas. L’excédent se retrouvera chez le bouquiniste, à la recyclerie, etc., et entamera la troisième partie de son existence ou l’enjeu de sa survie dépendra de son contenu, de la mode, ou d’autre chose encore. Reste cette circulation endogène, parfois si lente qu’elle se compte en poussière accumulée sur les tranches ou sur les plats ou bien en infimes incidents ou même la chiure de mouche devient un indice d’ancienneté sans ignorer non plus la décoloration des dos. Certains vivent ainsi dans les marges d’un désintérêt qui se veut momentané et qui dure au-delà de la motivation initiale qui avait présidé à leur choix. L’on redécouvre alors et l’on se demande. Mais la bibliothèque que nous avons négligée ne devient pas pour autant le cimetière que l’on peut imaginer, au large de cette circulation discrète. On y prélève, on s’y livre à des révisions, on y évolue à la mesure de son contenu. Tel lecteur extraira un essai découvert des éternités auparavant, le laissera traîner un moment non loin de lui, caressera en pensée la saveur ancienne, ouvrira quelques pages et se rendra compte de sa déception : ce n’était que cela. Nous avons perdu depuis longtemps derrière nous ce qui formait la substance de la rêverie ou de la pensée qui s’y attachait. Le lecteur est volage, tant mieux pour lui et tant pis pour le volume qui regagnera le rayonnage si son détenteur est reconnaissant ou bien sera « désherbé » avec une pointe de regret.
Nombre de livres se déplacent ainsi simultanément chez le curieux, de façon presque étrange, comme une représentation matérialisée d’un cheminement dialectique qui empilerait des jalons livresques, parfois cornés par des gougnafiers quand ils ne sont pas annotés. On y témoigne aussi de passions renaissantes : relire Conrad, relire London ou Flaubert, ou Balzac, des titres jamais lus ou des promesses dont on s’acquitte à l’égard d’auteurs contemporains qui ont paru un peu emmerdants après achat — et puis « ça y’est », on marche dans la combine du style et de la narration. Les livres réapparaissent aussi, de façon fortuite, au hasard d’une recherche : le bouquin d’à côté attire et interroge. On s’étonne du temps qui passe et des livrées de couvertures si datées, parfois, que l’on se dit que le réflexe de la sobriété de certains maquettistes épargne bien de petites hontes à ses lecteurs. L’esprit s’égare encore, en rencontrant un livre en travers d’un rayonnage, pas à sa place, peut-être posé là à la hâte en cherchant autre chose ; on s’intrigue de ces générations spontanées, mais à peine, puisque nous sommes rompus depuis l’enfance au phénomène. Peut-être faudrait-il une atteinte psychique spéciale qui nous mettrait dans la disposition d’établir des schémas de circulation et d’en déduire une sorte de conspiration de l’intelligence dont nous deviendrions les instruments inconscients.
Tout cela nous échappe, en somme.
mercredi 3 juillet 2024
Note de service
Votre Tenancier, loin d'être frappé de stupeur par la situation présente, a choisi de ne pas trop se mêler des conneries électoralistes, sachant depuis environ l'âge de 16 ans que le véritable combat antifasciste ne consiste pas à faire sa petite cochonceté dans l'urne de temps en temps. Alors, en attendant de savoir quoi faire avec les bonnes personnes — qu'on se rassure, le Tenancier abhorre la violence — il bricole des trucs dans son coin, comme refaire son site d'auteur de fond en comble.
Cliquez donc sur l'image...
Pour le reste, on recausera de la longueur de la laisse, peut-être ici, peut-être ailleurs, mais un peu plus tard...
dimanche 30 juin 2024
samedi 29 juin 2024
Du bon usage des citations
Parce que « Un
peuple qui oublie son
passé se condamne à le revivre »*, j’ai gardé en mémoire
qu’à
chaque fois que la gauche avait affaire au mouvement libertaire, en
Russie, en
Ukraine, en Espagne, à Cuba ou ailleurs, leur flicaille ou leurs
militaires s’arrangeaient
pour les éliminer, histoire de donner un coup de main aux fascistes qui
n’en
demandaient peut-être pas tant. Avec de tels « amis » ont est
assuré
de ne jamais se tromper.
Vous pouvez toujours vous brosser pour que je vous donne un coup de main.
Démerdez-vous.
* Churchill
Vous pouvez toujours vous brosser pour que je vous donne un coup de main.
Démerdez-vous.
* Churchill
jeudi 27 juin 2024
L'invention du professeur Lambeke
Votre Tenancier propose à travers ce récit une nouvelle acception pour l'expression française « Manger la grenouille » dans les colonnes du huitième numéro de Lard-Frit, revue éclectique, donc ouverte également aux sciences...
Abonnez-vous, réabonnez-vous, qu'ils disaient vous verrez du pays et aussi des articles que l'on peut, à l'instar d'un journal célèbre, feuilleter en croquant du chocolat.
Pour se faire, c'est ici, m'sieurs-dames !
Vous allez goûter un moment de répit après cette frénésie de parutions pour le soussigné, jusqu'au moins à la rentrée ou jusqu'à l'automne. L'on vous tiendra au courant, vous pensez bien...
Pour se faire, c'est ici, m'sieurs-dames !
Vous allez goûter un moment de répit après cette frénésie de parutions pour le soussigné, jusqu'au moins à la rentrée ou jusqu'à l'automne. L'on vous tiendra au courant, vous pensez bien...
dimanche 23 juin 2024
Paf, dans ma bibliothèque !
Tiens, ça fait longtemps que le
Tenancier ne vous a pas
causé de ses acquisitions de bouquins. Il a un tel retard qu’il se sent
incapable de le combler, sous peine de vous emmerder. On passera donc
sur les
trouvailles d’occasion de la boîte à livre locale, plutôt du
tout-venant
destiné à rassasier sa curiosité autour d’auteurs comme Daphné Du
Maurier, par
exemple. Mission accomplie : Les
Oiseaux valent mieux que le récit qu’on aurait pu déduire du
visionnage du
film qui a peu à voir en définitive sinon l'agression volatile et correspond d’ailleurs au type de nouvelle que le soussigné
apprécie,
parce qu’il ne comporte pas forcément de justification. Mais on cause,
on cause
et voici que l’on vous parle de bouquins que l’on ne devait pas évoquer
selon
notre déclaration liminaire. Voilà ce que c’est d’être bavard.
On achète peu par ici de livres neufs, ou alors lorsqu’ils relèvent d’un intérêt particulier pour le Tenancier. Ainsi, écoutant une énième fois le Voyage d’hiver par Dietrich Fisher Dieskau, je m’aperçus que, comme je ne pratique pas la langue allemande, je ne connaissais pas le texte excepté dans des livrets de CD microscopiques, fait fâcheux, tout de même. Surpris par le fait que je ne trouvais pas les poèmes de Wilhelm Müller dans les anthos sur le Romantisme dans ma bibliothèque, je l’ai donc commandé. Voilà, le Tenancier se cultive.
Puis, parce qu’il se trouvait à prendre sa commande, le Tenancier s’est laissé piéger par l’achat complémentaire (vous savez, la boîte de cirage qu’on tente de vous fourguer avec l’achat d’une paire de targettes) en se souvenant qu’il avait passé un peu de son enfance à Bruxelles et qu’il en garde un une saveur poétique liée à la ville, retrouvée d’une certaine manière lors d’un passage récent. Était-ce une raison pour prendre ce petit livre de Grégoire Polet : Petit éloge de la Belgique ? Ou alors eût-il mieux valu me contenter du recueil Lagune morte de Dominique Warfa, auteur belge de SF, très inspiré dans ses premiers textes par les expériences chronolytiques de Michel Jeury. Est-ce encore en rapport avec la belgitude ? Oui, mille fois oui, la frontière avec la Belgique est une porte entre les mondes et je regrette parfois de ne pas y avoir un pied ancré de chaque côté.
Tout ceci est nostalgie : celle de l’enfance à apprendre à compter avec des nonante et des septante et celui d’un univers de la SF dont je me suis séparé depuis pas mal d’années désormais. Nulle aigreur dans la distance pour l’un et vive envie de faire de nouveau un tour dans les périphéries de Bruxelles, parce qu’une ville devait selon moi se découvrir aussi par ses limes. Vous vous en moquez, naturellement, et je ne vous donne pas tort. D’ailleurs tout n’y fut pas merveilleux, parce qu’on me forçait à bouffer des chicons à la cantine et que je trouvais ça dégueulasse. Cette répugnance est devenue définitive, fort heureusement, elle ne portait que sur cela et elle est peu littéraire.
Mais alors, pourquoi, Tenancier, pourquoi cet achat du bouquin de Scholem ? Eh bien, voici le livre type d’un achat prémédité, mais dont l’intérêt de départ fut purement accidentel. Par un concours de circonstances qu’il a oublié, votre Tenancier s’était retrouvé un dimanche matin à allumer la téloche sur deux doctes rabbins en train de converser sur la signification et la force symbolique des lettres dans la tradition juive — toutes choses, excepté pour les lettres, foncièrement étrangères aux habitudes et aux intérêts du Tenancier qui n’a rien d’un mystique. La curiosité l’emporta tant qu’il garda cet épisode en mémoire. L’épisode ne s’arrête pas là, bien sûr. Il continue avec la rencontre avec une œuvre de fiction ou cette relation à la lettre se révélait sous-jacente, mais difficile à analyser lorsque l’on n’en possède pas une certaine culture. Or, l’épisode des deux rabbins restait assez vivace pour que l’on effectuât un rapprochement et que l’on désirât en savoir plus et comprendre peut-être une clef cruciale de ce récit. On travaillera peut-être sur le sujet un jour, raison pour laquelle on ne vous en dit pas plus… En attendant, on méditera sur le Golem comme préliminaire. Cela ne mènera peut-être à rien, mais il faut savoir s’amuser dans la vie, non ?
Cela nous mène au dernier livre pour ce billet. On le lui a conseillé. Il ne sait plus qui (et qu’il lui pardonne !) parce qu’il traînait depuis quelque temps dans la liste des futures acquisitions. Le Tenancier rate toujours son coup. Il aurait voulu être dans le Guide de Nulle part et d’ailleurs, mais il est arrivé trop tard avec son Fleuve. Il espère correspondre au moins à l’un de ces types décrits dans ce bouquin-là. Cela le rassurait. Être conscient de son inutilité l’exempterait du qualificatif de parasite, par exemple. Bref, plus que par une hagiographie, votre Tenancier aimerait exister dans certains livres par la bande, comme il aimerait explorer les villes par leurs périphéries. Il n’aura ni l’un ni l’autre et il vaut mieux. Et puis le fantasme se révèle bien banal...
Que de livres neufs ! Eh bien, croyez-le ou non, cela va continuer dans un futur billet de cette rubrique.
Daphné Du Maurier : Les Oiseaux et autres nouvelles, traduit de l’anglais par Denise Van Moppès et Florence Glass — Le Livre de poche (1964)
Wilhelm Müller : Le Voyage d’hiver, traduction de Jean-Pierre Siméon — Les Solitaires Intempestifs (2011)
Grégoire Polet : Petit éloge de la Belgique — Folio (2024)
Dominique Warfa : Lagune morte et autres nouvelles — Espace Nord (2024)
Gershom Scholem : Le nom de Dieu et la théorie kabbalistique du langage — Traduit de l’allemand par Thomas Piel — Allia (2018)
Ermanno Cavazzoni : Les écrivains inutiles, traduit de l’italien par Monique Baccelli — Éditions Attila (2010)
On achète peu par ici de livres neufs, ou alors lorsqu’ils relèvent d’un intérêt particulier pour le Tenancier. Ainsi, écoutant une énième fois le Voyage d’hiver par Dietrich Fisher Dieskau, je m’aperçus que, comme je ne pratique pas la langue allemande, je ne connaissais pas le texte excepté dans des livrets de CD microscopiques, fait fâcheux, tout de même. Surpris par le fait que je ne trouvais pas les poèmes de Wilhelm Müller dans les anthos sur le Romantisme dans ma bibliothèque, je l’ai donc commandé. Voilà, le Tenancier se cultive.
Puis, parce qu’il se trouvait à prendre sa commande, le Tenancier s’est laissé piéger par l’achat complémentaire (vous savez, la boîte de cirage qu’on tente de vous fourguer avec l’achat d’une paire de targettes) en se souvenant qu’il avait passé un peu de son enfance à Bruxelles et qu’il en garde un une saveur poétique liée à la ville, retrouvée d’une certaine manière lors d’un passage récent. Était-ce une raison pour prendre ce petit livre de Grégoire Polet : Petit éloge de la Belgique ? Ou alors eût-il mieux valu me contenter du recueil Lagune morte de Dominique Warfa, auteur belge de SF, très inspiré dans ses premiers textes par les expériences chronolytiques de Michel Jeury. Est-ce encore en rapport avec la belgitude ? Oui, mille fois oui, la frontière avec la Belgique est une porte entre les mondes et je regrette parfois de ne pas y avoir un pied ancré de chaque côté.
Tout ceci est nostalgie : celle de l’enfance à apprendre à compter avec des nonante et des septante et celui d’un univers de la SF dont je me suis séparé depuis pas mal d’années désormais. Nulle aigreur dans la distance pour l’un et vive envie de faire de nouveau un tour dans les périphéries de Bruxelles, parce qu’une ville devait selon moi se découvrir aussi par ses limes. Vous vous en moquez, naturellement, et je ne vous donne pas tort. D’ailleurs tout n’y fut pas merveilleux, parce qu’on me forçait à bouffer des chicons à la cantine et que je trouvais ça dégueulasse. Cette répugnance est devenue définitive, fort heureusement, elle ne portait que sur cela et elle est peu littéraire.
Mais alors, pourquoi, Tenancier, pourquoi cet achat du bouquin de Scholem ? Eh bien, voici le livre type d’un achat prémédité, mais dont l’intérêt de départ fut purement accidentel. Par un concours de circonstances qu’il a oublié, votre Tenancier s’était retrouvé un dimanche matin à allumer la téloche sur deux doctes rabbins en train de converser sur la signification et la force symbolique des lettres dans la tradition juive — toutes choses, excepté pour les lettres, foncièrement étrangères aux habitudes et aux intérêts du Tenancier qui n’a rien d’un mystique. La curiosité l’emporta tant qu’il garda cet épisode en mémoire. L’épisode ne s’arrête pas là, bien sûr. Il continue avec la rencontre avec une œuvre de fiction ou cette relation à la lettre se révélait sous-jacente, mais difficile à analyser lorsque l’on n’en possède pas une certaine culture. Or, l’épisode des deux rabbins restait assez vivace pour que l’on effectuât un rapprochement et que l’on désirât en savoir plus et comprendre peut-être une clef cruciale de ce récit. On travaillera peut-être sur le sujet un jour, raison pour laquelle on ne vous en dit pas plus… En attendant, on méditera sur le Golem comme préliminaire. Cela ne mènera peut-être à rien, mais il faut savoir s’amuser dans la vie, non ?
Cela nous mène au dernier livre pour ce billet. On le lui a conseillé. Il ne sait plus qui (et qu’il lui pardonne !) parce qu’il traînait depuis quelque temps dans la liste des futures acquisitions. Le Tenancier rate toujours son coup. Il aurait voulu être dans le Guide de Nulle part et d’ailleurs, mais il est arrivé trop tard avec son Fleuve. Il espère correspondre au moins à l’un de ces types décrits dans ce bouquin-là. Cela le rassurait. Être conscient de son inutilité l’exempterait du qualificatif de parasite, par exemple. Bref, plus que par une hagiographie, votre Tenancier aimerait exister dans certains livres par la bande, comme il aimerait explorer les villes par leurs périphéries. Il n’aura ni l’un ni l’autre et il vaut mieux. Et puis le fantasme se révèle bien banal...
Que de livres neufs ! Eh bien, croyez-le ou non, cela va continuer dans un futur billet de cette rubrique.
Daphné Du Maurier : Les Oiseaux et autres nouvelles, traduit de l’anglais par Denise Van Moppès et Florence Glass — Le Livre de poche (1964)
Wilhelm Müller : Le Voyage d’hiver, traduction de Jean-Pierre Siméon — Les Solitaires Intempestifs (2011)
Grégoire Polet : Petit éloge de la Belgique — Folio (2024)
Dominique Warfa : Lagune morte et autres nouvelles — Espace Nord (2024)
Gershom Scholem : Le nom de Dieu et la théorie kabbalistique du langage — Traduit de l’allemand par Thomas Piel — Allia (2018)
Ermanno Cavazzoni : Les écrivains inutiles, traduit de l’italien par Monique Baccelli — Éditions Attila (2010)
mardi 18 juin 2024
Une historiette de Béatrice
lundi 17 juin 2024
Troupeaux mélancoliques bondissant dans les prés
Le Tenancier s’excuserait presque de
continuer à vous avertir de la parution d’une nouvelle histoire, cette
fois-ci dans la revue l’Ampoule, où il se montre assidu, à l’instar de
quelques autres revues. Le Tenancier est un homme heureux, dans une
période fertile... Ajoutons quelques heures plus tard que, lorsque votre Tenancier fait état d'une période fertile, elle concerne ses écrits et non le merdier dans lequel nous nous apprêtons à patauger. La précision valait la peine d'être mentionnée.
Pour le sommaire complet, allez donc ici.
Pour le sommaire complet, allez donc ici.
samedi 15 juin 2024
vendredi 14 juin 2024
Où Le Tenancier se trompe, ça ne peut être que cela, enfin...
Nous voici donc en « temps de crise » — comme si elle ne perdurait pas depuis des décennies —, où les volontés s’affirment devant l’hydre hideuse du fascisme qui s’expose désormais au grand jour… en signant une pétition. Quelques auteurs des « l’imaginaire », désignation absurde si l’on considère que la littérature procède en général de ce postulat (relisez donc Flaubert), ont donc signé un appel dans les colonnes de l’Huma : Pour le Front populaire… On dauberait facilement le discernement qui consiste à se manifester chez les héritiers du stalinisme et ce ne serait guère charitable, nous disant que la bonne volonté ne se révèle pas un gage de culture politique ; on pourrait souligner l’humour involontaire qui vise à vouloir réveiller les vieilles lunes d’une gôche fantasmée, mais l’excellent blogue Dans l’herbe tendre le fait bien mieux que moi ; on pourrait s’interroger sur la pulsion soudaine qui pousse à cette brusque conscientisation en collant son nom dans une liste, pour signifier quoi, au fond…
On se rassure en constatant que cette tribune bien sage appelle au vote. J’espère que cette audace troublera le sommeil de la bête immonde. Après tout, on a bien réussi la dernière fois en élisant Macron et en barrant la route aux fachos, non ? Alors, pourquoi pas pour un nouveau sauveur ?
Je me trompe ?
Je me trompe ?
Merci à Dans l'herbe tendre pour l'illustration musicale...
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