Ceux qui fréquentent
les blogs ressentent cette désertion qui s’opère depuis des années,
laissant une
arrière-garde qui s’ingénie encore à fournir de la substance… Le
Tenancier à
cet égard, plaide coupable, mais il existe des circonstances
atténuantes à ses
productions sporadiques et à ses absences : il écrit beaucoup et
l’énergie
dépensée à ses entreprises archaïques (puisqu’elles se réalisent sur
papier,
pensez donc !)
contraint
votre serviteur à se consacrer
à l’essentiel, occurence imprévue lorsque des années plus tôt, on
décida de
créer un blog puis celui-ci pour lui faire suite. En effet, on avait
commencé
cette activité comme une volonté de converser sur ce qui nous
passionnait,
comme le livre et tout ce qui tournait autour. La vie a voulu que de
libraire
médiocre je passais au statut d’écrivain très moyen. Ce changement
s’est
réalisé lentement et le blog a tenté de raccrocher à cette nouvelle
activité,
non sans atermoiements et non plus sans regrets au sujet de l’ancien
exercice
de la librairie. Affirmons tout de même que se mêler d’écrire des
fictions
comporte bien des satisfactions, car on ne s’envisage pas assez
masochiste pour
continuer dans un domaine où la déception régnerait. À cet égard, votre
Tenancier considère qu’il a du bol, si vous lui autorisez
l’expression :
quelques éditeurs depuis 2010 ont consenti à l’imprimer, notamment dans
un
domaine pas si populaire qu’on veut bien le croire, c’est-à-dire la
nouvelle…
Un site existe, qui
récapitule la bibliographie de votre Tenancier. Le nombre de
publications
explique en partie les fréquentes lacunes de ce blog. On ne peut être
au four
et au moulin et la fiction devient parfois une activité exclusive qui
empêche
de se mobiliser ailleurs. On regrette cette contrainte qui éloigne d’un
dialogue qui avait cours dans les commentaires et surtout la verve qui
s’y
exprimait. De ce point de vue, l’écriture de fiction dans ces bonnes
vieilles
revues ou recueil, etc., procure peu de satisfactions. Tant pis, on
tente de se
résoudre à cette distance que l’on ne parvient plus à combler, même si
l’on « s’y
remet »
de temps à autre, sachant qu’au détour d’un manuscrit, on se résigne à
délaisser le reste. Alors quoi, on abandonne le blog et on passe à
autre chose ?
Votre Tenancier n’en a pas envie, pas plus qu’il ne peut livrer
d’effort
supplémentaire pour densifier la production de billets. On se
contentera donc à
l’avenir d’un écoulement prostatique de quelques considérations ici
même.
Par le passé, nombre
de billets n’étaient pas tous signés du Tenancier. Quelques
intervenants en ont
fourni, réjouissants et stimulants. Ce temps-là semble également
révolu, même
si là aussi, cela est dû au désintérêt général. Puis que l’on s’est
montré
largement indécis sur la ligne éditoriale du blog depuis que l’on a
changé de
métier, on pourrait désormais réorienter sa teneur à l’aide de
critiques ou de
considérations similaires. Pour quoi faire ? D’autres
personnes le font de façon brillante… on continuera à avoir le cul
entre deux
chaises, à quêter la chimère d’un dialogue avec un lecteur de passage.
L’année 2024 s’achève, moment idéal pour vous assommer
avec un récapitulatif. Bien fait pour vous :
(cliquez sur les couvertures, vous aurez un descriptif
complet)
On a commencé en douceur avec vingt-trois contributions au
recueil
Taduttore Tradittore dirigé
par ce cher Pierre Laurendeau aux éditions Ginkgo, où les participants
reprenaient des citations plus ou moins classiques de façon littérale,
comme
Ex Nihilo = «
Ancien amant
nihiliste
»,
suivi d’une
explication pour le moins malhonnête.
On vous l’a signalé, votre serviteur est un auteur de
nouvelles et publie volontiers dans certaines revues. Il l’est par
Lard-Frit (nouvelle
version) depuis son début, c’est-à-dire le n° 1 en 2022. Avec
Télépathie,
paru dans le n° 7, on a
trouvé que ça manquait de chat. On a réparé cette lacune…
Beaucoup moins facétieuse, voici une nouvelle à laquelle on
tient particulièrement, parue le n° 34 de la revue Le Visage Vert,
L’escalier est orné d’une superbe
illustration de Céline Brun-Picard — et je réalise à chaque fois
la chance
d’être si bien accompagné. La revue et la maison d’édition avaient
publié
jusque là des histoires du Fleuve. Ce récit bref n’en fait pas partie
et il
recèle pour son auteur de curieuses résonnances. On regrette qu’il soit
passé
inaperçu…
Premier recueil de nouvelles de l’année 2024,
Fins de
siècle comporte deux inédits et
deux textes plus anciens, rédigés lorsque l’on doutait d’une vocation
pour l’écriture.
Ces quatre «
rétrocipations
» constituent
une sorte
de jalon pour ce qui concerne l’évolution du style, mais plus encore
sur la
conception d’une histoire, votre serviteur constate qu’il est
redescendu à la
hauteur de l’humain et c’est tant mieux. Quelques critiques ont bien
accueilli
l’ouvrage sorti aux éditions Flatland avec des dessins de Fabrice Le
Minier
repris en couverture sous la maquette habile de l’éditeur.
L’on n’a pas traîné : un deuxième recueil paraissait
dans la foulée :
Vues des rives
continuait le cycle du Fleuve, après un premier volume de nouvelles (
Le
Fleuve) et un roman (
Le fort). La
plupart de ces histoires n’étaient
pas inédites, puisque parues dans diverses revues, comme le Novelliste,
L’Ampoule
et le Visage Vert. Seuls deux textes sont inédits sur vingt et un. La
plupart
sont illustrés par Céline Brun-Picard. La fidélité à un artiste est
essentielle
et son travail fait aussi partie de ce projet qui regroupe à ce jour
une
cinquantaine de récits (quelques un son attente de publications).
Également cruciale
à ce travail au long-cours, Armelle Domenach exerce sa vigilance sur
la
cohérence des écrits. Que dire d’autre sur le Fleuve
? Eh bien, il
vous suffira de lire la très
élogieuse préface de Mikaël Lugan qui a saisi l’essence de cette
entreprise
littéraire avec beaucoup de finesse. Signalons que Mikaël fut l’un des
premiers
à avoir publié des histoires de ce cycle. Le Fleuve est un univers
difficile et
dont le style peut paraître ardu pour les lecteurs de petits martiens
ou d’elfes
aux pattes poilues. Le soussigné reconnaît sa répugnance à la facilité
dès qu’il
s’agit de ce domaine-là). On lui pardonnera, enfin, on l’espère… Que
l’on sache
que son fantasme le plus fou (et un peu mégalo) serait qu’une édition
posthume regroupe
toutes les
nouvelles et le(s) roman(s) en un seul volume — intitulé de
nouveau
Le Fleuve — à moins que cela se
fasse de son vivant, car trop gâteux pour remettre ça sur le métier. Ne
comptez
pas sur votre Tenancier chéri pour passer la main trop vite, tout de
même.
Avec
Troupeaux mélancoliques
bondissant dans les prés, l’auteur témoignait de changements
physiologiques
chez quelques humains, tout ceci, paru dans la revue L’Ampoule,
n° 15.
Texte court, desservi par une illustration médiocre qui suscite encore
des
regrets. Pouvait-on y remédier
?
Hélas, l’on n’a pas demandé son avis à l’auteur qui se serait fait une
joie de
proposer une alternative, comme cela peut lui arriver. Bref…
On vous l’a dit, votre serviteur a pratiquement son rond de
serviette chez Lard-Frit
!
Pourvu que ça dure
!
Dans le n° 8, on a commis
L’invention
du professeur Lambeke, qui étudie les propriétés mélomanes de la
grenouille.
Ne vous plaignez plus de l’étang du voisin, mais éduquez ses
pensionnaires
!
Diable, un troisième recueil
?
Eh oui, on s’est montré intarissable en 2024… Mais
Charles
& moi (on tient à l’esperluette) ne serait-il pas
plutôt un court roman aux huit chapitres très marqués, puisque l’on y
retrouve les
mêmes protagonistes dans un monde assez noir
?
On s’est d’ailleurs complu à le dépeindre avec une certaine jubilation.
À vrai
dire, on s’est surtout amusé tant il est vrai que l’apocalypse lente
est assez
stimulante à décrire. Après avoir été uchronique avec
Fins
de siècle, et «
balzacien
» au petit
pied avec
Vues des rives, nous voici dystopique
avec ce volume. La parution a été remarquée ici et là. L’un des
plaisirs
annexes de ce genre de publication tient également à ce qui paraît en
même
temps que soi dans la collection et je ne pouvais que me féliciter de
voir le
live de Didier Pemerle,
Débandades,
sortir en même temps que le mien. On ne peut que vous conseiller
d’acquérir les
deux, chez Flatland.
L’on a fini l’année en novembre avec
Le tricot de corps,
histoire qui vous cause d’hygiène et de
botanique dans le n° 9 de Lard-Frit. On professe tout de même un
sacré
regret pour ce qui concerne cette revue, celui de ne pas avoir figuré
dans sa
première version, comme on aurait voulu aussi être publié chez Deleatur
ou dans
d’autres revues ou maisons d’édition. Votre Tenancier fait tout en
retard,
pfff. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
Nous en avons terminé avec ce
récapitulatif, qui vous
explique assez bien le manque d’assiduité à la rédaction de
billets dans
ce blog. Prenons date l’année pour prochaine dans le même exercice, si
rien ne
nous pète à la figure d’ici là… On fera tout de même paraître des choses ici bien avant, tout de même.