mardi 10 juin 2014

Où le Tenancier raconte des choses sur lui-même, sur ce qu'il a vu, sur ce qu'on a entendu et où cela finit par une complainte qui le fait doucement rigoler

Á Yan Lindingre, en toute sympathie.

Le Tenancier dans sa folle jeunesse a milité pour les Amis de la Terre, très brièvement, on vous rassure, le temps de s’apercevoir que le type qui dirigeait le bouzin en faisait un piège à gonzesses, chose en somme peu répréhensible, mais quand on a dix-huit ans on se sent un peu intégriste. La scène à laquelle il assista rue de La Bucherie prit la valeur d’une scène fondamentale quant à sa propre philosophie politique. Le type, lui, a continué vers d’autres râteliers plus conformes à sa situation sociale et aussi sans doute parce que les grandes écharpes à la Bruant, le patchouli et les robes de chez Anastasie commençaient à passer de mode. Votre Tenancier — qui ne l’était pas encore, mais un exalté un peu béjaune — était déjà loin. Il se rapprocha de mouvances où l’on coure très vite car il considérait que la discussion, ça va cinq minutes et que les écolos, en somme, l’emmerdaient bien plus que l’écologie, mais il faut dire qu’il fût salement éduqué politiquement dans le refus de l’autorité, même « amicale ». Ah ! La suggestion amicale, justement, le potlatch, la main dans le dos… Pendant que des organismes à trois lettres (C.R.S., C.G.T., etc.) nous marquaient à la culotte, au début des années 80, dans une improbable course vers des jours pas vraiment radieux, d’autres faisaient le compte mesquin de leur rapacité en investissant — et le mot est choisi — dans une rente de sympathies et de copinages.
Le Tenancier a mauvais caractère, c’est là son moindre défaut. Il ne se fit pas trop de potes et son réseau amical n’avait que faire de la comptabilité des services rendus ou à rendre. Il préférait l'amitié. Le Tenancier est un sentimental. Preuve qu’il était un vieux con avant la lettre, il ne bougea pas trop dans ses convictions. Il fut toutefois forcé de convenir qu’il courait moins vite, moins loin et qu’il commençait à confondre l’odeur des merguez du Premier Mai avec l’odeur des lacrymos insurrectionnels. Il ne se rangea point trop, mais se calma par la force des choses et aussi par les accidents de l’existence. On sait que votre Tenancier fréquentait Radio Libertaire et que cette fréquentation n’était ni par intérêt ni par accident mais parce que c’était des membres de la famille. Il y fit la technique, des émissions, s’engueula, claqua la porte, revint, fit autant de « euh » (on appelle ça des « omelettes ») au micro que tous les autres… Pas de nostalgie, pourtant. C’était bien, mais après presque quinze ou seize ans à faire de la radio, il était temps pour votre Tenancier chéri de faire autre chose, comme faire de la petite édition, et toutes ces sortes de choses. Du reste, passer autant de temps à la radio revenait à devenir une sorte de fonctionnaire. Vous voyez d’ici l’exaltation… d’autant que si la permanence est justifiable au nom du militantisme, elle l’est moins dès lors qu’il s’agit de pérorer sur la culture et le reste. Le retrait est souvent nécessaire pour se renouveler. Je n’avais donc que trop duré.
Pourquoi je vous raconte tout ça, soudainement ? Oh, pas grand-chose, simplement par l’effet d’un amusement passager à propos d’un type qui vient de perdre son boulot. C’est cruel de perdre un travail n’est-ce pas ? C’est que j’eus à côtoyer ce pauvre type — j’aurais pu écrire « pauvre garçon » mais la charité n’est pas une vertu reconnue par la Première Internationale — à la radio pendant un bref moment. 

Le lecteur de ce blog s’en souvient, le Tenancier avait animé une suite d’émissions autour de la SF avec des titres un peu bêtes mais au contenu un peu travaillé. Il fallait savoir également qu’il n’était nullement question de revendiquer une quelconque exclusivité sur l’antenne. Tout le monde avait bien le droit de parler de temps en temps du sujet d’un autre et je ne m’en suis pas privé non plus. Seulement l’arrivée à l’antenne d’une émission animée par ce triste personnage avait suscité quelques inquiétudes dans notre équipe. Le type avait de l’entregent, des manières cauteleuses et un carnet d’adresse fourni dans le milieu de la SF. On me rassura, en premier chef l’intéressé. Ainsi, ce ne serait qu’une émission littéraire, voyons, certes, on parlera de SF, mais également d’autre sujets sans exclusive ! On est cool, tu vois, on est du même monde. Du même monde, vraiment ? Dans mon imaginaire obtus, le fait d’être cool n’était pas vraiment un blanc-seing pour que ce type qui était en train de me passer la main dans le dos devienne un pote, tu vois. On sentait dans le propos pseudo amical poindre la condescendance vis-à-vis des « bricoleurs » que nous semblions à ses yeux. Malgré notre défiance, tout se passa bien les premiers temps. Certes, des auteurs comme Emmanuel Jouanne et d’autres furent invités à cette émission mais le contrat nous semblait observé car d’autres littératures étaient abordées souvent avec talent, ce talent qui allait lui servir pour son propos et, plus tard, ses ambitions… ou presque.
On se doute bien de ce qui arriva ensuite. Des invités qui ne se pointèrent pas au studio à plusieurs reprises, des rumeurs… Je finis par enregistrer au téléphone les propos d’un des invités qui nous avait posé un lapin et le faire entendre au secrétariat de la radio. Le procédé n’était certes pas élégant car je n’en avais pas averti la personne, mais je n’avais guère le choix pour démontrer ce qui s’était passé, à savoir que notre « pote » si cool faisait courir des propos négatifs sur notre émission et sur ses animateurs. Le type a arrêté la sienne après que nous avions fait état de cette duplicité. Je ne remercierai jamais assez le secrétariat de la radio d’avoir réagi comme son éthique le demandait et non d’avoir répondu à la flatterie que ce nom pouvait lui rapporter.
Le type a continué sa carrière de folliculaire ici et là et principalement dans une revue, depuis les années 70. Il vient d’en être viré, sans doute par manque de renouvellement — je sais que ce n’en n’est pas forcément la raison, mais l’idée est irrésistible, voyez-vous. Il pleure. C’est drôle, cet écoulement lacrymal, c’est pittoresque. Le type a l’âge de la retraite, est ancien député (cool, tu vois, mais assez vigilant sur la progression de carrière, c’est ça l’écologie, hein !) et vient me dire qu’il va avoir du mal à payer son loyer ? Comme si c'était le seul, comme si ça ne pouvait tomber sur lui ? Pas réélu, au chômage (Et, soi-disant, à refuser des indemnités pour ne pas couler un revue… reprise par un grand groupe d’édition — quel jobard peut gober ça ? Ne parlons pas du délire sur ces indemnités auxquelles il prétend.), ce garçon va pouvoir écrire ses mémoires. Ou mieux, je lui recommande de changer de bord comme son glorieux prédécesseur à la tête des Amis de la Terre, songeant que son arrivisme peut encore faire des étincelles. Encourageons les initiatives et faisons du neuf avec du vieux, du très vieux, du blet, ça ne nous changera guère, cela dit.
Pourquoi je ne compatis pas à ça, avec un mec qui a voulu me marcher sur la gueule ? Et pourquoi donc je me dis qu’on est vraiment pas du même monde ?
A part ça, je reprendrais bien une coupette, tiens… 
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p.s. : Quelques temps après cet épisode, je croisai ce type dans un un mini-raout. Franc comme un âne qui recule, il vint vers moi et me dit :
« — Ah, salut, comment tu vas ?
Je marquai un temps, et puis :
— Nettement moins bien, tout à coup ».
C'est drôle, mais — était-ce le ton de ma phrase — il n'arrivait plus tellement à me reconnaître, par la suite...

Crédit d'illustrations : Justin Gerard (trouvées sur ce blog 

lundi 9 juin 2014

Balancer

Balancer : Éconduire, renvoyer

Géo sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l'argot moderne (1953)

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Balancer : v.a. 1. Dénoncer, moucharder — Exemple : Totor tombe pour six marqués, c'est le fourgue qui l'a balancé.
A amené la création de « balanceur-euse » : Dénonciateur, dénonciatrice
2. Envoyer — Exemple : Comme le cave se rebiffait, y a fallu balancer la purée.
3. Offrir — Exemple : C'est une gisquette de classe, je lui ai balancé une corbeille de roses de cinq raides.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

Interlude

samedi 7 juin 2014

Pour saluer un centenaire

« L’apologiste sénile des infanticides ruraux »
Pierre Desproges
 
« Mme Duras démontre comment il est possible, voire inéluctable, que l'on devienne Médée parce que l'on s'ennuie le dimanche et que l'on s'embête les autres jours de la semaine. Voici donc une inculpée accédant au sublime par le biais de la mythologie, et dédouanée de ce fait : Mme Duras en admire la sauvage grandeur, et tartine sur des pages et des pages un jargon néo-analytique, de facture contemporaine en apparence, mais dont l'inspiration, en réalité, remonte à 1900. Un écrivain de cette époque, le "décadent" Pierre Louÿs, a glorifié dans une nouvelle l'attitude d'un sculpteur d'Athènes, bourreau de ses esclaves, qui, un beau matin, reçut une délégation de ses compatriotes venue protester. En guise d'excuse, il présenta la belle statue d'un moribond qu'il avait pu créer grâce à une observation directe de la douleur, suppléant à la panne de son inspiration. Que saignent les corps et les coeurs, pourvu que l'on signe! Ainsi, grosso modo, procède Mme Duras, dont l'esthétisme chichiteux, qu'elle transforme en morale, n'aboutit qu'à desservir son héroïne auprès d'une opinion divisée et troublée. Car bien peu seront sensibles à la poésie de l'infanticide considéré comme l'un des beaux-arts ou comme une récréation dominicale. Et beaucoup ne retiendront qu'une certitude de culpabilité de cette compréhension décrétée par avance, en attendant les conclusions de la justice. »
Angelo Rinaldi : Article dans l’Express (1985)
 
« Je ne verrai jamais François et Roselyne L. Je ne l’ai pas vue non plus, leur émission où ils disaient le chômage. Je ne reçois plus la cinquième chaîne parce que l’orage a cassé mon antenne, en décembre, je crois. On m’a quand même raconté le lendemain. C’était un couple. Je les devine. Ils étaient deux, c’est sûr. Il y avait lui et elle. On les avait assis là, devant la caméra qui les filmait. Elle devait avoir son manteau de lapin. Lui il était en cuir, de l’agneau du Yorkshire dans doute. Il disait : « C’est l’argent qui manque. Je vais donner l’enfant qu’elle porte encore, elle, Roselyne » Il donnait l’enfant pour travailler. En face il y avait un public. C’était un jury qui les condamnait. Déjà, ils étaient en prison.
[…]
C’était là, dans cet immeuble. Je l’ai ressenti d’abord. Au troisième étage, sûrement. On voyait bien les fenêtres. J’ai crié quand j’ai vu la fenêtre de la cuisine. C’était là, dans la cuisine, qu’ils ont pris la décision.
Ça devait être le matin, ou peut-être le soir, sans doute, quand elle, elle rentrée de chez le médecin. Elle a dû payer le médecin pour qu’il lui apprenne l’horrible nouvelle. « Ces vomissements, c’est un enfant. » Il a dit ça, le médecin. Je l’entends. Un enfant, ça commence toujours par un malaise. On va vomir. On a envie de chocolat. Il paraît que ça se passe toujours comme ça. Toujours. Toujours ce malaise-là. Il faut comprendre comme ça ces choses. »
Patrick Rambaud : Virginie Q.  (1988)
 
« J'ai le souvenir, pour ma part, d'avoir eu connaissance du passé collaborationniste de Duras par une note en bas de page figurant dans la biographie de Gaston Gallimard, due à Pierre Assouline. C'était en 1984. Il y était fait allusion à l'existence de cette commission de la Propaganda Staffel où avait officié la jeune Marguerite Donnadieu, épouse Antelme, commission mise en place par un décret du maréchal, après la préalable aryanisation des maisons d'édition juives (Nathan, Calmann-Levy), puis prise en mains par les nazis. Son attribution : le contrôle du papier d'édition. Elle constituait ainsi un véritable organisme de censure qui épluchait les manuscrits reçus et avait la charge de distribuer le papier aux seuls "bons" éditeurs (entendons ceux qui avaient accepté, de leur plein gré, de retirer de la vente et ne plus publier les auteurs inscrits sur les listes dites "Otto" et "Bernhard", à savoir les auteurs juifs, communistes, ou ceux ayant eu par le passé une attitude critique à l'égard de l'Allemagne et de sa culture). " Marguerite, écrit Laure Adler dans la biographie qu'elle lui a consacrée, ne pouvait ignorer le degré de collaboration de cet organisme constamment surveillé par la Propaganda ". Paul Morand eut des responsabilités dans cette commission dirigée par un collaborateur notoire. Les noms de Ramon Fernandez, Brice Parain, Dionys Mascolo figurent dans la liste de la quarantaine de lecteurs accrédités par ladite commission. Quand à la secrétaire de celle-ci, c'était notre Marguerite Donnadieu-Antelme, qui deviendra plus tard l'intraitable résistante Marguerite Duras, l'impitoyable tortionnaire de collabos, puis la militante communiste (stalinienne, forcément stalinienne ?) pure et dure. Ne manquant pas d'aplomb, à la Libération, l'incorruptible communiste s'en prendra avec une farouche énergie à tous ces veaux de Français qui n'avaient pas ouvertement pris parti contre Pétain [...]. »
Jacques Henric : Politique (2007)
 
« L’homosexualité est, comme la mort, l’unique domaine exclusif de Dieu, celui sur lequel ni l’homme, ni la psychanalyse, ni la raison  ne peuvent intervenir. L’impossibilité de la procréation  rapproche beaucoup l’homosexualité de la mort… Il manque à l’amour entre semblables cette dimension mythique et universelle qui n’appartient qu’aux sexes opposés : plus encore que son amant, l’homosexuel aime l’homosexualité… Je l’ai déjà dit, c’est la raison pour laquelle je ne peux considérer Roland Barthes comme un grand écrivain : quelque chose l’a toujours limité, comme si lui avait manqué l’expérience la plus antique de la vie, la connaissance sexuelle de la femme ».
Marguerite Duras 

« Marguerite Duras n'a pas écrit que des conneries. Elle en a aussi filmé… » 
Pierre Desproges

« Au fil de la conversation, un autre sujet se fait jour ; d'abord dans la confusion, puis de façon de plus en plus obstinée. Marguerite Duras veut parler politique : la politique française, la politique internationale. En particulier, elle veut parler de Reagan, dire sa fascination et affirmer son soutien aux bombardements américains en Libye. Mitterrand fait la moue, Duras revient à la charge une fois, deux fois et, finalement, le sujet occupe la totalité du dernier entretien. « Moi, j'aime l'Amérique, je suis reaganienne.» Mitterrand : « Je crois m'en être aperçu ». Duras : « (Reagan) incarne une sorte de pouvoir primaire, presque archaïque.» C'est après cette ultime discussion que Mitterrand, excédé, décida d'arrêter les frais, tandis que Michel Butel, fondateur de l'Autre Journal et maître d’œuvre des entretiens, s'en prit dans les colonnes de son hebdomadaire au proaméricanisme compulsif de l'intervieweuse de luxe. Pour ou contre l'Amérique, pour ou contre les bombardements : vingt ans plus tard, ce point de cassure résonne avec une familiarité presque effrayante. »
Éric Aeschimann : Article dans Libération (2006)

Françoise Sagan, comment ça va, la petite santé ?

Marchand de lacets

Marchand de lacets : Gendarme

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)

Une historiette de Béatrice

Il est entré d'un pas assuré, sa fille derrière lui. Il tient de la main gauche 2 boîtes de la pâtisserie machin, et me montre du doigt de la main droite le Hetzel en vitrine.
Par curiosité je voudrais connaître le prix du Jules Verne. Ouille le collectionneur sérieux. Bonjour monsieur, je l'attrape et vous réponds de suite.
S'engage illico une conversation sur ces fameuses éditions, illustrations, cartonnages, éléphants, bannières, globes dorés. Enfin plutôt un monologue. J'acquiesce de-ci de-là, ce qui semble lui convenir.
Pendant ce temps, sa fille se plonge dans une BD.
Une fois le livre reposé dans la vitrine, le voilà qui enchaîne avec une verve égale sur les BD en voyant sa tête blonde.
— Ah, les premières éditions d'Astérix, auriez des Tintin en première édition, je les revends sur internet ?
— Dis Papa, tu peux m'acheter une BD stp, elles sont à 5 euros?
— Ah non alors, j'en ai plein à la maison et tu ne les regardes même pas.
— Papa, stp, celle-là me plaît vraiment!!!
— Je te dis que non. Dites, vous n'en auriez pas des moins chères, à 1 ou 2 euros?
— Non monsieur.
J'ai offert la BD à la jeune lectrice, largement payés par son sourire et ses baisers spontanés.

 Cette historiette a été publiée pour la première fois en août 2011 sur le blog Feuilles d'automne

Défiler dur à la parade

Défiler dur à la parades : Mourir. Ah ! dis donc, en ce moment, ça défile dur à la parade !

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)

Une historiette de Mouton à lunettes

En brocante, un stand tenu par un garçon d'une douzaine d'années, quelques livres par terre.
J'attrape un Garcia Marquez (Gallimard) et demande le prix.
— Les livres, c'est 1 euro sauf les Musso (Pocket) qui sont à 2 euros.
Ah... C'est parce que tu aimes bien Musso ?
— Ben, oui !

Et voilà, la vraie valeur des choses.

vendredi 6 juin 2014

Boulange aux faffes (La)

Boulange aux faffes (La) : La Banque de France

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)

jeudi 5 juin 2014

Une historiette de George

Un type entre dans la boutique, grand, maigre, la boule à zéro, portant de grosses lunettes, et à peine le temps de le saluer je pense aussitôt : « Incroyable comment ce gars ressemble à Michel Foucault ! »
Il s'approche du comptoir et me demande avec un sourire et un fort accent étranger : « Auriez-vous des livres de Michel Foucault ? »

Urpinos

Urpinos : adj. Altération de Rupin. Peu usité.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes (1883)

Lorsque le Tenancier éditait — III

André Ruellan : Le Terme
Premier volume de la Bibliothèque Sublunaire.
Tiré à 70 exemplaires sur vergé :
10 hors commerce numérotés de I à X
60 exemplaires numérotés de 1 à 60
(1995)
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Pourquoi donc commencer par André Ruellan ? Ma rencontre avec lui remonte aux premiers temps de mes émissions de radio, au début des années 80. Pour ceux qui ignorent — quelle faute de goût ! — qui est cette personne, rappelons qu’il signa nombre de romans fantastiques dans la collection Angoisse au Fleuve Noir, de SF dans la collection Anticipation chez le même éditeur, tout cela sous le nom de Kurt Steiner, qu’il est l’auteur d’un beau diptyque sous son propre nom, Ortog et Ortog et les ténèbres chez Laffont, qu’il est scénariste pour le cinéma (mais également pour la télévision) et également auteur d’une belle quantité de nouvelles tant fantastiques que de SF. Mais faire l’étalage de sa bibliographie ne suffit pas à justifier que l’on veuille publier un auteur. Outre la vive sympathie que je lui porte, même si je suis un peu en retrait désormais, il faut souligner la qualité des thématiques d’André Ruellan, dont les ingrédients sont la noirceur et l’humour noir. Le Terme, que j’avais choisi pour inaugurer la Bibliothèque Sublunaire, appartient au premier des postulats. On se réservera bien d’en dévoiler le sujet car, même si notre édition est désormais épuisée on a encore la possibilité de la trouver dans un recueil — épuisé lui aussi, mais nettement plus trouvable — intitulé De flamme et d’ombre. L’amateur la trouvera également dans le numéro 121 de la revue Fiction (1963). J’avoue que je suis très proche des univers qu’il décrit. Lorsqu’il m’arrive d’être publié à mon tour, je sais à quel point mes histoires lui sont redevables. Le Terme est une histoire désespérée dans un univers sombre et dont la fin laisse un goût d’amertume…
André m’ouvrit toutes grandes les portes de sa bibliographie. Inutile de vous expliquer en détail que le fantasme de la complétude s’empara de moi et que, malgré l’idée de limiter cette expérience d’édition à quelques publications, j’eus soudainement envie de publier tous ses textes courts. L’aventure de notre astronaute mort allait d’ailleurs continuer grâce à lui vers d’autres rivages giboyeux. Un mot sur le préfacier, Philippe Curval. Si vous êtes familier avec l’univers de la SF, vous ne pouvez l’avoir évité. Sa préface, sensible et intelligente est à l’image de l’écrivain et du critique qu’il est. C’est le complice d’André Ruellan et c’est lui qui s’occupa de rassembler tous ses textes dans le recueil cité plus haut. On le retrouvera au catalogue de l’astronaute mort.

Camphrier

Camphrier : Le camphrier est un sale débit de liqueurs atroces à un sous le verre et à dix-sept sous le litre. Le caboulot ne diffère du camphrier que par sa moindre importance comme établissement. C'est, du reste, le même breuvage qu'on y débite aux mêmes habitués. (Castillon)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition (1881)

mercredi 4 juin 2014

La gueule de Rimbaud

L’un des meilleurs blogs de ce côté-ci de la galaxie est assurément Soli Loci, le blog de Grégory Haleux. C’est un garçon énervant : il lui arrive de faire des dessins intéressants, des livres pas mal foutus, et quelques billets qui nous réjouissent, dont le dernier. C’est déloyal, il en reste peu aux autres pour briller. Parlons-en, tiens, du dernier billet. Son titre est : Rimbaud à l’épreuve de la biométrique de similarité. On sait que la récente découverte d’un nouveau cliché a déclenché une nouvelle polémique sur son authentification. On a cru lever le doute par le recours à des moyens scientifiques pour corréler plusieurs portraits de Rimbaud à celui qui était en question. Cette méthode, la biométrique, semblait aux dires des expérimentateurs et de ceux qui s’en firent l’écho — dont nombre de journalistes —un procédé infaillible. Grégory en démontre les faiblesses dans un long article fort bien garni.  On n'ajoutera rien ici à sa démonstration magistrale propre à réintroduire un doute sur la légitimité de l’identité du personnage photographié. La méthodologie qui a présidé à « l’authentification » est lacunaire en en devient douteuse. Petite cerise sur le gâteau, mais cerise fort goûteuse, un certain Arthur complète le billet par un commentaire qui évoque la personnalité des découvreur dont il semble que l’inédit photographique soit devenu un sorte de spécialité (Le « vrai » portrait de Lautréamont, par exemple). Curieuse, cette récurrence de découverte qui tombe à chaque fois sur les mêmes personnes…
Pour notre part, nous nous moquons éperdument du visage de Rimbaud comme celui de Lautréamont. Seule leur poésie nous importe, ce en quoi nous tombons d’accord avec Grégory.
Sans vouloir inférer une quelconque malice sur les intentions des découvreurs, il nous revient en tête que la découverte de toiles de Vermeer à motif biblique survint juste au moment où les historiens de l’art se posaient la question de leur existence. Seulement ces toiles étaient d’un certain Van Meegeren. A force de trop attendre certaines choses, il ne faut guère s’étonner qu’elles nous persuadent de leur apparition, quitte à ce qu’on leur donne un coup de main pour expliquer le mystère de leur existence.

Drôleries

Drôleries : Menstrues.

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

mardi 3 juin 2014

Quand un marque-page fait trop bien son boulot

Puisque nous étions dans les choses que l'on trouve dans les livres, restons-y. Une des activités secondaire de la bibliomanie est la recherche compulsive du marque-page. Il m'arrive parfois de me promener dans les dépôts d'Emmaüs. Je leur achète de moins en moins de choses – cela fera l'objet d'un autre propos – mais j'aime déambuler dans l'odeur du vieux papier. Il y circule également une espèce furtive qui feuillète les livres non pour leur contenu mais dans l'espoir de trouver ces petits rectangles de carton. Inutile de préciser qu'une fois leur butin trouvé, certaines de ces personnes ne passent pas forcément par la caisse...
Lorsque l'on sait les prix des livres pratiqués chez Emmaüs, c'est ajouter de la bassesse à la mesquinerie, ce qui n'est pas pléonastique de mon point de vue.
Je possède une collection de marques-page.
Bien malgré-moi.
Cela rempli honnêtement une boîte à chaussures (taille 42). Ces marques-page ont été retrouvés dans les livres et je les en retire.
Pourquoi ?
Regardez bien l'image ci-jointe.
Les marques laissées par ces objets peuvent être désastreuses pour un livre. Cet ouvrage est un numéro de la revue The Quarto, publication anglaise de 1896 assez plaisante, contenant nombre de gravures et de nouvelles d'auteurs comme Chesterton, par exemple. La marque laissée est tellement nette que l'on y devine une publicité pour un vermouth. Cela indique que le marque-page est resté longtemps enfermé pour accomplir son oeuvre. Le papier qui le constituait s'est sans doute acidifié, à moins qu'il ne s'agisse du travail des encres de couleurs.
Voici un joli ouvrage gâché par un objet censé respecter le livre. A ce compte-là, il eut mieux valu corner la page, cela n'aurait pas été pire.
Laisser un quelconque papier dans un ouvrage précieux peut devenir fatal pour celui-ci. Le pire est la coupure de journal dont le papier acide fait brunir les pages par simple contact et ce très rapidement. Mais l'on voit que ce phénomène peut provenir également d'un simple marque-page oublié, apparemment anodin
Vous avez l'explication pour laquelle vous n'aurez que peu de chances de trouver un marque-page dans les ouvrages que je mets en vente.
Alors, ils s'entassent dans ma boîte à chaussure, en attendant.
En attendant quoi ?
Tttt... c'est comme ça que commence une collection.

Ce billet a été publié la première fois sur le blog Feuilles d'automne en juin 2008

Jardin des refroidis

Jardin des refroidis : Le cimetière

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)

vendredi 30 mai 2014

Interlude

La vidéo que le Tenancier soumettait ici était un extrait de Laurel et Hardy au Far West, supprimé par Youtube pour « Atteinte au droit d'auteur ». On est un peu intrigué par cette suppression car le droit de citation existe également. Ce passage ne pouvait être qu'une incitation à se procurer le film que d'ailleurs votre Tenancier possède dans sa vidéothèque...
Tant pis.

jeudi 29 mai 2014

Retour en 1898

Portrait par Félix Vallotton
Citoyens,
On vous trompe. On vous dit que la dernière Chambre composée d'imbéciles et de filous, ne représentait pas la majorité des électeurs. C'est faux.
Une chambre composée de députés jocrisses et de députés truqueurs représente, au contraire, à merveille les électeurs que vous êtes. Ne protestez pas: une nation a les délégués qu'elle mérite.
Pourquoi les avez-vous nommés ?
Vous ne vous gênez pas, entre vous, pour convenir que plus ça change, et plus c'est la même chose, que vos élus se moquent de vous et ne songent qu'à leurs intérêts, à la gloriole ou à l'argent.
Pourquoi les renommez-vous demain ?
Vous savez très bien que tout un lot de ceux que vous enverrez siéger vendront leurs voix contre un chèque et feront le commerce des emplois, fonctions et bureaux de tabac.
Mais pour qui les bureaux de tabac, les places, les sinécures si ce n'est pour les Comités d'électeurs que l'on paye ainsi ?
Les entraîneurs des Comités sont moins naïfs que le troupeau.
La Chambre représente l'ensemble.
Il faut des sots et des roublards, il faut un parlement de ganaches et de Robert Macaire pour personnifier à la fois tous les votards professionnels et les prolétaires déprimés.
Et ça, c'est vous !
On vous trompe, bons électeurs, on vous berne, on vous flagorne quand on vous dit que vous êtes beaux, que vous êtes la justice, le droit, la souveraineté nationale, le peuple-roi, des hommes libres. On cueille vos votes et c'est tout. Vous n'êtes que des fruits... des Poires.
On vous trompe encore. On vous dit que la France est toujours la France. Ce n'est pas vrai.
La France perd, de jour en jour, toute signification dans le monde, toute signification libérale. Ce n'est plus le peuple hardi, coureur de risques, semeur d'idées, briseur de culte. C'est une Marianne agenouillée devant le trône des autocrates. C'est le caporalisme renaissant plus hypocrite qu'en Allemagne : une tonsure sous le képi.
On vous trompe, on vous trompe sans cesse. On vous parle de fraternité, et jamais la lutte pour le pain ne fut plus âpre et meurtrière.
On vous parle de patriotisme, de patrimoine sacré à vous qui ne possédez rien.
On vous parle de probité; et ce sont des écumeurs de presse, des journalistes à tout faire, maîtres fourbes ou maîtres chanteurs, qui chantent l'honneur national.
Les tenants de la République, les petits bourgeois, les petits seigneurs sont plus durs aux gueux que les maîtres de régimes anciens. On vit sous l'oeil des contremaîtres.
Les ouvriers aveulis, les producteurs qui ne consomment pas, se contentent de ronger patiemment l'os sans moelle qu'on leur a jeté, l'os du suffrage universel. Et c'est pour des boniments, des discussions électorales qu'ils remuent encore la mâchoire, la mâchoire qui ne sait plus mordre.
Quand parfois des enfants du peuple secouent leur torpeur, ils se trouvent, comme à Fourmies, en face de notre vaillante armée... Et le raisonnement des lebels leur met du plomb dans la tête.
La Justice est égale pour tous. Les honorables chéquards du Panama roulent carrosse et ne connaissent pas le cabriolet. Mais les menottes serrent les poignets des vieux ouvriers que l'on arrête comme vagabonds !
L'ignominie de l'heure présente est telle qu'aucun candidat n'ose défendre cette Société. Les politiciens bourgeoisants, réactionnaires ou ralliés, masques ou faux-nez, républicains, vous crient qu'en votant pour eux ça marchera mieux, ça marchera bien. Ceux qui vous ont déjà tout pris vous demandent encore quelque chose :
Donnez vos voix, Citoyens !
Les mendigots, les candidats, les tire-laine, les soutire-voix ont tous un moyen spécial de faire et refaire le Bien public.
Écoutez les braves ouvriers, les médicastres du parti : ils veulent conquérir les pouvoirs... afin de les mieux supprimer.
D'autres invoquent la Révolution, et ceux-là se trompent en vous trompant. Ce ne seront jamais les électeurs qui feront la Révolution. Le suffrage universel est créé précisément pour empêcher l'action virile. Charlot s'amuse à voter...
Et puis quand même quelque incident jetterait des hommes dans la rue, quand bien même, par un coup de force, une minorité ferait acte, qu'attendre ensuite et qu'espérer de la foule que nous voyons grouiller : la foule lâche et sans pensée.
Allez.! allez, gens de la foule ! Allez, électeurs ! aux urnes... Et ne vous plaignez plus. C'est assez. N'essayez pas d'apitoyer sur le sort que vous vous êtes fait. N'insultez pas, après coup, les Maîtres que vous vous donnez.
Ces Maîtres vous valent, s'ils vous volent. Ils valent sans doute davantage : ils valent vingt-cinq francs par jour, sans compter les petits profits. Et c'est très bien :
L'Electeur n'est qu'un Candidat raté.
Au peuple du bas de laine, petite épargne, petite espérance, petits commerçants rapaces, lourd populo domestique, il faut un Parlement médiocre qui monnaie et qui synthétise toute la vilenie nationale.
Votez, électeurs ! Votez ! Les parlements émanent de vous. Une chose est parce quelle doit être, parce qu'elle ne peut pas être autrement. Faites la Chambre à votre image. Le chien retourne à son vomissement - retournez à vos députés...


Zo d'Axa : Vous n'êtes que des poires, in : La Feuille (1898)

(Et pour continuer les lectures réjouissantes, nous vous incitons à vous rendre sur la page indiquée par un de nos lecteurs, Karl-Groucho D.  : Le Gouvernement du Peuple, ou Plan de constitution pour la République universelle par John Oswald.)

Le Bouvreuil



Le professeur Rollin a toujours quelque chose à direin : Palace (1988)

mardi 27 mai 2014

Lorsque le Tenancier éditait — II

Le logo de L'astronaute mort
Je m’aperçois que j’ai été bien vite en besogne en évoquant les débuts de l’astronaute mort. En effet, j’ai omis de préciser les objectifs de la collection, ce qui a son importance. Chaque volume publié dans « La Bibliothèque sublunaire » était à tirage limité sur papier vergé numéroté. Cette intrusion de la bibliophilie — modeste, tout de même — dans le petit monde de la science fiction n’était pas si courante et ces publications demeurent marginales à l’heure actuelle. Rien d’étonnant à cela. Cette littérature populaire — ce n’est pas un terme péjoratif à mes yeux — est à obsolescence rapide, non par le style ou par la mentalité des personnages mais plutôt parce que l’avancée technologique rend nombre de récits caducs, notion un peu contradictoire avec celle de la bibliophilie. On ne glosera pas plus sur cette idée car elle nous entraînerait fort loin de notre sujet. Implicitement, l’enjeu de la collection était également de publier des titres qui devaient s’assurer d’une certaine pérennité outre leurs qualités littéraires. Ces premiers tirages courts, à prix raisonnable devaient assurer l’édition des quelques volumes que nous projetions. Cela dépassa nos objectifs. Il faut insister sur le fait que l’opération ne pouvait réussir que parce que cette entreprise n’avait nul but lucratif (L’astronaute mort était une association « Loi 1901 ») et parce que Christian Laucou, l’imprimeur, s’était piqué au jeu. La distribution des ouvrages se fit par correspondance. Les marges que nous appliquions sur nos ventes ne nous permettaient pas de supporter un autre mode de revente. Il faut signaler la solidarité et la générosité de quelques fanzines qui me communiquèrent leurs fichiers d’adresses. L’Internet était encore très embryonnaire et, malgré le fait que nombre de lecteurs de SF étaient également des geeks, ce mode de diffusion des annonces de parution n’était pas vraiment dans les mœurs… On eut recours à l'enveloppe timbrée.
Votre Tenancier, à cette époque, dut également se remettre à l’informatique. J’avais mollement tripoté un zx81 quelques années auparavant. Je me  retrouvais désormais doté d'un PC sous DOS — j’assume encore ce retard technologique, je suis un nostalgique de la ligne de commande — équipé d’un logiciel de traitement de texte pour saisir certains manuscrits. Ceux-là étaient ensuite transmis à Christian Laucou qui les préparait pour impression. Signalons que l’impression numérique était devenue assez performante pour se conformer à notre projet, entreprise presque impossible s’il avait fallu recourir à la typo au plomb, ce dont Christian était fort capable, puisque c’est son métier et son grand talent, mais à un coût nettement supérieur.
Si l'adhésion des auteurs fut effective, je pense que c’est aussi une idée qui flatta un peu leur vanité. Qui leur en voudrait ? Quel auteur n’éprouve pas le plaisir de voir son texte un peu plus soigné qu’à l’ordinaire ? Pour l’avoir éprouvé (merci, le Visage Vert !), je sais que le cœur est faillible. Lâchement, je sus en profiter. 

(A suivre)

Boîte à morve

Boîte à morve : Le nez.

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)

lundi 26 mai 2014

Truffes & petits papiers

On trouve de tout dans un livre.
— Des tickets de métro
— Des tickets de cinéma
— Des articles de journaux, quelquefois sans rapport avec le sujet du bouquin 
— Des cartes postales…
Et puis, on trouve l'image ci-contre.
C'est Didier Deaninckx qui, je crois, avait fait un roman sur les canaques du jardin d'acclimatation. Si l'on avait besoin de se convaincre que ce n'était pas une fiction, en voici la preuve. 1000 crocodiles, des canaques avec des “danses expressives”, le tout à Paris en 1931, comme l'indique le verso de ce ticket : du colonialisme sans arrière-pensée. Cela vaut bien des romans engagés sur le sujet. Les livres truffés se font rares. Beaucoup de confères en suppriment le contenu. On ne peut leur donner tort, car la mauvaise qualité du papier dont sont constituées ces truffes peuvent tacher irrémédiablement un livre précieux. Pour ma part, j'élimine du livre tout ce qui est sans rapport et je m'arrange pour que les documents restants soient contenus dans un papier un peu plus neutre, si possible. Le reste constitue un musée secret, une exposition permanente à côté de mon bureau. On reviendra de temps à autres sur ce sujet.
Mais, ces petits papiers sont-ils vraiment des “truffes” ? En réalité, non. Dans le jargon de la librairie le mot désigne le plus souvent des documents insérés dans un ouvrage et qui ont un rapport parfois étroit avec le sujet de celui-ci : coupures de presse, lettres tapuscrites ou manuscrites, cartes de visite, etc. Mais ici, la licence poétique n'interdit pas de considérer ce ticket comme une truffe valide. Il suffit de prétendre l'avoir trouvé dans Le livre du Zoo, de Suzanne Pairault, par exemple, même si le livre est tardif. Ou mieux encore dans le livre de Didier Daeninckx auquel je faisais allusion plus haut et dont le titre est Cannibale.
Rappelons que le must est de trouver une lettre autographe de l'auteur. De quoi vous rendre jaloux. J'ai des noms.

Ce billet, très légèrement revu, a été publié la première fois sur le blog Feuilles d'automne en juin 2008

Renvoyons nos lecteurs au billet du blog de George WF Weaver, ou il est question de l’expo coloniale mais de bien plus encore. Nous sommes bien loin du bois mystérieux d'un André Hardellet...

Lever une gonzesse



Le professeur Rollin a toujours quelque chose à direin : Palace (1988)