samedi 21 juin 2014

Cul

Cul : Homme bête et grossier.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

Cul : Derrière. Avoir un beau cul, etc.

Cul : Homme bête et grossier; Ex. : Quel cul, ce mec-là !

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l'argot moderne (1953)

Cul
:
En tant qu'appât érotique.

Quand on va boire à « l'Écu »,
N'faut pas tant tortiller des fesses,
Quand on va boire à « l'Écu »,
N'faut pas tant tortiller du cul.
(Rétif, chanson citée dans les Contemporaines.)

Remuer le cul ou lever le cul : Pratiquer l'acte de chair.

Je te désire autant décus
Qu'on remue à Paris de culs

(Cabinet satirique)

Blaise et Margot à merveille
Ensemble ont toujours vécu ;
Blaise hausse la bouteille
Et Margot lève le cul.
(Collé.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

vendredi 20 juin 2014

Où le Tenancier pense très fort à quelqu'un (mais ça peut très bien s'appliquer à pas mal de monde)

[…] Entendre chanter une personne enrouée, voir danser un paralytique, cela est pénible : mais surprendre une tête bornée en train de philosopher, la chose est insupportable. Pour dissimuler leur manque d’idées réelles, beaucoup s’abritent derrière un appareil imposant de longs mots composés, de phrases creuses embrouillées, de périodes à perte de vue, d’expressions nouvelles et inconnues, toutes choses dont le mélange donne un jargon d’aspect savant des plus difficiles à comprendre. Et, avec tout cela, il ne disent rien. On n’acquiert aucune idée, on n’accroît aucunement sa connaissance, et l’on doit se contenter de dire en soupirant : « J’entends bien le claquet du moulin, mais je ne vois pas la farine. » Ou bien l’on constate que trop clairement quelles idées pauvres, communes, plates et rudimentaires, se dissimulent derrière l’ambitieux pathos. Oh ! si l’on pouvait inculquer à ces philosophes pour rire une notion du sérieux redoutable avec lequel le problème de l’existence s’empare du penseur et l’ébranle jusqu’au plus profond de son être ! Alors ils ne pourraient plus être des philosophes pour rire, élucubrer sans sourciller des bourdes vaines comme celle de l’idée absolue ou de la contradiction qui doit exister dans toutes les notions fondamentales, ni se délecter avec une satisfaction enviable de noix creuses telles que celles-ci : « Le monde est l’existence de l’infini dans le fini » et « l’esprit est le réflexe de l’infini dans le fini » etc. Ce serait fâcheux pour eux ; car ils veulent absolument être des philosophes et des penseurs tout à fait originaux. Or qu’un cerveau ordinaire ait des idées non ordinaires, cela est juste aussi vraisemblable qu’un chêne produisant des abricots. Mais les idées ordinaires, chacun les possède lui-même, et n’a que faire de les lire. En conséquence, comme il s’agit en philosophie seulement d’idées, non d’expériences et de faits, les cerveaux ordinaires ne peuvent rien accomplir sur ce terrain. Quelques-uns, conscients de la difficulté, ont emmagasiné une provision d’idées étrangères le plus souvent incomplètes et toujours plates, qui dans leur tête, ajoutons-le, courent sans cesse [le] danger de se volatiliser uniquement en phrases et en mots. Ils les poussent ensuite en divers sens et cherchent à les accorder les unes avec les autres comme des dominos. Ils comparent ce qu’a dit celui-ci, puis celui-là, puis un autre, puis un quatrième encore, et s’efforcent d’y voir clair. On essaierait en vain de trouver chez ces gens-là une vue fondamentale solide reposant sur une base apparente, c’est-à-dire absolument cohérente, des choses et du monde. Aussi n’ont-ils sur rien une opinion nette ou un jugement fermement établi ; mais ils tâtonnent comme dans le brouillard, avec leurs idées, leurs vues et leurs exceptions apprises. Ils ne se sont en réalité consacrés à la science et à l’érudition que pour les enseigner eux-mêmes. Soit. Mais, alors, au lieu de jouer au philosophe, ils doivent au contraire apprendre à séparer le bon grain de l’ivraie.

Schopenhauer : Contre la philosophie universitaire (1851)

Oie

Oie

Petite oie : préludes à l'acte de chair.

Menu détail : baisers donnés et pris,
La petite oie : enfin ce qu'on appelle
En bon français les préludes d'amour
La Fontaine, Contes.)

Ce souper s'est très bien passé; les demoiselles ont empoché chacune trois louis, et on s'en est tenu simplement à la petite oie. (Inspect. de Police)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

Comme un sac de vêtements

De Sagan, je ne garde au travers mes longues années dans le livre et spécialement en librairie qu’une vague indifférence vis-à-vis d’une littérature qui ne me ressemblait pas. Je n’en ressentais ni affection ni haine particulière, me contentant de pointer la parution d’un Sagan de temps à autre et d’attendre un lectorat qui était à peu près de la même génération de l’écrivain. Tout au plus, lorgnant de temps à autre dans les ouvrages en quête d’une impression surgissait cette espèce de stupeur devant ce romanesque un peu décalé par rapport à des goûts personnels vraiment différents. Bref, de la dame, je retenais l’interview de Desproges, sa façon de débagouler les mots qui vaut encore un souvenir amusé de Jean Rochefort, sans doute cette fragilité et ce doute intérieur qui me la ferais choisir de toute façon au crapaud métaphysique durassien. Bref, Sagan faisait l’objet d’une sorte de respect distant et un désintérêt complet de ma part pour ce qui était de sa littérature. Pourtant, il faut bien un jour revenir sur certaines impressions, même si elles ne constituent qu’une concession en marge d’une opinion assez bien établie. Ce revirement un peu marginal survint lorsqu’un client, il y a quelques années, commanda un recueil de textes courts rédigés par elle et qui s’intitulait Avec mon meilleur souvenir. Si la thématique était reconnaissable et jouée d’avance à mes yeux (La vitesse, Saint-Tropez, Billie Holiday, etc.), un seul texte retint mon attention, celui consacré à Orson Welles. Qui ne se souvient pas du grand Orson cadré serré lors d’une conférence, ce regard, cette masse qui prend chair devant notre écran ? La tentation du télescopage entre Sagan et lui était évidente et elle sut en profiter sur ces quelques feuillets, comme dans ce passage :
« Ce jour-là, après m’avoir donc trimbalée comme un sac de vêtements à travers toutes les avenues de Paris et les Champs-Élysées, il finit par m’asseoir sur une chaise pour déjeuner avec deux amis à lui. Il mangea comme un loup, rit comme un ogre, et nous finîmes tous l’après-midi dans son appartement du George V où il avait atterri après maints ravages dans les autres palaces de Paris. Il marcha de long en large, parla de Shakespeare, du menu de l’hôtel, de la bêtise des journaux, de la mélancolie de quelqu’un, et je serais incapable de répéter une de ses phrases. Je le regardais, fascinée. Personne au monde, je crois, ne peut donner autant l’impression du génie tant il y a en lui quelque chose de démesuré, de vivant, de fatal, de définitif, de désabusé et de passionnel. J’eus simplement un instant de terreur quand il nous proposa brusquement de partir l’heure suivante à Valparaiso, justement. Je me dirigeai donc vers la porte pour aller chercher mon passeport (abandonnant là un deuxième foyer conjugal, un enfant, un chien, un chat, non pas dans des intentions coupables mais simplement parce que Welles était irrésistible et que le moindre de ses souhaits devait être évidemment exaucé). Dieu Merci, ou tuedieu, le téléphone sonna, lui rappela qu’il devait partir pour Londres, et Valparaiso tomba à l’eau ou y resta. »
Si jamais vous tombez sur ce recueil, il ne sera peut être pas nécessaire de l’acheter, ce sera à votre bon cœur, mais allez voir ce qui est dit entre la page 99 et la page 110. Et peut être que, comme moi, Sagan remontera dans votre estime pour vous avoir montré le grand Orson tel qu’on aurait voulu le voir.
Et tant pis si ce n’est peut être pas vrai. 

Poivrot

Poivrot : Ivre — Forme de poivreau.

Quand qu'alle rapplique à la niche
Et qu'nous sommes poivrots,
Gare au bataillon d'la Guiche !
C'est nous qu'est les dos.
(Richepin)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

jeudi 19 juin 2014

Devinette / Vanne pourrie

Quelle est la devise de Marcel Proust(*) adoptée par le Cartel de Medellin ?

(Le gagnant n'aura pas d'abonnement à la Vie du Rail)

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(*) On m'avise dans l'oreillette qu'il s'agirait en fait d'un dénommé Stendhal...

mercredi 18 juin 2014

Poivreau

Poivreau : Vol commis par un poivrier. (Rabasse)

Poivreau : Ivrogne. — De poivre. — « Je me pique trop le nez, je préfère en finir avec mon existence. Ce sera un poivreau de moins. » (Moniteur, 10 septembre 72)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881


Poivreau, s. m. : Ivrogne. Le mot poivreau tire évidemment son origine du poivre, que certains débitants de liquides ne craignent pas de mêler à l'eau-de-vie qu'ils vendent à leurs clients. Ils obtiennent ainsi un breuvage sans nom, capable d'enivrer un boeuf. Que d'anecdotes on pourrait raconter au sujet des poivreaux ! Bornons-nous à la suivante : Un poivreau, que le « culte de Bacchus » a plongé dans la plus grande débine, se fit, un jour entre autres, renvoyer de son atelier. Par pitié pour son dénuement, ses camarades font entre eux une collecte et réunissent une petite somme qu'on lui remet pour qu'il puisse se procurer une blouse. C'était une grave imprudence; notre poivreau, en effet, revient une heure après complètement ivre.
— Vous n'êtes pas honteux, lui dit le prote, de vous mettre dans un état pareil avec l'argent que l'on vous avait donné pour vous acheter un vêtement?
— Eh bien! répondit l'incorrigible ivrogne, j'ai pris une culotte.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

mardi 17 juin 2014

Spinoza et la connerie

« Spinoza soutient que le Mal n’est rien, pure négation, comme l’Erreur, du moins sous le regard de Dieu. Il ne parle pas de la connerie, je le regrette, sinon sous une forme diluée. Tout Spinoza qu’il fut, il passa à côté de ce problème capital. Une lecture approfondie de l’Éthique montrerait que cette œuvre-miroir recèle un angle mort, un point aveugle. Où est le point de vue du con ? Où le regard qui ne se voit pas lui-même et ne se voit pas se voir ? La Substance, cette grosse baudruche. Il faudrait reprendre ça. Je ne me porte pas candidat. »
 
Georges Picard : De la Connerie (José Corti, 1994)

lundi 16 juin 2014

Vanne pourrie

Grand baroudeur, Ernest s'intéressait beaucoup à la Chine moderne mais demeurait fort laconique lorsqu'on le questionnait sur des époques plus anciennes :
— « Et Ming ?
— Ouais… » 

George WF Weaver

Polope !

Polope ! : Attention.

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)