mercredi 31 mars 2021
mardi 30 mars 2021
lundi 29 mars 2021
dimanche 28 mars 2021
vendredi 26 mars 2021
Tout l'univers
Laurence Michel est
une femme qui a choisi d'être heureuse...
Elle est pourvue du don de l'expression. Toute description de nature ou de plat cuisiné est commandée par la hiérarchie tyrannique des cinq sens et occasionne comme un voyage oriental autour de sa bibliothèque où Colette occupe une grande place.
ArD
J'ai huit ans.
Le maître du Cours moyen a fini par me placer juste à côté de la bibliothèque scolaire pour que je puisse prendre un volume sans déranger quand j'ai fini un exercice en avance.
Je suis en enchantement, impression de boire tout le savoir du monde (le titre !) en 21 tomes.
Je les ai tous lus cette année-là, sans sauter une page.
C'était la première fois que je ne ressentais pas l'impression de rester sur ma faim (d'apprendre).
Je les ai revus depuis ces gros volumes rouges, ils sont aujourd'hui un peu désuets... Les planches des « toutes dernières technologies » feront sourire. Entre autres.
J'en ai récupéré un peu dans une poubelle. Dépareillés et bien déchirés.
Mais voilà, un de ceux-qui-ne-peuvent-viscéralement-pas jeter-un-livre va préparer un colis bien lourd et bien gros, avant de l'apporter dans un Mondial Relay, parce qu'il est mon frère d'encre et de papier.
(Le « HORD FRAIS D'ENVOI » ou pas, il a gagné sa part de paradis !)
Et le site refait la géniale folie de l'envoi à deux euros quel que soit le poids.
Elle est pourvue du don de l'expression. Toute description de nature ou de plat cuisiné est commandée par la hiérarchie tyrannique des cinq sens et occasionne comme un voyage oriental autour de sa bibliothèque où Colette occupe une grande place.
ArD
J'ai huit ans.
Le maître du Cours moyen a fini par me placer juste à côté de la bibliothèque scolaire pour que je puisse prendre un volume sans déranger quand j'ai fini un exercice en avance.
Je suis en enchantement, impression de boire tout le savoir du monde (le titre !) en 21 tomes.
Je les ai tous lus cette année-là, sans sauter une page.
C'était la première fois que je ne ressentais pas l'impression de rester sur ma faim (d'apprendre).
Je les ai revus depuis ces gros volumes rouges, ils sont aujourd'hui un peu désuets... Les planches des « toutes dernières technologies » feront sourire. Entre autres.
J'en ai récupéré un peu dans une poubelle. Dépareillés et bien déchirés.
Mais voilà, un de ceux-qui-ne-peuvent-viscéralement-pas jeter-un-livre va préparer un colis bien lourd et bien gros, avant de l'apporter dans un Mondial Relay, parce qu'il est mon frère d'encre et de papier.
(Le « HORD FRAIS D'ENVOI » ou pas, il a gagné sa part de paradis !)
Et le site refait la géniale folie de l'envoi à deux euros quel que soit le poids.
Jojo les bonnes affaires.
C'est le nom du relais où je viens de récupérer Tout l'univers.
J'y étais déjà allée, le gars qui tient ce très petit magasin où tout est en vrac a des dreadlocks jusque là où le dos perd son nom.
Je préviens qu'il s'agit d'un carton très gros et très lourd, une encyclopédie. Il demande en souriant (il sourit tout le temps) : « Tout l'univers ? »
Bien étonnée, je remarque : « Vous êtes trop jeune pour l'avoir connue à l'école ! »
Il m'a expliqué qu'il l'avait chez lui quand il était enfant, sa mère s'était ruinée pour la payer à sa sœur aînée, huit mille francs ! Et qu'à présent les gens la jettent parfois...
Je raconte le monsieur qui me l'a donnée, qui s'est donné bien du mal à emballer et déposer.
Commentaire cette fois sérieux de mon rasta préféré : « J'aurais fait pareil. »
Il (heureusement) a porté le colis et l'a déposé dans ma voiture, je n'ai plus qu'à les sortir un par un !
Laurence Michel
mercredi 24 mars 2021
lundi 22 mars 2021
Une historiette de Béatrice
dimanche 21 mars 2021
samedi 20 mars 2021
Cher Monsieur Barlow
Dans le courrier, avec le manuscrit d’un de mes romans que
me renvoyait un agent de New York, j’ai trouvé une lettre. Je l’ai lue en
buvant une bière et en fumant une cigarette. Elle disait (en plus de
« Cher Monsieur Barlow ») :
Nous vous renvoyons votre roman, non parce qu’il n’est pas publiable, mais parce que le marché, actuellement, n’est guère réception à des histoires de camionneurs ivres transportant du bois, de bouseux et de chasse au cerf. Nos remarques concernent davantage la mise sur le marché de ce roman que la possibilité pure et simple de le publier. Bien qu’il soit très drôle en beaucoup d’endroits et extrêmement bien écrit, avec une bonne intrigue et de belles descriptions, qu’il soit dépourvu de fautes d’orthographe ou typographiques, nous ne pensons pas que nous puissions le placer. En revanche, c’est avec grand plaisir que nous lirons d’autres choses de vous, soit déjà écrites, soit que vous écrirez à l’avenir. C’était signé par un quelconque connard. Je n’ai pas lu son nom. J’ai glissé une feuille de papier dans la machine et j’ai rédigé la réponse : Vous, monsieur, n’êtes qu’un ignare. Comment pouvez-vous savoir que ça ne se vendra pas, bordel, si vous n’essayez même pas ? Et puis, est-ce que vous croyez que je peux vous en chier un autre en cinq minutes ? Ce putain de roman m’a pris deux ans de travail. Avez-vous la moindre idée de ce que ça coûte à quelqu’un ? Vous aimez jouer au Dieu tout-puissant avec nous, là-haut. Vous avez gardé mon manuscrit trois mois sans même le faire passer à des éditeurs. Alors que moi, pendant ce temps-là, je croyais que quelqu’un se tâtait pour l’acheter. Je vous botterais le cul. Je vous défoncerais à coup de pompes et j’y ferais un trou boueux que j’essuierais avec mes semelles. Espèce de bouffeur de merde. Je vous souhaite de perdre votre job. De toute façon vous le faites comme un con. Je souhaite que votre femme vous file une chaude-pisse. J’aimerais bien que vous fassiez mon boulot et moi le vôtre. Ça vous dirait, de peindre quelques maisons par quarante degrés ? Je peux vous garantir que c’est pas si marrant que ça. Je vous souhaite de vous faire écraser par un taxi en rentrant chez vous. Et puis de crever au bout d’un mois dans des douleurs atroces. J’ai remonté la feuille et je l’ai lue. Elle m’a parue pas mal. Elle exprimait exactement ce que j’éprouvais. Grâce à elle, je me sentais bien mieux. Je l’ai relue, puis je l’ai sortie de la machine, je l’ai déchirée et je l’ai jetée. C’est alors que je me suis mis à mon histoire. À quatre heures du matin, j’y étais encore. J’aimais bien travailler en pleine nuit. Il n’y avait de bruit nulle part. Rien n’obligeait mon esprit à se détourner de ce que j’avais juste devant moi. J’ai terminé cette nouvelle, je l’ai lue, j’ai pris une enveloppe, rédigé l’adresse, collé les timbres et mis les feuillets dedans. Je l’ai portée à l’extérieur, dans la boîte aux lettres au bout de l’allée. Je savais qu’elle allait rester quelques temps loin de moi et qu’elle me reviendrait sans doute avec quelques mots superbes sur la lettre de refus. Je frappais à la porte. Il y avait des années que je frappais, mais il leur en fallait, tu temps, pour me laisser entrer. Je suis revenu dans la maison, j’ai éteint les lumières et je suis allé au lit. Seul. |
Larry Brown : 92 jours Nouvelle (1990), in : Dur comme l’amour Traduit de l’américain par Pierre Furlan, Gallimard, 2001 |
vendredi 19 mars 2021
jeudi 18 mars 2021
mercredi 17 mars 2021
mardi 16 mars 2021
Connaissons nos classiques
Les 46 camps romains fortifiés en Corse, dans le
sens des aiguilles d’une montre.
Geranium
Postcriptum Tartopum Ultimatum Auditorium Podium Labegum Ouelcum Shalum Album Tedbum Mercurocrum Colonnevendum Memorandum Incaudavenenum Aluminum Desideratum Sivispacemparabellum (Est) Sodium Sæculasæculorum Jolimum Referendum Capharnaum |
Sternum
Sivispacemparabellum (Ouest) Unpeudedecorum Minimum Maximum Opossum Balatum Linoleum Metronum Calcium Mariapacum Chouingum Cemonum Pensum Harmonium Derbidepsum Formelmonum Vanitasvanitatum Oncletum Hum Axium Regiotonum Factotum |
lundi 15 mars 2021
dimanche 14 mars 2021
Abréviations : Lettre C
|
samedi 13 mars 2021
vendredi 12 mars 2021
Une historiette de Béatrice
jeudi 11 mars 2021
mercredi 10 mars 2021
mardi 9 mars 2021
lundi 8 mars 2021
Un faussaire
Letellier.
Faussaire-copiste, ancien
clerc d’huissier. Affaire célèbre sous Louis-Philippe. […] Se faisant
appeler
« Comte Le Tellier d’Irville », soi-disant « archiviste
à la
Bibliothèque nationale », il avait ouvert une boutique, cabinet
généalogique
et officine d’autographes. Avec l’argent de ses premières escroqueries,
il
racheta aux héritiers d’Hozier ce qui subsistait des collections du
célèbre
« Cabinet d’Hozier ». En écoulant ainsi de vrais et de faux
manuscrits, Letellier abusa plus aisément ses clients. Il lança de 1844
à 1847
un nombre incalculable d’autographes historiques, munis le plus souvent
de
certificats d’authenticité, obtenus grâce à des ventes publiques. Il
est l’auteur
de très nombreuses lettres faisant toutes partie de la collection
Charavay,
spécialiste en autographes à Paris. Parmi ces pièces curieuses :
Lettre de
François Ier à Horondelle, de Luther, de Calvin à M. de
Canaples,
d’Henri II au prince de Melfes , de Diane de Poitiers à la
princesse de
Montaytgy (une erreur de date visible fut fatale à l’auteur, 1585, soit
dix-neuf ans après la mort de Diane de Poitiers), et d’un certain
nombre de
billets signés Henri III et adressés à de jeunes galants… pour leur
proposer
une entrevue.
Letellier réalisa sur parchemin de nombreux arbres généalogiques, dont sept pour des prélats parisiens. Ces faux, peu habiles et remplis d’erreurs et de fautes étaient réalisés sur d’anciens manuscrits grégoriens lessivés, grattés, repolis au polissoir d’agate et marqués d’un tampon (faux) de la Collection d’Hozier. |
Jean-Louis Chardans : Dictionnaire des trucs (1960)
Pour en connaître plus sur l'affaire, dirigez-vous ici.
dimanche 7 mars 2021
Le Tenancier a mangé trop lourd hier soir...
... il s'ensuit qu'il a rêvé être coincé pour l'éternité dans un ascenseur entre Duras et Angot.
samedi 6 mars 2021
Penguin Clothbound
Décidément, votre Tenancier ne se lasse pas d’explorer les
productions de la maison Penguin. Est-ce par vice qu’il s’y intéresse après le
Brexit ? En tout cas, trouvera-t-on un équivalent de ces superbes bouquins
que constituent les Penguin Clothbound,
c'est-à-dire une collection de classiques cartonnés plein papier dont la maquette et les
motifs utilisés donnent envie d’une bibliothèque enfin colorée et… attendez, là : je ne me mettrais
pas à causer comme un magazine trendy ?
Pour en savoir — à peine — plus, reportez-vous à l’autre page de l’éditeur consacrée à Coralie Bickford-Smith qui a conçu le design de ces couvertures. On se demande tout de même, or l’alibi « culturel », ce qui empêche les éditeurs français de produire de tels petits enchantements. On se dit même que nos contemporains sous le charme conserveraient quelques livres pour leur joliesse et, coup de lune, on sait jamais, se mettraient à les lire…
vendredi 5 mars 2021
jeudi 4 mars 2021
« At Michaux's »
On s'interrogeait sans doute sur la location des deux images de la librairie prises par Jack Garofalo à Harlem, un certain été 1973 et que l'on retrouvera sur ce blogue. Il s'agit de la librairie de Lewis Michaux, pivot important de la communauté afro-américaine.
« Le magasin a été situé pendant 38 ans sur le boulevard Adam Clayton Powell Jr. à la 125e rue. Parmi les visiteurs et les clients figuraient Kwame Nkrumah, qui devint plus tard le premier président du Ghana, Malcolm X et de nombreux auteurs et universitaires, tels que W. E. B. DuBois, qui y rencontra sa femme, Shirley Graham. » Source ici.
Pour en savoir plus (et si vous causez un peu l'anglais), c'est par là.
mercredi 3 mars 2021
Une historiette de Béatrice
mardi 2 mars 2021
La semaine idéale du Tenancier
Vous savez, les amis, se faire publier sous une couverture
soviétique grâce au Novelliste, ça vous donne des idées de grandeur. Alors,
zou, c’est décidé, le voici tout neuf et promu Grandécrivain.
On vous convie donc à une semaine idéale du Tenancier.
Première journée : Leçon inaugurale du Tenancier (croquis sur le vif) dans la cour du Collège de France.
On vous convie donc à une semaine idéale du Tenancier.
Première journée : Leçon inaugurale du Tenancier (croquis sur le vif) dans la cour du Collège de France.
Deuxième journée : Lecture des épreuves des Œuvres complètes du Tenancier en sa présence par un consortium international d’éditeurs.
Troisième journée : Petite pause du Tenancier consacrée à la lecture de la critique élogieuse des confrères.
Quatrième journée : Déplacement du Tenancier en province pour une lecture publique de sa nouvelle Le Bassin, pour laquelle il garde une affection particulière.
Cinquième journée : Signature avec un représentant de Sony Picture Entertainment pour les droits d’adaptation de ses œuvres sur une durée de 5 ans.
Sixième journée : Direction d’un stage de plein air et de cohésion de groupe dispensé auprès de jeunes auteurs par le Tenancier.
Septième journée : Causerie intime en présence d’un public choisi à la Maison de la Poésie à Paris, à guichet fermé, bien sûr.
On notera une fois de plus la difficulté des artistes à fixer les traits du Tenancier. Il n’est pas ressemblant. À leur décharge, ils exécutent les portraits d’après une description orale. Or, chacun sait que le Tenancier est indicible…
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