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jeudi 16 novembre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 14


Pierre Laurendeau
Le Piège

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques jolies guêpes.



Le Tenancier : Joli conte cruel que ce Piège ! Dans ton dernier recueil (Le Passage clandestin, dans ta collection Samizdat) tu fais le compte de tes influences : Topor, Bettencourt et Cavazzoni — encore un auteur à ajouter sur ma liste. Faut-il également songer à Jacques Sternberg ?
 
Pierre Laurendeau : Sternberg ? Je n’y avais pas songé ! Merci de me le rappeler… Ce Piège a été écrit une fin d’été particulièrement riche en guêpes et frelons. Nous avions installé sur la terrasse un piège à guêpes très simple : on découpe une bouteille d’eau minérale aux deux tiers et on inverse la partie haute, qui devient entonnoir. Dans la partir basse, un mélange de substances à base de miel (pour les riches) ou de sucre (pour les pauvres). L’an dernier, notre petit-fils, Martin (5 ans), nous a suggéré d’ajouter au mélange du café. Les pièges ont été redoutablement productifs : guêpes et frelons se piétinaient littéralement jusqu’à former une couche compacte de quelques centimètres d’épaisseur, les vivants pataugeant dans une espèce de boue constituée du liquide initial et des morts. Plusieurs scènes de cannibalisme pour ajouter une touche d’horreur à ce spectacle peu ragoûtant… Et je pensais à mon conte, cruel certes, mais bien plus fade que la réalité !

lundi 13 novembre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux édition Deleatur — 13


Charles Perrault
Le Petit
Chaperon rouge

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques croqueurs de galettes



Le Tenancier : On oublie un peu trop souvent la cruauté des contes de Perrault et en général des littératures enfantines des siècles passés. Serait-ce par hasard le terreau d’un certain fantastique qui se développe de façon souterraine en France et dont on découvre des résurgences ici et là, comme dans cette collection ?
 
Pierre Laurendeau : Tu as raison, ô Tenancier ! Les contes pour enfants sont cruels, c’est en cela qu’ils sont formateurs de défenses psychologiques. Un enfant qui ne lirait que des histoires de parents séparés et de classes multiculturelles (je ne dis pas qu’il n’en faut pas) ne connaîtrait pas ce frisson salvateur de la peur du loup. L’hiver dernier, nous avons accueilli à la montagne une nièce de ma femme, qui est venue avec sa fille de 7-8 ans, très dégourdie et d’une curiosité de tous les instants… Je les ai emmenées se promener au-dessus de notre maison et, tout en marchant dans la neige, j’ai parlé du loup, très présent dans notre coin des Hautes-Alpes. Je sentais la jeune Manon à la fois excitée et inquiète. « Tu crois qu’on va en voir un ? » me demande-t-elle. Je lui réponds : « C’est peu probable, mais on verra peut-être ses traces dans la neige… » Juste à ce moment-là, nous débouchons sur un pré (enneigé) avec un reste de massacre de chevreuil – du sang, des poils et une mâchoire inférieure caractéristique. Je me tourne vers Manon, un peu inquiet : « Hum… là, ce n’est pas très cool… » Elle se précipite vers la mâchoire : « Génial ! » Et, se tournant vers sa mère : « Est-ce qu’on peut la rapporter chez nous ? » L’anecdote est révélatrice de l’écart entre l’idée que se font les adultes (notamment les éditrices jeunesse) de ce qu’un enfant peut « encaisser » et l’envie qu’ils ont de se mettre en inquiétude !
Les contes de Perrault, ou ceux des frères Grimm jouent de ce ressort, de même que les récits d’aventures comme L’Ile au trésor, avec l’inquiétant Long John Silver…
D’ailleurs, les éditions pour la jeunesse du Petit Chaperon rouge omettent bien souvent la moralité finale, qui contient un avertissement explicite :
On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d’écouter toute sorte de gens,
Et que ce n’est pas chose étrange,
S’il en est tant que le Loup mange.
Je dis le Loup, car tous les Loups ne sont pas de la même sorte ;
Il en est d’une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes Demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
Mais hélas ! qui ne sait que ces loups doucereux,
De tous les loups sont les plus dangereux.

jeudi 9 novembre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 12


Georges Le Gloupier
Ode à l'attentat
pâtissier

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques gourmands



Le Tenancier :
À moi Pieds Nickelés, Abbott et Costello
Et Laurel et Hardy, mes amis, mes poteaux !
Placée entre vos mains, toute tarte à la crème
Se mue magiquement en une arme suprême.
Signalons que l’Ode fut déjà publiée par Deleatur dans sa Bibliothèque gourmande dans une version plus longue, semble-t-il…
 
Pierre Laurendeau : O Tenancier ! Tu as bonne mémoire ! Effectivement, la première édition de l’Ode, en 1985, était accompagnée d’une biographie de Georges Le Gloupier par Georges de Lorzac – les deux chenapans étant des pseudos d’un certain JPB. Même si le lancer de tartes à la crème a été transféré au Belge Noël Godin[1], il faut rétablir la vérité : Godin a hérité de Le Gloupier, qui fit ses premières apparitions, si ma mémoire est bonne, dans le journal Sud-Ouest dans les années 60, où officiait alors JPB. Il s’occupait, je crois, de la chronique mondaine du Bordelais et devait rapporter les vernissages d’expositions et autres pince-fesses. Il avait pris l’habitude de glisser un Georges Le Gloupier, confrère imaginaire d’un autre journal, dans la brillante assistance, et s’amusait à voir Le Gloupier figurer dans les chroniques concurrentes.
Pour le lancement de l’édition originale de l’Ode, Le Gloupier avait vu grand : il (Noël ou JPB, ou les deux ?) entarta Godard au festival de Cannes. Exclu du festival, il dut être réintégré à la demande expresse de Godard, sans quoi le cinéaste quittait lui-même le festival, argumentant que le lancer de tarte à la crème était une tradition cinématographique dès les origines ! Actuel avait publié un magnifique article, avec photo de Godard encrémé, ainsi que des extraits de l’Ode – l’édition fut épuisée en un clin d’œil.
Lorsque je créai la collection des minilivres, JPB accepta que j’y glisse l’Ode. « Tu as les droits à vie ! Tu en fais ce que tu veux. »
Notons que l’Ode figure en bonne place dans la magnifique Anthologie de la subversion carabinée de Noël Godin (L’Age d’homme).

[1] Les premiers entartages se pratiquaient en commando : JPB et Godin assumant tour à tour le lancer et la protection du lanceur. Dans ses Mémoires (Crème et Châtiment), Godin parle d’un centre d’entraînement clandestin au lancer de tartes à la crème quelque part dans les Cévennes. Je n’ai pas eu confirmation de son existence par le second !

lundi 6 novembre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 11


Pascal Proust
avec la collaboration de
Guy Canut
Pierre Laurendeau
Journal central n°6

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques amateurs



Le Tenancier : Je cite le premier rabat de couverture :
« Un voyage fascinant dans les profondeurs de la mémoire : qui fut l’étrange architecte des folies reproduites dans ce livre ? Où furent-elles construites et quel fut le motif de leur édification ? Le mystère, révélé par Pascal Proust n’a pas encore été complètement levé : les parts d’ombre qu’il recèle ne l’en rendent que plus attirant.
Pour en savoir plus, vous pouvez nous contacter à l’adresse de l’éditeur »
Mais avant de céder à cette injonction, j’avoue que je place la même ferveur dans ce texte-là qu’avec La voie de la montagne dont nous avons déjà parlé. Là encore, on se demande ce qui tient de l’imaginaire et de la réalité… En tout cas l’habileté du texte séduit, bien accompagné des illustrations. Bien entendu, on aimerait bien en savoir plus sur les auteurs.
 
Pierre Laurendeau : Ah ! ce Journal central n° 6 ! Un ami libraire angevin m’aborde un jour, en me disant : « Il faut que tu ailles à la Godeline – il s’y déroule en ce moment une exposition qui devrait t’intéresser. » Le lieu en question est un hôtel particulier en plein cœur d’Angers qui abrita un temps l’école de musique où je fis mes gammes pendant quatre ans. « Sécularisé », il accueille désormais des expositions temporaires.
Je ne me souviens plus du contexte de l’exposition, mais très bien de ma première rencontre avec Pascal Proust – et de l’étrange journal comptable (le numéro 6, donc), qu’il avait acheté aux puces. Mon enthousiasme a été immédiat, mais une certaine lueur amusée dans le regard de Pascal me fit douter… Avais-je affaire à un faux diablement parfait ? Le support, lui, était irréfutable : des théories de chiffres attestaient de son authenticité.
Je ne dévoilerai bien sûr rien de cette affaire !
Une longue amitié entre Pascal et moi naquit à ce moment-là, qui déboucha, quelques années plus tard sur une série de carnets d’aquarelles (à son initiative) qui connut un succès commercial certain : au moins 30 000 exemplaires pour les cinq carnets dont il réalisait les dessins aquarellés, d’une précision d’architecte, et que j’illustrais de petits textes à la fois très descriptifs et enlevés (dit-il avec modestie).
Pascal est devenu « land artist ». Son dernier projet, un catalogue de sculptures ornementales chimériques d’une légendaire maison : « Proust & Associés SA », daté de 2060 – il mériterait d’être publié.
Un seul regret pour ce minilivre numéro 11 : ne pas avoir reproduit les « folies » du Journal central en couleurs (à l’époque, je n’avais qu’un scanner noir et blanc et une imprimante laser de même nature).
Quant au texte qui accompagne les reproductions, j’y ai participé mais je ne me souviens plus à quelle profondeur.

jeudi 2 novembre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 10


Dominique Forget
Sous le ventre des papillons
Dessins de Lena Rosenberg

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques amateurs



Le Tenancier : Bien que le Tanka observe une rythmique bien à lui, que l’on ne retrouve pas forcément dans ces textes courts, j’y retrouve toutefois cet esprit fugace, très économe de ses effets. Les dessins de Lena Rosenberg ajoutent une touche énigmatique. Qui est Dominique Forget ?
 
Pierre Laurendeau : J’ai fait la connaissance de Dominique Forget à l’école Victor-Hugo, à Angers : nous n’y étions pas sur le même banc, mais attendions nos enfants à la sortie des classes.
Dominique enseignait la philosophie dans un lycée angevin. Grenoblois expatrié, il avait aussi trouvé du réconfort à fréquenter un adepte de la grimpe et de la haute montagne (son père fut un des piliers du Club alpin de Grenoble).
C’est un homme discret, épris de littérature du xviiie siècle, notamment Diderot. J’avais bien aimé ces « lampes de poche », comme il appelle ses courts textes poétiques.
« La pluie de rosée qui m’accompagne à la gare éclatera sûrement de rire en apprenant que ma valise en carton ne contenait qu’un aquarium gonflable et trois cuillers en peau de léopard. »
Lena Rosenberg était une amie de Dominique – je n’ai pas gardé le contact.
Dominique a quitté Angers il y a une vingtaine d’années. Moi depuis onze ans. Nous nous rencontrons régulièrement dans les Hautes-Alpes (il a une maison de famille à Guillestre, près de chez moi), avec Yves Artufel, qui anime les éditions Gros Textes à Châteauroux-les-Alpes, et Gilles Dumarchez, qui fut berger-libraire. Gros Textes a publié un recueil de Lampes de poche. On peut également en lire sur le blog de Dominique Forget : https://dominiqueforgets.com.
Mathilde Forget, sa fille, qui était en classe avec Olivier, mon fils, est à la fois musicienne (elle a créé la musique de mon film Papillons) et écrivaine – son livre À la demande d’un tiers, qui m’a bouleversé, se trouve en poche.

lundi 30 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 09


Pierre Laurendeau
Oli Bobo et les 40 douleurs

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques amateurs



Le Tenancier : On ne conteste pas ici ce conte enfantin joyeux et plein d’humour, mais que l’on fasse accroire à un enfant que l’on peut transformer un McDo en restau gastronomique relève de la faute professionnelle. Même la fantasy la plus échevelée garde quelques limites, M. Laurendeau ! J’ai l’impression qu’un jeune garçon de 8 ans n’a pas été peu fier de ce récit plein de plaies et de bosses, cela dit…
 
Pierre Laurendeau : Tu as raison, ô Tenancier, le McDo est à la gastronomie ce que les 50 Nuances de Graisse sont à la littérature érotique…
J’ai écrit Oli Bobo pour calmer les ardeurs à se faire des bosses d’Olivier, mon fils alors âgé de huit ans – en tant que père, il sera prochainement confronté au problème. Le conte l’a beaucoup amusé… Je ne suis pas certain qu’il ait eu un effet prophylactique.
Il existe une version numérique superbement illustrée par Émilie Harel, disponible sur les plates-formes de téléchargement.

dimanche 29 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — Hors collection (ou presque)



Pierre Laurendeau
Une nuit dans la Grande Bibliothèque

Angers — Éditions Deleatur, 1996
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en septembre 2023 à un exemplaire (voir ci-dessous)



Le Tenancier : Je ne possède pas cet ouvrage, pourtant indiqué comme le neuvième de la collection les premières années et ensuite comme « HC ». Les indices et, je crois, le souvenir d’une conversation font penser à une publication de circonstance. Était-ce en rapport avec la BNF ? Rappelons que le site actuel fut inauguré à cette époque…
Le Tenancier conçoit quelque amertume de ne point posséder cet item.
 
Pierre Laurendeau : Ah zut ! il va falloir que j’en fabrique un pour le Tenancier ! Une bibliothèque d’une petite ville près d’Angers m’avait demandé une animation au début des années 90. J’avais proposé un texte personnalisable où le lecteur se trouverait acteur du livre, dont l’intrigue se déroulerait au sein de la bibliothèque… Ce n’était donc pas la BNF, mais celle de Champigné (Maine-et-Loire). L’animation fut un succès, même si quelques désabusés me firent ce compliment : « Bah ! c’est juste une fonction recherche-remplace ! » Une fois l’opération de personnalisation effectuée, j’imprimais le corps du livre sur imprimante laser – la première ! La couverture était réalisée en Canson bleu avec étiquette rapportée et couture au fil. Très chic ! Tout cela au format A5.
L’histoire était une sorte de mise en abyme livresque : le personnage arrivait à se faire enfermer une nuit dans une bibliothèque ; il assistait à des phénomènes étranges de génération spontanée de livres.
C’est lors de cette même animation que je fus victime d’un « vol » de dédicace : un petit salon du livre avait été organisé au même endroit, où je présentais mes livres ; une dame m’en achète un et… va le faire dédicacer à la voisine, une star locale. Étant un dédicateur angoissé (toujours peur d’oublier le nom du ou de la dédicataire, de mal l’orthographier, de ne pas savoir quoi mettre ou de faire une horrible faute de syntaxe ou d’orthographe), je fus soulagé !
Quelques années plus tard, j’ai intégré Une nuit dans la Grande Bibliothèque dans la collection des minis.
Il y eut une déclinaison commerciale du concept à la demande d’un éditeur pour lequel mon ami Alain Royer et moi avions créé une collection documentaire pour la jeunesse : « Raconte-moi… », dont j’avais coécrit avec Alain le premier volume consacré à la mairie. L’éditeur nous commanda un conte de Noël qu’Alain écrivit (c’était sa spécialité) et dont j’assurai l’adaptation technique.

Poche scriptum : bien reçu, mon cher Pierre, merci !

jeudi 26 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 08


Stéphane Mahieu
Le Grand Animal de Maastricht

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques paléontologues



Le Tenancier : Toute bonne collection tisse des liens entre les volumes qui la complètent. Le compte-rendu assez facétieux de Stéphane Mahieu établit un pont avec l’Explorateur au pays des dinosaures, dont le rapport semble évident, mais également avec l’exposition ambiguë de La voie de la montagne. En effet, même si le récit de la mise à jour du premier Mosasaure est vrai, l’auteur change par son point de vue la relation de la découverte au point que l’on peut s’interroger au bout du compte sur la véracité des faits. La ‘Pataphysique pointe de nouveau son nez…
 
Pierre Laurendeau : Cher Tenancier, quelle subtilité dans la mise au jour des corrélations !
Je connais Stéphane Mahieu depuis la fin des années 70 (nous étions plus jeunes et plus chevelus), à l’époque du Melog, la revue qu’il animait avec Jimmy Gladiator. Nous avions gardé contact ensuite grâce aux rendez-vous du Pompadour, un café près des Halles, à Paris… Les rendez-vous du mercredi migrèrent au Bougainville, sous la haute protection d’une octogénaire au pied sûr (nous ne la regardions pas sans frémir disparaître dans l’escalier de la cave – d’où son mari n’était pas remonté, les vertèbres brisées, quelques décennies plus tôt (les mauvaises langues chuchotaient qu’elle l’avait poussé dans l’escalier – il est vrai qu’il buvait, ce qui, pour un Aveyronnais, était le pire crime : dilapider le fonds !). Puis chez Madame Paulette, au Carrefour, seul bistrot du Quartier latin affichant résolument : « Pas de wifi / Pas d’ordinateur ».
Pour en revenir à Stéphane, j’avais publié de lui, dans la collection La Nouvelle postale, une charmante nouvelle, Des dangers de la botanique, racontant comment un bandit de grand chemin, à force de planquer dans les fossés, s’était pris de passion pour la botanique.
Pour cette collection, Stéphane m’adressa ce petit texte plein d’esprit sur la découverte du Mosasaure maastrichtien, qu’il avait écrit l’année des fameux accords commerciaux européens anticipant la création de l’Union européenne. Il sera encore question de Stéphane à l’occasion du numéro 42.
Pour clore la boucle des corrélations : le fils de l’auteur de L’Explorateur au pays des dinosaures, que nous recevons fréquemment chez nous en qualité de grands-parents, a une passion pour les dinosaures, ce qui est assez commun à son âge, mais tout particulièrement pour le Mésosaure !

lundi 23 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 07


Jacques-Élisée Veuillet
La lettre close

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques amateurs



Le Tenancier : Voici un texte qui possède une saveur poétique que l’on retrouve jusque dans le nom de son auteur. Cette prose séduit le Tenancier par sa précision, son choix des mots et son approche très allusive jusqu’à son terme. Quel beau récit ! Mais qui est donc Jacques-Élisée Veuillet ? Je sais par le catalogue de Deleatur que ce n’est pas sa seule production, mais qu’elle est parcimonieuse. Pourquoi ai-je une sensation de familiarité avec lui, cette envie de lui emboîter le pas ? Comme cette histoire est curieuse, comme cette rareté est regrettable ! Y a-t-il suffisamment de matière pour qu’on puisse regrouper ce qui a été publié et ce qui pourrait l’être ?
 
Pierre Laurendeau : Cher Tenancier, ton vibrant hommage au texte de Jacques Veuillet me va droit au cœur ! J’ai fait sa connaissance en 1972. Il figurait comme éditeur de référence dans l’anthologie des Poètes singuliers du surréalisme et autres lieux, de AV Aelberts et JJ Auquier, parue en 10/18 (1971) – complément indispensable à L’Anthologie de l’humour noir d’André Breton !
Je lui avais adressé un manuscrit, un vrai, écrit à la main par un gaucher contrarié. Il m’a répondu par une lettre aimable, précisant qu’il avait été sensible à l’énergie d’un jeune poète un peu rebelle mais qu’il me conseillait, pour être lu, d’acheter une machine à écrire. Ce que je fis séance tenante, y consacrant l’argent de mon activité d’été d’arroseur de pelouses aux HLM de la ville d’Angers. J’eus le culot d’aller le voir chez lui – son adresse figurait dans le livre – imaginant, à dix-neuf ans, un vaste complexe de bâtiments où s’activerait une nuée de secrétaires et autres commis d’édition. Je découvris un appartement certes bien agencé mais particulier, où Jacques me reçut avec amabilité et, je pense, un certain amusement. Il était très lié aux surréalistes et aux poètes du Manifeste électrique (Bulteau, Messagier, Pélieu…). Il m’offrit plusieurs ouvrages, que j’ai conservés. Sa marque d’éditeur – activité totalement clandestine – s’appelait Première Personne. Il avait alors publié deux livres : Clément Magloire-Saint-Aude, Dialogue de mes lampes, avec des gravures de Camacho, de Wifredo Lam et la première d’Hervé Télémaque[1]. L’autre : Sang de Satin, de Michel Bulteau, était illustré d’une magnifique gravure de Jacques Hérold, dont il était un ami proche.
Chaque fois que je venais à Paris, j’allais le voir. Il était toujours disponible et orientait mes lectures : il me fit découvrir, entre autres, Les Vanilliers de Georges Limbour et Peter Ibbetson de George du Maurier.
Il me fit un éloge sincère – je pense – de mon premier livre, une pièce de théâtre marquée par mes lectures surréalistes, notamment Jean-Pierre Duprey : Moche ou la Quête du Rabot, que je vais rééditer prochainement pour fêter les cinquante ans de la première édition.
Lorsque parut au Soleil noir La Victoire à l’ombre des Ailes de Stanislas Rodanski, auteur que j’avais repéré dans l’anthologie d’Aelberts et Auquier, je découvris au fil du texte un certain Jacques Veuillet que Rodanski tour à tour encensait ou vouait aux gémonies. Je demandai à Jacques si c’était lui. Il me fit alors la confidence de ses années de jeunesse à Lyon, de son amitié « toxique » avec Rodanski[2] et de son rejet final lorsque Rodanski lui lança un appel à l’aide désespéré, juste avant de se présenter à l’hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu, où il restera toute sa vie.
En 1983, je proposai à Jacques d’intégrer le « consortium » Deleatur pour y poursuivre son activité éditoriale, notamment les textes de Rodanski dont il possédait un grand nombre[3], dans des cartons – ceux publiés par Le Soleil noir provenaient de Julien Gracq, chez qui Rodanski abandonnait des textes quand il venait à Paris – ainsi que chez Jacques Hérold. De Rodanski, parurent chez Première Personne nouvelle formule : Spectracteur, puis Le Journal d’Arnold, La Montgolfière du Déluge et le Journal 44-48.
En 1987, Jacques me fit un plaisir immense en m’invitant à rejoindre sa collection pour mes Ethnograffiti, qui l’avaient enchanté, plaisir doublé par des illustrations et une lithographie de Jorge Camacho.
Je découvris tardivement le talent d’écrivain de Jacques Veuillet : lorsque je créai la collection des mini-livres, il m’adressa La Lettre close, puis Oncle Ted. Avec parcimonie, je dirais… puisque je ne publiais rien de plus.
Je dois à Jacques Veuillet sinon mon amour des livres, du moins mon orientation professionnelle : c’est grâce – ou à cause ? de lui que je suis devenu éditeur.


[1] Je ne possède hélas que l’édition courante…
[2] Alain Jouffroy consacre un ouvrage à Rodanski, Le Temps d’un livre, où il fait part de l’impossibilité de vivre avec lui.
[3] Vers la fin de sa vie, il en fit don à la Bibliothèque Jacques-Doucet. François-René Simon poursuit l’édition de ce fonds, aux éditions des Cendres notamment.

jeudi 12 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 06


Jean de La Bruyère
« Le ministre
ou le plénipotentiaire
est un caméléon"
EXTRAIT DES
Caractères
DU SOUVERAIN
OU DE LA RÉPUBLIQUE

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques électeurs avertis



Le Tenancier : Si j’en crois l’achevé d’imprimer de cet exemplaire (avril 1996), nous avons affaire à une réimpression de ce titre puisque la couverture indique 1995. Cela indique que la collection se porte assez bien pour envisager des retirages. As-tu souvenir de l’accueil de ces ouvrages ? En a-t-on parlé ?
Cet extrait est assez divertissant. Tu sembles attiré par la littérature « Grand Siècle » : La Fontaine, La Bruyère et bientôt Perrault…
 
Pierre Laurendeau : C’est vrai, j’éprouve une certaine prédilection pour quelques auteurs du Grand Siècle (du moins supposé tel), notamment pour la précision – et la concision – de leur style… Rien n’est à jeter dans ce portrait de l’homme politique – au sens étroit –, qui habillerait remarquablement nos élus et potentats. « Il se fait longtemps prier, presser, importuner sur une chose médiocre pour éteindre les espérances et ôter la pensée d’exiger de lui rien de plus fort. » Ne croirait-on pas le portrait d’un ministre aux ordres de Jupiter Premier ?
L’édition première de ce minilivre date de 1995, l’année de lancement de la collection. Mon exemplaire porte, à l’achevé d’imprimer, la mention « avril 2002 ». Comme je l’ai expliqué par ailleurs, j’effectue des tirages restreints (10 ou 20 exemplaires, sauf circonstances particulières – j’en parlerai à l’occasion du numéro 31), ce qui me permet de loger l’intégralité du stock dans une boîte à chaussures !

lundi 9 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 05



Olivier Laurendeau
L'explorateur au pays des dinosaures

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte des explorateurs en culotte courte



Le Tenancier : Voici un jeune auteur de huit ans qui rejoint l’univers de Winsor McKay au moins par deux points :
— La présence d’un dinosaure, qui n’est pas Gertie, mais un ceratopsidae présentant des caractères juvéniles, fort bien dessiné par l’auteur ;
— Une fin de récit qui ressemble fort à Little Nemo !
Je dois dire qu’il se passe plus de choses dans ce récit en corps 14 (ou plus ?) que bien des récits d’aventures. Quelle fraîcheur…
 
Pierre Laurendeau : Quel plaisir de relire L’explorateur au pays des dinosaures ! Peut-être en corps 16 ! L’auteur, qui a maintenant 36 ans, s’est un peu éloigné de la littérature – du moins en tant qu’écrivain – ce que je regrette… À l’occasion de cette publication, une journée de dédicaces fut organisée au salon du livre de Paris (cuvée 1995, donc), sur le stand des Pays de la Loire où Le Polygraphe, la maison d’édition des parents du jeune auteur, avait un corner. Le succès fut à la hauteur des attentes ! Olivier avait mis au point une stratégie d’optimisation des dédicaces : il préparait texte et dessin pendant les temps morts, laissant la place pour le prénom du futur dédicataire. Cette année-là, mon beau-frère Alain Cotteverte gérait le stand de Larousse. Il réorientait systématiquement les passants vers le stand des Pays de la Loire, précisant : « C’est le plus jeune auteur du salon du livre ! »
Cette première expérience fut suivie, quelques années plus tard, par la création de La Raturière, un atelier éditorial autogéré par quatre copains d’école, avec comité de lecture, choix des textes, diffusion… Seule la mise en pages et l’impression étaient sous-traitées (tout d’abord à l’imprimante laser paternelle). Grâce à quelques livres sur le modèle de cette collection, ils constituèrent une trésorerie qui leur permit d’accéder à l’étape suivante : ils demandèrent un texte à Yak Rivais – à l’époque star de L’École des loisirs – qui leur concocta Deux enquêtes de Sherlock Holmes très drôles et très bien illustrées. L’impression fut confiée à Ivan Davy, un ami imprimeur. Les associés se partagèrent le façonnage, pour réduire les coûts. Au salon du livre de 1999, Yak vint dédicacer son livre sur le stand des Pays de la Loire : un véritable raz-de-marée de têtes blondes et brunes (je me souviens qu’un gamin lança l’alerte : « Là ! il y a Yak Rivais qui dédicace ! »). Les ventes du livre permirent à la jeune équipe de se lancer dans un projet encore plus ambitieux : un inédit d’un auteur inconnu, Laurent Devismes, qui leur avait adressé un texte très drôle, parfaitement en phase avec les préoccupations des jeunes collégiens qu’ils étaient devenus : Mon Dictionnaire. Un des quatre mousquetaires de la Raturière illustra l’ouvrage, dont toute la fabrication fut confiée à Ivan Davy, façonnage compris. Ils présentèrent le livre au salon jeunesse de Montreuil en novembre 2000. Il eut moins de succès que celui de Yak Rivais et cela, en plus des préoccupations de leur âge, sonna la fin de l’expérience… qui eut tout de même deux conséquences : aucun des quatre ne devint éditeur (ils avaient compris que c’était peu rémunérateur) ; leur amitié, au moins pour trois d’entre eux, est restée solide, ce qui nous vaut le plaisir de les voir régulièrement, et de voir grandir la génération suivante.


jeudi 5 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 04


Pierre Laurendeau
La voie de la montagne

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de rares intiés



Le Tenancier : Voici un exposé curieux, à mi-chemin de ton amour de la montagne et de la littérature conjecturale, qui rappelle fortement le mythe de Shangri-la. La différence réside dans la localisation du lieu secret, éminemment exotique, en définitive. Il faut signaler l’incertitude qui règne autour des faits présentés, joli exemple de brouillage auquel le lecteur doit se laisser abandonner, pour son plaisir.
Ce titre-là est-il passé par un « comité de lecture », ou étais-tu sûr de ton propos? Comment garder la distance lorsque l’on devient son propre éditeur?
 
Pierre Laurendeau : Ouh la la ! que de questions… Tout d’abord, c’est un des rares textes liés à la montagne que j’ai signé de mon nom, et non « Pierre Charmoz ». Je l’ai écrit, je crois, en 1992 après la lecture d’un roman de Gustav Meyrink qui parlait de la fameuse voie de la dissolution du cadavre et de l’épée du taoïsme1. Le taoïsme a toujours été la religion du peuple chinois, opposée au confucianisme, religion des élites lettrées. Je ne suis adepte d’aucune religion ou secte à mystère, mais cette image m’a durablement marqué par son étrangeté. Par ailleurs, lors du traité de Paris de 1947, l’Italie s’est vue rabotée de quelques territoires : notamment les trois dernières communes du comté de Nice qui étaient restées italiennes et la vallée Étroite, une vallée magnifique qui est orographiquement, hydrologiquement, linguistiquement et culturellement italienne, mais qui est devenue administrativement française. Il n’y a certes pas d’habitants permanents, mais ça complique les relations administratives ! J’ai imaginé qu’une secte crypto-taoïste avait profité des accords de Paris pour décaler la géographie et rendre la vallée invisible pour s’y cacher. Les références au géographe Occey-Lawson sont imaginaires (comme le géographe lui-même), mais le texte mêle le faux et le vrai, un peu à la manière de Borges (en toute humilité !). La Voie de la montagne a été repris, il me semble, dans la très belle et éphémère revue Altitude, il y a une vingtaine d’années... Que le temps passe !
Quant au comité de lecture de Deleatur, voilà une question très embarrassante : j’en parlerai à MM. Pierre Charmoz, Hurl Barbe, Jules Veine et consorts.

1 Le Dominicain blanc

lundi 2 octobre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 03


Anecdotes pour servir à l'Histoire secrète des Ebugors

Extrait

à Medoso, L'an de l'Ère des Ebugors, MMMCCCXXXIII
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en mars 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques curieux



Le Tenancier : Cet extrait d’ouvrage explore un autre aspect de la collection : les mondes imaginaires et la littérature conjecturale, même sous la forme d’un récit cryptique et satirique, comme souvent dans les textes anciens du genre. En réalité, ces intérêts (humour, érotisme, conjecture… et la montagne dont on reparlera au prochain volume) dépassent le cadre de la collection, puisqu’on les retrouve dans tes écrits et tes éditions…
 
Pierre Laurendeau : Cher Tenancier, quelle pertinence dans l’analyse ! Je revendique l’éclectisme et la liberté de publier à ma fantaisie, n’étant point comme certains de mes confrères enfermé dans le cadre strict des ouvrages estampillés BCL (Bonne Critique Littéraire).
Au mitan des années 80, j’ai reçu une belle édition des Ebugors d’un correspondant toulousain, Patrick Oustric, qui était un admirateur inconditionnel du livre de Phil Frib, Loxéra Vroom Vroom, paru à l’enseigne de Deleatur en 1985. J’en profite pour le saluer ici !
Ce petit érotique crypté (Ebugors = bougres) met en scène les Omines (anagramme de « moines »), dont les plus sournois sont les Caginiens (Ignaciens ou jésuites), aussi fourbes que subtils. C’est assez drôle, et ça met à mal la gent des monastères, à une époque où ça pouvait coûter cher à son auteur. Si l’on en croit la couverture de l’édition originale, le livre fut publié en 3333 à Medoso (Sodome).

jeudi 28 septembre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 02


Jean de La Fontaine
Fables choisies

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en mars 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques enfants sages.



Le Tenancier : Puisque nous parlons d’éclectisme, le deuxième volume paraît plus orthodoxe… Mais revenons à cette impression «sur le coin du bureau». Je vois une antériorité à ce genre de fabrication, plus traditionnelle toutefois. Elle utilise également le pliage in-octavo des feuilles A4 (ou format correspondance à l’époque), entre autres : chez Guy Lévis Mano.
 
Pierre Laurendeau : Ah ! Tenancier ! tu essaies de m’enlever le bénéfice de la création ex nihilo de ma prodigieuse collection… Et tu as raison ! Outre GLM, citons l’ami Laucou (éditions du Fourneau, puis Fornax), avec qui j’avais coédité Famille Famine de Jacques Abeille, dans ce format (Christian s’était chargé de la conception graphique et de la fabrication). La différence avec mes prestigieux prédécesseurs : l’impression « à la demande » sur imprimante de bureau : pas de stocks (j’ai une petite réserve de dix exemplaires par titre) !
Concernant le volume 2 (choix de Fables de La Fontaine)… J’ai recyclé un leporello que j’avais réalisé pour le compte d’un éditeur de livres d’art – chaque fable était accompagnée d’une illustration quadri. Je n’ai conservé que les Fables, sans les illustrations !

lundi 25 septembre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 01



Jean de La Fontaine
La Chose impossible
suivi de
l'Amour mouillé

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en mars 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques curieux.

Illustration : « Diablerie » années 1830


Le Tenancier : Trois volumes inaugurent la collection en mars 1995, dont celui-ci. Tout de suite, nous trouvons une indication sur certaines orientations : l’érotisme et l’humour, avec ces deux contes de La Fontaine…

Pierre Laurendeau : L’idée de cette collection m’est venue après la fin de la Nouvelle postale, la collection « d’entrée » chez Deleatur. J’avais envie d’un format souple, avec un process de fabrication (une page A4 recto-verso pour le bloc intérieur ; un demi-A4 pour la couverture) qui permettait d’optimiser la fabrication. 1995, c’est aussi l’époque où, au bureau, je bénéficie d’une imprimante laser à 600 dpi, un luxe ! Quant aux premiers volumes, j’ai utilisé ce que j’avais sous la main – je voulais aller vite, pour que la collection existe. Mais tu as raison, humour et érotisme sont déjà au programme ! Et l’éclectisme assumé, la marque de fabrique de mes aventures éditoriales !