Rien ne change et tout change. Ainsi, votre Tenancier s’occupe
toujours de livres même s’il s’apprête sous peu à ne plus le faire sous la
forme qui lui était coutumière (mais il ne sait trop encore comment cela va
rebondir… on verra bien). Toujours est-il qu’il cause « livres »
sur différents médias et donc sur Facebook où il lui arrive de fréquenter un
aussi beau linge que céans. Il est vrai que votre serviteur fait gaffe de
choisir ses potes. Et il fait bien. Mais, vous savez ce que c’est, les amis de
nos amis, hein…
Tenez, l’autre fois, une copine que j’aime beaucoup relaie
un message de blogue sur le fameux Petit
manuel du parfait aventurier, de Mac Orlan. Pensez si je biche, car non
seulement j’apprécie l’auteur mais j’adule ce petit texte au point que j’ai
réussi à me procurer le volume des Éditions de la Sirène (1920) à une époque d’opulence.
Seulement, le billet avait l’air de présenter cet ouvrage
comme étant de 1951. Pour être honnête, retranscrivons ce que nous avons pu
lire dans ce billet :
« Le petit manuel du parfait aventurier est paru à la
suite de l’édition de 1951 du recueil de brèves nouvelles grinçantes, La Clique
du Café Brebis, une édition ultime ( ?) et, à la même époque, l’entré de
Pierre Mac Orlan à l’Académie Goncourt ».
On admettra qu’une lecture hâtive pouvait amener à la même
conclusion que la mienne : l’auteur du billet avait dégainé un peu vite.
Je me fendis donc d’un commentaire en dessous du lien — accompagné de la
couverture de mon exemplaire — se demandant ce que je devais faire de mon
livre, entendant par là que je possédais sans doute un exemplaire
uchronique. Je ne m’étalerai pas sur l’échange qui en a suivi et qui fut fort pénible car il
s’est avéré que je touchais plus à la dignité offensée qu’au sérieux
bibliographique. Cela aurait pu en rester là et j’avais d’ailleurs fais un pas
dans ce sens, malgré le fait que l’on insinuait chez moi une disposition
belliqueuse. Et là, cher lecteur qui me connaît, tu sais à quel point je peux l’être,
c’est dire la retenue dont je fis preuve puisque je tentais par deux fois de « briser
là ».
Mais voilà, on ne peut rien faire contre l’acharnement et
voici in extenso l’amendement que je découvris dans le même billet :
« Pour faire suite à l'indignation d'un libraire érudit
autant que tonitruant, je précise qu'il s'agit de cette édition. N'ayant pas de
volume antérieur comme je le signale en tête de page, et ayant rédigé cette
courte notule uniquement dans l'objectif de porter à la connaissance des
amateurs une conception amusante de la profession de romancier, je n'ai
pas pensé à chercher la date exacte de parution originale de ce texte amusant.
Toutefois, après vérification soigneuse, j'affirme n'avoir jamais prétendu
qu'il s'agissait de la date de parution originale. Je suis navrée si mes
paroles ont pu être interprétées autrement et regrette de m'être mal exprimée. »
On pourrait répondre à l’auteur que ces qualificatifs sont
outrés concernant ma personne, mais il l'étaient bien plus sur Facebook. Il est d’ailleurs difficile d’être tonitruant
par écrit. Le souci se situe dans le manque de suite de l’auteur de ce blogue
qui aurait peut être dû faire attention au reste de ses propos puisque juste
au-dessus de la remarque me concernant il est écrit « Ce manuel date de l’âge
d’après la Seconde Guerre Mondiale […] ». On pointera l’inconséquence du
propos qui, niant avoir écrit une chose d’un côté, s’empresse de la confirmer
de l’autre. J’en déduis donc que mon exemplaire du livre est bien uchronique ou alors que l'auteur du billet avait manqué quelque chose...
La profession de foi de ce blogue-là est paraît-il de partager, c’est du moins ce qui est indiqué en dessous de son
titre. Comme on aurait pu dire dans les bousbirs chers A Mac Orlan : on sait ce qu’on y perd, mais on sait pas ce qu’on y trouve…