Nous avons fait connaissance avec la nature du livre
proposé, maintenant, si vous le voulez bien, nous allons descendre dans le
local technique. Un livre, de bibliophilie ou d’occasion, diffère du livre neuf
par le fait qu’il possède une histoire personnelle. Si la description d’un
livre sorti à peine de chez l’imprimeur ne mérite que la mention « neuf »,
les autres ont pu subir des vicissitudes ou des enrichissements. Pourtant,
beaucoup de catalogues ne donnent pas l’état des ouvrages. Cela signifie
simplement que l’ouvrage est en très bonne condition. Quand un libraire édite
un catalogue, les ouvrages qu’il propose sont réputés en excellent état, sauf
mention contraire… On peut donc dans la rédaction abandonner les mention
Très bon état ou, pire,
tbe (qui donne l’impression de lire une
annonce pour club échangiste). On sait très bien que cette omission volontaire
n’est plus d’usage dans certains catalogues (surtout en ligne) car les amateurs
ne seraient pas rassurés s’il ne trouvait pas confirmation de ce fait allant de
soi. Le fait est que cette omission est le plus souvent pratiquée par les
libraires bibliophiles dont la clientèle est habituée aux usages. Le métier de
libraire d’occasion s’est quelque peu dévalorisé en ne suivant pas l’éthique de
ses confrères et a dû adopter le mode de description de la brocante, encouragé
en cela par les bazars en ligne et sites dont « livre » et « produit »
sont à peu près synonymes. Quand on parle d’arasement par le bas, cela arrive
également dans les pratiques professionnelles.
Certes, qu’est-ce que cela peut faire qu’on mentionne ou non
le bon état implicite de l’ouvrage ? C’est que dans le catalogue papier,
chaque ligne compte, voire chaque signe. Cette section vouée à la description
matérielle du livre est sous le régime de la contrainte de place, c’est l'endroit où règne l’abréviation qui permet de gagner une ligne par item proposé
et donc à terme d’ajouter un peu plus de livres. Ainsi un
in-douze broché, couverture
illustrée, 228 pages — Édition originale
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se transforme bien souvent en
in-12 br., couv.
ill., 288 pp — E.O.
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Un autre aspect de la question tient à ce que le libraire
garantit l’état des ouvrages, alors à quoi bon le souligner ? Nous
évoluons encore dans une pratique marchande désuète ou il y a encore peu, le
client payait à réception de sa commande…
On reviendra un de ces jours — comme nous l’avions fait dans
notre précédent blog — sur les abréviations qui ont plus ou moins cours entre
les pages des catalogues.
Nous l’avons écrit au début, le souci est de rendre compte
efficacement du vécu d’un livre, de mentionner le défaut éventuel ou les
enrichissements qui peuvent l’accompagner : envois, reliures, lettre
autographe ou autres truffe, etc. C’est évidemment cette partie qui fixe le
prix de l’ouvrage parmi les autres exemplaires de ce titre. Elle est donc
indispensable.
On ne va pas s’amuser ici à donner un cours de description
physique de livre. Cela nous emmènerait assez loin parfois dans les réflexions
et nous en aborderons quelques aspects un de ces jours également. On ne va
cependant pas se priver de donner un exemple :
Que vaut-il mieux ? Donner d’entrée le nombre réel de pages,
mentionner la pagination (sachant que les titres, faux titres, gardes etc. ne
sont pas numérotés) ou décomposer patiemment chaque partie de l’ouvrage ?
Une de ces solution n’est en tout cas pas satisfaisante à mes yeux. Le nombre
réel de page donne — lié au format — le nombre de cahiers composant le livre,
indication bibliophilique supplémentaire fort utile pour un éventuel relieur ou
pour les maniaques (ce qui dans le livre, est un pléonasme, je sais…) Débat un
peu byzantin pour les néophytes mais dont on n’épuise pas la substance d’un
coup.
C’est arbitrairement que l’on a placé la description
physique d’un livre en deuxième position, on la retrouve parfois en queue de
notice, au bon plaisir du libraire. Et pour le nôtre. Ce n’est pas une
science exacte, au grand dam des créateurs de base de données qui voudraient
tout normer. Peut être est-ce une forme de résistance…