samedi 14 avril 2018

Amoureux des onze mille vierges

Amoureux des onze mille vierges : « Dans le sens où l'on entend ce proverbe, dit M. Charles Rozan, aimer les onze mille vierges, c'est aimer toutes les femmes, c'est croire, dans le feu de la première jeunesse, que toutes les femmes sont également dignes de notre amour. » — Ce chiffre de onze mille est une allusion à la tradition du martyre de sainte Ursule et des onze mille vierges, ses compagnes, mises à mort par les Huns, près de Cologne, vers 384.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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vendredi 13 avril 2018

Avertissement

   Pas d'erreur les mecs ! le baratin qui suit ne concerne pas des petits futés existant ou ayant existé.
   Ceux qui voudraient jouer les gros bras tomberaient sur un os.

S.A.
San Antonio : Bas les pattes (1954)

Amour

Amour : Aimable comme l'Amour. — « Armé de son registre, elle attendait de pied ferme ces amours d'abonnés. » (L. Reybaud.) — « Comme j'ai été folle de Mocker ; quel amour de dragon poudré ! » (A. Frémy.)
    Amour a fini par s'appliquer dans le sens de « aimable » à la première chose venue. — « Quel amour de mollet ! Il faut que je le baise. » (E. Villars.) — « Je mourrais d'ennui par ici, moi. J'ai trouvé, rue de la Paix, un amour d'appartement. (Dumas fis, le Demi-Monde.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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jeudi 12 avril 2018

Point Vernal

Il est parfois des moments de grâce dans la vie d'un libraire. Celui on l'on rencontre un client qui vous énumérera les merveilles de sa bibliothèque et dont vous ne ressentirez nulle jalousie ou nul dépit. Simplement parce que cette personne passionnée vous parlera avec sincérité du plaisir de vivre en compagnie de cette reliure ou de cette exemplaire un peu rare. Il y a aussi les fois où l'on ouvre une caisse, ou lorsque l'on fait l'acquisition d'un livre qui charme tout de suite, parce qu'on l'attendait depuis longtemps sans le savoir, ou parce qu'il manquait dans votre bibliothèque, un manque de nature presque stupéfiante. Du reste, les deux hypothèses se valent puisque c'est là l'assouvissement d'un désir, de toute façon. D'autres ouvrages se laissent désirer. Telle vilaine reliure, tel méchant livre en apparence devient tout à coup un trésor parce que vous n'aviez pas réalisé qui se cachait derrière le nom du poète, ou derrière ce texte. Sans doute aussi parce que vous l'ignoriez, car le métier de libraire est fait d'ignorance. Le livre a pu demeurer dix ans à côté de vous, jusqu’à ce jour.


Je crois me souvenir que dans L'Île mystérieuse, de Verne, Harbert s'exclame : « Quel grand livre ferait-on avec tout ce que l'on sait ! » et Cyrus Smith de répondre : « Et quel plus grand livre encore ferait-on avec ce que l'on ne sait pas ! ». La citation est approximative et l'on m'en excusera. Mais le métier de libraire c'est cela, c'est remplir encore et encore le grand livre de l'ignorance et essayer de tenir à jour tant bien que mal, au jour le jour le calepin de ce que l'on sait. Chaque personne qui lit un peu connaît cela : chaque livre découvert en amène d'autres qui, eux-mêmes, en apportent encore comme un champ de possibles qu'il ne sera humainement pas accessible dans sa totalité. Et puis, il y a soudainement le moment où, tout libraire ignare que vous êtes, vous atteignez une sorte de plénitude : on vous demande ce que vous savez, votre intuition vous fait conseiller le bon livre, votre patron – lorsque vous êtes salarié – arrête de parler tout seul pendant une petite heure, vous rencontrez une femme dans la librairie que vous allez aimer et avec laquelle vous aurez des enfants, vous vous y faites des amis et ceux-ci vous emportent plus loin que vous n'osiez l'espérer. Et puis il fait beau dehors et ce que vous faites au quotidien vous paraît à ce moment moins terne, moins banal. Et alors on se dit que l'on a bien fait, un jour de laisser tomber ce pourquoi on avait été programmé, c'est à dire à rien. On se dit également que ce métier-là fait accéder à une certaine dignité, pour peu que l'on se respecte et que l'on respecte les autres. On se dit encore que ce métier est un perpétuel apprentissage et que la somme de ce que l'on sait pèse peu dans la balance face au savoir des autres. Mais, tant qu'à faire, autant demeurer un livre ouvert pour espérer la réciproque. Tout se conjugue pour cette sorte de félicité tranquille, ce point vernal de la quiétude qui vous rend assuré de vos amis et de vos proches, vous tranquillise sur vos doutes quant à ce que vous croyez savoir.
Sans doute parce que vous voulez savoir, toujours, encore et que seule la fosse saura vous déprendre de cette passion. Sans doute encore vous avez décidé de remiser vos certitudes et de ne point vous gonfler de votre expérience. Sans doute parce que l'humilité est une sorte d'orgueil. Sans doute enfin que vous êtes en paix avec vous-même.
Et on espère alors que ce savoir ne sera pas perdu, et que le gage de sa survie est de perpétuellement le remettre en question.
En attendant, cette sorte de grâce est parfois accordée : vous êtes vivant et c'est grâce à vous seul.
Nos jours sont hélas comptés. Il faut alors en profiter.
Le Tenancier en a profité... il a également cédé à la curiosité et à la volonté de dépasser le quotidien. Il fait autre chose, il continue d'apprendre. Ce billet publié sur le blog Feuilles d'automne en juin 2009, ne reste donc pas lettre morte.

Américaine (vol à l')

Américaine (vol à l') : V. Charriage.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mercredi 11 avril 2018

Tiré à part

Sans être concierge, on peut avoir l'esprit d'escalier. Ainsi, l'évocation de l'émission Apostrophe au dernier billet (resté jusqu'alors dans les limbes des publications du blog Feuilles d'automne en juin 2009), évoqua irrésistiblement à mon esprit, et par comparaison, la remarquable série d'émissions Un Siècle d'Écrivains, de Bernard Rapp. De cette remembrance je tirai le nom de son inspirateur et le fait qu'il fit quelques films qui eurent une réception parfois mitigée mais cependant point dégradante. De cette petite production, le libraire ne saurait s'abstenir de rappeler que Rapp fit Tiré à Part, histoire d'une machination autour d'un livre, fabriqué à partir d'un faux authentique, à moins que ce ne soit l'inverse. On y voit Terence Stamp incarner un ex agent de renseignement gagnant sa vie dans l'édition et rendre parfois service à ses anciens collègues (court passage où l'on évoque la fabrication d'un faux texte de Lawrence, par exemple). L'on voit également la composition d'une ouvrage sur une linotype. On se passera ici d'une description détaillée du fonctionnement de la machine. On poussera le curieux à se reporter au film pour cela, même si l'on sera privé d'une explication technique.

Cette histoire de machination pour perdre un écrivain ayant commis un crime trente ans auparavant ne doit pas nous faire oublier que le rôle principal est tenu par le livre, également moteur de l'action. Rapp continuait ici d'exprimer sa passion pour ce monde qui, à mon avis le lui rendit bien mal. En tout cas, la nouvelle de sa disparition ne fut guère reçue comme il l'aurait fallu, tant par ses collègues journalistes, que par le monde du livre. Ce billet est une contribution brève et modeste au souvenir d'un amoureux du livre qui sut souvent me faire plaisir à travers les émissions qu'il produisit et par ce film que je revois de temps en temps avec quelque plaisir.
(Bande annonce ici.)

Américaine

Américaine : Voiture découverte à quatre roues. — « Une élégante américaine attend à la porte. Un homme y monte, repousse un peu de côté un tout petit groom, prend lui-même les guides et lance deux superbes pure-sang au galop. » (Figaro.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mardi 10 avril 2018

Une historiette de Béatrice

« Bonjour madame, j’ai un livre très ancien de 1936 à vendre, il doit valoir très cher et je voudrais savoir combien vous m’en donneriez, ça ne doit pas courir les rues, il est un peu abîmé quoi mais je vous le montre quoi. »

Et il sort son Flaubert de la bibliothèque verte, sans jaquette, avec pages manquantes et couverture en lambeaux.

Américain (œil)

Américain (œil) : Œil scrutateur. — Allusion à la vue perçante prêtée par les romans populaires de Cooper aux sauvages de l'Amérique. — « Ai-je dans la figure un trait qui vous déplaise, que vous me faites l'œil américain ? » (Balzac.) —  « J'ai l'œil américain, je ne me trompe jamais. » (Montépin.)

Américain (œil) : Œil séducteur. — « L'œillade américaine est grosse de promesses, elle promet l'or du Pérou, elle promet une ardeur amoureuse de soixante degrés Réaumur. » (E. Lemoine.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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