Roland C. Wagner n’a jamais été un ami, mais un de ces « potes » que l’on trouve au cours de son existence, lorsque de nombreuses virtualités existent dans notre jeunesse finissante, lorsque les contraintes sociales pèsent encore peu. Lorsque je le rencontrais, il n’avait pas encore publié de livres, seulement quelques nouvelles, la plupart du temps dans des fanzines. Il voulait devenir écrivain, dans la collection Anticipation au Fleuve Noir, surtout. Tout nous semblait possible. Il avait raison, au point de clore cette série par le numéro 2001 (L’odyssée de l’espèce). Il a eu la sagesse d’aller plus loin encore, de continuer à écrire. On s’est beaucoup vu, puis beaucoup moins. Nous possédions un ami en commun qui nous reliait subtilement bien après que la distance se fut installée. Cet éloignement marquait l’intervalle qui nous séparait d’une partie de notre jeunesse.
vendredi 26 juin 2020
Roland
Roland C. Wagner n’a jamais été un ami, mais un de ces « potes » que l’on trouve au cours de son existence, lorsque de nombreuses virtualités existent dans notre jeunesse finissante, lorsque les contraintes sociales pèsent encore peu. Lorsque je le rencontrais, il n’avait pas encore publié de livres, seulement quelques nouvelles, la plupart du temps dans des fanzines. Il voulait devenir écrivain, dans la collection Anticipation au Fleuve Noir, surtout. Tout nous semblait possible. Il avait raison, au point de clore cette série par le numéro 2001 (L’odyssée de l’espèce). Il a eu la sagesse d’aller plus loin encore, de continuer à écrire. On s’est beaucoup vu, puis beaucoup moins. Nous possédions un ami en commun qui nous reliait subtilement bien après que la distance se fut installée. Cet éloignement marquait l’intervalle qui nous séparait d’une partie de notre jeunesse.
jeudi 25 juin 2020
Une historiette de Béatrice
mardi 23 juin 2020
lundi 22 juin 2020
Lecture du Tenancier
Rien de récent (ou si peu), et comme ça lui chante.
Bien évidemment, un tel livre se feuillète de la même manière qu’on le fit avec Le guide de nulle part et d’ailleurs de Manguel et Guadaluppi, ici pour former un périple incertain et là, avec cette Bibliothèque invisible, pour fixer notre goût pour les voyages immobiles, ou presque, dans nos rayonnages. On reviendra dans quelques temps sur ce domaine du livre imaginaire, le sujet se révèle riche ! En attendant, pour vous récompenser de vous avoir fait poireauter dans notre salle d’attente, prenez donc cette prescription : un ou deux notices quand le besoin s’en fait sentir… ça ne vous fera pas de mal. Votre amygdale vous remerciera.
dimanche 21 juin 2020
samedi 20 juin 2020
Le lendemain...
Un jour un' petit' châtelaine, enl'vée par des romanichels, Fut mis' dans un' chambre malsaine, Tout en haut d' la rue St-Michel ; La p'tit' au caractèr' rieur, prit joyeusement son malheur : Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir, Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes, Avec de l'eau de son arrosesoir. Les brigands furieux d'la voir rire lui attachèrent, les mains, les pieds, Puis par ses cheveux la pendirent au plafond en face du plancher Puis la laissant là, les voyous allèrent chez l'bistrot boire un coup Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir, Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes, Avec de l'eau de son arrosesoir. Les bandits jaloux d'son courage un soir à l'heure de l'angélus La jetèr'nt du sixième étage son corps tomba d'vant l'autobus L'autobus qui n'attendait qu'ça sur la belle aussitôt passa. Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir, Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes, Avec de l'eau de son arrosesoir. Mais les assassins s'acharnèrent Sur elle à coups d'pieds, à coups d'poings De mill' coups d'poignards la lardèrent Pour lui faire passer l'goût du pain Et pour en finir les ch'napans ils la noyèrent dans l'Océan. Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir, Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes, Avec de l'eau de son arrosesoir. Au moment où la pauvre fille allait remonter sur les flots Un sous-marin avec sa quille coupa son corps en deux morceaux. Puis une torpill' qui éclata fit voler le reste en éclats. Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir, Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes, Avec de l'eau de son arrosesoir. La tempête, le vent et l'orage soulv'nt les vagues de l'océan La petit' lutt' avec courage bravant le terribl' ouragan, Mais le tonnerr' à ce moment tomb' et foudroie la pauvr' enfant. Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir, Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes, Avec de l'eau de son arrosesoir. Elle disparut dans l'eau profonde Une baleine lui bouffa les mains Sa jolie chevelure blonde Fut arrachée par les requins Un p'tit' maqu'reau qui s'balladait Lui barbotta son port' monnaie Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir, Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes, Avec de l'eau de son arrosesoir. Vous croyez p't'être qu'elle en est morte Et cependant il n'en est rien Après cett' secousse un peu forte La p'tite ne se sentait pas bien Elle prit pour se remettr' d'aplomb Un p'tit cachet d'pyramidon Le lendemain, elle était souriante, à sa fenêtre fleurie, chaque soir, Elle arrosait ses petit's fleurs grimpantes, Avec de l'eau de son arrosesoir. |
(Elle était souriante (1908) — Paroles d’Edmond Bouchaud, dit Dufleuve)
Sur la chanson et les conditions de sa création, voir ici.
vendredi 19 juin 2020
Et maintenant, quelques titres de Craig Strete
Toutes mes statues ont des ailes de pierre
Pour voir la cité assise sur ses édifices Samedi soir au poste d’observation de la femme blanche Just like Gene Autry (Foxtrot) — version Cherokee de « Jésus-Christ est entré dans notre vie » Vieille, si vieille, mais sans âge en cette science Conte de fées à Wounded Knee Un cheval d’un autre technicolor Une corde autour de chaque monde Où ils ont mis les agrafes et pourquoi elle a ri La cruauté de ton visage Un lieu pour mourir sur la photographie de ton âme Pourquoi la vierge Marie n’est-elle jamais entrée dans le wigwam de Standing Bear ? L’oiseau du piano Quel fut le premier oscar à recevoir un nègre L’homme qui saigne Quand ils parlent La haine est un amour infiniment douloureux |
mercredi 17 juin 2020
Une historiette de Béatrice
mardi 16 juin 2020
Une promenade
Un passage superficiel pourrait faire accroire à quatre
illustrations insérées dans des cases. Un examen plus attentif n’en décompte
plus que trois, puisque les deux inférieurs ne font qu’une. Comment pourrait-on
intituler, d’ailleurs ce motif ? « Tigre dans les bambous au bord d’une
rivière » ? La facture reste brouillonne. Divers indices persistent à
nous faire penser à de la xylogravure (les cadres, le dessin des animaux, les
idéogrammes) mêlé de technique au pochoir (on aperçoit quelques débords) et la
peinture à main levée. Il s’agit bien d’un livre artisanal. Le motif animalier
se précise, avec une mise en abyme : le dessin sur éventail…
lundi 15 juin 2020
mardi 9 juin 2020
Antif, Antiffe, Antiffer
Antif (Battre l')
: Marcher. Mot à mot : battre le grand chemin. — Antif est un vieux mot qui signifie antique et se rencontre souvent dans dans les textes du moyen âge uni à celui de chemin. — Un chemin antif était un chemin ancien, c'est-à-dire frayé.
Antiffe : Marchez (Grandval.) Mot à mot : action de battre l'antif.
Antiffer : Entrer (Rabasse)
Antiffer (s') : Se marier (Rabasse.) — Forme moderne d'antifler. — Se dit aussi pour être séduit, se laisser circonvenir.
Antiffe : Marchez (Grandval.) Mot à mot : action de battre l'antif.
Antiffer : Entrer (Rabasse)
Antiffer (s') : Se marier (Rabasse.) — Forme moderne d'antifler. — Se dit aussi pour être séduit, se laisser circonvenir.
dimanche 7 juin 2020
Nouveaux venus & vieilles ficelles
Affaire Jaubert : Comment démolir un homme
Le 29 mai 1971, vers 17h30, le journaliste Alain Jaubert monte dans un car de Police-Secours pour accompagner un blessé à l’hôpital. Passé à tabac à l’intérieur et à l’extérieur du car de police, Alain Jaubert sera « livré » à l’hôpital Lariboisière couvert de sang à 18h15. Une commission d’enquête a depuis prouvé les responsabilités des policiers et établi les mensonges de ceux de leurs chefs qui ont jugé nécessaire de prendre position. Mais l’affaire Jaubert n’est pas une simple affaire de police. Dès que Jaubert est admis à l’hôpital et placé en garde à vue — et surtout dès qu’il est libéré — il y a bien plus grave que le simple passage à tabac. Le caractère policier de l’État apparaît alors nettement. On surveille le journaliste, ses amis, les témoins. On cherche aussi à démolir Jaubert et tous les moyens sont bons. I. TÉMOINS MUETS1 Quelles pressions ont subi les habitants des immeubles nos 50, 52, 54, et 57, 59, rue de Clignancourt. Beaucoup ont été vus par des témoins à leurs fenêtres, pendant que les policiers tabassaient, dans la rue, Alain Jaubert qui venait d’être éjecté du premier car. Aujourd’hui, ceux qui acceptent d’ouvrir leur porte affirment qu’ils étaient absents le samedi 29 mai. II. COUPS CRASSEUX2 On a mis beaucoup de monde sur l’affaire Jaubert. Des dizaines de flics et autre fonctionnaires. Objectif : démolir le journaliste et, si possible, le coincer ; saper le coefficient de sympathie de Jaubert auprès des autres journalistes et renverser l’opinion en brouillant le plus de cartes possibles. Pas ragoûtant comme méthode, mais l’enjeu vaut bien quelques coups crasseux. Quelques bonnes manières dignes du panier à salade dont Jaubert sortit couvert de sang le 29 mai, après son passage à tabac. Tout se passe en coulisse, bien sûr, et, normalement, rien ne devrait filtrer. Les premiers jours, Jaubert encore détenu, on surveille sa femme et l’appartement du couple. Une fois le journaliste sorti de l’hôpital et relâché, on le prend en filature. On enquête auprès de ses voisins — des fois qu’on trouverait quelque chose de pas bien ; on branche son téléphone sur table d’écoute. Noblesse oblige, c’est le ministère de l’Intérieur qui centralise l’opération. Des flics fouillent le passé de Jaubert — un coup d’œil aux archives ; ils font l’inventaire de ses relations, de celles de sa famille. On cherche, on cherche. Jaubert a beaucoup voyagé avant d’être journaliste. En Amérique du Sud, à l’Est, presque partout. Alors on fait l’inventaire de ses ressources — un coup d’œil sur ses dépenses et sur son compte en banque. On cherche. Trouver quelque chose, pouvoir dire que Jaubert est un malfrat ou — pourquoi pas ? — un agent de l’étranger et ce sera tout bon. On passe ensuite la balle aux gens de la Direction Générale des Impôts. À charge pour eux d’enquêter et de rendre compte aux hommes de Marcellin. Ses impôts, est-ce que Jaubert les paie ? Il ne fraude pas un peu, non ? Pas de ressources un peu bizarres ? Quelques jours après son passage à tabac, Jaubert reçoit coup sur coup, deux lettres de son percepteur qui réclame une déclaration de revenus déjà envoyée puis demande — réponse sous huit jours — des renseignements sur ses gains en 1969 et 1970. Pure coïncidence, bien sûr. On s’agite autour des journaux. Certains flics et quelques collaborateurs de Marcellin courent les rédactions et glissent à l’oreille de journalistes : Jaubert n’a pas droit à sa carte de presse. Ce n’est pas un vrai journaliste… Mieux encore : les notes confidentielles à en-tête du ministère de l’Intérieur. La première, envoyée dès le début de l’affaire à certains journaux — mais pas au Canard — comporte trois feuillets. On donne maladroitement la version policière des faits, on accuse Jaubert d’être un cogneur, on tronque les déclarations des témoins pour mieux l’enfoncer. La semaine dernière, les services de Marcellin ont remis ça — toujours dans le style note confidentielle. Avec l’espoir de faire un peu baisser le ton des journaux. L’affaire Jaubert révèle bien le caractère policier des pratiques politiques. Ce n’est plus une affaire de police. On donne des ordres, on lance des flics ou d’autres fonctionnaires sur le renseignement, on flaire, on cherche, on veut savoir des choses pour empêcher un scandale d’éclater, on prend des habitudes. C’est cela le fondement policier d’un État. Le reste — quadrillage d’un quartier ou d’une ville par des hommes casqués — n’est jamais que la vitrine. Après, on peut toujours se dire indigné de la campagne systématique de diffamation qui est menée contre nos forces de police, comme Pompidou l’a fait à la télévision. Ou éructer contre la presse — encore du Pompidou. Jeudi 10 juin, il recevait à l’Élysée des journalistes spécialistes des questions agricoles. Le ton aigre, Pompidou parla de l’affaire Jaubert, puis de l’affaire Bolo et des journalistes qui en profitent chaque fois pour se payer la tête du gouvernement. Malheur à ceux par qui le scandale arrive… à la connaissance du public. 1. Extrait d’une enquête de René BACHMANN parue le 14 juin 1971 dans le Nouvel Observateur. 2. Article de Claude ANGELI, paru le 30 juin 1971 dans le Canard enchaîné. |
René Bachmann — Claude Angeli : Les polices de la Nouvelle Société (1971) — Chap. V : Attention police !
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