Pif, paf, pouf, voici que déboulent
trois bouquins issus de la
boîte à livres devenue soudain féconde après plusieurs semaines de
chiche
provende ! D’autres,
d’un certain intérêt attendaient également dans leur coin, mais n’ont
pas
excité tant que cela votre Tenancier, indifférent aux romans des
Éditions de
Minuit qui, à tout prendre et au travers d’un vernis germanopratin,
valent ceux
de la collection Blanche chez Gallimard.
Commençons par le « retour » d’un volume dans ses
rayonnages. En effet, la bibliothèque de SF du Tenancier a été décimée
par ses
soins, fruit d’un désamour à la quarantaine pour le genre — enfin,
disons,
une grosse fatigue — et d’autres nécessités que l’on voudra bien
m’autoriser
à celer ici.
La loi du talion de Gérard
Klein, recueil de nouvelles dans la collection J’ai Lu et sous la
couverture de
Tibor Csernus… : tous ces détails révèlent autant de marqueurs
pour une
génération qui a fait ses gammes dans cette littérature. Votre
Tenancier a eu
le plaisir et la chance d’avoir édité Gérard Klein et le souvenir reste
vif d’une
personne généreuse, avisée et d’un commerce très agréable. Pour tout
cela, ce
bouquin-là devait retourner à sa place, dans la bibliothèque, pas très
loin — dans
le classement des affinités — d’André Ruellan ou de Philippe
Curval. S’il
a cédé nombre de livres de SF, votre Tenancier chéri en a gardé un peu,
par
nostalgie et depuis peu par plaisir renouvelé, même s’il ne cherche pas
à lire
de nouveauté en la matière. « Pourtant,
vous en écrivez, non ? », me dira-t-on. Oh, très
peu, et surtout dans les marges. D’ailleurs il lui plaît d’errer dans
les
bordures. Il ne tient pas trop à « faire
partie » d'un milieu.
Deuxième prise : ce volume anecdotique sert uniquement
à alimenter la rubrique des 10/18, bien délaissée. On l’a peut-être
remarqué,
mais votre Tenancier, loin de se présenter comme un adepte de la
Dictature du
Prolétariat, s’avouerait plutôt du côté du Laisser-faire des
Feignasses. Vous retrouverez
le livre un de ces quatre dans le blog. À propos, l’on n’a rien
contre le
fait que vous expédiez les deux plats, le dos ainsi que le descriptif
de vos
anciens 10/18. On signale d’ailleurs à Monsieuye qu’on ne la pas oublié
à ce
sujet.
Le Tenancier connaît ce genre de production. Il garde le
souvenir du bouquin d’Alain Schifres,
Les
Parisiens, lu comme une nouveauté lorsqu’il travaillait en
librairie et avait
découvert à cette occasion la raison de la feuille de salade dans
l’assiette
de steak-frites des brasseries parisiennes. À quoi doit-on s’attendre
avec le
présent ouvrage qui semble marcher sur les brisées du susdit ?
Peut-être pas
grand-chose ou peut-être un renouvellement par le style que l’on s’est
permis
de picorer et qui nous agrée. Le piéton de Paris se révèle une espèce
qui se perpétue
de décennie en décennie, consignée dans son enceinte avec quelques
échappées
bourgeoises du côté de l’avenue Victor Hugo à la Fargue ou qu’elle
s’évade
comme feu Maspero dans
Les passagers du
Roissy-express. On s’en doute, l’originalité du propos n’apparaît
pas comme
un critère d’acquisition… Ce livre-là semble employer l’ironie et saura
sans
doute plaire à votre Tenancier (re)devenu provincial, mais qui garde
cependant
quelques souvenirs aigus de Paris, où d’ailleurs il n’a guère envie de
refoutre
les pieds s’il n'y subsistaient quelques amitiés, en un
étrange
miracle. Citons les paragraphes : L’addition, Poules, Chiens,
Métro,
Gares, Halles, Crasse, Pigeons, Métamorphoses, Culture, Salons,
Lascaux II,
qui appellent à une lecture nonchalante et picorante dans des
après-midi de
latence, ce qui vaut mieux que de se cogner l’organigramme du parti
communiste
entre 1925 et 1939 dans le livre de Kriegel…
Gérard Klein : La
loi du talion — J’ai lu (1979)
Annie Kriegel :
Le pain et les roses — 10/18 (1973)
Anne Le Cam :
Paris pour le pire — Arléa (2002)