jeudi 30 janvier 2025

Désobéissance civile et résistance

Les Relay submergés de marque-pages et stickers contre Bolloré
La note d’information de Lagardère

Depuis début décembre des centaines de milliers de marque-pages et stickers se répandent à l’intérieur des librairies. Ils invitent à boycotter les livres Hachette, à lutter contre l’emprise de Bolloré et à soutenir les éditions indépendantes.
Une note interne de la « direction de la communication de Lagardère » nous a été transmise par un certain nombre d’employé-es des Relay, enseignes appartenant au groupe Bolloré et présents dans de multiples gares, stations de métro et aéroports. On y trouve la confirmation que « l’ensemble des enseignes et librairies qui vendent des livres Hachette » sont largement arrosées de petites surprises informatives qui s’immiscent malicieusement entre les pages et les rayons et que « les Relay ne font pas exception ». Malgré les consignes des « Ressources Humaines » visant à endiguer la vague, les employés des Relay qui nous ont contacté anonymement nous invitaient plutôt à poursuivre l’opération et promettaient de ne pas mettre trop d’ardeur à « procéder au retrait des marque-pages et stickers dès leur découverte », comme leur intime la circulaire.
Comme nous l’a transmis l’un•e des vendeuses dans un courrier : « Avec ses milliards, au prix où il nous paye et tant qu’ils nous oblige à mettre du Bardella dans ses rayons, on va pas se plier en quatre pour protéger l’image du grand patron. »
Alors que du 29 janvier au 2 février ont lieu des journées d’actions contre l’empire Bolloré tout un chacun.e devrait prendre cette note inquiète de nos adversaires comme un bel encouragement à reproduire ce geste simple dans le Relay le plus près de chez soi avec quelques ami.es en mode festif ou incognito en attendant le train.
D’autant que comme l’indique le site relay.com : « Avec plus de 350 magasins en France, présents dans près de 300 gares et stations de métro et près de 25 aéroports du territoire, vous trouverez toujours un RELAY à proximité. »

Source : Les soulèvements de la terre


jeudi 23 janvier 2025

Une historiette de Béatrice

Les deux enfants, frère et sœur, assis par terre près du radiateur, pendant que je bavarde avec la maman. Un après-midi tranquille à la bouquinerie, rires et commentaires sur les différents ouvrages tenus entre les mains.
— Ils aiment lire des petits romans ? (m'adressant à la maman)
Et la voix enfantine :
— C'est quoi un roman ?
— Un livre qui raconte une histoire.
— Mais tous les livres ne racontent pas d'histoire alors ?
J'adore mon boulot.

mercredi 22 janvier 2025

Un petit ambitieux, serré dans son frac

Canalis est un petit homme sec, de tournure aristocratique, brun, doué d’une figure vituline, et d’une tête un peu menue, comme celle des hommes qui ont plus de vanité que d’orgueil. Il aime le luxe, l’éclat, la grandeur. La fortune est un besoin pour lui plus que pour tout autre. Fier de sa noblesse, autant que de son talent, il a tué ses ancêtres par trop de prétentions dans le présent. Après tout, les Canalis ne sont ni les Navarreins, ni les Cadignau, ni les Grandlieu, ni les Nègrepelisse. Et cependant, la nature a bien servi ses prétentions. Il a ces yeux d’un éclat oriental qu’on demande aux poëtes, une finesse assez jolie dans les manières, une voix vibrante ; mais un charlatanisme naturel détruit presque ces avantages. Il est comédien de bonne foi. S’il avance un pied très élégant, il en a pris l’habitude. S’il a des formules déclamatoires, elles sont à lui. S’il se pose dramatiquement, il a fait de son maintien une seconde nature. Ces espèces de défauts concordent à une générosité constante, à ce qu’il faut nommer le paladinage, en contraste avec la chevalerie. Canalis n’a pas assez de foi pour être don Quichotte ; mais il a trop d’élévation pour ne pas toujours se mettre dans le beau côté des questions. Cette poésie, qui fait ses éruptions miliaires à tout propos, nuit beaucoup à ce poëte qui ne manque pas d’ailleurs d’esprit, mais que son talent empêche de déployer son esprit ; il est dominé par sa réputation, il vise à paraître plus grand qu’elle.
Ainsi, comme il arrive très souvent, l’homme est en désaccord complet avec les produits de sa pensée. Ces morceaux câlins, naïfs, pleins de tendresse, ces vers calmes, purs comme la glace des lacs ; cette caressante poésie femelle a pour auteur un petit ambitieux, serré dans son frac, à tournure de diplomate, rêvant une influence politique, aristocrate à en puer, musqué, prétentieux, ayant soif d’une fortune afin de posséder la rente nécessaire à son ambition, déjà gâté par le succès sous sa double forme : la couronne de laurier et la couronne de myrte. Une place de huit mille francs, trois mille francs de pension, les deux mille francs de l’Académie, et les mille écus du revenu patrimonial, écornés par les nécessités agronomiques de la terre de Canalis, au total quinze mille francs de fixe, plus les dix mille francs que rapportait la poésie, bon an, mal an ; en tout vingt-cinq mille livres. Pour le héros de Modeste, cette somme constituait alors une fortune d’autant plus précaire, qu’il dépensait environ cinq ou six mille francs au delà de ses revenus ; mais la cassette du roi, les fonds secrets du ministère avaient jusqu’alors comblé ces déficits. Il avait trouvé pour le Sacre un hymne qui lui valut un service d’argenterie. Il refusa toute espèce de somme en disant que les Canalis devaient leur hommage au Roi de France. Le Roi Chevalier sourit, et commanda chez Odiot une coûteuse édition des vers de Zaïre :
Ah ! Versificateur, te serais-tu flatté
D’effacer Charles dix en générosité ?
Dès cette époque, Canalis avait, selon la pittoresque expression des journalistes, vidé son sac. Il se sentait incapable d’inventer une nouvelle forme de poésie. Sa lyre ne possède pas sept cordes, elle n’en a qu’une ; et, à force d’en avoir joué, le public ne lui laissait plus que l’alternative de s’en servir à se pendre ou de se taire. De Marsay, qui n’aimait pas Canalis, se permit une plaisanterie qui laissa dans le flanc du poëte sa pointe envenimée.
— Canalis, dit-il une fois, me fait l’effet de l’homme le plus courageux, signalé par le grand Frédéric après la bataille, ce trompette qui n’avait cessé de souffler le même air dans son petit turlututu !
Canalis, aux oreilles de qui cette épigramme arriva, voulut devenir général. Combien de fois un mot n’a-t-il pas décidé de la vie d’un homme ? L’ancien président de la république Cisalpine, le plus grand avocat du Piémont, Colla s’entend dire, à quarante ans, par un ami, qu’il ne connaît rien à la botanique ; il se pique, devient un Jussieu, cultive les fleurs, en invente, et publie la Flore du Piémont, en latin, l’ouvrage de dix ans.
— Après tout, Canning et Chateaubriand sont des hommes politiques, se dit le poëte éteint, et de Marsay trouvera son maître en moi !
Canalis aurait bien voulu faire un grand ouvrage politique ; mais il craignit de se compromettre avec la prose française, dont les exigences sont cruelles à ceux qui contractent l’habitude de prendre quatre alexandrins pour exprimer une idée. De tous les poëtes de ce temps, trois seulement : Hugo, Théophile Gautier, de Vigny ont pu réunir la double gloire de poëte et de prosateur que réunirent aussi Racine et Voltaire, Molière et Rabelais, une des plus rares distinctions de la littérature française et qui doit signaler un poëte entre tous. Donc, le poëte du faubourg Saint-Germain faisait sagement en essayant de remiser son char sous le toit protecteur de l’Administration.
Honoré de Balzac : Modeste Mignon (1844)

mardi 21 janvier 2025

Veau, vache, cochon, couvée

Le marché de la culture (et de la sous-culture) a massivement offert au public, pendant cette période [des années 20 aux années 50 où triomphe la contre-révolution] la représentation de tout ce dont les gens étaient privés pratiquement (l’amour, la liberté, etc.). Justement parce qu’elle était victorieuse partout, la contre-révolution pouvait offrir impunément sur le marché cet ensemble de représentations. À présent que le gens ont recommencé de vouloir posséder réellement ce dont ils ne possédaient que le rêve, le Capital, pour se défendre, ne diffuse plus que des représentations plaisantes, mais principalement des lamentations réformistes, angoissées, sur la douleur d’être homme, femme, enfant, nègre, pédé, veau, vache, cochon, couvée, etc. Je n’aime pas ces productions en général.

Jean-Patrick Manchette
Propos recueillis par Michèle Costa Magna (À suivre) n°22, novembre 1979, repris dans Derrière les lignes ennemies, entretiens 1973-1993 (2023)

lundi 20 janvier 2025

Où le Tenancier digresse

Votre Tenancier a reçu quelques gentils messages après avoir publié le dernier billet relatant un inconfort qu’il espère passager et il en remercie les auteurs. On voudra cependant veiller à ne pas le plaindre de façon appuyée; celui-ci se porte bien, de toute façon. Il désirait surtout attirer l’attention sur une méthode de travail qui s’est révélée incommodante dans la durée. En effet, la rédaction des nouvelles ou de romans incite à un changement de position et même d’assiduité au bureau. Expliquons-nous en évoquant son déroulement (on passe sur les phases préparatoires, différentes selon les cas) :
— Un premier jet est directement tapé au clavier à partir de quelques notes. On progresse de façon rapide et l’affaire se boucle en peu d’heures (tout se révèle relatif).
— Le deuxième passage est rédigé sur un bloc A4 avec un stylo-bille de fort diamètre, en raison d’une conversion tardive dans l’enfance à l’écriture de la main droite.
— Le troisième consiste en la reprise du texte manuscrit, chaque étape devenant l’occasion d’ajustements et d’élagages, mais ceci est une autre histoire.
Il se trouve que dans le cas de la rédaction de nouvelles, la transition d’une phase à l’autre se révèle rapide et ne provoque pas vraiment de souffrance «musculo-squelettique», comme on dit. Mais voilà, ce qui a déclenché cette tendinite provient de la composition chaotique d’un roman qui a imposé une position incommodante lors de la phase manuscrite, dont votre Tenancier ne peut se passer. En effet, il abaisse son fauteuil de manière à ce que ses aisselles arrivent presque à la hauteur du plateau du bureau afin de pouvoir écrire de manière convenable. Comme il se doit, cette posture anti-ergonomique devient une calamité lorsqu’elle se prolonge. Or, même s’il se trouve déjà à la tête de deux romans (par chance, les deux qu’il a écrits ont été publiés) sans qu’il eût à en souffrir, le troisième, sans doute à cause du mécontentement qu’il a suscité, a apporté le traumatisme que nous avons évoqué, donc.
Difficile de changer de méthode de travail, surtout pour la phase cruciale de l’écriture à la main, à cause du ralentissement qu’impose le stylo et qui incite à la réflexion à chaque phrase. À ce titre, l’étape scripturaire se déroule au rythme de trois à cinq feuillets par journée de quatre heures (après, l’on s’épuise), ce qui donne une moyenne d’un feuillet de deux mille signes à l’heure, mais qu’il convient de réévaluer pour arriver à un feuillet toutes les trois heures si l’on envisage les trois phases d’écriture. Ouh la la! On compte, on mesure, on suppute et l’on en vient à négliger la littérature? Bien sûr que non, mais mieux vaut prévoir les longues traversées comme la composition d’un roman. Le reste, c’est-à-dire le résultat de tout cela est disponible à la commande dans les librairies.
Ce que l’on vous raconte ici se révèle peu intéressant, en fin de compte, et le Tenancier se déçoit lui-même. Tant pis, mais puisque tout le monde incite à déserter certains rézosocios, autant reporter les menues digressions sur ce blogue. N’empêche, lors du dernier billet, nous en savons un peu plus grâce à Jules sur Captieux (Gironde), voyez dans les commentaires...
Sinon, oui, la posture d’écriture rappelle celle de Fénéon à son bureau de la Revue Blanche, peint par Vallotton.


dimanche 19 janvier 2025

Bobo

Certes, le Tenancier ne va pas ouvrir un compte pénibilité pour ce qui lui arrive, mais le phénomène reste assez curieux pour qu’il s’interroge à ce propos : une tendinite à l’épaule droite le préoccupe depuis plus de trois mois. On passera sur l’attente de rencontrer un médecin dans une ville de province pourtant pas la plus mal lotie en la matière, on évitera d’évoquer la privatisation de services en général et jadis rendus à l’intérieur des hôpitaux comme les scanners et les radiographies (et donc une longue attente pour y accéder). On s’abaisserait à cette sorte de vulgarité qui consisterait à vitupérer un état de fait que nous avons-nous même, après tout, laissé installer. Le Tenancier vieillit, les signes abondent, comme la survenue de cette tendinite et l’indifférence grandissante envers la sottise contemporaine, surtout quand elle réside dans l’avidité, le fric et les gros pieds dans les mocassins à pampilles.
Mais revenons à cette faiblesse qui s’est installée plutôt de façon progressive, jusqu’au point où la douleur (comme si on vous arrachait le bras) s’est déclarée un matin, vive et immédiate. Bien qu’adepte d’un certain matérialisme pas vraiment historique, le cheminement de pensée de votre Tenancier l’amène à établir une corrélation entre cette douleur omniprésente et la rédaction d’un roman commencé l’été dernier. Il en vient à croire à la somatisation de son mécontentement. Oui, le roman lui sied, mais l’accouchement se révéla difficile et contrarié, comme si l’on avançait à son corps défendant dans une formulation à la fois habituelle, plus ou moins maîtrisée, et dans un sujet rebattu pour lui. On s’explique : une fois de plus, on aborde un personnage de déserteur dans un monde qu’il s’est rendu familier, celui du Fleuve. Que le roman agrée l’éditeur appartient à une autre histoire et s’il est retoqué, votre serviteur s’y remettra, voilà tout, à l’attention du même ou bien d’un autre. Au pire, il passera à autre chose. Reste l’état de cette douleur. Comment envisager son effacement ? En passant à tout autre chose ? Non, le Tenancier ne croit pas à la pensée magique. Nous verrons bien ce qu’en fera le kiné (miracle : on a obtenu en rendez-vous presque immédiat). À vrai dire, le destin de cette incommodité est remis dans les mains des spécialistes.
Reste la somme de récits que le Tenancier aimerait écrire et qui subsiste pour le moment sous forme de notes ou de synopsis. Comme on est douillet, on redoute qu’une nouvelle mise en chantier n’affecte de nouveau l’aile de poulet qui lui sert de bras. On l’envisage tout de même. Toutes ces considérations ne valent sans doute rien si l’on observe que, pendant près de cinq mois, votre Tenancier s’est mal tenu à son bureau et qu’il ferait mieux de se pencher sur ce problème-là plutôt que d’invoquer des motifs captieux, qui est aussi une commune du département de la Gironde. Tiens, à propos, que trouverait-on en débarquant à Captieux (1382 âmes) ? On pense alors à la chanson de Brassens, bien entendu. Pour l’instant cette histoire de bras est en suspens, et pas dans une attelle — c’est toujours ça.

mardi 14 janvier 2025

73%

L’affaire est entendue depuis longtemps, votre Tenancier tient le personnel politique dans son intégralité comme des jean-foutre et des scélérats. Toute action — pacifique, parce que votre serviteur hait la violence — visant à abolir cette catégorie parasite limiterait de façon importante diverses nuisances. L’une des dernières en date a été la décision de la présidente de la Région du Pays de Loire de réduire le budget de la culture, comme variable d’ajustement de l’impéritie d’un régime libéral, plus enclin à flatter l’actionnaire, voire le réactionnaire ce qui, au fond, s’équivaut. Nous en avons tous entendu parler et je ne m’adonnerai pas dans ce billet à un récapitulatif de l’affaire. Il devenait toutefois important de signaler que si la presse est retournée au silence sur ce sujet, le problème persiste. Au plus, lèvera-t-on un sourcil au contre-argument qui consiste à déclarer que la culture se révèle une source d’emploi et de richesse. On prétend de notre côté que s’il est important que les acteurs de la culture puissent s’assurer d’une certaine sécurité financière, l’enjeu se situe ailleurs que dans un relevé de bilan favorisant les entrepreneurs privés à partir de deniers publics, ou bien qui deviendrait un élément de prestige pour quelque édile. La culture, qui semble un bien commun se suffit à elle-même : nous avons besoin de ses manifestations, non parce qu’elles rapportent du pognon, mais parce que celles-ci fondent notre identité. En coupant sur ce budget, des festivals, des revues, diverses actions ou manifestations vont se volatiliser. Se pose alors la question de l’autonomie, qui rend tout ceci fragile, à la merci du plus efficace outil d’Anastasie : le tiroir-caisse. Votre Tenancier ne possède aucune solution, il témoigne de son regret de voir disparaître des revues comme 303, que La folle journée de Nantes, le Lieu unique, aussi dans cette ville, la Maison Julien Gracq (même si le Tenancier y aurait à redire !), etc., soient mis en danger par des voies de fait dues à la sottise. Il existe bien entendu une pétition (pour ce que ça servira…) Votre Tenancier l’a signée. En voici le lien. On découvrira sur cette page quelques affiches dont une que l’on reproduit ici, notre préférée, due à Pascal Rabaté.

(Autre objet de scandale, toujours en Pays de Loire, le budget du planning familial semble aussi atteint par le même zèle, jolie démonstration dans un contexte de lutte contre les violences faites aux femmes, par exemple…)

vendredi 10 janvier 2025

Anthologie des boîtes à livres


Ce billet pourrait également prendre le titre de la rubrique Paf, dans ma bibliothèque !, mais il se trouve que si un volume s’y retrouvera, en effet, il rejoindra aussi celle d’un autre. Belle idée de Pierre Laurendeau que de nous faire confectionner cette anthologie, composée d’extraits d’ouvrages prélevés dans les boîtes à livres. Guettez donc dans la celle de votre ville si vous ne trouvez pas un des 100 exemplaires lancée par Deleatur dans la collection Samizdat. En effet, la gageure consiste pour chaque collaborateur à remettre en remplacement dans le lieu même de la trouvaille cette anthologie (il garde tout de même un exemplaire en souvenir). Citons les participants : Julien Blaine, Sébastien Castelbou, Nathalie Ferrand-Stip, Joël Henry, Thibaud Godon, Marie-Gabrielle Jean, Olivier Joseph, Roger Lahu, Pierre Laurendeau, Jean-Louis Lejonc, Yves Letort, Dr Lichic, Céline Maltère, Pierre Naimi, Jean-Paul Plaintive, Pauline Rey, Gilles Rosière, Olivier Salon, Catherine Vasseur, Gilles Verdet, Alain Zalmansky. En revanche, on ne mentionnera que quelques auteurs cités comme Pierre Suragne, Georges Simenon ou Emily Brontë, parce qu’après tout cela pourrait donner lieu à un jeu des correspondances que l’éditeur fécond ne manquera pas de créer un de ces quatre.

mardi 7 janvier 2025

Erratum


En fin de compte, le Tenancier s'est trompé : ce début d'année ne se révèle pas aussi sombre, en tout cas pour aujourd'hui...

jeudi 2 janvier 2025

Une imprudence

Le Tenancier cède à des aspirations étranges qui le poussent à souhaiter, comme il l’indiquait dans un précédent billet, que l’on rassemblât en un unique volume tous ses récits du Fleuve : romans, nouvelles et textes à la longueur intermédiaire, mi-chèvre mi-chou que l’on désigne de temps en temps comme « novella ». Que l’on se rassure, cette volonté procède bien du vice et non de l’idée absurde de sa propre pérennité qui, on s’accordera au moins sur ce point avec lui, n’a pas grand intérêt quand elle s’affirme de façon posthume. En réalité, la lubie provient de ces petites manies bibliophiles dont on a du mal à s’abstraire et qui s’insinuent également dans des fantasmes qui font avouer que tout rassembler dans un volume qui aurait la dégaine d’un Penguin Clothbound, eh bien, bon sang, ça aurait de la gueule! Attention, nous ne tenons pas à enfermer nos écrits dans un objet qui ressemblerait à une bonbonnière comme on a tendance à le pratiquer à l’heure actuelle, mais l’on se dit que cette collection préserve l’esprit de ce que l’on rencontrait jadis en France lorsque le bon goût existait encore et qu’il s’exprimait dans quelques clubs de livres. Hélas, trois fois hélas, rien n’indique que les récits du Fleuve figurent un jour quelconque au rang de classiques. Tant pis. Tant mieux. Là ne réside pas l’intérêt, seul persiste le plaisir de l’imaginer, quitte à faire preuve d’imprudence en l’exprimant.