jeudi 23 février 2023
mercredi 22 février 2023
Presse clandestine
Le Comité finit par reconnaître que l'agitation et la terreur, les tracts et les bombes n'étaient que deux aspects d'une seule et même chose ; dans un certain sens, cela agissait officiellement ; chaque acte de terrorisme précédait une déclaration officielle ; chaque attentat était en même temps un moyen de propagande dont l'effet s'étendait très loin.
C'est pourquoi, parmi les groupes spécialisés, les imprimeurs jouissaient d'une situation particulière. Ils travaillaient en collectifs itinérants. « Les outils de l'imprimerie, dit un récit du temps, étaient les plus simples du monde : quelques caissettes de caractères, un petit cylindre avec un substance collante, gluante, un gros cylindre recouvert de tissu, qui servait de rouleau d'imprimerie et quelques brosses et des éponges. C'était si bien organisé qu'en un quart d'heure tout pouvait disparaître dans un grand placard. »
Hans Magnus Enzensberger : Les rêveurs de l'absolu (1964)
Éditions Allia, 2022, traduction de Lily Jumel
mardi 21 février 2023
La providence du littérateur
Où votre Tenancier démontre que le recours à la domesticité reste essentiel pour l'accomplissement d'un travail littéraire...
lundi 20 février 2023
Le monde vu d'un fauteuil
Quel est le point commun entre Crébillon, Fougeret de Monbron, Ranpo Edogawa et… Paul Claudel ? Peut-être une certaine conception du mobilier…
Une chaise qui a tout du fauteuil
En 1925, paraît dans la revue japonaise Kuraku, la nouvelle La chaise humaine, qui narre l’entreprise d’un artisan, évidant un fauteuil de sa création afin d’y prendre place. Installé dans le couloir d’un hôtel, notre personnage se livre à des cambriolages nocturnes. Survient un trouble délicieux pour cet homme laid et contrefait : de belles touristes européennes viennent de temps à autre s’asseoir à leur insu sur ses genoux. On imagine facilement son émoi et sa fascination. Ainsi, de rat d’hôtel, le voici, de par sa position, assigné au rôle de voyeur, de jouisseur captif. Certes, la population féminine ne constitue pas uniquement sa fréquentation. Facétieux, Edogawa introduit un personnage éminent de la littérature française :
« Un jour l’ambassadeur en poste au Japon d’une grande puissance européenne fit une brève halte dans notre hôtel et se retrouva assis un moment dans le fauteuil. L’homme imposant qui s’appuyait de ton son poids sur mes genoux n’était pas seulement un diplomate, mais également un des plus grands poètes de son temps… »
Ainsi, Paul Claudel fait une station inattendue dans une nouvelle dont la perversité joue avec la censure de son époque !
Edogawa se montre le continuateur d’une modernisation de la littérature japonaise, bien que ses récits ne négligent pas les spécificités de sa culture. L’intrusion d’un fauteuil, objet plutôt « occidental » dans sa formulation nous met sur la voie d’autres sources où l’on rencontre le procédé, dans une utilisation un peu plus frénétique.
D’abord, a-t-il lu l’une des fantaisies orientales et scandaleuses de Crébillon fils (1707-1777), Le Sopha, ou le narrateur ne sera délivré de sa transformation que lorsqu’un couple s’appariera sur lui ? L’ouvrage est-il parvenu au Japon ? Ou alors est-ce le cas du Canapé couleur de feu de Louis–Charles de Fougeret de Monbron (1706-1760), autre conte de fées licencieux qui partage avec Crébillon le même postulat narratif ?
Coïncidence ou malice littéraire
Alors qu’à l’époque de la rédaction de la nouvelle d’Edogawa, l’on redécouvre tout juste les écrits libertins et licencieux en France — grâce notamment à Fernand Fleuret et Louis Perceaux à la Bibliothèque des Curieux, où figure Crébillon fils —, la tentation reste grande de penser à une simple coïncidence de thèmes. Seulement, la présence de Claudel dans le fauteuil du narrateur nous incite à songer que le diplomate et écrivain a pu rencontrer notre auteur et évoquer en sa compagnie ces libertins français tout juste sortis des limbes. L’hypothèse demeure séduisante, à imaginer le nouvelliste japonais qui ferait son miel de certaines conversations et affublant son interlocuteur du rôle de complice involontaire dans une turpitude peu claudélienne.
Le court récit trouve enfin une étrange résonnance dans un roman rédigé par un auteur japonais : L’homme-boîte de Kôbô Abe (1924-1993) où, confiné dans un lieu clos et étouffant, le protagoniste installe une petite étagère de provisions, tout comme l’occupant du fauteuil. Les deux personnages contemplent en secret les agissements de leurs contemporains.
Ranpo Edogwa : La chaise humaine, traduction de Jean-Christian Bouvier, in La chambre rouge, Éditions Philippe Picquier (1990).
dimanche 19 février 2023
Les livres de poche sont-ils des vrais livres ?
Floréal, dont on aurait raison de suivre ses propos de blog, a eu l’excellente idée de cette évocation. Il invente et inaugure ici une rubrique…
Heureusement, en une époque où n’existaient pas les réseaux sociaux pour perdre son temps dans des conneries, il y avait le Livre de poche, extraordinaire création pour qui avait peu de moyens, le goût de la lecture et de la tranquillité solitaire.
« Les livres de poche sont-ils de vrais livres ? », se demandait le bourgeois Jean-Paul Sartre. Pour ma part, je serais presque tenté de dire aujourd’hui qu’avec les chansons de Brassens ces petits bouquins m’ont sauvé la vie. J’emmerde Sartre !
Floréal
samedi 18 février 2023
Une historiette de Béatrice
vendredi 17 février 2023
Une blagounette de Pif-gadget
« Un collectionneur de trou découvre un trou, alors il demande à un transporteur de trous de transporter le trou sur le camion. On charge le trou et on l’emmène chez le collectionneur de trou. Un cahot : le trou tombe ; le collectionneur de trous s’écrie « reculez ! Nous avons perdu le trou ! »
Ils reculent et ils tombent dans le trou. »
Et je trouve à cette blagounette une saveur littéraire en diable.
jeudi 16 février 2023
Jeu
mercredi 15 février 2023
10-18 — La série « L'Aventure insensée », une bibliographie en cours
Cette bibliographie sera complétée à la faveur de l'exploration des volumes de la collection et des listes en fin de volume :
Les titres suivis d'un astérisque sont annoncés à paraître en 1976, ceux suivis d'une flèche se reportent à une entrée dans le blog
Alfred Assolant
Le capitaine Corcoran ->
Edgar Rice Burroughs
Les naufragés de la Lune *
La Terre vaincue par la Lune *
Erle Cox
La sphère d'or — 2 vol.
Alexandre Dumas
Le château d'Epstein
Isaac Laquedem le Juif errant *
Gustave Le Rouge
Le Mystérieux Docteur Cornélius — 5 vol. ->
La Princesse des airs — 2 vol. ->
Prisonnier de la planète Mars ->
La Guerre des vampires ->
Todd Marvel détective-miiliardaire * ->
À coup de milliards * (1)
Le Régiment des hypnotiseurs * (1)
La Revanche du vieux monde * (1)
La Reine des éléphants * ->
Le Sous-marin « Jules Verne » * ->
L'Espionne du Grand Lama * ->
Les conquérants de la mer * ->
L'héroïne du Colorado * ->
(1) Titres rassemblés sous celui de La conspiration des milliardaires — 3 vol. ->
Pierre Souvestre et Marcel Allain
Le Rour
Pour des renseignement comlémentaires sur certains volumes absents ici, reportez-vous à cet index
mardi 14 février 2023
10-18 - Robert-Louis Stevenson : Veillées des îles
Veillées des Iles
Traduit de l'anglais par Pierre Leyris
Préface et bibliographie par Francis Lacassin
n° 1112
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'Aventure Insensée »
Volume quintuple
320 pages
Dépôt légal : 1er trimestre 1977
Achevé d'imprimer : 9 décembre 1976
TABLE DES MATIÈRES
— La côte à Falesa
— La bouteille endiablée
— L'île aux voix
— Bibliographie
Index
lundi 13 février 2023
dimanche 12 février 2023
Une historiette de Béatrice
samedi 11 février 2023
À 140 à l'heure
Fin octobre 1985
vendredi 10 février 2023
Les lecteurs de Planète
La venue massive de gourous portés par les vidéos en ligne et le fait que leurs délires grandissants touchent une population de plus en plus naïve ne doit pas nous faire perdre de vue qu’avant cette résurgence sous forme numérique, tout un pan de l’édition se livrait à la production de balivernes dans les années 1960 et 1970. On a ainsi connu les ouvrages d’Erich Von Däniken, Robert Charroux et autres imbécillités relayées désormais par des JacquesGrimault et des imposteurs vidéastes de l’archéologie fabulée. On se rappelle ici que l’impulsion fut donnée par le fameux Matin des magiciens, pondu par les duettistes Bergier et Pauwels et que, sur la lancée, des collections entières vaticinaient à tout-va : soucoupisme, Grands Anciens, vie post-mortem, mysticisme de bazar, etc. L’autre vecteur, toujours sous forme imprimée était la revue Planète qui, pour être honnête, s’était également diversifiée vers les contre-cultures (non exemptes, d’ailleurs, de fabuleuses conneries !). Ainsi, votre serviteur conserve le numéro de Planète plus consacré à Bob Dylan et la beat generation, surtout par pur fétichisme. En effet, on a lu mieux. Pour vous situer cette collection au format de la revue mère, l’on y trouvait des parutions vouées à Artaud, Ramakrishna, René Guénon, Henry Miller, Mounier, Jung et Krihnamurti. Mais qui achetait donc ces machins ?
L’on n’ose songer à des publications militantes en faveur des réalités alternatives, même si Peyotl et Grands Initiés aux remugles fascistes semblaient avoir provoqué la fonte de quelques fusibles dans la rédaction. Bien au contraire, nous estimons que ces porte-parole de la sottise mystique avaient conscience de s’adresser à du CSP++, c’est-à à dire une catégorie socioprofessionnelle plutôt aisée, genre classe moyenne, voyez-vous, mais subissant un fort déclassement qui la pousserait à des succédanés religieux ou culturels (nous ne sommes pas très loin du petit bourgeois marxien, d’une certaine manière). Hélas, dans ce numéro de Planète plus (daté d’Avril-Mai 1971), pas de publicités, indices forts de la catégorie du lectorat (ce qui permettait de savoir, par exemple que le Nouvel Observateur était un journal de gros bourges.) En revanche…
En revanche, la maison Planète, soucieuse d’instaurer un ordre nouveau dans les consciences planétaires proposait à nos chers petits Français des voyages d’initiation qui permettait à un occidental de se balader sans vergogne dans une contrée alors du « tiers-monde » ou presque. On découvrira ci-dessous que la pilule de la pauvreté s’avale plus facilement vue du dos d’un éléphant et entre deux palaces, bien sûr après avoir visité quelques ashrams ou bien des récipiendaires de savoirs millénaires.
Le tarif est éloquent : 5350 francs de 1971 (avec un supplément de 400 balles pour une chambre individuelle) vous donnera accès aux clefs de la sagesse orientale. Cela représente plus de 6500 € actuels selon le convertisseur de l’INSEE. On appréciera peut-être la modicité de la somme pour un voyage organisé de vingt jours en Orient. On attrapera la nausée en imaginant ce que pouvait signifier une telle somme pour les travailleurs autochtones, même encore maintenant (2 € par jour de salaire minimum en 2020). La pudeur n’a jamais vraiment touché la maison Planète, née vraisemblablement avant le concept d’obscénité. Reconnaissons toutefois que ces voyages semblaient honorés par les organisateurs, ce qui n’est pas le cas pour ce qui concerne certains égyptologues fabulistes à l’heure actuelle.
On constate avec dépit que l’engouement pour les gourous s’est quelque peu avili sous la férule de la loi du marché et des nouveaux médias. Avouons-le aussi, le gogo devient moins fortuné et adepte des charters. Il semble bien que la période Planète fut un Eldorado pour les marchands de gris-gris…
Cliquez sur les images pour les agrandir
jeudi 9 février 2023
Margot lit
mercredi 8 février 2023
10/18 — Robert-Louis Stevenson : Le cas étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde
Le cas étrange du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde
suivi d'histoires non moins étranges
réunies et postfacées par Francis Lacassin
Introduction de Pierre Mac Orlan
Traduit de l'anglais par Théo Varlet
n°1044
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « l'Aventure insensée »
Volume sextuple
448 pages
Dépôt légal : 2e trimestre 1976
Achevé d'imprimer : 15 mars 1976
ISBN 2.264-00034-1
TABLE DES MATIÈRES
— Le cas étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde
— Will du moulin
— Janet la revenante
— Olalla
— Markheim
— Histoire de Tod Lapraik
— Thorgunna la solitaire
— Postface par Francis Lacassin
— Bibliographie
(Contribution du Tenancier)
Index
mardi 7 février 2023
Une histoire de constellation
Si vous ne le savez pas vraiment, vous avez dû la subodorer : votre Tenancier s’absente maintenant souvent du blogue parce qu’il écrit par ailleurs et que quatre heures de tensions dans la journée aboutissent à l’épuisement. Guère facile ensuite de vous causer sans se forcer et risquer ainsi de générer du déplaisir. Ai-je envie de m’adresser à vous de mauvaise grâce ? Non.
Les semaines passées ont été consacrées à la dernière main (on verra que le terme est choisi, à la parution de l’ouvrage) à un roman qui était fort mal parti. On reparlera sans doute un jour de la suffisance et des avertissements divers qui ont accompagné la conception et les révisions avant la survenue de sauveteurs. L’une des incidentes de ce récit use du firmament et des constellations comme moteur de l’action ; étrange coïncidence, alors, que de recevoir en cadeau (truffé chaque fois de surprises merveilleuses) d’une amie, ignorante du roman qui se trame, l’essai de William Marx : Des étoiles nouvelles, quand la littérature découvre le monde. Ces hasards fascinent toujours et procurent une illusion magique qui abonde dans notre sens : nous avons raison, puisque les événements nous le confirment, sans que nous les sollicitions de trop. On a commencé à feuilleter le livre et l’on tombe sur le dernier paragraphe :
« À défaut, il n’est possible que de tracer des constellations toujours plus diverses et d’imaginer comment leur dessin se poursuivrait au-delà de l’horizon visible, au-delà du passé historique, au-delà des contraintes trop aisément contestables des faits et du récit de vainqueurs. Alors peut-être se découvriront d’autres étoiles nouvelles, accessibles seulement à l’esprit »
Propos finaux presque anodins s’ils ne venaient en contrepoint exact de la situation développée dans le roman à paraître. Parvenue à ce paragraphe conclusif il nous reste à remonter le cours de l’exposé, ainsi qu’agissent les personnages du récit, intrigués par une constellation. On s’y apprête avec gourmandise en temporisant un peu, toutefois, non par peur de la déception, mais pour prolonger la jouissance.
lundi 6 février 2023
Une historiette de Béatrice
La publicité ambulante pour Burberry's-Chanel-Lancel me demande une
remise. Je lui dis que le prix de sa bague couvrirait largement la réparation
de ma porte ? Et de ma devanture |
dimanche 5 février 2023
Jeu
Mais, dites-moi, de quel film est tirée cette capture d’écran ? Facile, trop facile...
samedi 4 février 2023
C'est pas du boudin, c'est du frais
Votre Tenancier s’est adonné récemment à la promotion d’un livre (V., évoqué plus bas dans ce blogue) et, de fil en aiguille, s’est retrouvé au cinéma local à présenter la version restaurée de Nosferatu, concluant une Semaine Vampirique qui avait débuté par des lectures publiques en médiathèque. Bien entendu, lâché devant une assemblée de spectateurs surtout venus regarder le chef-d’œuvre de Murnau, il s'est agi de faire court, pas emmerdant et puis de tenir compte d’une volubilité qui tendait à devenir excessive : on n’avait pas causé en public depuis un bail. Cela s’est bien passé, merci, et l’on a ressenti une palpitation seulement au moment de quitter chez soi, mais guère à l’arrivée dans la salle. On a retrouvé avec un certain plaisir la verve rencontrée autrefois à vendre des livres, ce plaisir presque intime de l’argumentation préparée, guère taraudante, cela dit, rangée dans un coin, mais aisée à se ressouvenir dans le feu de l’action. Votre Tenancier chéri n’est pas un spécialiste des vampires. Comme lorsqu’il vendait en librairie, il demeure une sorte de touche à tout, montrant ses limites rapidement. Il convient d’en garder conscience. Cependant, aucune grosse connerie n’a été proférée (une petite boulette sur le nombre de victimes de la grippe espagnole, c’est tout). Et puis, le jeu des réminiscences, des anciennes lectures, m’a obligé à commander le bouquin de Kracauer, De Caligari à Hitler, que j’avais lu en diagonale, à la libraire, afin de prolonger la jouissance d’un grand film et d’explorer les malaises qu’il véhicule. Rien de bien émotionnant dans tout cela, seulement une suite de menus plaisirs, passés ou anticipés, apaisés. Votre Tenancier deviendrait-il un vieux sage ou, comme les rats de la mythique bassine, se fait une raison devant l’inéluctable en ménageant l’attente du mieux qu’il peut ? Quelques ronds encore, en attendant ?
vendredi 3 février 2023
mardi 29 novembre 2022
Où le Tenancier se goure, semble-t-il
lundi 7 novembre 2022
V.
Une anthologie vampirique préparée et présentée par Yves Letort
Yves Letort Avant-propos
Benjamin Desmares Bloodkovski
Florent Liau
Heureux
les
affamés de justice
Jean-Hughes Oppel Aux
vampires anonymes
Céline
Maltère
Atalef
Patrick
Denieul
Au Club des
Chirurgiens
Sandrine
Scardigli La Marche
vers la longue nuit : une demi-étoile
Didier
Pemerle
Anesthésie,
ou Boire à la source
Taddeusz
Hiddinko
Considérations sur l'épieu
Chantal
Rabutin
Une
correspondance ferroviaire
Sylvain-René
de La Verdière Casus Belli
Dolmancé Gode
Dracula !
Léo Kennel VampireS de
craie
Pierre Laurendeau Végan, le
vampire qui n'aimait pas le sang
Nicolas Liau
Gris
des
épines
Fabienne Leloup Hologramme
Patrick Boman
L'innommable
vendredi 21 octobre 2022
Métaphysique du pilchard
Lard-Frit n°3, à commander ici.
… et à ceux pour lesquels ce titre rappellerait de bons souvenirs, on peut se rafraîchir la mémoire là.
mercredi 12 octobre 2022
Une historiette de Béatrice
La mère et sa toute jeune fille dans
la boutique, déambulant et consultant avec délicatesse. L'une au rayon
sciences
humaines, l'autre devant la poésie. Puis le coin histoire de France,
longuement, et la littérature. Les beaux-arts, puis l'antiquité. Calme, silence, lecture. Et là, le relou qui entre en trombe avec son agitation et ses réflexions sur le « foutoir dans ces bouquineries ». |
vendredi 7 octobre 2022
samedi 1 octobre 2022
La nécrogène et autres miniatures
Voici la liste des histoires de votre serviteur qui y figurent :
— Les tourbières, repris et augmenté in revue L’Ampoule n° 6, Ambarès-et-Lagrave, 2019 — Récit du Fleuve
in revue L’Ampoule n° 9, Ambarès-et-Lagrave, 2021
vendredi 30 septembre 2022
48 dédicaces modèles pour tous les usages
Espérons que cet opuscule sera secourable à l'écrivain en panne sèche...
mardi 20 septembre 2022
Ah, c'est vous, l'écrivain ?
Nous resterons tout de même surpris le jour où l’on abordera ce genre de chose d’une manière différente.
dimanche 18 septembre 2022
Scoumoune
— Ouais, eh bien ?
— Tu me crois si je t’affirme qu’il fait partie des meilleurs romanciers contemporains ?
— Qu’est-ce qu’il a publié ?
— Trois romans, à ce que je sais.
— Ah, mais parce que tu ne les as pas lus ? Alors comment peux-tu prétendre qu’il est bon ?
— Tout de même si, je peux. J’en ai parcouru des bouts, quoi ! Il vérifie l’adage selon lequel il ne suffit pas d’avoir du talent. Avoir du bol aide aussi. Son premier bouquin, comme attendu, ne rencontre pas son public, comme on le glisse de façon pudique, pour consoler. Il faut avouer que le jour du lancement correspond au début d’une série d’attentats dans la ville…
— En effet, ça ne favorise pas.
— Il oublie son deuxième opus dans un taxi, une photocopie. Je te rappelle que tout cela se passe avant l’informatique…
—… et le plantage des disques durs.
— Ouais. Il traîne avant de reproduire son original, parce que ce genre de facétie coûte un peu et qu’il ne roule pas sur l’or. Le temps que le manuscrit parvienne au comité de lecture, un bouquin paraît avec de curieuses similitudes. Impossible de prouver l’antériorité. Il se retrouve marron, avec un éditeur qui le soupçonne de magouiller.
— Je sens la suite : il abandonne et se remet à un autre roman, juste ?
— C’est ça. Tout se déroule selon ses vœux. Le comité de lecture se montre élogieux, il rencontre l’attaché de presse qui lui promet des articles ici et là.
— Et alors ?
— Alors : liquidation judiciaire pour la maison d’édition. Le boss est parti avec la caisse. Le bouquin, déjà imprimé, ne sort pas de l’entrepôt, sauf une palette qu’il a achetée en empruntant. Il envoie des exemplaires à des journalistes et rien en retour, ou alors un entrefilet du genre : “livres reçus par notre rédaction”.
— Le prochain, je devine une invasion extraterrestre ou une guerre atomique.
— N’exagérons pas. Il tombe amoureux et perd son style en même temps, semble-t-il, que son pucelage. Le roman, retoqué partout, finit en autoédition. Il renonce à racheter des exemplaires. Heureusement, il se lasse de l’objet de son émoi et retrouve son écriture. Je te passe les Bérézinas successives, ça nous attristerait. Pour une discussion d’apéro, cela ne sied pas. Enfin, à force de patience, il parvient à entrevoir un moyen de vivre de sa plume, en la mettant à louer.
— Adieu la création…
— Oh, ça limite, mais n’empêche en rien le travail pour soi. Bref, on lui confie la réécriture du bouquin d’un boss de labo pharmaceutique, du gré à gré, sans passer par un éditeur puisque publié par les potards eux-mêmes.
— Bien.
— Ouais. Le livre rencontre un certain succès. Il faut dire que le contenu de départ ne se révèle pas trop honteux par rapport à la norme. Il est convoqué au bureau directorial afin de recevoir un petit tas de talbins qui va lui permettre de travailler pour lui pendant quelques semaines. Le boss est au téléphone et il invite notre gars à s’asseoir pendant que l’engueulade continue dans le combiné. Passe-moi l’expression, mais ça chie dans le ventilo. Le labo a produit un excédent de gélules anti diarrhéiques à ne plus savoir qu’en faire. De plus la péremption arrive dans six mois. C’est là que la grande idée lui apparaît.
— À qui ?
— Eh bien, à notre auteur ! Suis un peu ! Bref, il propose au boss de le rémunérer avec ce stock en excédent : 10 000 gélules ! Tu parles, que celui-ci saute sur l’occasion ! Il lui cède même un bout d’entrepôt, du moment que ça n’apparaît plus sur son bilan.
— Qu’est-ce qu’il compte en faire ?
— Pour lui, c’est l’idée du siècle : il va refourguer ça comme des aphrodisiaques. Ne me questionne pas sur son cheminement de pensée et comment il se retrouve devant un trafiquant de médicaments deux semaines plus tard. L’affaire foire.
— Comment ça ?
— Ce n’est pas parce que tu fais dans la contrebande pharmacologique en Afrique que tu deviens obligatoirement con. Le type connaît très bien la marchandise. Il flaire l’arnaque. Lui, sa spécialité, c’est de vendre du générique au prix du haut de gamme. Les marges restent serrées, mais régulières. Il refuse tout net. L’autre, qui pensait aller sur du velours manque se retrouver le bec dans l’eau, étant donné que sa fréquentation des trafiquants de médocs ne se révèle pas étendue, loin de là. Comme par charité, on lui propose de prendre la camelote au prix du transport pour l’amener au port.
— Il accepte, bien sûr.
— Le moyen de passer outre ? Il perd tout en une seule mise. Mais ce n’est pas tout.
— Il se fait serrer par les douanes ?
— Pas du tout. L’auteur rentre chez lui, catastrophé, après avoir paumé son fric, très potentiel, bien entendu. Je te passe ses affres. Pendant ce temps là, dans le pays natal du trafiquant, se déclenche une épidémie de dysenterie mahousse. Celui-là arrive comme un sauveur providentiel et… présidentiel, puisqu’il soigne le chef du gouvernement avec ses gélules acquises à vil prix. Et ça marche ! Comme le médicament ne lui a rien coûté, il offre son stock à la nation. Pour la peine, le voici promu ministre de la Santé par un président qui préfère titulariser un sauveur plutôt que de le retrouver dans l’opposition : voiture de fonction, secrétaire, appartement, et même la possibilité de continuer ses trafics !
— Bien vu !
— N’est-ce pas ? 10 000 gélules, cela reste un peu bref face à une épidémie. Je t’ai signalé qu’il connaissait son métier. Il remonte jusqu’au labo et passe un contrat pour une fourniture régulière. Le boss, qui a flairé l’histoire, se rappelle que tout cela a commencé avec l’idée saugrenue de l’auteur. Pas chien, il lui alloue un revenu constant : une petite somme, entendons-nous !
— C’est toujours ça. Il aurait pu jouer les ignorants.
— Ouais. Sauf que…
— La scoumoune, encore ?
— À ce point, on frise l’indécence. Trois mois plus tard, le labo est poursuivi pour une tapée d’infractions au code des impôts, des douanes et toutes ces choses. Bien sûr, l’émargement de notre auteur se révèle injustifié.
— Mais il a réécrit un bouquin, tout de même !
— Pas déclaré !
— Le pauvre. Qu’est-ce qu’il fait, maintenant ?
— Il écrit des nouvelles. Ça ne paye pas plus, mais le risque reste moindre. Sinon, il rédige des notices de motoculteurs. Pour l’instant, R.A.S. Je te tiendrai au courant si jamais…»