mardi 5 septembre 2023

Une historiette de Béatrice

La petite dame qui me demande toutes les deux minutes « Et celui-ci c'est combien? », car elle n'a pas ses lunettes, et attrape tous les livres à reliure bien voyante et brillante. Sans même savoir ce qu'ils contiennent, donc « Je ne vois rien sans mes lunettes, excusez-moi ».

dimanche 3 septembre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Il existe un certain décalage entre la rédaction des billets et leur parution sur le blog, ce qui explique que, à l’heure où j’écris ce mot, mon anniversaire est arrivé il y a deux jours, mais vous allez lire tout ça une semaine plus tard, à peu près. Quelques jours avant ce qui ressemble de plus en plus à une commémoration, étant donné le compteur qui monte, j’entreprenais de visiter ma librairie chérie afin de commander le fameux Connell, dont je vous rebats les oreilles depuis quelque temps. Nous allons y revenir plus bas.


Bien : passons à la veille d’un anniversaire qui s’est déroulé il y a deux jours… vous suivez ? J’ai opéré un détour tout naturellement à la boîte à livre dans laquelle j’ai pioché Les fainéants de la vallée fertile de Cossery. Il fallait au moins cela pour me consoler de la merde d’Oberlé, brièvement citée dans ce blog (cherchez donc, je ne vais pas vous tenir la main tout le temps, dites !) Cossery ? Oui, j’avais parcouru en diagonale, j’avais aimé, mais avec cette pointe de méfiance qui m’accompagnait à l’époque où je travaillais en librairie vis-à-vis d’ouvrages d’une certaine renommé et la peur subséquente d’une déception. Décidément, la boîte à livre, outre qu’elle fait ressurgir mon passé de libraire de neuf, me procure l’aubaine d’un rattrapage et aussi d’une rédemption. À ma décharge, le programme d’un libraire en exercice oblige à des choix et parfois à s’abstenir d’aller au secours d’un succès, ce qui était le cas à cette époque et en ce lieu pour cet ouvrage.


Il fallait bien que je m’offre un menu plaisir le jour même de mon anniversaire. « Menu », d’abord, parce que le gisement en question se situe dans une solderie où les prix restent très modiques (n’allez pas croire, mais je ne roule pas sur l’or, moi). Je tombais sur ce roman japonais. Bigre, le Tenancier s’adonnerait-il à la pêche ? Bien sûr que non ! En revanche tout ce qui se déroule près d’un cours d’eau m’intéresse… Les familiers de mes petits travaux comprendront.


Il m’est arrivé de crouler sous les trouvailles dans cette solderie. Sans doute à cause d’un été qui tire à sa fin, la récolte est maigre. Je dénichai tout de même ce livre d’architecture qui mélange l’intérêt pour un certain Paris et l’amour de la Ligne claire. Votre serviteur n’apprécie plus trop de déambuler dans la capitale, mais l’idée d’accomplir un parcours ce livre à la main devient tout à coup tentante. C’est tout ? Oui, enfin c’est tout pour ce qui concerne les bouquins dans ce magasin (ajoutez un petit carnet de dessin et un blourai).

 
Fort heureusement, je reçois le même jour l’avis d’arrivée de mon livre. Je me dirige donc au centre-ville de notre charmante sous-préfecture de 10 000 habitants quérir ma commande. Mais auparavant, je passe chez Katia et Tony (j’en parle dans ma précédente chronique) les saluer et, bon sang, je trouve un Kurt Steiner que je n’avais pas vu à ma dernière visite ! De plus, je découvre qu’il me manquait. En effet, pas mal de ses bouquins avaient été bouffés par des souris lors d’un entreposage malheureux. Quel plaisir !


Il fallait conclure par le passage in extremis à la libraire. À force de traîner ici et là, la fermeture était proche ! Et voici donc le Connell que j’avais envie de découvrir dans une version moins bâclée que celle dont je vous fais part depuis plusieurs chroniques. Je suis déçu… Au fond, ce n’est pas de la faute du livre que je n’ai pas encore lu et qui saura sans doute me consoler. Je m’attendais à un ouvrage plus copieux... Or la typo et le format laissent penser à un récit du même calibre que sa traduction précédente, constat toutefois négligeable, puisqu’on ne peut juger l’œuvre par le nombre de signes. L’autre déception provient de mon manque de perspicacité ! En effet, la nouvelle avait déjà été publiée dans cette traduction dans la revue Le Visage Vert. Honte à moi qui a eu la très grande chance d’y avoir figuré trois fois ! Mes recherches bibliographiques ont été en dessous de tout ! Allons, après ce mea culpa, consolons-nous avec la perspective alléchante de s’offrir une journée Zaroff : lecture de la nouvelle, visionnage du film de 1932, celui du remake de 1961, des bonus des deux dévédés en ma possession, etc. Autre réconfort, découvert en fin du volume, je découvre que l’éditeur a publié les textes à l’origine de Freaks de Browning, d’Elephant Man de Lynch et autour de Méliès et de Chaplin. M’est avis qu’on en reparlera dans cette rubrique…
En tout cas, mon anniversaire s’est révélé un moment agréable et, heureusement, pas uniquement grâce à ces bouquins.
 
Albert Cossery : Les fainéants dans la vallée fertile — Joëlle Losfeld, 1996
Shinsuke Numata : La pêche au toc dans le Tôhoku, traduit du japonais par Patrick Honoré — Philippe Picquier, 2020
Jean-Marc Larbodière : L’architecture des années 30 à Paris — Massin, 2009
Kurt Steiner : Aux armes d’Ortog — Fleuve Noir Anticipation, 1960
Richard Connell : Le plus dangereux des jeux ; traduction et postface de Xavier Mauméjan — Éditions du Sonneur, 2020

samedi 2 septembre 2023

T'as préparé ton cartable, toi ?

Y vont z'à l'école ?
Bien.
Ces enfants connaîtront enfin l'injustice, le rejet, l'indifférence, la jalousie, l'âpreté, la vantardise, le dégoût de soi et des autres, l'iniquité, la solitude et la violence, outre l'arbitraire de leurs maîtres.
Après tout, l'Éducation Nationale, c'est aussi l'école du « citoyen », non ?

George Auriol : Monogrammes et cachets

 

vendredi 1 septembre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Il existe des périodes fastes en matière de trouvailles, même si cela concerne des choses très connues déjà, pour plusieurs raisons.
Commençons par une bienveillance lointaine, celle de Béa, de la Bouquinerie Kontrapas qui m’a expédié le Bukowski manquant dans mes rayonnages (excepté la poésie, simple impéritie de ma part). Que dire sur cet auteur qui n’a été déclaré sinon verser dans les clichés et les a priori pour pas mal de personnes. Cette chronique publiée dans le journal Open Press remet en perspective — comme chacun de ses livres — la vision que nous devrions en garder : un sacré prosateur, bien servi, je trouve par Gérard Guégan, auteur d’une postface pour le présent ouvrage. Je retourne à Bukowski de temps à autre. La fréquentation me remet à ma place lorsque j’évoque le travail d’écriture : pas très haut en définitive, à mesurer la distance qui me sépare d’un véritable écrivain. Voilà un exercice salutaire…

 

Comme j'avais reçu le Bukowski la veille, le lendemain je me suis résolu à aller commander le Connel, Le jeu le plus dangereux, dont je vous rebats les oreilles depuis un certain temps : il s’agit de Zaroff, encore ! Attendons de satisfaire cette lubie, sous peu. Bien sûr, j’ai fait un crochet à la boîte à livres. J’y ai découvert un bordel immonde. On aimerait que l’endroit soit respecté. Mais je t’en fiche : les bouquins sont empilés n’importe comment, gauchis, maltraités. De quoi désespérer ? Même pas, puisque l’on sait de longue date que les gens sont des cons et des gougnafiers. Quand c’est gratuit, pourquoi se gêner, hein ? Allez, on a trouvé un Peter Ackroyd, mais en langue anglaise, ce qui m’arrange moyen parce que je la maîtrise assez peu. Toutefois, l’envie me donnera peut-être des facilités à l’égard d’un auteur au corpus assez intrigant, en tout cas pour moi. Au moins j’aurais essayé, encore une fois. L’autre volume trouvé dans un état très propre (petite odeur de renfermé, quand même) est un Sheckley que je possédais jadis dans ma bibliothèque (mon rayon SF occupait une place importante). Plus de vingt ans plus tard, après m’être débarrassé de presque tous ces volumes, voici qu’un peu de nostalgie me cueille au débotté. Tant pis pour moi, ou tant mieux : relire du Sheckley ne se révèle pas la pire punition que l’on puisse s’infliger (j’ai des noms, mais je ne suis pas une balance).

 
Dans l’aimable sous-préfecture où je réside, quelques auteurs trouvent un refuge paisible et il nous arrive désormais de nous réunir tous les mois autour d’un repas. Nous le prenions à L’Improbable, restaurant qui faisait aussi brocante, c’est-à-dire que vous pouviez repartir avec la table, les chaises, les couverts, mais également des bibelots parfois… improbables et le tout à des prix démocratiques — même de démocratie populaire, me risquerais-je à affirmer. « À cause d’eux », je me retrouve à la tête d’une collection de près de 300 buvards publicitaires ! C’est malin... Ils ferment, victimes de la pandémie avec un peu de retard, mais également de l’augmentation de tout… et sans doute par un peu de lassitude. Ils ferment, donc, alors depuis quelques semaines ils ne font plus à manger, mais il déballe leur fonds. Puisqu’il n’y avait que quelques pas depuis la boîte à livre nous y sommes rentrés pour dire bonjour à Katia et à Tony, adorables de coolitude. Je suis tombé en arrêt sur une étagère ou traînaient encore des appâts à nostalgie, entre deux jouets en fer blanc :
— un Kurt Steiner plus beau que celui que je possède
— des numéros de la revue Fiction où, tiens, je retrouve Sheckley, mais également le très rare François Valorbe, Walter Tevis, ce curieux John Anthony West (Un mari à l’engrais) qui allait devenir un « égyptologue » hétéroclite et puis des personnes que j’ai eu le bonheur de publier : Philippe Curval, Jean-Claude Forest et Gérard Klein. Nous les retrouvons d’ailleurs dans :
— ce numéro spécial de Fiction (n° 4 : Anthologie de la SF française), rejoints par un certain André Ruellan qui signa nombre de romans sous le nom de… Kurt Steiner. Les livres d’André, ou ceux où figurent ses nouvelles font partie des rares bouquins du genre conservés avec soins dans un recoin de la maison, en souvenir de trop fugaces rencontres, passionnantes.
 

Évidemment, devais-je laisser tous ces beaux exemplaires à la concupiscence d’une tierce personne, sachant la profession de foi que je clamais quelques lignes plus haut, vis-à-vis de ces connards de gens, même s’ils évitent cet antre-là ? Pourtant, j’avais, lors de ma crise des 40 ans, largué les amarres du monde de la SF dans lequel d’ailleurs je m’étais peu intégré pendant la presque vingtaine d’années où j’y avais eu des activités. La sagesse venant, la vieillesse aussi peut-être, l’on se permet le loisir d’un retour sans risque sur des sentiers balisés. Ce n’est certes pas avec ces pioches-là que je me trouverai à la pointe de l’actualité du genre. Mais vous savez quoi ? Je m’en fous.

Il n’empêche, où va-t-on se retrouver pour discuter le bout de gras, maintenant, que l’Improbable est fermé ?
 
Charles Bukowski : Journal d’un vieux dégueulasse (1969), traduction et postface de Gérard Guégan — Grasset, 1996
Robert Sheckley : Et quand je vous fais ça, vous sentez quelque chose ? Le livre de Poche, 1977
Peter Ackroyd : The House of Doctor Dee — Penguin, 1994
Kurt Steiner : Menace d’Outre-Terre — Fleuve Noir Anticipation, 1958
Fiction n° 30, mai 1956
Fiction n° 113, avril 1963
Fiction n° 144, mai 1963
Fiction n° 124, mars 1964
Fiction Spécial n° 4 (112 bis) : Anthologie de la science-fiction française, 1963

jeudi 31 août 2023

Quant le Tenancier s'emmerde, il se livre à de drôles de choses...

Il y a quelques mois, par ennui, j’atterrissais par hasard sur le site d’un « éditeur », comme il s’en est multiplié depuis l’arrivée d’internet. Un simple parcours permet de se rendre compte de la qualité des prestations. Ainsi, la vantardise est controuvée par l’imprudence des exemples.
« Des services personnalisés pour des livres de qualités : relecture, corrections orthographiques et typographiques, mise en page, insertions de visuels, infographie, conseil littéraire, reécriture… »
Déjà, oublier un accent dans « réécriture », ça la fout mal pour un « éditeur »... La cerise sur le gâteau, c’est lorsqu’après trois minutes de butinage sur le site en regardant ce qui est publié, on tombe sur cette phrase dans un roman :
« Le soufflet est vite retombé quand on m’a annoncé que j’allais jouer au poste de milieu de terrain alors que j’étais un attaquant, avide des courses dans le dos des défenseurs et des buts astucieux… »
Un soufflet, vraiment ? Quant au « milieu de terrain », en basket, puisqu'il en était question dans ce texte, je signale au réviseur de cette prestigieuse maison (et à l’auteur aussi, tiens…) que la notion n’existe pas (poste 1, 2, 3, 4 ou 5, ou ailier, ou meneur, ou pivot, etc., oui ça, ça existe...) Et que l’on y fait des paniers et non des « buts »… Oui, certes, il faut connaître un peu ce sport, ou bien encore se renseigner à ce sujet. Je ne blâme pas l’auteur, qui fait ce qu’il peut et qui a cru que ça passerait crème, mais ce n’est pas la peine de la part de « l’éditeur » de venir rouler des mécaniques, si c’est pour laisser trois conneries dans une seule phrase et dans des pages qui semblent la conversion en PDF d’un bête traitement de texte.
Par pudeur, on taira le nom de l’officine qui fleure bon le compte d’auteur…

George Auriol : Monogrammes et cachets

mercredi 30 août 2023

Zaroff, encore...


Caramba! Je m’imaginais m’emparer pour la première fois de l’histoire de Zaroff en rentrant le Hitchcock présente il y a quelques semaines (voir la rubrique Paf dans ma bibliothèque!), sans me rendre compte que je possédais bel et bien cette nouvelle ailleurs. En effet, elle existe sous forme de brochure intégrée dans un coffret consacré au film. J’ai d’ailleurs constaté que certaines coquilles ont été corrigées, ce qui laisse à penser que Bach Film, l’éditeur de l’objet, a apporté un certain soin à cette édition. Cela ne retire en rien au fait que la traduction semble bâclée, sans compter le fait qu’elle ait été victime de la pratique jivaresque que l’on opéra sur elle, puisque — nous en parlions dans ce blogue — une édition récente propose un ouvrage de 80 pages. Nous comparerons, de toute façon! On me pardonnera cet oubli en apprenant que je possède deux éditions du film, non pas par collectionnite, mais parce que les deux contiennent des documents qui se complètent, le coffret ayant été acheté en second à vil prix dans une solderie. Je n’avais consulté que le premier dévédé, me réservant pour l’autre un de ces quat'. Avais-je remarqué la brochure? L’acquisition date et je ne m’en souviens plus. Les agréments du livre résident dans le plaisir qu’on en escompte, également. Je biche à l’idée de commander bientôt Le plus dangereux des jeux et dans la foulée de sa lecture qui ne tardera pas, m’offrir une orgie de Zaroff!
Ce sera bien fait pour moi!

mardi 29 août 2023

10/18 — Cavanna ; Je l'ai pas lu, je l'ai pas vu... — 2




Cavanna
Je l'ai pas lu, je l'ai pas vu...
... mais j'en ai entendu causer
Chroniques de Hara-Kiri hebdo 1969-II

n° 963


Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume quadruple
252 pages (256 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1975
Achevé d'imprimer : 30 avril 1975
Dessins de couverture de Reiser


(Contribution du Tenancier)
Index

George Auriol : Monogrammes et cachets

lundi 28 août 2023

Une historiette de Béatrice

Maxence, Corentin, Lise et Théodore marchent au pas du haut de leurs 4 à 12 ans. Ils ont reçu comme ordre de se trouver un livre chacun car ça va bien de passer ses vacances devant la télé et les jeux vidéo je vous connais moi hein on ne me la fait pas. Et, bien entendu, c'est le papa qui a choisi pour eux car cette jeunesse n'est décidément bonne à rien.

dimanche 27 août 2023

10/18 — Cavanna : Je l'ai pas lu, je l'ai pas vu... — 1




Cavanna
Je l'ai pas lu, je l'ai pas vu...
... mais j'en ai entendu causer
Chroniques de Hara-Kiri hebdo 1969-I

n° 962


Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume quadruple
252 pages (256 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1975
Achevé d'imprimer : 30 avril 1975
Dessins de couverture de Wolinski


(Contribution du Tenancier)
Index

George Auriol : Monogrammes et cachets

jeudi 24 août 2023

Sur les « Points de vente »

[…] En sus, la vente des livres est conditionnée par la librairie. Or on ne dit plus librairie car il y a de moins en moins de librairies, maintenant on dit « point de vente ». Ces points de vente dont le propriétaire répond à un client qui lui demande un Guy de Pourtalès : « Je n’en possède pas mais j’ai des guides Michelin. »
On passe commande chez Budé de « Liliane est au Lycée », transcription phonétique de L’Iliade et l’Odyssée, demande qui est l’éditeur de « Guignol bande » ou encore les titres de deux auteurs qui écrivent en collaboration et dont l’un s’appelle Chopin et l’autre Auer.

Éric Losfeld
 : Endetté comme une mule ou la passion d’éditer (1979)

mardi 22 août 2023

Hammett vu par Selznick

À M. B.P. Schulberg
18 juillet 1930
Nous avons l’occasion de nous assurer la collaboration de Dashiell Hammett avant qu’il ne parte à l’étranger dans les trois mois.
Hammett a récemment fait sensation dans les milieux littéraires en donnant deux livres à Knopf, Le faucon maltais [The Maltese Falcon] et La Moisson rouge [Red Harvest]. À mon avis, c’est un nouveau Van Dine — en fait, il a plus d’originalité que Van Dine et pourrait bien se révéler le créateur de quelque chose de neuf et d’étonnamment original pour nous.
Je conseillerais qu’on lui fasse faire une histoire policière pour Bancroft… Hammett a été détective privé pendant de nombreuses années avant d’écrire…
Hammett n’est pas gâché par l’argent, mais d’un autre côté, il tient à ne pas se lier par un contrat à long terme. J’espérais que nous pourrions l’avoir pour quelque quatre cents dollars par semaine, mais il affirme en gagner le double avec ses livres et les nouvelles qu’il donne aux journaux, et je suis enclin à le croire, dans la mesure où sa vogue ne cesse de croître.
Jusqu’ici, j’ai proposé, pour tâter le terrain, l’arrangement suivant :
Quatre semaines à 300 dollars chacune.
Une option de huit semaines, au même salaire.
Et une prime de 5000 dollars pour un scénario original.
David O. Selznick

David O. Selznick : Cinéma
Textes choisis et réunis par Rudy Behlmer, traduits de l’américain par Anne Villelaur — Ramsay, 1981

lundi 21 août 2023

10/18 — Joris-Karl Huysmans : En rade / Un dilemme / Croquis parisiens




Joris-Karl Huysmans
En rade
Un dilemme
Croquis parisiens
Préface d'Hubert Juin

n° 1055

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Fins de Siècles »
Volume sextuple
446 pages (448 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1976
Achevé d'imprimer : 1er avril 1976
ISBN : 2.264-00045-7


(Contribution du Tenancier)
Index

George Auriol : Monogrammes et cachets

dimanche 20 août 2023

Tirer à la ligne...

Pour alimenter plus facilement les quatre ou cinq journaux qui lui réclamaient sans cesse de nouveaux romans, il [Alexandre Dumas] avait inventé un dialogue extraordinaire, fait de toutes petites phrases et d’interjections brèves, dont le modèle est cette page des Trois Mousquetaires :
 
Lui. — Ah ! c’est vous !
Elle. — C’est moi.
Lui. — Je vous attendais.
Elle. — Me voici !
Lui. — Et vous avez réussi ?
Elle. — J’ai réussi.
Lui. — Vrai ?
Elle. — Vrai.
Lui. — Alors ?
Elle. — C’est fait.
Lui. — Eh bien ! causons.
Elle. — Causons.
 
Comme il était payé à la ligne, et fort cher, ce procédé finit par agacer les directeurs des journaux, qui s’entendirent pour ne plus payer à l’écrivain que la moitié du prix convenu pour toute ligne dont le texte ne dépasserait pas la moitié de la colonne. Lorsque Dumas reçut la lettre l’informant de cette décision, il était en train d’écrire un chapitre du Vicomte de Bragelonne. Il en raya toute une page et, comme son fils survenait peu après, il lui annonça :
 
Dumas père. — Ça y est, je l’ai tué.
Dumas fils. — Tué qui ?
Dumas père. — Grimaud, le valet de chambre d’Athos.
Dumas fils. — Grimaud le taciturne ?
Dumas père. — Oui. Je l’avais inventé tout exprès pour les petits bouts de ligne, mais, du moment qu’on ne les paie plus, j’aime autant faire parler mes personnages.  

Léon Treich : L'esprit français, première série (1943)

samedi 19 août 2023

10/18 — Delfeil de Ton : Les lundis de D.D.T. — 2




Delfeil de Ton
Les lundis de D.D.T.

Charlie Hebdo, 1973/2

n° 1217

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume sextuple
371 pages (384 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1978
Achevé d'imprimer : 22 février 1978
ISBN : 2.264-00821-2
Dessin de couverture de Reiser


(Contribution du Tenancier)
Index

George Auriol : Monogrammes et cachets

vendredi 18 août 2023

Une historiette de Béatrice

 « Bonjour madame, est-ce que vous connaîtriez quelqu'un capable de retranscrire un savoir ? J'ai 30 ans d'expérience dans les médecines parallèles et je suis un spécialiste reconnu. Je suis passé par un analyste qui m'a permis de savoir d'où je venais, est-ce que ça vous intéresse ce genre de livre ? »

jeudi 17 août 2023

10/18 — Delfeil de Ton : Les lundis de D.D.T. — 1




Delfeil de Ton
Les lundis de D.D.T.

Charlie Hebdo, 1973/1

n° 1216

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume sextuple
368 pages (384 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1978
Achevé d'imprimer : 22 février 1978
ISBN : 2.264-00820-2
Dessin de couverture de Reiser


(Contribution du Tenancier)
Index

George Auriol : Monogrammes et cachets

mercredi 16 août 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Tiens, revoici un Alfred Hitchcock présente dans la pioche de jour de marché. Je dois bien avouer que j’ai pris ce volume-là par le vice de l’habitude et pour ne pas revenir bredouille. Le sommaire évoquera sûrement des choses aux amateurs de nouvelles policières étatsuniennes des années 1950 et 1960. Pour moi, n’en faisant pas partie, je n’y reconnais qu’Arthur Porges et Henry Slesar pour les avoirs rencontrés dans les premiers numéros de la revue Fiction et peut-être Galaxie, toutes deux éditées par la maison Opta, qui publiait également Alfred Hitchcock Magazine, ce me semble. Ces deux auteurs (et sans doute d’autres dans cette table des matières) évoquent pour moi comme une compagnie de chevau-légers de la littérature populaire, à peu près polygraphes et fournissant du texte à la demande pour une presse qui, à l’époque et de ce côté-là de l’Atlantique glissait volontiers des nouvelles dans ces colonnes. Cette souplesse et cette adaptabilité méritent un hommage ici, tant on regrette ces lectures vite faites, mais honnêtes, car remplissant leur rôle le temps de plusieurs stations de métro ou de prise de mélanome en période de congé payé. À ceux-là, ma mémoire et ma reconnaissance me recommandent d’ajouter un type comme Mack Reynolds. Tous se révèlent des auteurs passés plus ou moins sous les radars, contrairement à Fredric Brown qui en illustre l’achèvement, tant par la qualité que par l’humour ou la variabilité des thèmes.
À ce propos, la maison vous tient au courant : le précédent volume de cette série, pris également dans la boîte à livre et commenté ici dans cette chronique a été lu en petite partie, façon « bouche-trou ». D’abord, une nouvelle cruelle de Saki traduite par Jean Rosenthal (très actif à cette époque), très plaisante, et Les chasses du comte Zaroff dont il faut déplorer le fait qu’il ait été tronqué et dans une traduction pas formidable. On y note d’ailleurs une coquille amusante puisque l’on y chasse l’original et non l’orignal. À chaque chose malheur est bon : cette nouvelle a été republiée en texte intégral il y a peu aux Éditions du Sonneur. Il existe de fortes chances pour que nous reparlions de ce titre, que j’ai noté pour mes prochaines acquisitions. Je disposerai alors d’un élément de comparaison. Remarquons que dans l’histoire telle que je l’ai lue aucun personnage féminin n’apparaît… Pichel, Schoedsack et Olliwoude y ont remédié. À mon avis ces deux recueils regagneront assez vite la caisse pour les potes (et s’ils n’en veulent pas : retour à la boîte à livres).


J’ai trouvé également un autre ouvrage, un Tony Hillerman, espérant me promener de nouveau dans la réserve Navajo, balade en général émolliente, mais tout de même sympa. Balpeau : il s’agirait d’après la 4e de couverture d’un thriller politique à Washington. J’aurais dû vérifier avant de le prendre, mais je portais le sac des courses. Bof. Je vais le rapporter.
Remarque finale : non, je ne vous mets pas de lien vers les rubriques antérieures, picorez donc un peu dans ce blog, cela entretiendra votre forme intellectuelle.
 

Alfred Hitchcock présente : Histoires à vous glacer le sang (1970) — Presses Pocket, 1994
Tony Hillerman : La mouche sur le mur — Rivages/noir 1993