vendredi 15 mai 2015

Vercors le révélé


Curieux destin, celui de ce Jean Bruller, qui pendant quinze ans pasticha, non sans esprit, Gus Bofa. Et voilà que pendant l'occupation, ce charmant dessinateur qui n'avait qu'un défaut, être la doublure d'un grand artiste, se met à écrire, du premier coup se hausse au premier rang et devient célèbre, sous le nom de Vercors avec Silence de la mer et la Marche à l'étoile.
Cette semaine, dans Carrefour, Vercors publie sur le thème de la honte, de l'impuissance et de l'injustice, les pages les plus fortes et les plus émouvantes qu'un français ait écrites depuis cinq ans : Souffrances de mon pays.

2 décembre 1944
Jean Galtier-Boissière : Mon journal depuis la Libération (1945)

Vénus

Vénus
Atelier de Vénus (Cholières) : sexe de la femme.

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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mercredi 13 mai 2015

Cabu



A bas toutes les armées !
Éditions du Square (1977)

Tamiser

Tamiser
Pratiquer averc une femme l'acte de chair. — Il fut trouvé tamisant par sa femme. (Cholière.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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mardi 12 mai 2015

Éléphant

« La magnifique bête ! s'écria Kennedy. Quelle masse ! Je n'ai jamais vu dans l'Inde un éléphant de cette taille !
— Cela n'a rien d'étonnant, mon cher Dick ; les éléphants du centre de l'Afrique sont les plus beaux. Les Anderson, les Cumming les ont tellement chassés aux environs du Cap, qu'ils émigrent vers l'équateur, où nous les rencontrons souvent en troupes nombreuses.
— En attendant, répondit Joe, j'espère que nous goûterons un peu de celui-là ! Je m'engage à vous procurer un repas succulent aux dépens de cet animal. M. Kennedy va chasser pendant une heure ou deux, M. Samuel va passer l'inspection du Victoria et, pendant ce temps, je vais faire la cuisine.
— Voilà qui est bien ordonné, répondit le docteur. Fais à ta guise.
— Pour moi, dit le chasseur, je vais prendre les deux heures de liberté que Joe a daigné m'octroyer.
— Va, mon ami ; mais pas d'imprudence. Ne t'éloigne pas.
— Sois tranquille.
Et Dick, armé de son fusil, s'enfonça dans le bois.
Alors Joe s'occupa de ses fonctions. Il fit d'abord dans la terre un trou profond de deux pieds ; il le remplit de branches sèches qui couvraient le sol, et provenaient des trouées faites dans le bois par les éléphants dont on voyait les traces. Le trou rempli, il entassa au-dessus un bûcher haut de deux pieds, et il y mit le feu.
Ensuite, il retourna vers le cadavre de l'éléphant, tombé à dix toises du bois à peine ; il détacha adroitement la trompe qui mesurait près de deux pieds de largeur à sa naissance ; il en choisit la partie la plus délicate, et y joignit un des pieds spongieux de l'animal ; ce sont en effet les morceaux par excellence, comme la bosse du bison, la patte de l'ours ou la hure du sanglier.
Lorsque le bûcher fut entièrement consumé à l'intérieur et à l'extérieur, le trou, débarrassé des cendres et des charbons, offrit une température très élevée ; les morceaux de l'éléphant, entourés de feuilles aromatiques, furent déposés au fond de ce four improvisé, et recouvert de cendres chaudes ; puis, Joe éleva un second bûcher sur le tout, et quand le bois fut consumé, la viande était cuite à point.
Alors Joe retira le dîner de la fournaise ; il déposa cette viande appétissante sur des feuilles vertes, et disposa son repas au milieu d'une magnifique pelouse ; il apporta des biscuits, de l'eau-de-vie, du café, et puisa une eau fraîche et limpide à un ruisseau voisin.
Ce festin ainsi dressé faisait plaisir à voir, et Joe pensait, sans être trop fier, qu'il ferait encore plus de plaisir à manger.
« Un voyage sans fatigue et sans danger ! répétait-il. un repas à ses heures ! un hamac perpétuel ! qu'est-ce que l'on peut demander de plus ? Et ce bon M. Kennedy qui ne voulait pas venir ! »
De son côté, le docteur Fergusson se livrait à un examen sérieux de l'aérostat. Celui-ci ne paraissait pas avoir souffert de la tourmente ; le taffetas et la gutta-percha avaient merveilleusement résisté ; en prenant la hauteur actuelle du sol, et en calculant la force ascensionnelle du ballon, il vit avec satisfaction que l'hydrogène était en même quantité ; l'enveloppe jusque-là demeurait entièrement imperméable.
Depuis cinq jours seulement, les voyageurs avaient quitté Zanzibar ; le pemmican n'était pas encore entamé ; les provisions de biscuit et de viande conservée suffisaient pour un long voyage ; il n'y eut donc que la réserve d'eau à renouveler.
Les tuyaux et le serpentin paraissaient être en parfait état ; grâce à leurs articulations en caoutchouc, ils s'étaient prêtés à toutes les oscillations de l'aérostat.
Son examen terminé, le docteur s'occupa de mettre ses notes en ordre. il fit une esquisse très réussie de la campagne environnante, avec la longue prairie à perte de vue, la forêt de camaldores, et le ballon immobile sur le corps du monstrueux éléphant.
Au bout de deux heures, Kennedy revenait avec un chapelet de perdrix grasses, et un cuisseau d'oryx, sorte de gembok, appartenant à l'espèce la plus agile des antilopes. Joe se chargea de préparer ce surcroît de provisions.
« Le dîner est servi » s'écria-t-il bientôt de sa plus belle voix.
Et les trois voyageurs n'eurent qu'à s'asseoir sur la pelouse verte ; les pieds et la trmompe d'éléphant furent déclaré exquis ; on but à l'Angleterre comme toujours, et de délicieux havanes parfumèrent pour la première fois cette contrée charmante.
Kennedy mangeait, buvait et causait comme quatre ; il était enivré ; il proposa sérieusement à son ami le docteur de s'établir dans cette forêt, d'y construire une cabane de feuillage et d'y commencer la dynastie des Robinsons africains.
La suite n'eut pas autrement de suite, bien que Joe se fût proposé pour remplir le rôle de Vendredi. »
 
Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre XVII 
(Sommaire)

 

(Source de l'image The Illustrated Jules Verne)

Saint-Côme

Saint-Côme
Patron des chirurgiens.
Payer le tribut à Monsieur Saint-Côme : pour une personne atteinte de maladie vénérienne, avoir à faire à un médecin. — Sur le témoignage de la Baudoin, elle n'a pas encore eu d'enfants, ni payé le tribut à M. Saint-Côme. (Inspect. de Police.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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lundi 11 mai 2015

« Soudain, une immense carrière rouge... »

« Soudain, une immense carrière rouge. Vu d’en haut, c’est un cratère au fond duquel gît, dans une eau rougeâtre, une excavatrice inutile, qui rouille. A côté, rouillant, un camion. Personne, pas âme qui vive, silence oppressant. Mais, chose étrange, au milieu de tout cela brûle un feu, allumé au pétrole. Il tremblote, feu fantôme, vent. En bas, dans la plaine orangée, je vois les stries de la pluie et l’annonce de l’effondrement du monde flamboyer dans le ciel. Un chemin de fer court a travers le pays, et traverse les montagnes. Les roues flamboient. Un wagon prend feu. Le train s’arrête, on essaie de l’éteindre, mais on ne peut plus. On décide de poursuivre vite, plus loin. Le train repart, il repart tout droit dans le sombre cosmos. Dans l’obscurité profonde de l’univers flamboient les roues, flamboie un unique wagon. D’incroyables effondrements d’étoiles se produisent, des mondes entiers s’écroulent sur eux-mêmes, à partir d’un point unique. La lumière ne veut plus s’évader, même l’obscurité la plus profonde devrait ici être lumière, et le silence, rugissement. L’univers est rempli de néant, c’est le vide béant le plus noir. des voies lactées s’épaississent en non-étoiles. Une félicité se déploie, et de cette félicité, naît une non-chose. Telle est la situation. Une nuée de mouches et un tourbillon d’insectes ignobles bourdonnent autour de ma tête, si acharnés que, malgré mes grands moulinets de bras, ils me poursuivent encore, assoiffés de sang. […] » 

Ramoner

Ramoner
Ramoner une femme : pratiquer avec elle la futution — Ramone-là moi encore pendant une bonne demi-heure. (Rétif, Anti-Justine.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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Modestes réflexions autour des catalogues

A partir de quel moment a-t-on commencé à élaborer des catalogues ? On ne parle pas ici que des catalogues de ventes de libraires, comme nous y avons fait allusions dans nos billets récents, mais bien plutôt de ceux qui étaient destinés à inventorier. On soupçonne que ceux-ci sont apparus à partir du moment où le nombre d’écrits dépassait la capacité mémorielle de ceux qui entretenaient les bibliothèques. Sans nul doute, les bibliothèques antiques possédaient de tels documents, y compris sous la forme de tablettes d’argile, étant donné la pléthore de divers documents sur certains chantiers de fouilles — enfin, quand on pouvait y accéder…
Nonobstant le support, il fallait bien répertorier le contenu des bibliothèques et bien que l’on soupçonne la mémoire de l’érudit antique bien plus vaste que l’homme contemporain il semble logique qu’une sauvegarde de l’inventaire ait existé. J’ignore pour ma part si ces bibliothèque pratiquaient le prêt. Peut-être. C’est en tout cas avéré au moyen âge alors que le contenu des rayonnages était moins copieux. La bibliothèque d’un érudit romain pouvait comporter plus d’un milliers de rouleaux alors que les monastères richement dotés du haut moyen âge en atteignaient six cent à grand peine. On songe volontiers que l’existence de tels documents était aussi redevable à une précaution juridique, un inventaire daté pouvait sans doute faire preuve de possession en cas de vol ou de litige (à ce titre, certains manuscrits du moyen âge comportaient une malédiction à l’endroit de l’éventuel voleur…). Enfin, il ne faut pas négliger le rôle de vecteur d’échanges culturels, un inventaire de bibliothèque monastique étant plus aisé à consulter que devoir se déplacer par monts et par vaux pour aller vérifier par soi-même. Un autre aspect du catalogage, pas si évident, est que les ouvrages n’étaient pas classés par ordre alphabétique comme notre logique le voudrait mais plutôt par affinités et même par ordre d’importance… Un tel registre pour deux cents ou trois cents volumes ne représentait pas un immense difficulté à consulter, d’autant que les registres d’érudition des rédacteurs et des consultants étaient à peu près similaires. La généralisation de la pensée scholastique de même que l’emploi du latin dans toute la chrétienté ont favorisé ces normes particulières à nos yeux dans l’établissement des listes. L’emploi d’un lingua franca (bien éloignée du globish que nos « élites » affectionnent tant) a sans doute été cruciale pour la circulation de ces catalogues. On imagine — est-ce avéré ? — de tels documents circulant systématiquement de monastère en monastère, belle amorce de réflexion et surtout beau thème d’un roman. On nous signale dans l’oreillette qu’un obscur auteur italien du XXe siècle aurait déjà abordé en partie le sujet. Comme quoi, les bonnes idées…
Il semble que l’idée de classer, répertorier, voire classifier ait accompagné la création de la notion de bibliothèque. Cette pratique va se perpétuer, se diversifier et se spécialiser. On a bien sûr la célébrissime classification Dewey chère aux bibliothécaires. Ces derniers établiront encore des catalogues à l’ère contemporaine, mais plus axés sur l’exposition, les listes de consultation et de prêt ayant rejoint depuis quelques temps le giron des bases de données électroniques. Le processus pour les libraires est à peu près similaire : on continue de rédiger des catalogues de vente pour les articles prestigieux mais le tout venant appartient désormais à l’informatique. On reviendra sur tout cela si on a le temps…

Quenouille

Quenouille
Membre viril.
Si je vous montre, Jeanneton,
Ma quenouille et mon peloton.
(Parnasse des Muses.)

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

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