mercredi 3 août 2016

Où Trieste fout la paix au Tenancier...

L’autre fois, je vous causais de la persistance de l’apparition de Trieste au gré des mes promenades littéraires. Depuis, je n’ai plus eu aucune manifestation, comme si le fait d’avoir exposé cette étrange obsession l’avait jugulée.
Bien, il suffit donc d’écrire sur ce blog pour en être débarrassé. Tant que cela reste dans nos domaines de prédilections, nous n’en demandons pas plus, n’est-ce pas ?

mardi 2 août 2016

10/18 — Henri Guillemin : Zola, légende et vérité




Henri Guillemin

Zola, légende et vérité

n° 546

(René Julliard, 1960)
192 p.
Couverture de Pierre Bernard, Photo : Roger Viollet
Volume simple
Impr. Union-Rencontre à Mulhouse (Ht-Rhin).
N° d'édit. 394 - N° d'imp. 4907/196 - Dépôt légal : 1er trimestre 1971

TABLE DES MATIÈRES :

Avant-propos

I. Émile (Claude) Zola
II. Zola et le catholicisme
III. Le « sieur » Zola et la police
IV. Claudel et Zola


(Contribution de Grégory Haleux)
Index 

lundi 1 août 2016

Pour les sagaces de l'Ancien Régime...

Eh oui, un petit jeu, pour renouer avec nos habitudes. L’énigme reproduite ici a été publiée au XVIIIe siècle. On donnera la source lorsqu’elle sera résolue.  
Tu m’entends, cher lecteur, mais tu ne peux me voir ;
Je règne en Souverain sur la machine ronde ;
Du Nautonnier souvent je suis l’unique espoir ;
Et bientôt ma victime, il va périr dans l’onde.
  Ce n’est pas très difficile…

Gazette du Vieux Paris, n° 11
(Numéro « Régence & Louis XV »)

samedi 30 juillet 2016

Un papillon jaune


On trouve parfois quelques prières d'insérer ou des publicités qui peuvent enrichir une collection ou même un ouvrage unique. Le petit papillon ci-dessus figurera bien dans l'un des ouvrages exposés dans la liste au verso et ici en regard.
Il vous suffira de trouver le papier mais également l'un des ouvrages...
Et puis aimer Rosny aîné, bien sûr !

(Cette notule a paru pour la première fois sur le blog Feuilles d'automne en décembre 2008)

vendredi 29 juillet 2016

Dans la cage...

« Monsieur René Barjean vient d’avoir, dans Le Gaulois, une miraculeuse idée. Cette idée, que Barnum regrettera toute sa vie de n’avoir pas eue le premier, consiste à exhiber, dans des vitrines spéciales de l’Exposition de 1900, nos meilleurs gendelettres, non pas en cire ou en toile, ce qui ne serait nullement miraculeux, mais vivants, oui, mesdames et messieurs, vivants ! Philosophes et historiens, poètes et romanciers, critiques et dramaturges, journalistes de tout poil et de toute format, chacun, amateur ou professionnel, y aura sa place et y exercerait publiquement ses fonctions, pourvu, toutefois, qu’il pût justifier d’une gloire quelconque ou d’une belle camaraderie. On pourra voir et toucher ! Les gendelettres à un mètre, comme la lune ! Tel est le programme. […] »
 
Octave Mirbeau : La gloire des lettres, in : Le Journal, 212 juillet 1895 — Repris dans Combats littéraires (ed. P. Michel et J.-F. Nivet) — 2006
 
Si l’idée n’a pas été appliquée lors de l’Exposition, elle a été néanmoins reprise en 1927 pour le lancement de Paris-Matinal en voulant enfermer Georges Simenon (Georges Sim à l’époque) dans une vitrine. (On parlait d’un contrat de 100 000 francs — et même 300 000 — pour l’auteur, au bas mot) Le projet ne se fit pas, à cause du scandale, semble-t-il. Néanmoins l’effet d’annonce profita à l’auteur avec la réputation immérité « d’écrivain à la cage de verre ». Ci-dessous un extrait des Dimanches de la femme : supplément de la "Mode du jour", de 1933. Déjà la légende s’en emparait.
 

(Source : BNF — Gallica)
 
Signalons que ce ne fut pas « les exigences » de Simenon qui firent capoter le projet puisqu’il empocha malgré tout l’argent du contrat, cage ou pas cage…

jeudi 28 juillet 2016

Trieste

Les coïncidences en matières littéraires abondent, elles se font parfois insistantes, à moins qu’au lieu d’évoquer le hasard on accuse un inconscient soudainement devenu réceptif à certaines stimulations. Tout à coup, des connexions s’opèrent, des substances chimiques dans le cortex sont libérées, des paramètres exotiques se font jour dans le psychisme. Autant penser à cela plutôt qu’à un message divin ou de la CIA, ce qui me porterait fâcheusement à porter une calotte confectionnées avec du papier alu sur ma calvitie désormais triomphante. J’aurais l’air fin. Généralement, les injonctions sont subtiles. On se dit « Tiens, c’est marrant, je viens à l’instant de finir son bouquin et voilà qu’il y a une émission sur Tartempion » ou bien le coup de fils d’un pote inquiet : « Ça fait la deuxième fois qu’on apprend la mort de quelqu’un après que tu ais acheté son livre ». Mais pour cette dernière remarque, on se réserve le plaisir de vérifier une troisième fois à propos d’écrivaillons. J’ai mes listes.
Parfois, aussi, l’insistance se fait lourde, au point qu’on pourrait se prendre pour le héros de Rencontre du troisième type obsédé par une montagne…
Moi, c’est Trieste.
Au départ, l’allusion débute avec une habitude plaisante mais pas tellement assidue, celle de l’écoute de l’émission Ville-mondes sur France Culture. Le hasard du butinage sur le site de la station m’avait fait aboutir à l’écoute de l’émission en deux parties avec le sentiment diffus d’être tombé dessus déjà (le passage sur le karst ne m’était pas étranger). Pour le plaisir de vos esgourdes on vous convie à l’écouter :
 
 

Jusque là nous ne sommes pas dans le domaine de la coïncidence mais de l’heureuse rencontre. Ignare des écrivains de Trieste, de la ville même, l’appât est suffisant en y entendant l’évocation de Joyce ou de Stendhal pour que j’en fasse mon profit.
Peu de jours passent et je retrouve Trieste sur un écran de télévision, une émission d’Histoire relatant la difficile scission des habitants lors du rattachement de la ville à l’Italie au sortir de la guerre mondiale. Je passe rapidement car, pris par des obligations diverses, je ne pouvais m’y arrêter. Mais j’ai commencé à me dire « Tiens, c’est marrant… »
L’affaire se corse lorsque, exhumant quelques Magazine littéraire d’une caisse je feuillette le n° 227 consacré à « La France Fin de Siècle ». Quel rapport, me rétorquerez-vous ? Aucun si ce n’est que ce numéro contient également un article de quatre pages intitulé « Trieste, dernière escale »… aussitôt lu avec un intérêt flambant neuf. Eh bien, l’on note de nouveau la présence d’Umberto Saba ou de Quarantotti-Gambini, voire de Svevo, tous écrivains italiens que je connais fort mal pour ne pas dire pour certains pas du tout ! J’y apprends l’origine triestine de Leonor Fini, le passage des ombres de Larbaud ou de Rilke, la dèche de Joyce. Je m’inquiète surtout de ces signes répétés en si peu de temps. Pourquoi donc Trieste ? Non que j’y sois rétif mais quitte à m’intéresser à une ville italienne, ce serait plutôt Naples, par exemple…
 
 
Mais, de ces maigres connaissances, je perçois à quel point le lieu est une limite, une frontière cosmopolite et indécise une rencontre intéressante. Cependant rien ne me permet de m’inquiéter encore : trois coïncidences successives peuvent arriver, le codage du simulateur de réalité dans lequel nous vivons n’est pas à l’abri d’accidentelles réitérations… J’ai bien vu, une fois, des dizaines de nuages identiques se côtoyer.
Il est des moments où on finit tout de même par jeter un coup d’œil par-dessus son épaule avec inquiétude. Ainsi, alors que j’allais chercher un ouvrage commandé chez mon nouveau libraire de neuf, je tombais sur une pile de livres de chez Allia en promotion. Si Les mémoires d’un travesti (attribuées à Erik Losfeld !) avaient attiré mon immédiate attention, la couverture d’un autre ouvrage dont le titre est — bien sûr — Trieste, par Roberto Balzen n’a pu que me saisir. Que faire sinon l’acheter et le lire ? J’avais rencontré Balzen dans l’article du Magazine littéraire, avec cette suite de notes qui emprunte le ton du tutoiement, évoquant le vent de Trieste, la Bora, qui rend fou, et puis aussi le souvenir des fonctionnaires austro-hongrois et de leur probité… On retrouve cette même nostalgie un peu désolée à propos de ces fonctionnaires dans l’émission de France Culture. Le texte est doté du charme déchu d’une miette d’empire, doté d’un humour exquis. Un livre qui reviendra de temps en temps sous mes yeux.
 
 
Est-ce que je cherche la petite bête, dites-moi ? Est-ce la soudaine fécondité de mon inconscient qui me met à l’affût de toute allusion à la ville ? Je décide de forcer le destin et commande — d’après le même article du Magazine littéraire — un ouvrage de Svevo, un de Saba et celui de Franck Venaille sur la ville. Il y a de quoi conjurer le sort.
Les livres sont arrivés depuis peu (mon bouquiniste à Redon, curieusement, n’avait rien sur le sujet) et je n’ai pas encore eu le temps de les lire. Cela va venir forcément.
Visiblement cela n’a pas suffit. Le lendemain de la réception du petit colis (ouvrages payés à prix fort modique, d’ailleurs, mais je ne recommande pas ce site qui vient de me décevoir), ma fille me téléphone et me fait part de ses projets estivaux, dont celui de venir voir son heureux géniteur. Quel plaisir ! Et puis, juste après sa visite, elle ira faire une petite balade en Italie. « Ne me dit pas que… » Et si : Trieste, encore Trieste, toujours Trieste !
La répétition est devenue inquiétante et puis aussi un petit peu rassurante. Cette insistance ne peut être de mon fait à moins d’être un grand télépathe (ce qui m’étonnerait fort, vu mes fins de mois). Il y a certes l’empathie qui règne entre ma fille et moi, mais elle réside surtout dans l’appétence pour les films bourrins.
On finirait par trouver tout banal. Alors que je cherchais pour le travail quelques informations sur la vie de Casanova dans la biographie de Rives Child, je n’ai pas sourcillé cet après-midi même en croisant le chapitre intitulé « Errances qui le conduisent à Trieste ».
Cela fait trois mois que cela dure.
Je gage que la série n’est pas encore terminée, quoique le fait d’écrire un billet ici aura peut-être le don d’éventer toutes velléités du destin.
Mais on ne sait jamais, la Bora souffle peut-être jusque dans mes contrées.

mercredi 27 juillet 2016

Tuileries

Quelques temps après un court échange — qu’il serait incongru de qualifier de « technique », surtout venant de moi — je reçus la plaquette ci-dessous, signée par Dominique Autrou et Hélène Verdier. Textes et photographies s’y répondent et s’accompagnent, moins mises en pages que mises en scène. J’ai pris un long plaisir à goûter lentement le livre, un acte paisible accompagné de divagations paresseuses qui allaient, évidemment, au-delà des Tuileries. Mais que dire de son contenu qui ne vaut que pour les images qu’elles suscitent en chacun de nous ? Combien de ces livres, alors que j’étais libraire, passés entre mes mains et dont la seule possibilité de les recommander était de les glisser en des mains de confiance ? Impossible de garder ici, sur ce blog, l’intimité de l’échange, cette même intimité qui nous relie à certains livres. Scanner et reproduire n’est pas montrer ou sentir – en l’occurrence, pour cette dernière sensation, la texture du papier.  Quel plaisir de recevoir ce galop d’essai (tiré à 10 exemplaires seulement) ! Il va falloir que je me mette en chasse de leurs livres. Le défaut du plaisir est qu’on doit parlementer avec le désir. On vous tiendra au courant dès qu’une édition accessible au public sortira. Il vous faudra chercher, ouvrir l’ouvrage et décider qu’il vous suivra. Pour la durée de la cohabitation, ce sera à l’amiable.