Quelques situationnistes nageaient, blafards,
Dans ce fleuve indien qui passe à Calcutta.
Nus, se mirant mutuellement le pétard,
Ils reprirent couleur en gueulant : « Quel cul t'as ! »
Moralité
Situs hâves en ce Gange : heureux culs…
CHARADETu perdras mon second, si tu n’as mon premier ;
« Et puis, surtout, il y avait eu une guerre et un mode de vie qui avait disparu quand la guerre fut perdue. Les hommes qui s’étaient battus étaient maintenant des vétérans. On les voyait assis sur les bancs, à la gare, se chauffant au soleil, taillant des bouts de bois en regardant arriver les trains, mais, aux jours de fête, ils remettaient leurs uniformes, organisaient des défilés ; les plus jeunes rentraient le ventre et sautillaient pour garder le pas, les plus vieux clopinaient, appuyés sur leurs cannes. Il était malaisé de voir le rapport entre ces yeux chassieux, ces visages vides, et le fracas des armes, les drapeaux déchiquetés par la mitraille, et cependant parfois, quand la voiture devait s’arrêter au passage à niveau, il les entendait parler, et les noms de batailles lui parvenaient à travers le bourdonnement de la conversation. — Manassas, Shiloh, Gaines Mill, Malvern Hill, Sharpsburg, Second Manassas, Fredericksburg, Murphreesboro, Chancellorsville, Gettysburg, Vicksburg, Chickanauga, The Wilderness, Spottsylvania, Cold Harbor, Brice’s Crossroads, Kennesaw Mountain, Big Shanty, Atlanta, Petersburg, Spring Hill, Franklin, Nasville, Five Forks, Appomattox ; il les entendait tous, les noms bibliques, indiens, anglais, noms de villes et de hameaux, noms de cours d’eau et de carrefours dans toute l’étendue du Sud, la plupart sans importance par eux-mêmes jusqu’au jour où les armées s’étaient réunies, plus ou moins par hasard, pour donner une permanence à ces noms épars et pour établir un mode de vie qui serait celui d’Hector Sturgis et de tant d’autres. »
Deux hommes causaient en
observant avec une extrême attention les eaux du Fleuve.
Quelques voyageurs ont vanté la limpidité de ses eaux et la beauté de ses rives. Rocs infranchissables, masses imposantes de pierres et de troncs d’arbres minéralisés sous l’action du temps, cavernes profondes, forêts impénétrables que n’avait pas encore défloré la hache. Incomparable magnificence. Les eaux, auxquelles le sol venait à manquer subtilement, se précipitaient d’une hauteur de quatre cents pieds. En amont de la chute, c’était un simple bouillonnement de nappes liquides, déchirées par quelques têtes de roc, enguirlandées de branches vertes. En aval, le regard saisissait un sombre tourbillon que couronnait un épais nuage d’humides vapeurs zébrées des sept couleurs du prisme. De l’abîme s’élevait un fracas étourdissant. De ces deux hommes, l’un ne prêtait qu’une vague attention aux beautés naturelles. C’était un beau type de cette vaillante race aux yeux vifs. Leur vie se passe à errer dans cette région comprise entre le Fleuve et les montagnes de l’est. Même au repos, son corps offrait encore l’attitude de l’action et dénotait un individu énergique. Une sorte de calotte de peau de mouton encapuchonnait sa tête. À ses poignets nus se contournaient des anneaux. Allons, calmons-nous. Vous êtes le plus impatient des hommes — quand vous ne chassez pas. Nous ne pouvons rien changer à ce qui est. Le compagnon était un jeune homme qui contrastait avec le chasseur. Vous oubliez que nous sommes des nomades, les pieds nous brûlent à demeurer ainsi ! Voici les chutes, nous sommes à l’endroit désigné, nous attendons. Est-ce bien aux chutes que l’on vous a donné rendez-vous ? Le jeune savant recommença un récit vingt fois fait déjà à son ami le chasseur. Ce récit bien gravé dans l’esprit, celui-ci s’avança jusqu’au bord du gouffre, une pointe avancée permettait de dominer le cours du Fleuve, en aval de la cataracte. Pendant quelques minutes, ils observèrent attentivement la surface des eaux au-dessous d’eux. Aucun objet n’en troublait le cours. L’épais feuillage des arbres qui se penchaient sur le gouffre le préservait des atteintes immédiates des rayons solaires. Pas un oiseau n’animait cette solitude. Pas un quadrupède ne quittait le frais abri des buissons. On n’aurait entendu aucun bruit quand bien même la cataracte n’eût pas rempli l’air de ses mugissements. Et si vos gens n’arrivent pas ? Ils viendront. Ce sont des hommes de parole, et ils seront exacts. Ces messieurs ont droit à quatre jours pour atteindre les chutes. Et s’ils n’ont pas paru ? Eh bien, ce sera l’occasion d’exercer notre patience. Voyez-vous quelque chose ? Rien, je ne vois rien. Il me semble qu’un bourdonnement inaccoutumé se produit. Il se coucha l’oreille contre terre. Le chasseur se releva, secoua la tête. Ce bruit n’est autre que le sifflement de la brise à travers la feuillée, ou le murmure des eaux sur les pierres de la rive. Si le bruit est produit par la machine, vous l’entendrez mieux en vous baissant. L’eau propage les sons avec plus de netteté que l’air. Lorsqu’il fut au niveau du Fleuve, il y entra jusqu’au genou, et, se baissant, il posa l’oreille à hauteur des eaux. Oui ! Il se fait là-bas, à quelques milles au-dessous, un bruit d’eau battue avec violence. Une fumée ! Il était midi. |
Le Tenancier aime beaucoup de musiques différentes, certaines plus que d'autres. Ainsi voue-t-il un intérêt au jazz, comme celui d'Ornette Coleman. Mais c'est tout de même le rythm'n blues qu'il préfère, avec John Lee Hooker...
Moralité :Le Tenancier est trop au Lee pour être Ornette...