lundi 18 janvier 2021

Une historiette de Béatrice

Elle, toute heureuse d'avoir trouvé des livres, un pour elle et un pour son amoureux, mais sans sous, alors me les réserve pour le lendemain. Je repasse les prendre, promis.
Lui, le lendemain, vient voir quel est le livre-surprise dont elle a dû lui parler. Ca ne m'intéresse pas, vous pouvez le ranger. Il veut par contre régler l'autre livre, celui qu'elle a choisi pour elle.
Et il me demande une facture.

samedi 16 janvier 2021

Un mécénat à 1000 %


« Une circonstance tout à fait inattendue vint augmenter les revenus de Conrad. John Quinn, le collectionneur américain, souhaitait acheter des manuscrits de Conrad et d’Arthur Symons. Par l’intermédiaire d’Agnes Tobin, poète américain très proche de Symons, Quinn prit contact avec Conrad et lui proposa de lui acheter des manuscrits, puis, par la suite, des dactylogrammes et divers brouillons. Quinn offrait des prix assez substantiels pour un auteur vivant : quarante livres pour une nouvelle, cent à cent cinquante livres pour les œuvres plus longues. Ces transactions profitèrent aux deux hommes ; à Quinn qui admirait beaucoup l’œuvre de Conrad, et à celui-ci qui gagna plusieurs centaines de livres à une époque où il était loin de rouler sur l’or. La première transaction eut lieu le 24 août [1911], Conrad envoyant à Quinn le manuscrit d’Un Paria [des îles] (516 pages) et celui de « Freya », encore inédit (226 pages). Conrad aurait voulu envoyer également La Folie Almayer, mais il s’aperçut que tout le chapitre 9 manquait. Comme compensation, il envoya le manuscrit de la préface supprimée du Nègre du Narcisse. C’est ainsi que la collection Conrad de John Quinn débuta, et la correspondance entre les deux hommes deviendra assez volumineuse. Ils ne se rencontreront cependant jamais, Conrad évitant par la suite Quinn d’une manière assez visible, et lorsque Conrad abandonnera Quinn pour vendre ses manuscrits à Thomas Wise, leurs rapports tourneront à l’aigre. Mais la vraie rupture aura lieu lorsque Quinn fera un bénéfice de 1000 % sur la vente de la collection Conrad en 1923. La vente de ce matériau, dont la plus grande partie alla à A.S.W. Rosenbach, rapporta à Quinn cent dix mille dollars environ, pour dix mille dollars d’achat. Lorsqu’on lui demanda de verser à Conrad une partie de ses gains, Quinn refusa catégoriquement. À vrai dire, Quinn aussi bien que Conrad étaient à ce moment-là au seuil du trépas. »

Frederick R. Karl
 : Joseph Conrad — Trois vies (1979) Traduction de Philippe Mikriammos

mercredi 13 janvier 2021

Vieilles lunes et jeunes cons

Une tendance naturelle voudrait que nous attribuions aux effets de la nouveauté certains travers bien plus anciens. C’est le cas des « Fake News » dont la forme anglomaniaque semble garantir la novation, alors que nous nous trouvons confrontés à une vieille lune de la connerie humaine. En effet, dès l’apparition du papier et de celle de l’imprimerie, une production abondante de littérature de colportage et de canards va se diffuser dans les villages d’Europe. À ce titre d’ailleurs, une historienne comme Elizabeth L. Eiseinstein nous rappelle dans son ouvrage La révolution de l’imprimé, que nous ne devons pas sous-évaluer l’alphabétisation de la population aux xive et xve siècles, au moment de la révolution de l’imprimerie. Canards et almanachs (qui contiennent souvent des nouvelles très exagérées) nous content des événements extraordinaires : apparitions de comètes, prodiges, monstres et contes moraux sont reproduits sur des brochures, voire des placards, dont les illustrations sont souvent des réemplois d’autres documents (Il en va de même avec la production de livres à la même époque, comme le souligne encore Eiseinstein…) La pratique du canard perdure jusqu’au xixe siècle. L’éditeur Pierre Horay a publié en 1969 un recueil in-folio (Canards du siècle passé) pour cette époque. Bien entendu de tels documents originaux sont d’une rareté insigne, car leur fragilité et leur nature éphémère ne garantit pas leur pérennité. 


Feuille imprimée en 1712
(Tiré du livre chez Pierre Horay)

Nous faisions allusion à la terrible connerie humaine au début de ce billet. Atténuons notre jugement au sujet du lectorat ancien, pas encore intégré à notre vision du monde, inspirée de Descartes (*). La pensée magique y règne et ne se révèle pas choquante. De même la pénétration d’idées nouvelles poursuit toujours un cheminement lent, d’autant que le livre reste également un média lent…
La pensée magique perdure dans notre société, ce qui nous pousse de ce côté de l’écran à songer que la faute ne provient pas d’un média trop prompt à fasciner mais bel et bien de l’inculture crasse et de la sottise de nos contemporains. Et de cela, aucune raison et aucun média ne peut y remédier. Le Tenancier est misanthrope aujourd’hui. Il fatigue. On reviendra un jour sur ces publications.
Pour le plaisir de la documentation et par perversité aussi, on se reportera à la page de Gallica pour approfondir ses connaissances sur le sujet.
 
(*) Lisons Descartes et soyons surpris par la « banalité » du raisonnement, pour une simple raison : nous l’avons intégré dans notre système de pensée, ce qui n’est pas le cas de la plupart de ses contemporains.

dimanche 10 janvier 2021

Une historiette de Béatrice

Bonjour madame, vous êtes bien coiffée et vêtue. Mais ce n'est pas la raison de ma venue, vous vous en doutez bien. On m'a offert il y a quelque temps un livre de cette taille (il me montre avec ses mains) et de cette épaisseur (il me montre encore). C'est un ouvrage qui a été édité à un nombre très limité d'exemplaires, à l'occasion d'une exposition au Casino Bellevue de Biarritz. Il comprend une très riche iconographie et traite d'ethnopsychiatrie chez les indiens d'Amérique du Sud. J'aimerais savoir s'il serait susceptible de vous intéresser.

vendredi 8 janvier 2021

RB


Signalons aux curieux nantis d'un accès à Facebook l'existence d'une page dédiée : Coup de sombrero à Richard Brautigan et aux plus austères l'existence d'un site officiel pas très beau consacré à l'auteur : American Dust.

Merci qui ? Merci Tenancier !