Votre Tenancier a reçu quelques
gentils messages après avoir
publié le dernier billet relatant un inconfort qu’il espère passager et
il en
remercie les auteurs. On voudra cependant veiller à ne pas le plaindre
de façon
appuyée
;
celui-ci
se porte bien, de toute façon. Il désirait surtout attirer l’attention
sur une
méthode de travail qui s’est révélée incommodante dans la durée. En effet, la
rédaction des
nouvelles ou de romans incite à un changement de position et même
d’assiduité
au bureau. Expliquons-nous en évoquant son déroulement (on passe sur
les phases
préparatoires, différentes selon les cas) :
— Un premier jet est directement tapé au clavier à
partir de quelques notes. On progresse de façon rapide et l’affaire se
boucle
en peu d’heures (tout se révèle relatif).
— Le deuxième passage est rédigé sur un bloc A4
avec un stylo-bille de fort diamètre, en raison d’une conversion
tardive dans l’enfance
à l’écriture de la main droite.
— Le troisième consiste en la reprise du texte
manuscrit, chaque étape devenant l’occasion d’ajustements et
d’élagages, mais
ceci est une autre histoire.
Il se trouve que dans le cas de la rédaction de nouvelles,
la transition d’une phase à l’autre se révèle rapide et ne provoque pas
vraiment de souffrance «
musculo-squelettique
», comme on
dit. Mais
voilà, ce qui a déclenché cette tendinite provient de la composition
chaotique
d’un roman qui a imposé une position incommodante lors de la phase
manuscrite,
dont votre Tenancier ne peut se passer. En effet, il abaisse son
fauteuil de
manière à ce que ses aisselles arrivent presque à la hauteur du plateau
du
bureau afin de pouvoir écrire de manière convenable. Comme il se doit,
cette
posture anti-ergonomique devient une calamité lorsqu’elle se prolonge.
Or, même
s’il se trouve déjà à la tête de deux romans (par chance, les deux
qu’il a
écrits ont été publiés) sans qu’il eût à en souffrir, le troisième,
sans doute
à cause du mécontentement qu’il a suscité, a apporté le traumatisme que
nous
avons évoqué, donc.
Difficile de changer de méthode de travail, surtout pour la
phase cruciale de l’écriture à la main, à cause du ralentissement
qu’impose le
stylo et qui incite à la réflexion à chaque phrase. À ce titre, l’étape
scripturaire se déroule au rythme de trois à cinq feuillets par journée
de
quatre heures (après, l’on s’épuise), ce qui donne une moyenne d’un
feuillet de
deux mille signes à l’heure, mais qu’il convient de réévaluer pour
arriver à un
feuillet toutes les trois heures si l’on envisage les trois phases
d’écriture.
Ouh la la
!
On
compte, on mesure, on suppute et l’on en vient à négliger la littérature
? Bien sûr que
non, mais
mieux vaut prévoir les longues traversées comme la composition d’un
roman. Le
reste, c’est-à-dire le résultat de tout cela est disponible à la
commande dans
les librairies.
Ce que l’on vous raconte ici se révèle peu intéressant, en
fin de compte, et le Tenancier se déçoit lui-même. Tant pis, mais
puisque tout
le monde incite à déserter certains rézosocios, autant reporter les
menues
digressions sur ce blogue. N’empêche, lors du dernier billet, nous en
savons un
peu plus grâce à Jules sur Captieux (Gironde), voyez dans les
commentaires...
Sinon, oui, la posture d’écriture rappelle celle de Fénéon à
son bureau de la Revue Blanche, peint par Vallotton.